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Le franc germinal (1803-1914)

Bibliothèque nationale de France
100 francs-or de Napoléon III
Cette pièce de 100 francs a été émise sous Napoléon III, en 1862. Elle représente à son droit le buste de l’empereur, la tête ceinte d’une couronne de lauriers, et à son revers les armoiries de l’Empire.
Bibliothèque nationale de France
Depuis 1726, le système monétaire français repose sur deux principales espèces stables : le louis d’or et l’écu d’argent. Mais dès 1783, la situation générale du royaume et l’endettement de la monarchie sont tels que les pièces ne parviennent plus guère au trésor royal. En 1789, la Révolution, par l’intermédiaire de l’Assemblée nationale, hérite des dettes de la monarchie : environ cinq milliards de livres, auxquelles s’ajoutent des intérêts, fixés à des taux particulièrement élevés.
Recours au papier-monnaie

Bibliothèque nationale de France
Pour pallier la pénurie d’espèces, la Convention recourt au papier, d’abord sous forme de billets d’escompte, puis d’assignats gagés sur les biens nationaux, confisqués à l’Église. Mais les coupures sont trop grosses. Le problème de la petite monnaie courante reste entier. Comme les réserves métalliques sont inexistantes, vaisselle et objets précieux sont requis. On fait d’abord appel au don, puis à une contribution patriotique. L’armée et la marine fournissent du cuivre. Les cloches des églises sont fondues. Mais la thésaurisation du métal se poursuit, la monnaie métallique ne circule toujours pas. L’Assemblée se résout à multiplier les émissions d’assignats.
L’inflation est telle que les prix sont exprimés aussi bien en métal qu’en papier. En 1793, le gouvernement tente d’assainir la situation par un emprunt forcé, puis volontaire. Le métal précieux est recherché et confisqué par les autorités pour soutenir l’assignat ; la guillotine menace les récalcitrants. La Terreur s’exerce aussi dans le domaine monétaire jusqu’à la chute de Robespierre.
Un franc décimal
C’est à cette même époque que, dans un souci global de rationalisation, le système duodécimal (basé sur la douzaine) est abandonné au profit du système décimal (basé sur la dizaine). La livre est donc divisée en 10 décimes, le décime en 10 centimes. Bien que la production de pièces en métal précieux cesse à cause du cours forcé de l’assignat, la Convention redéfinit théoriquement la monnaie de la République en terme d’or et d’argent à 9/10 de métal fin. La pièce d’argent est dénommée la « Républicaine », celle d’or le « franc d’or ». Paradoxalement, alors que l’inflation s’amplifie et que le flot d’assignats atteint deux milliards début 1795, la Convention poursuit patiemment son travail normatif. La loi du 15 août 1795 définit le franc, divisé en 10 décimes de 10 centimes chacun, comme étant l’unité monétaire officielle de la République, plutôt que le louis d’or qui porte le prénom du roi déchu.

Pièce de 10 centimes de la Première République
Cet essai de monnaie représente, sur son droit, trois symboles allégoriques : une massue, un serpent et un faisceau de licteur.
BnF, département des Monnaies, médailles et antiques
BnF, département des Monnaies, médailles et antiques
Entré en fonction le 26 octobre 1795, le Directoire, devant le nouvel échec du papier-monnaie dans l’expérience du mandat territorial, établit un change de 5 livres, 1 sou et 3 deniers pour 5 francs afin de rétablir une circulation plus intense des espèces métalliques. Cela, accompagné d’une avantageuse refonte des monnaies divisionnaires et un afflux de métal venant d’Italie après la campagne de Bonaparte, permet à la circulation de monnaie métallique de subsister jusqu’à l’abolition du cours forcé du papier-monnaie, le 4 février 1797.
Le franc germinal
En 1803, le consul Bonaparte engage une réforme qui vise à mettre fin à l’anarchie de la circulation monétaire où se côtoient écus, louis d’or et pièces révolutionnaires de divers métaux. Les lois de germinal an XI fixent le système monétaire sur la base d’un franc d’argent dit « franc germinal ».

Pièce de 20 francs or, dite Napoléon
La pièce de 20 Francs Or Napoléon Empereur de l’An 12 a été créée par le décret du 7 messidor An XII (correspondant au 26 Juin 1804). Elle représente, au droit, le buste de Napoléon Ier, identifié comme empereur par la légende circulaire, de profil, tête nue. Au dessous prend place la signature, en cursif, du graveur Pierre-Joseph Tiolier. Au revers, les mots « REPUBLIQUE FRANCAISE » servent de légende circulaire, tandis que dans une couronne formée de deux branches de laurier est indiquée la valeur de la pièce : 20 francs. À côté du millésime, on aperçoit à gauche le coq, emblême national, et à droite la lettre A, qui désigne l’atelier de Paris, comme sur les monnaies d’Ancien Régime. Sur la tranche de la pièce, on lit également « DIEU PROTEGE LA FRANCE ».
Bibliothèque nationale de France
Bibliothèque nationale de France
Afin de supplanter l’ancien louis d’or royal encore en circulation, une pièce en or de 20 francs – le fameux « napoléon » – et une de 40 francs viennent compléter les monnaies d’argent de 5, 2 et 1 franc : sont frappés pour 500 millions en or et près de 900 millions en argent. C’est pourtant insuffisant. Le recours au papier-monnaie s’impose à nouveau, mais son émission est confiée à la Banque de France, récemment créée avec une réserve métallique permettant d’en maintenir le cours.
Dans ce contexte monétaire assaini, la nouvelle monnaie fiduciaire est mieux acceptée et prend progressivement son essor. Le franc germinal se révèle être une réussite. Il reste relativement stable malgré la valse des régimes politiques et perdure jusqu’en 1 914.
La monnaie commune d’une partie de l’Europe
Vers 1850, d’importantes mines d’or sont découvertes en Californie et en Australie. Le stock d’argent restant stable, le système bimétallique de germinal se trouve perturbé. Plusieurs pays abaissent le titre de leurs pièces d’argent de 900/1000 à 835/1000, ce qui entraîne l’exportation des pièces françaises au titre inchangé. À la faveur de l’Exposition universelle de 1865, la France organise une conférence monétaire réunissant la Belgique, l’Italie, la Suisse, et bientôt la Grèce. De la Convention de Paris conclue le 23 décembre naît l’Union latine, première organisation monétaire internationale. Son principe repose sur l’uniformité monétaire des États membres. Les monnaies d’or de 100, 50, 20, 10 et 5 francs titrent à 900/1000. La pièce d’argent de 5 francs titre à 900/1000, celles de 2 et 1 francs, de 50 et 20 centimes titrent à 835/1000. Le montant des émissions est plafonné proportionnellement à la population des pays membres.

Cinq francs de Napoléon III
Cette monnaie provient d’un « trésor » retrouvé à Déchy, dans le nord de la France, mais elle a été frappée à Strasbourg. Réalisée en argent, elle vaut 5 francs et représente, sur son droit, le buste de Napoléon III dont la tête est ceinte d’une couronne de laurier et sur son revers, les armoiries impériales.
Bibliothèque nationale de France
Bibliothèque nationale de France
En 1867, Napoléon III convoque une nouvelle conférence monétaire réunissant cette fois une vingtaine d’États. Le principe de l’étalon-or est choisi avec comme référence la pièce de 5 francs-or. La convention de Vienne adopte le franc comme unité pour l’établissement des comptes internationaux en 1868 : le franc germinal est devenu la monnaie commune d’une partie de l’Europe !
Provenance
Cet article provient du site Le Franc (2002).
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