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Le livre à la période gothique (13e-15e siècles)

Flavius Josèphe dans son cabinet
Flavius Josèphe dans son cabinet

© Bibliothèque nationale de France

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Le 13e siècle marque le début d’évolutions fondamentales dans la production des livres. Alors que naissent les universités, des ateliers laïques s’installent dans les villes, notamment à Paris, pour répondre à la demande des étudiants et des maîtres. Le latin reste la langue de l’enseignement, mais le français commence a être écrit, dans des livres destinés à l’aristocratie.

Le livre sort de la sphère religieuse

Très longtemps, depuis le haut Moyen Âge jusqu’en plein 12e siècle, la transmission de la culture, et donc la production des manuscrits avaient été un monopole du clergé, et les centres privilégiés en étaient les monastères et les écoles capitulaires auprès desquelles fonctionnaient des ateliers de copie, les scriptoria où travaillaient les religieux ou religieuses parfois secondés par des copistes et des artistes laïcs. Avec le développement de l’urbanisation, une population de plus en plus nombreuse d’étudiants et de maîtres se regroupa dans les grands centres d’enseignement qu’étaient devenues, dès la deuxième moitié du 12e siècle, des villes comme Paris et Bologne.

Ce fut l’origine des universités, dont l’importance entraîna au siècle suivant la mise en place de nouvelles structures de production du livre, mieux adaptées à la demande croissante de manuscrits. Tout naturellement, ces nouvelles structures se développèrent sous le contrôle étroit des autorités universitaires.

Copiste dans son atelier
Copiste dans son atelier |

© Bibliothèque nationale de France

Guillaume des Ursins et son copiste-enlumineur
Guillaume des Ursins et son copiste-enlumineur |

Bibliothèque nationale de France

Un nouveau personnage apparaît : le libraire. Bien qu’on lui confère la qualité de clerc pour indiquer qu’il a reçu l’instruction suffisante pour lire et transcrire correctement le latin, c’est un laïc qui opère souvent en famille. Il est le pivot du nouveau système de production du livre, autour duquel gravitent parcheminiers, « écrivains » (les copistes), enlumineurs et relieurs. Ces métiers, désormais exercés par des professionnels laïcs, se regroupent dans certains quartiers comme c’est le cas à Paris dans l’île de la Cité, autour de Saint-Séverin et de la rue Saint-Jacques. Le libraire fournit à ses copistes, ou loue aux étudiants désireux de le transcrire, un modèle agréé du texte à recopier. Ce modèle, l’exemplar, est constitué de cahiers indépendants, les peciae ou pièces, qui peuvent être répartis entre plusieurs scribes, ce qui permet l’exécution, en un temps rapproché, de nombreuses copies.

Paris, capitale du livre

Paris est devenue au 13e siècle une des principales places européennes pour la production des manuscrits. Des ateliers laïques sont établis rue Neuve-Notre-Dame, en face de la Cathédrale, et dans le quartier Saint-Séverin. La ville a acquis ses lettres de noblesse dans le domaine de l’illustration, au point que Dante, dans la Divine Comédie, associe le nom de Paris à « l’art d’enluminer ». Les enlumineurs parisiens sont un milieu très homogène et proche de la Cour. Ils adoptent les découvertes de la peinture italienne, et en particulier la représentation de l’espace et de l’expressivité des sentiments. Les enlumineurs les plus fameux sont Maître Honoré et Jean Pucelle. Certains de ces manuscrits sont un témoignage précieux de la vie parisienne au début du 14e siècle.

Les premières œuvres littéraires en français

Le système de l’exemplar, mis en place à l’origine pour les textes servant à l’enseignement universitaire, fut par la suite exploité pour les livres en français dont la société aristocratique et la bourgeoisie se montrèrent de plus en plus friandes. Cette littérature se développa à l’origine auprès des cours, celles d’Aquitaine, d’Angleterre et de Champagne. Dès le 12e siècle en effet, le mécénat princier joue un rôle essentiel dans l’épanouissement d’œuvres littéraires rédigées en ancien français. Le français devient la langue lue et parlée par les classes aristocratiques à travers l’Europe. Des auteurs italiens durant tout le 13e siècle écrivent directement leurs œuvres dans cette langue. Le cas le plus célèbre est la Description du monde rédigée en français par Rusticien de Pise sous la dictée de Marco Polo pendant leur captivité commune à Gênes en 1298.

La mort de Louis IX à Tunis
La mort de Louis IX à Tunis |

Bibliothèque nationale de France

Curieusement, ce n’est qu’assez tardivement que les rois de France eux-mêmes participèrent à cette promotion de la littérature en langue vernaculaire. Mais une fois lancé, ce mécénat joua un rôle sans précédent, relayé dans la diffusion des textes, par la puissante librairie parisienne. La plus ancienne œuvre ayant ainsi bénéficié du patronage royal fut la traduction des Chroniques de Saint-Denis entreprise par le moine Primat à la fin du règne de Saint Louis et dédiée à son fils et successeur, Philippe III le Hardi sous le titre de Grandes Chroniques de France. Continuellement tenue à jour dans l’abbaye de Saint-Denis, puis dans l’entourage de Charles V, cette compilation connut un succès durable jusqu’en plein 15e siècle comme en témoigne un exemplaire illustré par Fouquet.
 

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