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Livre à feuilleter

La légende médiévale d'Alexandre le Grand : Livre II
 

Découverte de l'Inde et créatures fantastiques
 
La légende médiévale d'Alexandre le Grand : couverture recto
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Fol. 126v

Fol. 126v

Fol. 126v
Fol. 127 : La bataille entre les Macédoniens et les Albaniens - Alexandre reçoit la supplique de Lirope
 

Fol. 127 : La bataille entre les Macédoniens et les Albaniens - Alexandre reçoit la supplique de Lirope
 

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Les sources de l'auteur
Pour raconter la conquête de l’Albanie, Wauquelin recourt non seulement à l’une de ses sources principales, la traduction française de l'Historia de Preliis, mais il se réfère aussi pour l’étoffer à un court extrait du Liber de Proprietatibus rerum de Barthélémy l’Anglais dans la traduction faite par Jean Corbechon à la fin du XIVe siècle.                                

Extrait du texte :
L’Albanie en question s’étend depuis la mer Caspienne en Orient pour remonter vers le nord le long de l’Océan jusqu’aux marais Méotides, et l’on dit que dans cette zone d’Albanie il y a de nombreux lieux inhabitables, remplis de bêtes très étranges qui causèrent beaucoup de dommage au roi Alexandre. Et en particulier les chiens de ce pays qui sont si grands que nulle part on n’en trouve de si forts ni de si puissants, capables, selon l’histoire, de tuer un taureau, un lion ou un éléphant. Et de fait Alexandre eut beaucoup de soucis et de peines à cause de ces chiens, mais il les vainquit par la ruse, car lors de la dernière bataille qui l’opposa aux Albaniens, il arriva que ces derniers étaient accompagnés de certains de ces chiens afin de les exciter contre les Grecs dès qu’ils approcheraient et qu’ils se mettraient à tirer des flèches, selon leur habitude, pour atteindre les archers et les frondeurs. Mais le roi Alexandre, qui le savait bien, fit rassembler un grand troupeau de porcs. Quand les bataillons furent en ordre et que les trompettes et les clairons se mirent à tinter, les Albaniens lâchèrent leurs chiens. Le roi Alexandre lâcha lui le très grand troupeau de porcs au milieu des chiens, qui aussitôt se mirent à les poursuivre, à les étrangler et à les manger. En quoi les Albaniens furent vaincus, car les Grecs qui étaient tous au courant de ce stratagème les attaquèrent tant qu’ils les vainquirent et que les Albaniens s’enfuirent à qui mieux mieux. (160, 32-54)

Fol. 127 : La bataille entre les Macédoniens et les Albaniens - Alexandre reçoit la supplique de Lirope
 
Fol. 126v

Fol. 126v

Fol. 126v
Fol. 127 : La bataille entre les Macédoniens et les Albaniens - Alexandre reçoit la supplique de Lirope
 

Fol. 127 : La bataille entre les Macédoniens et les Albaniens - Alexandre reçoit la supplique de Lirope
 

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Les sources de l'auteur
Pour raconter la conquête de l’Albanie, Wauquelin recourt non seulement à l’une de ses sources principales, la traduction française de l'Historia de Preliis, mais il se réfère aussi pour l’étoffer à un court extrait du Liber de Proprietatibus rerum de Barthélémy l’Anglais dans la traduction faite par Jean Corbechon à la fin du XIVe siècle.                                

Extrait du texte :
L’Albanie en question s’étend depuis la mer Caspienne en Orient pour remonter vers le nord le long de l’Océan jusqu’aux marais Méotides, et l’on dit que dans cette zone d’Albanie il y a de nombreux lieux inhabitables, remplis de bêtes très étranges qui causèrent beaucoup de dommage au roi Alexandre. Et en particulier les chiens de ce pays qui sont si grands que nulle part on n’en trouve de si forts ni de si puissants, capables, selon l’histoire, de tuer un taureau, un lion ou un éléphant. Et de fait Alexandre eut beaucoup de soucis et de peines à cause de ces chiens, mais il les vainquit par la ruse, car lors de la dernière bataille qui l’opposa aux Albaniens, il arriva que ces derniers étaient accompagnés de certains de ces chiens afin de les exciter contre les Grecs dès qu’ils approcheraient et qu’ils se mettraient à tirer des flèches, selon leur habitude, pour atteindre les archers et les frondeurs. Mais le roi Alexandre, qui le savait bien, fit rassembler un grand troupeau de porcs. Quand les bataillons furent en ordre et que les trompettes et les clairons se mirent à tinter, les Albaniens lâchèrent leurs chiens. Le roi Alexandre lâcha lui le très grand troupeau de porcs au milieu des chiens, qui aussitôt se mirent à les poursuivre, à les étrangler et à les manger. En quoi les Albaniens furent vaincus, car les Grecs qui étaient tous au courant de ce stratagème les attaquèrent tant qu’ils les vainquirent et que les Albaniens s’enfuirent à qui mieux mieux. (160, 32-54)

Fol. 127 : La bataille entre les Macédoniens et les Albaniens - Alexandre reçoit la supplique de Lirope
 
Fol. 131v : L’enfermement des peuples de Gog et Magog
 

Fol. 131v : L’enfermement des peuples de Gog et Magog
 

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Gog et de Magog, des peuples mentionnés dans la Bible
Dans le livre d’Ezéchiel (38-39), "Gog, au pays de Magog" est désigné comme l’instrument du jugement d’Israël : Dieu annonce en effet à Ezéchiel qu’il enverra contre le peuple élu ce "prince de Rosch, de Méschec et de Tubac" comme une nuée destructrice afin que les nations le connaissent, après quoi il livrera à leur perte ces hommes au cœur mauvais pour rétablir la maison d’Israël. Les noms de Gog et de Magog réapparaissent dans l’Apocalypse de Jean, mais ils désignent là deux peuples jumeaux qui, à la veille du Jugement Dernier, surgiront des "quatre coins de la terre", conduits par Satan pour précipiter la fin du monde. Gog et Magog devient alors un couple mythique infernal auquel le Moyen Âge se référera fréquemment.                                                 

Fol. 131v : L’enfermement des peuples de Gog et Magog
 
Fol. 132

Fol. 132

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Extrait du texte :
En ce temps-là, il y avait sur terre du côté de l’Orient une sorte de gens à l’aspect effrayant, habités par les mœurs les plus mauvaises, car ils mangeaient les chairs de toute nature, aussi bien les humains morts que les autres. […] Alexandre entra sur la terre où habitaient ce peuple effroyable. Dès qu’il y fut, observant leurs mœurs hideuses, il craignit que si elles se répandaient de par le monde, ce dernier pourrait être gâté et souillé de leur très mauvais exemple ; c’est pourquoi il les fit aussitôt tous rassembler, les hommes, les femmes et les enfants, et il leur fit quitter la terre d’Orient où ils se trouvaient pour les conduire dans les régions soumises à l’aquilon (que nous appelons bise), entre deux grandes montagnes. Une fois qu’ils y furent, le bon roi Alexandre en homme plein de toutes les vertus fit une prière au Dieu omnipotent et immortel afin que, par sa douce pitié, il lui plût de faire se réunir les dites montagnes ; l’une s’appelait Promontoire, l’autre, la montagne de Boris. Dieu qui estima que sa pensée était bonne fit se rapprocher les deux montagnes si près l’une l’autre qu’elles n’étaient séparées que par douze pieds. Alexandre fit alors ériger des portes en fer, hautes et solides, puis il les fit recouvrir d’une catégorie de terre qui ne peut être détruite en aucune façon par le feu, le fer ni l’eau. Et à partir de ce jour, il n’en ressortit aucun et personne ne se rendit près d’eux. (165, 1-5 ; 13-33)

Fol. 132
Fol. 131v : L’enfermement des peuples de Gog et Magog
 

Fol. 131v : L’enfermement des peuples de Gog et Magog
 

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Gog et de Magog, des peuples mentionnés dans la Bible
Dans le livre d’Ezéchiel (38-39), "Gog, au pays de Magog" est désigné comme l’instrument du jugement d’Israël : Dieu annonce en effet à Ezéchiel qu’il enverra contre le peuple élu ce "prince de Rosch, de Méschec et de Tubac" comme une nuée destructrice afin que les nations le connaissent, après quoi il livrera à leur perte ces hommes au cœur mauvais pour rétablir la maison d’Israël. Les noms de Gog et de Magog réapparaissent dans l’Apocalypse de Jean, mais ils désignent là deux peuples jumeaux qui, à la veille du Jugement Dernier, surgiront des "quatre coins de la terre", conduits par Satan pour précipiter la fin du monde. Gog et Magog devient alors un couple mythique infernal auquel le Moyen Âge se référera fréquemment.                                                 

Fol. 131v : L’enfermement des peuples de Gog et Magog
 
Fol. 132

Fol. 132

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Extrait du texte :
En ce temps-là, il y avait sur terre du côté de l’Orient une sorte de gens à l’aspect effrayant, habités par les mœurs les plus mauvaises, car ils mangeaient les chairs de toute nature, aussi bien les humains morts que les autres. […] Alexandre entra sur la terre où habitaient ce peuple effroyable. Dès qu’il y fut, observant leurs mœurs hideuses, il craignit que si elles se répandaient de par le monde, ce dernier pourrait être gâté et souillé de leur très mauvais exemple ; c’est pourquoi il les fit aussitôt tous rassembler, les hommes, les femmes et les enfants, et il leur fit quitter la terre d’Orient où ils se trouvaient pour les conduire dans les régions soumises à l’aquilon (que nous appelons bise), entre deux grandes montagnes. Une fois qu’ils y furent, le bon roi Alexandre en homme plein de toutes les vertus fit une prière au Dieu omnipotent et immortel afin que, par sa douce pitié, il lui plût de faire se réunir les dites montagnes ; l’une s’appelait Promontoire, l’autre, la montagne de Boris. Dieu qui estima que sa pensée était bonne fit se rapprocher les deux montagnes si près l’une l’autre qu’elles n’étaient séparées que par douze pieds. Alexandre fit alors ériger des portes en fer, hautes et solides, puis il les fit recouvrir d’une catégorie de terre qui ne peut être détruite en aucune façon par le feu, le fer ni l’eau. Et à partir de ce jour, il n’en ressortit aucun et personne ne se rendit près d’eux. (165, 1-5 ; 13-33)

Fol. 132
Fol. 134v

Fol. 134v

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Extrait du texte :
Lorsqu’Alexandre eut appris la nature de ces éléphants, il fit aussitôt comparaître devant lui plusieurs maitres d’œuvre auxquelles il demanda de fabriquer et de forger immédiatement deux cents ou trois cents statues en airain représentant des hommes, creuses à l’intérieur ; ce qui fut aussitôt fait. Il fit alors placer tout de suite des charbons embrasés dans ces statues qu’il ordonna de placer sur des engins à roues et d’emporter devant ses troupes ; il savait bien en effet que les éléphants du roi Porus seraient en première ligne dans la bataille et qu’ils tenteraient d’avaler ces hommes. Il espérait qu’arriverait ainsi ce qui arriva. En effet, lorsque tous les corps furent en ordre d’un côté comme de l’autre, […] ces éléphants arrivèrent les tout premiers avec leurs tours, comme on l’a expliqué ci-dessus, et au son des trompettes ils se mirent à les attaquer d’abord avec des flèches. Ces éléphants, qui se sentaient atteints par les hommes devant eux, se précipitèrent, comme fous, en levant haut leur trompe qui leur tienne lieu de gueule devant ces hommes d’airain qui étaient remplis de feu. Et ils les engloutissaient au point de les avaler entièrement, mais à cause de l’incandescence du feu ils se brûlaient tant qu’ils se laissaient tomber et rompaient le cou, les bras et les jambes de ceux qu’ils transportaient. (171, 1-24)

Fol. 134v
Fol. 135 : L’armée macédonienne combat l’armée indienne

Fol. 135 : L’armée macédonienne combat l’armée indienne

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Au regard de l'histoire
Le fondement historique de l’épisode est la bataille de l’Hydaspe qui opposa Alexandre le Grand à Pûru, râja indien du royaume de Paurava, en juillet 326 avant J.-C. sur les rives de l’Hydaspe situé actuellement au Pakistan. Les soldats macédoniens sont confrontés pour la première fois à un nombre élevé d’éléphants de guerre, environ deux cents, qui effraient terriblement leur cavalerie. Les pertes sont énormes des deux côtés. Les Indiens perdent probablement toute leur cavalerie, l’essentiel de leur infanterie et plus de cent éléphants de guerre. Quant aux Macédoniens, ce sont les phalangites qui subissent le choc du combat contre les éléphants, car les chevaux avaient refusé de s’en approcher.    

Fol. 135 : L’armée macédonienne combat l’armée indienne
Fol. 134v

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Extrait du texte :
Lorsqu’Alexandre eut appris la nature de ces éléphants, il fit aussitôt comparaître devant lui plusieurs maitres d’œuvre auxquelles il demanda de fabriquer et de forger immédiatement deux cents ou trois cents statues en airain représentant des hommes, creuses à l’intérieur ; ce qui fut aussitôt fait. Il fit alors placer tout de suite des charbons embrasés dans ces statues qu’il ordonna de placer sur des engins à roues et d’emporter devant ses troupes ; il savait bien en effet que les éléphants du roi Porus seraient en première ligne dans la bataille et qu’ils tenteraient d’avaler ces hommes. Il espérait qu’arriverait ainsi ce qui arriva. En effet, lorsque tous les corps furent en ordre d’un côté comme de l’autre, […] ces éléphants arrivèrent les tout premiers avec leurs tours, comme on l’a expliqué ci-dessus, et au son des trompettes ils se mirent à les attaquer d’abord avec des flèches. Ces éléphants, qui se sentaient atteints par les hommes devant eux, se précipitèrent, comme fous, en levant haut leur trompe qui leur tienne lieu de gueule devant ces hommes d’airain qui étaient remplis de feu. Et ils les engloutissaient au point de les avaler entièrement, mais à cause de l’incandescence du feu ils se brûlaient tant qu’ils se laissaient tomber et rompaient le cou, les bras et les jambes de ceux qu’ils transportaient. (171, 1-24)

Fol. 134v
Fol. 135 : L’armée macédonienne combat l’armée indienne

Fol. 135 : L’armée macédonienne combat l’armée indienne

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Au regard de l'histoire
Le fondement historique de l’épisode est la bataille de l’Hydaspe qui opposa Alexandre le Grand à Pûru, râja indien du royaume de Paurava, en juillet 326 avant J.-C. sur les rives de l’Hydaspe situé actuellement au Pakistan. Les soldats macédoniens sont confrontés pour la première fois à un nombre élevé d’éléphants de guerre, environ deux cents, qui effraient terriblement leur cavalerie. Les pertes sont énormes des deux côtés. Les Indiens perdent probablement toute leur cavalerie, l’essentiel de leur infanterie et plus de cent éléphants de guerre. Quant aux Macédoniens, ce sont les phalangites qui subissent le choc du combat contre les éléphants, car les chevaux avaient refusé de s’en approcher.    

Fol. 135 : L’armée macédonienne combat l’armée indienne
Fol. 139v : la rencontre des Macédoniens et des Amazones
 

Fol. 139v : la rencontre des Macédoniens et des Amazones
 

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Au regard de l'histoire
Les Amazones désignent un peuple mythique de femmes guerrières qui résident sur les rives de la mer Noire. Elles semblent avoir comme origine historique les guerrières des peuples scythes et sauromates. Une tradition à cheval entre l’histoire et le mythe raconte ainsi la rencontre d’Alexandre avec la reine des Amazones, Thalestris. Issue de Diodore de Sicile, Quinte-Curce et Justin, elle a été rationalisée par Plutarque et Arrien qui ont vu en elles la traduction de l’envoi d’une ambassade scythe auprès d’Alexandre à Samarcande, en 328 avant J.-C.

Fol. 139v : la rencontre des Macédoniens et des Amazones
 
Fol. 140r

Fol. 140r

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Extrait du texte :
La reine des Amazones prit la route avec plus de mille jeunes filles et avança jusqu’à l’endroit où se tenait Alexandre. Quand les nobles chevaliers apprirent la venue de ces dames, ils vinrent à leur rencontre en grandes pompes et le plus dignement possible. Ils les conduisirent devant le roi qui, aussitôt qu’il fut mis au courant, s’avança à leur rencontre et descendit les marches de son palais où il les reçut de façon très digne. Après cette réception, ils montèrent joyeusement au palais, avec de grandes festivités. Le roi et tous les nobles chevaliers de la cour s’extasiaient sans mesure de l’extrême beauté des dames, de leur allure et de leur maintien, et vraiment elles étaient en plus si somptueusement parées, et d’une si noble façon, qu’on avait l’impression qu’elles étaient des statues créées pour le regard. Mais si les chevaliers étaient stupéfaits de leur beauté, de leur mise, de leurs parures, vêtements et allure, ils l’étaient encore plus de les voir si bien chevaucher, avec une telle rapidité, une telle noblesse, la reine et toutes les autres. (177, 10-31)              

Fol. 140r
Fol. 139v : la rencontre des Macédoniens et des Amazones
 

Fol. 139v : la rencontre des Macédoniens et des Amazones
 

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Au regard de l'histoire
Les Amazones désignent un peuple mythique de femmes guerrières qui résident sur les rives de la mer Noire. Elles semblent avoir comme origine historique les guerrières des peuples scythes et sauromates. Une tradition à cheval entre l’histoire et le mythe raconte ainsi la rencontre d’Alexandre avec la reine des Amazones, Thalestris. Issue de Diodore de Sicile, Quinte-Curce et Justin, elle a été rationalisée par Plutarque et Arrien qui ont vu en elles la traduction de l’envoi d’une ambassade scythe auprès d’Alexandre à Samarcande, en 328 avant J.-C.

Fol. 139v : la rencontre des Macédoniens et des Amazones
 
Fol. 140r

Fol. 140r

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Extrait du texte :
La reine des Amazones prit la route avec plus de mille jeunes filles et avança jusqu’à l’endroit où se tenait Alexandre. Quand les nobles chevaliers apprirent la venue de ces dames, ils vinrent à leur rencontre en grandes pompes et le plus dignement possible. Ils les conduisirent devant le roi qui, aussitôt qu’il fut mis au courant, s’avança à leur rencontre et descendit les marches de son palais où il les reçut de façon très digne. Après cette réception, ils montèrent joyeusement au palais, avec de grandes festivités. Le roi et tous les nobles chevaliers de la cour s’extasiaient sans mesure de l’extrême beauté des dames, de leur allure et de leur maintien, et vraiment elles étaient en plus si somptueusement parées, et d’une si noble façon, qu’on avait l’impression qu’elles étaient des statues créées pour le regard. Mais si les chevaliers étaient stupéfaits de leur beauté, de leur mise, de leurs parures, vêtements et allure, ils l’étaient encore plus de les voir si bien chevaucher, avec une telle rapidité, une telle noblesse, la reine et toutes les autres. (177, 10-31)              

Fol. 140r
Fol. 140v

Fol. 140v

Fol. 140v
Fol. 141 : Les Macédoniens attaqués par des "hippopotames"                

Fol. 141 : Les Macédoniens attaqués par des "hippopotames"                

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Extrait du texte :
Quand Alexandre se fut approché de cette citadelle, il y posa son regard ; il vit qu’il y avait plusieurs personnes à l’intérieur et il donna l’ordre qu’on leur demandât en indien où ils pourraient trouver de l’eau potable, car ils ne pouvaient boire l’eau de ce fleuve à cause de son goût trop amer. Aussitôt que ceux qui étaient sur les barbacannes de la citadelle entendirent la voix de ceux qui s’adressaient à eux, ils se turent et ne répondirent rien. Alexandre et les siens en furent très étonnés. Comme il ne voyait sur cette rivière nul pont ni planche pour se rendre à la citadelle, pas plus que des cultures sur l’île grâce auxquelles les habitants auraient pu survivre, Alexandre fut très intrigué de leurs moyens de subsistance et il ordonna à certains de ses chevaliers d’entrer dans l’eau et d’aller à la nage jusqu’à la citadelle pour se renseigner sur sa configuration. (178, 31-45)

Dès qu’Alexandre eut donné cet ordre, quarante chevaliers environ se déshabillèrent ; l’épée au poing, ils sautèrent dans cette rivière et se mirent à nager pour gagner la citadelle. Mais alors qu’il était au quart du chemin, une sorte de poissons nommés hippopotames surgirent de la rivière ; ils les dévorèrent tous à l’exception de quatre chevaliers qui avaient avancé plus lentement que les autres et qui, lorsqu’ils virent la détresse de leurs compagnons, firent demi-tour le plus rapidement possible. (179, 1-9)

Fol. 141 : Les Macédoniens attaqués par des "hippopotames"                
Fol. 140v

Fol. 140v

Fol. 140v
Fol. 141 : Les Macédoniens attaqués par des "hippopotames"                

Fol. 141 : Les Macédoniens attaqués par des "hippopotames"                

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Extrait du texte :
Quand Alexandre se fut approché de cette citadelle, il y posa son regard ; il vit qu’il y avait plusieurs personnes à l’intérieur et il donna l’ordre qu’on leur demandât en indien où ils pourraient trouver de l’eau potable, car ils ne pouvaient boire l’eau de ce fleuve à cause de son goût trop amer. Aussitôt que ceux qui étaient sur les barbacannes de la citadelle entendirent la voix de ceux qui s’adressaient à eux, ils se turent et ne répondirent rien. Alexandre et les siens en furent très étonnés. Comme il ne voyait sur cette rivière nul pont ni planche pour se rendre à la citadelle, pas plus que des cultures sur l’île grâce auxquelles les habitants auraient pu survivre, Alexandre fut très intrigué de leurs moyens de subsistance et il ordonna à certains de ses chevaliers d’entrer dans l’eau et d’aller à la nage jusqu’à la citadelle pour se renseigner sur sa configuration. (178, 31-45)

Dès qu’Alexandre eut donné cet ordre, quarante chevaliers environ se déshabillèrent ; l’épée au poing, ils sautèrent dans cette rivière et se mirent à nager pour gagner la citadelle. Mais alors qu’il était au quart du chemin, une sorte de poissons nommés hippopotames surgirent de la rivière ; ils les dévorèrent tous à l’exception de quatre chevaliers qui avaient avancé plus lentement que les autres et qui, lorsqu’ils virent la détresse de leurs compagnons, firent demi-tour le plus rapidement possible. (179, 1-9)

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Fol. 141v

Fol. 141v

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Extrait du texte :
Vers cinq heures du matin, une sorte de lions blancs, aussi grands et horribles que des taureaux, vinrent à leur tour pour boire à cet étang ; ils attaquèrent très cruellement l’armée. Ils sautèrent sur toutes les catégories de soldats qui s’opposèrent à eux et se mirent à lutter. Ces bêtes furent bientôt vaincues, car les soldats d’Alexandre et Alexandre lui-même les transperçaient de leur épée. Mais en vérité, à peine s’étaient-ils débarrassés de ces lions horribles qu’une race de sangliers absolument terribles surgit à son tour ; ces sangliers avaient des dents très longues et tranchantes qui leur sortaient de la gueule. Et selon l’histoire, ils avaient une coudée de long ; il y avait avec eux des hommes et des femmes sauvages qui avaient chacun et chacune six mains. […] Aussitôt après ces deux combats sanglants, une bête atroce d’une grandeur extraordinaire vint à son tour sur l’armée ; elle était plus grande, plus effrayante et plus forte qu’un éléphant, sa tête était noire comme de la poix et dessus il y avait trois cornes, sur le front, tranchantes comme des épées ; les Indiens appelaient cette bête Dentirant. Elle venait à l’étang pour boire, mais dès qu’elle vit l’armée, elle se précipita dessus comme une créature folle et fit là un énorme chaos de chairs humaines parmi les soldats, les uns avaient les jambes brisées, les autres les bras, d’autres encore le cou, d’autres enfin elle les jetait morts par terre. (180, 3-17 ; 28-39)

Fol. 141v
Fol. 142 : Les Macédoniens attaqués par les monstres des déserts indiens
 

Fol. 142 : Les Macédoniens attaqués par les monstres des déserts indiens
 

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Au regard de l'histoire
L’espace indien se fait le lieu de rencontre par excellence de la réalité et du merveilleux. L’image mélange les animaux qui peuplent réellement cet espace, tels les lions blancs, et des créatures fabuleuses nées de l’imagination des auteurs successifs. La légende naît de l’histoire cependant, et plus précisément des difficultés réelles que l’armée macédonienne a ressenties dans la conquête de l’Inde et du Golfe Persique, puis dans la traversée de la Gédrosie.      

Fol. 142 : Les Macédoniens attaqués par les monstres des déserts indiens
 
Fol. 141v

Fol. 141v

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Extrait du texte :
Vers cinq heures du matin, une sorte de lions blancs, aussi grands et horribles que des taureaux, vinrent à leur tour pour boire à cet étang ; ils attaquèrent très cruellement l’armée. Ils sautèrent sur toutes les catégories de soldats qui s’opposèrent à eux et se mirent à lutter. Ces bêtes furent bientôt vaincues, car les soldats d’Alexandre et Alexandre lui-même les transperçaient de leur épée. Mais en vérité, à peine s’étaient-ils débarrassés de ces lions horribles qu’une race de sangliers absolument terribles surgit à son tour ; ces sangliers avaient des dents très longues et tranchantes qui leur sortaient de la gueule. Et selon l’histoire, ils avaient une coudée de long ; il y avait avec eux des hommes et des femmes sauvages qui avaient chacun et chacune six mains. […] Aussitôt après ces deux combats sanglants, une bête atroce d’une grandeur extraordinaire vint à son tour sur l’armée ; elle était plus grande, plus effrayante et plus forte qu’un éléphant, sa tête était noire comme de la poix et dessus il y avait trois cornes, sur le front, tranchantes comme des épées ; les Indiens appelaient cette bête Dentirant. Elle venait à l’étang pour boire, mais dès qu’elle vit l’armée, elle se précipita dessus comme une créature folle et fit là un énorme chaos de chairs humaines parmi les soldats, les uns avaient les jambes brisées, les autres les bras, d’autres encore le cou, d’autres enfin elle les jetait morts par terre. (180, 3-17 ; 28-39)

Fol. 141v
Fol. 142 : Les Macédoniens attaqués par les monstres des déserts indiens
 

Fol. 142 : Les Macédoniens attaqués par les monstres des déserts indiens
 

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Au regard de l'histoire
L’espace indien se fait le lieu de rencontre par excellence de la réalité et du merveilleux. L’image mélange les animaux qui peuplent réellement cet espace, tels les lions blancs, et des créatures fabuleuses nées de l’imagination des auteurs successifs. La légende naît de l’histoire cependant, et plus précisément des difficultés réelles que l’armée macédonienne a ressenties dans la conquête de l’Inde et du Golfe Persique, puis dans la traversée de la Gédrosie.      

Fol. 142 : Les Macédoniens attaqués par les monstres des déserts indiens
 
Fol. 143v

Fol. 143v

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Extrait du texte :
Les trêves et leurs garanties accordés d’un côté comme de l’autre le roi Alexandre voulut aller voir le roi Porus dans sa cité. Il ôta aussitôt ses habits royaulx et prit ceux d’un modeste laboureur ou d’un pauvre marchand. Quand il se fut déguisé comme il le voulait, il saisit un sac, monta sur une jument puis prit la route. Il avança jusqu’à arriver dans la cité où se trouvait Porus – cette cité qui, selon notre histoire, s’appelait Bactre. Et tandis que le roi Alexandre entrait dans la cité, le roi Porus se déplaçait de sorte qu’en traversant une rue il vit le roi Alexandre, mais sans le reconnaître ; il le fit aussitôt venir parce qu’il se doutait bien que c’était l’un des pourvoyeurs ou des marchands de l’armée d’Alexandre. Quand le roi Alexandre entra en présence du roi Porus, il lui renda des hommages assez maladroits, montrant ainsi qu’il était un humble individu. Porus lui demanda alors plusieurs choses, auxquelles le roi Alexandre répondit le mieux qu’il put en se dissimulant toujours. Cependant, Porus lui demanda entre autre s’il connaissait bien le roi Alexandre. Alexandre lui répondit : "Oui, très bien, aussi bien que tout mortel, car souvent, disait-il, il est arrivé qu’il vienne me parler aussi simplement qu’à un homme de sa cour, car cela fait si longtemps que je l’accompagne en faisant mon métier qu’il doit me connaître aussi bien que je le connais." (182, 1-27)

Fol. 143v
Fol. 144 : Alexandre déguisé en simple marchand rend visite à Porus

 

Fol. 144 : Alexandre déguisé en simple marchand rend visite à Porus

 

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Un intermède comique
Ce moment du récit où Alexandre dissimule son identité n’est pas isolé dans le roman. On peut le rapprocher de deux autres épisodes où le héros se déguise pareillement : en dieu Ammon/Mercure à la cour du roi Darius ; en l’un de ses pairs, Antigonus, à la cour de la reine Candace. L’histoire fonctionne ici comme un pur intermède comique, sans que le roi macédonien soit contraint de dissimuler son identité pour protéger sa personne ou pour espionner l’adversaire. L’unique raison de l’acte de travestissement est bien de jouer un tour à Porus. En effet, interrogé par son ennemi sur le roi de Macédoine, Alexandre déclare travailler à son service et le connaître aussi bien que lui-même. Les avertissements menaçants que Porus le charge alors de transmettre à son seigneur sont tournés en dérision par les soldats macédoniens, auxquels Alexandre ne manque pas de raconter sa farce, dans le chapitre suivant. Par rapport à sa source, le roman en alexandrins, Wauquelin atténue le piquant du récit en supprimant notamment la description physique du vieillard cacochyme qu’Alexandre s’amuse à faire de lui-même pour satisfaire Porus.


Au regard de l’histoire
Bactres (actuelle Balkh) était la capitale de la Bactriane, région à cheval sur les Etats actuels d’Afghanistan, d’Ouzbékistan et du Tadjikistan. Lors de la conquête d’Alexandre, en 328 avant J.-C., elle formait une des grandes satrapies de la monarchie persane.    

Fol. 144 : Alexandre déguisé en simple marchand rend visite à Porus

 
Fol. 143v

Fol. 143v

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Extrait du texte :
Les trêves et leurs garanties accordés d’un côté comme de l’autre le roi Alexandre voulut aller voir le roi Porus dans sa cité. Il ôta aussitôt ses habits royaulx et prit ceux d’un modeste laboureur ou d’un pauvre marchand. Quand il se fut déguisé comme il le voulait, il saisit un sac, monta sur une jument puis prit la route. Il avança jusqu’à arriver dans la cité où se trouvait Porus – cette cité qui, selon notre histoire, s’appelait Bactre. Et tandis que le roi Alexandre entrait dans la cité, le roi Porus se déplaçait de sorte qu’en traversant une rue il vit le roi Alexandre, mais sans le reconnaître ; il le fit aussitôt venir parce qu’il se doutait bien que c’était l’un des pourvoyeurs ou des marchands de l’armée d’Alexandre. Quand le roi Alexandre entra en présence du roi Porus, il lui renda des hommages assez maladroits, montrant ainsi qu’il était un humble individu. Porus lui demanda alors plusieurs choses, auxquelles le roi Alexandre répondit le mieux qu’il put en se dissimulant toujours. Cependant, Porus lui demanda entre autre s’il connaissait bien le roi Alexandre. Alexandre lui répondit : "Oui, très bien, aussi bien que tout mortel, car souvent, disait-il, il est arrivé qu’il vienne me parler aussi simplement qu’à un homme de sa cour, car cela fait si longtemps que je l’accompagne en faisant mon métier qu’il doit me connaître aussi bien que je le connais." (182, 1-27)

Fol. 143v
Fol. 144 : Alexandre déguisé en simple marchand rend visite à Porus

 

Fol. 144 : Alexandre déguisé en simple marchand rend visite à Porus

 

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Un intermède comique
Ce moment du récit où Alexandre dissimule son identité n’est pas isolé dans le roman. On peut le rapprocher de deux autres épisodes où le héros se déguise pareillement : en dieu Ammon/Mercure à la cour du roi Darius ; en l’un de ses pairs, Antigonus, à la cour de la reine Candace. L’histoire fonctionne ici comme un pur intermède comique, sans que le roi macédonien soit contraint de dissimuler son identité pour protéger sa personne ou pour espionner l’adversaire. L’unique raison de l’acte de travestissement est bien de jouer un tour à Porus. En effet, interrogé par son ennemi sur le roi de Macédoine, Alexandre déclare travailler à son service et le connaître aussi bien que lui-même. Les avertissements menaçants que Porus le charge alors de transmettre à son seigneur sont tournés en dérision par les soldats macédoniens, auxquels Alexandre ne manque pas de raconter sa farce, dans le chapitre suivant. Par rapport à sa source, le roman en alexandrins, Wauquelin atténue le piquant du récit en supprimant notamment la description physique du vieillard cacochyme qu’Alexandre s’amuse à faire de lui-même pour satisfaire Porus.


Au regard de l’histoire
Bactres (actuelle Balkh) était la capitale de la Bactriane, région à cheval sur les Etats actuels d’Afghanistan, d’Ouzbékistan et du Tadjikistan. Lors de la conquête d’Alexandre, en 328 avant J.-C., elle formait une des grandes satrapies de la monarchie persane.    

Fol. 144 : Alexandre déguisé en simple marchand rend visite à Porus

 
Fol. 146v

Fol. 146v

Fol. 146v
Fol. 147 : Alexandre tue Porus en combat singulier

Fol. 147 : Alexandre tue Porus en combat singulier

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Extrait du texte :
Quand ils furent entrés sur le champ de bataille et qu’ils virent qu’ils étaient seul à seul, chacun des deux éprouva un grand effroi en homme qui savait bien qu’il fallait que l’un des deux sortît du champ de bataille ou mort ou lâche. Mais parce qu’ils savaient avoir réclamé cela eux-mêmes, que tous leurs soldats étaient rassemblés là pour leur faire honneur et qu’ils obéiraient à celui auquel Dieu donnerait la victoire, ils repoussèrent aussitôt toute peur, passèrent au bras la courroie du bouclier, calèrent leur lance sur les crochets et éperonnèrent leur cheval ; et les chevaux, qui étaient résistants et légers, s’élancèrent à telle allure l’un contre l’autre qu’il semblait que la terre tremblât sous leurs pattes. […] Ils faisaient le feu et la flamme jaillir de leurs épées et des armures, tant que c’était horrible à voir et que, pendant cette terrible attaque, le roi Porus éleva son épée puis la rabaissa si violemment sur le roi Alexandre, qui lui avait opposé son bouclier, qu’il coupa la moitié dudit bouclier et le fit voler à terre ; il arracha les pierres précieuses de son casque si bien que le poids du coup fit tomber le roi Alexandre malgré lui sur ses genoux. Et en vérité Porus crut bien s’être débarrassé d’Alexandre avec ce coup. Quand les Grecs et les Macédoniens virent ce si terrible coup, ils furent si perdus qu’ils ne surent que faire ; ils commencèrent à se lamenter. Au contraire, les Indiens montraient une incroyable allégresse, car, selon l’histoire, lorsqu’ils virent Alexandre, ils se mirent à exprimer une telle joie que toute la compagnie en retentissait. Le roi Porus, qui les entendait, pensa qu’ils étaient en train de combattre et se retourna pour les regarder. Lors de ce demi-tour, Alexandre qui était déjà debout et qui avait élevé son épée frappa si violemment sur le casque de son adversaire qu’il lui brisât tout le crâne, malgré la protection du casque et de la coiffe ; la cervelle se répandit donc partout. (184, 10-22 ; 43-64)

Fol. 147 : Alexandre tue Porus en combat singulier
Fol. 146v

Fol. 146v

Fol. 146v
Fol. 147 : Alexandre tue Porus en combat singulier

Fol. 147 : Alexandre tue Porus en combat singulier

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Extrait du texte :
Quand ils furent entrés sur le champ de bataille et qu’ils virent qu’ils étaient seul à seul, chacun des deux éprouva un grand effroi en homme qui savait bien qu’il fallait que l’un des deux sortît du champ de bataille ou mort ou lâche. Mais parce qu’ils savaient avoir réclamé cela eux-mêmes, que tous leurs soldats étaient rassemblés là pour leur faire honneur et qu’ils obéiraient à celui auquel Dieu donnerait la victoire, ils repoussèrent aussitôt toute peur, passèrent au bras la courroie du bouclier, calèrent leur lance sur les crochets et éperonnèrent leur cheval ; et les chevaux, qui étaient résistants et légers, s’élancèrent à telle allure l’un contre l’autre qu’il semblait que la terre tremblât sous leurs pattes. […] Ils faisaient le feu et la flamme jaillir de leurs épées et des armures, tant que c’était horrible à voir et que, pendant cette terrible attaque, le roi Porus éleva son épée puis la rabaissa si violemment sur le roi Alexandre, qui lui avait opposé son bouclier, qu’il coupa la moitié dudit bouclier et le fit voler à terre ; il arracha les pierres précieuses de son casque si bien que le poids du coup fit tomber le roi Alexandre malgré lui sur ses genoux. Et en vérité Porus crut bien s’être débarrassé d’Alexandre avec ce coup. Quand les Grecs et les Macédoniens virent ce si terrible coup, ils furent si perdus qu’ils ne surent que faire ; ils commencèrent à se lamenter. Au contraire, les Indiens montraient une incroyable allégresse, car, selon l’histoire, lorsqu’ils virent Alexandre, ils se mirent à exprimer une telle joie que toute la compagnie en retentissait. Le roi Porus, qui les entendait, pensa qu’ils étaient en train de combattre et se retourna pour les regarder. Lors de ce demi-tour, Alexandre qui était déjà debout et qui avait élevé son épée frappa si violemment sur le casque de son adversaire qu’il lui brisât tout le crâne, malgré la protection du casque et de la coiffe ; la cervelle se répandit donc partout. (184, 10-22 ; 43-64)

Fol. 147 : Alexandre tue Porus en combat singulier
Fol. 149v : Les prodiges des déserts ; les éléphants blancs, les femmes monstrueuses
 

Fol. 149v : Les prodiges des déserts ; les éléphants blancs, les femmes monstrueuses
 

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Des femmes merveilleuses
Dans cet épisode, les créatures féminines viennent occuper la première place. Toutes ces femmes sont autant de visions fugaces, où s’unissent intimement la beauté et la monstruosité, l’inquiétante étrangeté. Elles envahissent l’espace parcouru par Alexandre et par ses hommes, qui résistent mal à la tentation de se livrer aux séductions des apparences toujours changeantes du monde. A la fois fantomatiques et réelles, symboles aussi des difficultés qui se dressent quand on cherche à comprendre l’Autre et à communiquer avec lui, elles rappellent la prudence qu’il faut conserver devant lui malgré toute la fascination et le désir qu’il peut exercer.

Extrait du texte :
Alors qu’Alexandre se reposait avec toute son armée à l’endroit devant dit, il arriva un jour, tandis qu’ils étaient assis pour dîner, qu’une très grande quantité d’éléphants sortît de la forêt ; ils allaient au fleuve selon leurs habitudes. Aussitôt qu’ils virent l’armée des Grecs et la foule des chevaux et des hommes, ces éléphants jetèrent de tels barrissements qu’il s’en fallut de peu que les soldats ne prennent la fuite de peur. Alexandre, qui était assis à table, entendant l’effroyable barrissement  et voyant la désorganisation de son armée se leva en toute hâte, enfourcha son cheval Bucéphale et gagna, l’épée au poing, l’endroit où ses hommes étaient très effrayés. (188, 1-12)

Ils n’avaient pas beaucoup avancé quand ils rencontrèrent un fleuve qui coulait au milieu du camp ; dans ce fleuve, il y avait quantité de roseaux, parmi lesquels ils aperçurent une grande quantité de femmes toutes nues et poilues. Mais tandis que le roi approchait, avançant toujours à leur rencontre, elles se précipitèrent toutes dans l’eau en voyant venir cette grande foule, comme si elles avaient été des poissons, et elles n’apparurent plus jusqu’à ce que l’armée fût présente. En voyant qu’elles ne réapparaissaient pas, le roi Alexandre se mit à chevaucher en tête le long dudit fleuve. Il rencontra une autre sorte de femmes qui avaient les dents extraordinairement longues, les cheveux jusqu’aux talons et tout le reste du corps poilu, ainsi qu’on aurait dit d’un chameau ou d’un hérisson. Et elles avaient à l’endroit du nombril des cornes de vaches et pouvaient bien mesurer douze pieds de hauteur. (188, 47-62)

Fol. 149v : Les prodiges des déserts ; les éléphants blancs, les femmes monstrueuses
 
Fol. 150r

Fol. 150r

Fol. 150r
Fol. 149v : Les prodiges des déserts ; les éléphants blancs, les femmes monstrueuses
 

Fol. 149v : Les prodiges des déserts ; les éléphants blancs, les femmes monstrueuses
 

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Des femmes merveilleuses
Dans cet épisode, les créatures féminines viennent occuper la première place. Toutes ces femmes sont autant de visions fugaces, où s’unissent intimement la beauté et la monstruosité, l’inquiétante étrangeté. Elles envahissent l’espace parcouru par Alexandre et par ses hommes, qui résistent mal à la tentation de se livrer aux séductions des apparences toujours changeantes du monde. A la fois fantomatiques et réelles, symboles aussi des difficultés qui se dressent quand on cherche à comprendre l’Autre et à communiquer avec lui, elles rappellent la prudence qu’il faut conserver devant lui malgré toute la fascination et le désir qu’il peut exercer.

Extrait du texte :
Alors qu’Alexandre se reposait avec toute son armée à l’endroit devant dit, il arriva un jour, tandis qu’ils étaient assis pour dîner, qu’une très grande quantité d’éléphants sortît de la forêt ; ils allaient au fleuve selon leurs habitudes. Aussitôt qu’ils virent l’armée des Grecs et la foule des chevaux et des hommes, ces éléphants jetèrent de tels barrissements qu’il s’en fallut de peu que les soldats ne prennent la fuite de peur. Alexandre, qui était assis à table, entendant l’effroyable barrissement  et voyant la désorganisation de son armée se leva en toute hâte, enfourcha son cheval Bucéphale et gagna, l’épée au poing, l’endroit où ses hommes étaient très effrayés. (188, 1-12)

Ils n’avaient pas beaucoup avancé quand ils rencontrèrent un fleuve qui coulait au milieu du camp ; dans ce fleuve, il y avait quantité de roseaux, parmi lesquels ils aperçurent une grande quantité de femmes toutes nues et poilues. Mais tandis que le roi approchait, avançant toujours à leur rencontre, elles se précipitèrent toutes dans l’eau en voyant venir cette grande foule, comme si elles avaient été des poissons, et elles n’apparurent plus jusqu’à ce que l’armée fût présente. En voyant qu’elles ne réapparaissaient pas, le roi Alexandre se mit à chevaucher en tête le long dudit fleuve. Il rencontra une autre sorte de femmes qui avaient les dents extraordinairement longues, les cheveux jusqu’aux talons et tout le reste du corps poilu, ainsi qu’on aurait dit d’un chameau ou d’un hérisson. Et elles avaient à l’endroit du nombril des cornes de vaches et pouvaient bien mesurer douze pieds de hauteur. (188, 47-62)

Fol. 149v : Les prodiges des déserts ; les éléphants blancs, les femmes monstrueuses
 
Fol. 150r

Fol. 150r

Fol. 150r
Fol. 154v : Les Macédoniens attaqués par des géants
 

Fol. 154v : Les Macédoniens attaqués par des géants
 

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Une incarnation du chaos
Les géants sont des personnages traditionnels des chansons de geste et des romans médiévaux. Sauvages et dévastateurs, ils symbolisent le désordre qui s’oppose au monde de l’ordre que la chevalerie est en charge de faire respecter. Après les animaux, ils représentent les diverses formes du mal que le héros doit éliminer pour établir sur terre l’ordre voulu par Dieu. Les géants du roman d’Alexandre ont cependant pour particularité de se nourrir des fruits donnés par les arbres de la forêt, ces fruits dont l’armée macédonienne profitera trois jours durant une fois qu’elle les aura vaincus.

Fol. 154v : Les Macédoniens attaqués par des géants
 
Fol. 155r

Fol. 155r

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Extrait du texte :
Autour du camp où Alexandre et son armée étaient installés, il y avait une forêt de haute futaie. Ces arbres portaient des fruits dont vivait une manière de peuple, extraordinairement grand et gros, qui habitait cette forêt ; ils s’appelaient des géants. Ils étaient vêtus de peaux de bêtes sauvages qu’ils attrapaient dans la forêt. Il arriva donc que ces géants du bois virent l’armée du roi Alexandre et qu’ils s’assemblèrent aussitôt, tellement qu’ils atteignirent bien trois mille. Une fois rassemblés et pourvus de leurs pelisses aussi bien qu’ils le purent, ainsi que d’écorces et de grosses pierres qu’ils jetaient avec une force telle qu’ils abattaient à chaque coup un cheval ou un chameau, ils sortirent de cette forêt et vinrent attaquer l’armée avec beaucoup d’impétuosité. (193, 1-15)

Fol. 155r
Fol. 154v : Les Macédoniens attaqués par des géants
 

Fol. 154v : Les Macédoniens attaqués par des géants
 

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Une incarnation du chaos
Les géants sont des personnages traditionnels des chansons de geste et des romans médiévaux. Sauvages et dévastateurs, ils symbolisent le désordre qui s’oppose au monde de l’ordre que la chevalerie est en charge de faire respecter. Après les animaux, ils représentent les diverses formes du mal que le héros doit éliminer pour établir sur terre l’ordre voulu par Dieu. Les géants du roman d’Alexandre ont cependant pour particularité de se nourrir des fruits donnés par les arbres de la forêt, ces fruits dont l’armée macédonienne profitera trois jours durant une fois qu’elle les aura vaincus.

Fol. 154v : Les Macédoniens attaqués par des géants
 
Fol. 155r

Fol. 155r

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Extrait du texte :
Autour du camp où Alexandre et son armée étaient installés, il y avait une forêt de haute futaie. Ces arbres portaient des fruits dont vivait une manière de peuple, extraordinairement grand et gros, qui habitait cette forêt ; ils s’appelaient des géants. Ils étaient vêtus de peaux de bêtes sauvages qu’ils attrapaient dans la forêt. Il arriva donc que ces géants du bois virent l’armée du roi Alexandre et qu’ils s’assemblèrent aussitôt, tellement qu’ils atteignirent bien trois mille. Une fois rassemblés et pourvus de leurs pelisses aussi bien qu’ils le purent, ainsi que d’écorces et de grosses pierres qu’ils jetaient avec une force telle qu’ils abattaient à chaque coup un cheval ou un chameau, ils sortirent de cette forêt et vinrent attaquer l’armée avec beaucoup d’impétuosité. (193, 1-15)

Fol. 155r
Fol. 158v : Alexandre au Val Périlleux ; il trouve la pierre du mauvais génie, sort du Val et retrouve ses hommes ; les quatre hommes sauvages
 

Fol. 158v : Alexandre au Val Périlleux ; il trouve la pierre du mauvais génie, sort du Val et retrouve ses hommes ; les quatre hommes sauvages
 

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Une épreuve initiatique
Dans le roman de Wauquelin, le Val Périlleux représente l’épreuve initiatique par excellence que le héros doit franchir pour continuer à avancer de façon concrète et spirituelle. L’expérience du Val où les prières adressées à Dieu se multiplient rappelle de par son atmosphère un récit hagiographique. Les perturbations climatiques et surnaturelles, qui sont absentes de l’iconographie du manuscrit 9342, sont interprétées par Alexandre lui-même comme des marques de châtiment divin, venu punir ses mauvaises actions avant qu’il ne meure. L’épisode cautionne la quasi sainteté du héros macédonien, capable d’éloigner les mauvais esprits par la force et la sincérité de ses prières et de recevoir le soutien divin. Wauquelin procède à cette occasion à la christianisation non voilée d’un récit qui appartenait dans ses sources à la sphère du merveilleux romanesque.                         

Fol. 158v : Alexandre au Val Périlleux ; il trouve la pierre du mauvais génie, sort du Val et retrouve ses hommes ; les quatre hommes sauvages
 
Fol. 159r

Fol. 159r

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Extrait du texte :
Ainsi Alexandre demeura tout seul dans la Vallée Périlleuse. Et l’on ne doit pas s’étonner qu’il y subisse de nombreux tourments, car lorsqu’il avait souvenir des belles, éclatantes et glorieuses victoires qu’il avait remportées, des grands honneurs qu’il avait reçus, alors qu’à présent il était détenu ainsi de façon pitoyable comme un prisonnier, comme par un fantôme – et il ne trouvait ni n’en comprenait la raison, sinon que cela fût l’œuvre du Diable -, vous devez savoir que celui lui transperçait et déchirait le cœur jusqu’au sang. Mais en chevalier courageux et sage, il se mit à genoux en priant son vrai Créateur qu’en vertu de sa douce et miséricordieuse clémence au moins, puisqu’Il voulait qu’il subît de mourir si pitoyablement hors de la compagnie humaine, qu’Il acceptât d’avoir pitié de son peuple, de le conduire et le guider autant qu’il pût là où il désirerait retourner. Son bon cheval était auprès de lui et il était contrarié, semblait-il, du désespoir de son maître. (197, 1-18)

Quand il eut longtemps chevauché, il trouva une roche ressemblant à une citerne taillée dans la roche ; il y avait là une pierre où était enfermé un mauvais esprit que les dieux avaient placé là jadis parce qu’il nuisait au monde. Le roi s’approcha et entra à l’intérieur, mais il n’y vit âme qui vive. Le lieu était cependant grand et large. Tandis que le roi s’y trouvait et qu’il regardait d’un côté et de l’autre, il entendit une voix dont il eut très grande peur. Elle lui apporta cependant un grand soulagement, car elle lui dit par où il sortirait dudit endroit, à condition qu’il acceptât de le libérer de la pierre où il se trouvait. Le roi exécuta la demande, mais il ne sortit qu’une odeur pestilentielle, si terrible que le roi pensa en mourir. Il sortit en toute hâte de la citerne et éperonna son cheval jusqu’à une porte de pierre sur laquelle une inscription apprenait quel était le chemin de la sortie du Val Périlleux. (197, 52-69)

Ils virent devant eux quatre hommes de grande taille et très âgés, qui avaient bien quatorze pieds de haut ; ils étaient poilus comme des ours et avaient au front un bois de cerf ; ils étaient aussi noirs que des mûres et leurs yeux luisaient comme des escarboucles. Quand ils virent que l’armée s’approchait, ces quatre hommes se mirent à fuir très vite. Notre histoire dit qu’il n’y avait pas un cheval de l’armée qui pût les attraper, à l’exception de Bucéphale. Et le roi, qui chevauchait Bucéphale, en attrapa un, qu’il saisit par la tête. Dès qu’il le tint, il commença à crier tellement que c’était terrible. Les trois autres qui entendirent cela se retournèrent alors et virent qu’Alexandre le tenait. (198, 40-52)

Fol. 159r
Fol. 158v : Alexandre au Val Périlleux ; il trouve la pierre du mauvais génie, sort du Val et retrouve ses hommes ; les quatre hommes sauvages
 

Fol. 158v : Alexandre au Val Périlleux ; il trouve la pierre du mauvais génie, sort du Val et retrouve ses hommes ; les quatre hommes sauvages
 

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Une épreuve initiatique
Dans le roman de Wauquelin, le Val Périlleux représente l’épreuve initiatique par excellence que le héros doit franchir pour continuer à avancer de façon concrète et spirituelle. L’expérience du Val où les prières adressées à Dieu se multiplient rappelle de par son atmosphère un récit hagiographique. Les perturbations climatiques et surnaturelles, qui sont absentes de l’iconographie du manuscrit 9342, sont interprétées par Alexandre lui-même comme des marques de châtiment divin, venu punir ses mauvaises actions avant qu’il ne meure. L’épisode cautionne la quasi sainteté du héros macédonien, capable d’éloigner les mauvais esprits par la force et la sincérité de ses prières et de recevoir le soutien divin. Wauquelin procède à cette occasion à la christianisation non voilée d’un récit qui appartenait dans ses sources à la sphère du merveilleux romanesque.                         

Fol. 158v : Alexandre au Val Périlleux ; il trouve la pierre du mauvais génie, sort du Val et retrouve ses hommes ; les quatre hommes sauvages
 
Fol. 159r

Fol. 159r

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Extrait du texte :
Ainsi Alexandre demeura tout seul dans la Vallée Périlleuse. Et l’on ne doit pas s’étonner qu’il y subisse de nombreux tourments, car lorsqu’il avait souvenir des belles, éclatantes et glorieuses victoires qu’il avait remportées, des grands honneurs qu’il avait reçus, alors qu’à présent il était détenu ainsi de façon pitoyable comme un prisonnier, comme par un fantôme – et il ne trouvait ni n’en comprenait la raison, sinon que cela fût l’œuvre du Diable -, vous devez savoir que celui lui transperçait et déchirait le cœur jusqu’au sang. Mais en chevalier courageux et sage, il se mit à genoux en priant son vrai Créateur qu’en vertu de sa douce et miséricordieuse clémence au moins, puisqu’Il voulait qu’il subît de mourir si pitoyablement hors de la compagnie humaine, qu’Il acceptât d’avoir pitié de son peuple, de le conduire et le guider autant qu’il pût là où il désirerait retourner. Son bon cheval était auprès de lui et il était contrarié, semblait-il, du désespoir de son maître. (197, 1-18)

Quand il eut longtemps chevauché, il trouva une roche ressemblant à une citerne taillée dans la roche ; il y avait là une pierre où était enfermé un mauvais esprit que les dieux avaient placé là jadis parce qu’il nuisait au monde. Le roi s’approcha et entra à l’intérieur, mais il n’y vit âme qui vive. Le lieu était cependant grand et large. Tandis que le roi s’y trouvait et qu’il regardait d’un côté et de l’autre, il entendit une voix dont il eut très grande peur. Elle lui apporta cependant un grand soulagement, car elle lui dit par où il sortirait dudit endroit, à condition qu’il acceptât de le libérer de la pierre où il se trouvait. Le roi exécuta la demande, mais il ne sortit qu’une odeur pestilentielle, si terrible que le roi pensa en mourir. Il sortit en toute hâte de la citerne et éperonna son cheval jusqu’à une porte de pierre sur laquelle une inscription apprenait quel était le chemin de la sortie du Val Périlleux. (197, 52-69)

Ils virent devant eux quatre hommes de grande taille et très âgés, qui avaient bien quatorze pieds de haut ; ils étaient poilus comme des ours et avaient au front un bois de cerf ; ils étaient aussi noirs que des mûres et leurs yeux luisaient comme des escarboucles. Quand ils virent que l’armée s’approchait, ces quatre hommes se mirent à fuir très vite. Notre histoire dit qu’il n’y avait pas un cheval de l’armée qui pût les attraper, à l’exception de Bucéphale. Et le roi, qui chevauchait Bucéphale, en attrapa un, qu’il saisit par la tête. Dès qu’il le tint, il commença à crier tellement que c’était terrible. Les trois autres qui entendirent cela se retournèrent alors et virent qu’Alexandre le tenait. (198, 40-52)

Fol. 159r
Fol. 163v

Fol. 163v

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Extrait du texte :
Quand le saint homme leur eut raconté ce qui est dit, ils avancèrent plus loin dans la forêt, jusqu’à ce qu’ils s’approchent assez près des arbres qu’ils cherchaient pour les apercevoir. Le saint homme fit alors un arrêt et leur dit : "Mes amis, voici les arbres sacrés. Vous irez vers eux en toute humilité ; prosternez-vous et évitez de prononcer un seul mot. Mais quand vous les aurez adorés et baisés, songez alors dans votre cœur à votre question et ne la prononcez pas oralement. L’Arbre du Soleil parlera d’abord, en langue indienne, puis l’arbre de la Lune. Allez et faites ce que vous devez." (202, 1-11)

Alexandre commença alors à songer et à dire dans son cœur : "Arbres hautement sacrés, qui est celui qui doit me faire quitter ce monde ?" L’arbre du Soleil lui répondit alors : "Si tu le savais, tu le tuerais, et de la sorte les ordonnances prises à ton sujet ne s’accompliraient pas !" L’arbre de la Lune répondit : "Il n’est pas besoin à l’homme de connaître l’heure de sa mort ni les circonstances de celle-ci, car autrement il ne vivrait plus jamais légèrement ; de plus les trois déesses du destin qui sont sœurs, à savoir Clotho, Lachesis et Atropos, se fâcheraient si nous faisions obstacle à ce qu’elles ont ordonné et établi en ce qui concerne les choses corruptibles. Mais je t’affirme que tu ne mourras pas sous le fer comme tu le penses, mais empoisonné et dans un bref délai, et que ta vie ne sera plus bien longue." (202, 23-35)

Fol. 163v
 Fol. 164 : Les Arbres du Soleil et de la Lune
 

 Fol. 164 : Les Arbres du Soleil et de la Lune
 

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Une mort annoncée
L’épisode des arbres du Soleil et de la Lune intervient au milieu des épreuves vécues dans les déserts indiens. Il provoque comme un arrêt dans le récit, une pause durant laquelle les menaces ne sont plus aussi directes. C’est en l’instant suspendu qu’il offre que le héros prend le temps d’interroger les deux arbres du désert indien sur sa destinée. La réponse est sans appel, la mort par empoisonnement annoncée à Alexandre. A partir de là, le récit attend son achèvement, les annonces de la mort prochaine du héros se multiplient. L’épisode des arbres oraculaires apparaît ainsi comme un tournant, comme le sommet de la destinée d’un homme hors du commun qui, en toute connaissance de cause, ne va plus désormais que marcher vers sa fin.

 Fol. 164 : Les Arbres du Soleil et de la Lune
 
Fol. 163v

Fol. 163v

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Extrait du texte :
Quand le saint homme leur eut raconté ce qui est dit, ils avancèrent plus loin dans la forêt, jusqu’à ce qu’ils s’approchent assez près des arbres qu’ils cherchaient pour les apercevoir. Le saint homme fit alors un arrêt et leur dit : "Mes amis, voici les arbres sacrés. Vous irez vers eux en toute humilité ; prosternez-vous et évitez de prononcer un seul mot. Mais quand vous les aurez adorés et baisés, songez alors dans votre cœur à votre question et ne la prononcez pas oralement. L’Arbre du Soleil parlera d’abord, en langue indienne, puis l’arbre de la Lune. Allez et faites ce que vous devez." (202, 1-11)

Alexandre commença alors à songer et à dire dans son cœur : "Arbres hautement sacrés, qui est celui qui doit me faire quitter ce monde ?" L’arbre du Soleil lui répondit alors : "Si tu le savais, tu le tuerais, et de la sorte les ordonnances prises à ton sujet ne s’accompliraient pas !" L’arbre de la Lune répondit : "Il n’est pas besoin à l’homme de connaître l’heure de sa mort ni les circonstances de celle-ci, car autrement il ne vivrait plus jamais légèrement ; de plus les trois déesses du destin qui sont sœurs, à savoir Clotho, Lachesis et Atropos, se fâcheraient si nous faisions obstacle à ce qu’elles ont ordonné et établi en ce qui concerne les choses corruptibles. Mais je t’affirme que tu ne mourras pas sous le fer comme tu le penses, mais empoisonné et dans un bref délai, et que ta vie ne sera plus bien longue." (202, 23-35)

Fol. 163v
 Fol. 164 : Les Arbres du Soleil et de la Lune
 

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Une mort annoncée
L’épisode des arbres du Soleil et de la Lune intervient au milieu des épreuves vécues dans les déserts indiens. Il provoque comme un arrêt dans le récit, une pause durant laquelle les menaces ne sont plus aussi directes. C’est en l’instant suspendu qu’il offre que le héros prend le temps d’interroger les deux arbres du désert indien sur sa destinée. La réponse est sans appel, la mort par empoisonnement annoncée à Alexandre. A partir de là, le récit attend son achèvement, les annonces de la mort prochaine du héros se multiplient. L’épisode des arbres oraculaires apparaît ainsi comme un tournant, comme le sommet de la destinée d’un homme hors du commun qui, en toute connaissance de cause, ne va plus désormais que marcher vers sa fin.

 Fol. 164 : Les Arbres du Soleil et de la Lune
 
Fol. 160v

Fol. 160v

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Extrait du texte :
Ils commencèrent à s’installer et à dresser leurs tentes, et même la tente du roi. Une fois tout achevé, le roi Alexandre ordonna à certains de ses chevaliers d’explorer l’étendue de cette campagne si agréable, ce qu’ils firent. Il arriva alors qu’ils trouvèrent entre plusieurs grands arbres, comme au milieu du champ, une très belle source, à l’eau claire, jaillissant abondamment et puissamment. L’hsitoire dit que devant cette source il y avait un lion en or pur par où l’eau passait comme à travers un conduit, et autour du lion il y en avait quatre autres accompagnés de deux dragons, comme pour garder le premier lion […] Notre histoire dit ici que l’eau de cette source était de telle nature qu’elle protégeait les hommes de tout venin et de tout poison, quel qu’il fût. Et elle ajoute que la fontaine était faite d’une pierre ressemblant à du cristal et que, de plus, ses bordures étaient d’or pur. (200, 59-70 ; 75-79)

Fol. 160v
Fol. 161 : La fontaine de Jouvence
 

Fol. 161 : La fontaine de Jouvence
 

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La fontaine de Jouvence:
Le mythe de la fontaine de jouvence (ou fontaine de vie ou fontaine d’immortalité) plonge ses racines dans un lointain passé. Le jardin d’Eden tel qu’il est décrit dans la Bible possédait déjà une source d’eau émergeant aux pieds de l’arbre de la Connaissance, qui alimentait les quatre fleuves du Paradis coulant vers les points cardinaux. Dans cette source, on a vu l’une des origines de la fontaine ; cette dernière résulte cependant du travail de l’homme et ne possède pas le caractère naturel et spontané d’une source. Fruit de la croyance dans les vertus purificatrice et régénératrice de l’eau, la fontaine de jouvence est dans un grand nombre de littératures un symbole d’immortalité ou de perpétuel rajeunissement. Dans la tradition orientale du roman d’Alexandre, le héros aurait cherché en vain cette "fontaine de vie" dans les régions polaires, mais son manque de patience aurait condamné sa quête à l’échec. 

Fol. 161 : La fontaine de Jouvence
 
Fol. 160v

Fol. 160v

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Extrait du texte :
Ils commencèrent à s’installer et à dresser leurs tentes, et même la tente du roi. Une fois tout achevé, le roi Alexandre ordonna à certains de ses chevaliers d’explorer l’étendue de cette campagne si agréable, ce qu’ils firent. Il arriva alors qu’ils trouvèrent entre plusieurs grands arbres, comme au milieu du champ, une très belle source, à l’eau claire, jaillissant abondamment et puissamment. L’hsitoire dit que devant cette source il y avait un lion en or pur par où l’eau passait comme à travers un conduit, et autour du lion il y en avait quatre autres accompagnés de deux dragons, comme pour garder le premier lion […] Notre histoire dit ici que l’eau de cette source était de telle nature qu’elle protégeait les hommes de tout venin et de tout poison, quel qu’il fût. Et elle ajoute que la fontaine était faite d’une pierre ressemblant à du cristal et que, de plus, ses bordures étaient d’or pur. (200, 59-70 ; 75-79)

Fol. 160v
Fol. 161 : La fontaine de Jouvence
 

Fol. 161 : La fontaine de Jouvence
 

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La fontaine de Jouvence:
Le mythe de la fontaine de jouvence (ou fontaine de vie ou fontaine d’immortalité) plonge ses racines dans un lointain passé. Le jardin d’Eden tel qu’il est décrit dans la Bible possédait déjà une source d’eau émergeant aux pieds de l’arbre de la Connaissance, qui alimentait les quatre fleuves du Paradis coulant vers les points cardinaux. Dans cette source, on a vu l’une des origines de la fontaine ; cette dernière résulte cependant du travail de l’homme et ne possède pas le caractère naturel et spontané d’une source. Fruit de la croyance dans les vertus purificatrice et régénératrice de l’eau, la fontaine de jouvence est dans un grand nombre de littératures un symbole d’immortalité ou de perpétuel rajeunissement. Dans la tradition orientale du roman d’Alexandre, le héros aurait cherché en vain cette "fontaine de vie" dans les régions polaires, mais son manque de patience aurait condamné sa quête à l’échec. 

Fol. 161 : La fontaine de Jouvence
 
Fol. 166v

Fol. 166v

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Extrait du texte :
Candaculus, le fils aîné de la reine Candace, se trouvait dans cette réunion ; il était accompagné de son épouse et menait avec lui plus de trente chevaliers, sans compter les serviteurs et les hommes d’armes. Il arriva que le roi des Blices, qui connaissait bien cette coutume, apprisse par ses espions que Candaculus conduisait sa femme à cette fête ; or le roi aimait passionnément cette femme et ne désirait rien d’autre que son amour. […] Il rassembla une grande quantité de soldats et vint tendre une embuscade là où Candaculus devait passer. Candaculus, qui ne se doutait de rien, avançait avec son épouse comme vous l’avez entendu pour faire un sacrifice au Dieu immortel, si bien qu’il tomba dans le piège du roi des Blices, qui se précipita soudain avec tous ses soldats en criant : "A mort ! A mort !" Ils commencèrent à frapper et à pousser à terre les chevaux et les cavaliers qui ne se méfiaient pas. Ils allèrent directement jusqu’à la femme et s’emparèrent d’elle de la part du roi des Blices en disant : "Dame, vous n’avancerez pas davantage." En voyant qu’ils arrêtaient sa femme, Candaculus tira son épée et vint les combattre. Certains de ses hommes vinrent à son aide, mais ce fut sans profit, car ils auraient tous été tués s’ils n’avaient pas pris la fuite. (205, 7-30)

Fol. 166v
Fol. 167 : L’enlèvement de l’épouse de Candaculus par le roi des Blices
 

Fol. 167 : L’enlèvement de l’épouse de Candaculus par le roi des Blices
 

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Candace, reine d'Ethiopie
Le récit de la visite que le roi Alexandre fait à la reine Candace, reine éthiopienne, est issu du roman grec du Pseudo-Callisthène. Certains de ses éléments originaux, qui se retrouvent dans le roman de Wauquelin, le placent à la limite du réel et du merveilleux. Le nom de Candace est en effet le nom générique des reines d’Ethiopie ; quant à la cité de Méroé, elle fut à partir du VI e siècle avant J.-C. la capitale du royaume nubien de Kousch. D’autre part, les allusions à l’opulence du royaume et à l’opulence du palais rejoignent parfaitement la réputation de l’Ethiopie célèbre pour sa richesse en minéraux et en pierres précieuses (Diodore de Sicile, Strabon, Pline).

Fol. 167 : L’enlèvement de l’épouse de Candaculus par le roi des Blices
 
Fol. 166v

Fol. 166v

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Extrait du texte :
Candaculus, le fils aîné de la reine Candace, se trouvait dans cette réunion ; il était accompagné de son épouse et menait avec lui plus de trente chevaliers, sans compter les serviteurs et les hommes d’armes. Il arriva que le roi des Blices, qui connaissait bien cette coutume, apprisse par ses espions que Candaculus conduisait sa femme à cette fête ; or le roi aimait passionnément cette femme et ne désirait rien d’autre que son amour. […] Il rassembla une grande quantité de soldats et vint tendre une embuscade là où Candaculus devait passer. Candaculus, qui ne se doutait de rien, avançait avec son épouse comme vous l’avez entendu pour faire un sacrifice au Dieu immortel, si bien qu’il tomba dans le piège du roi des Blices, qui se précipita soudain avec tous ses soldats en criant : "A mort ! A mort !" Ils commencèrent à frapper et à pousser à terre les chevaux et les cavaliers qui ne se méfiaient pas. Ils allèrent directement jusqu’à la femme et s’emparèrent d’elle de la part du roi des Blices en disant : "Dame, vous n’avancerez pas davantage." En voyant qu’ils arrêtaient sa femme, Candaculus tira son épée et vint les combattre. Certains de ses hommes vinrent à son aide, mais ce fut sans profit, car ils auraient tous été tués s’ils n’avaient pas pris la fuite. (205, 7-30)

Fol. 166v
Fol. 167 : L’enlèvement de l’épouse de Candaculus par le roi des Blices
 

Fol. 167 : L’enlèvement de l’épouse de Candaculus par le roi des Blices
 

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Candace, reine d'Ethiopie
Le récit de la visite que le roi Alexandre fait à la reine Candace, reine éthiopienne, est issu du roman grec du Pseudo-Callisthène. Certains de ses éléments originaux, qui se retrouvent dans le roman de Wauquelin, le placent à la limite du réel et du merveilleux. Le nom de Candace est en effet le nom générique des reines d’Ethiopie ; quant à la cité de Méroé, elle fut à partir du VI e siècle avant J.-C. la capitale du royaume nubien de Kousch. D’autre part, les allusions à l’opulence du royaume et à l’opulence du palais rejoignent parfaitement la réputation de l’Ethiopie célèbre pour sa richesse en minéraux et en pierres précieuses (Diodore de Sicile, Strabon, Pline).

Fol. 167 : L’enlèvement de l’épouse de Candaculus par le roi des Blices
 
Fol. 169v : Alexandre rencontre Candace              
 

Fol. 169v : Alexandre rencontre Candace              
 

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Extrait du texte :
Candaculus fit connaître à sa mère son arrivée et comment il revenait en pleine forme, ayant récupéré son épouse par la volonté divine et grâce au courage du chevalier Antignous, qu’il amenait avec lui. Pour cette raison, il lui demandait très affectueusement qu’elle se préparât pour le recevoir et lui rendre des honneurs, car, comme il disait, elle ne pourrait lui en administrer de plus grands que ceux qu’il méritait. Quand elle apprit cette nouvelle, la reine s’en réjouit beaucoup. Sans attendre davantage, elle alla se parer de ses plus beaux atours, en particulier de sa tenue royale, et sur sa tête elle posa une très noble couronne qui était rehaussée de pierres précieuses. Quand elle fut prêtee, elle partit au moment qu’elle pensa opportun à la rencontre de son fils en bas du palais. Le roi Alexandre en tarda pas à arriver, Candaculus l’amenait à sa droite avec tous les honneurs tandis qu’à sa gauche marchait son épouse. (207, 28-43)

Fol. 169v : Alexandre rencontre Candace              
 
Fol. 170r

Fol. 170r

Fol. 170r
Fol. 169v : Alexandre rencontre Candace              
 

Fol. 169v : Alexandre rencontre Candace              
 

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Extrait du texte :
Candaculus fit connaître à sa mère son arrivée et comment il revenait en pleine forme, ayant récupéré son épouse par la volonté divine et grâce au courage du chevalier Antignous, qu’il amenait avec lui. Pour cette raison, il lui demandait très affectueusement qu’elle se préparât pour le recevoir et lui rendre des honneurs, car, comme il disait, elle ne pourrait lui en administrer de plus grands que ceux qu’il méritait. Quand elle apprit cette nouvelle, la reine s’en réjouit beaucoup. Sans attendre davantage, elle alla se parer de ses plus beaux atours, en particulier de sa tenue royale, et sur sa tête elle posa une très noble couronne qui était rehaussée de pierres précieuses. Quand elle fut prêtee, elle partit au moment qu’elle pensa opportun à la rencontre de son fils en bas du palais. Le roi Alexandre en tarda pas à arriver, Candaculus l’amenait à sa droite avec tous les honneurs tandis qu’à sa gauche marchait son épouse. (207, 28-43)

Fol. 169v : Alexandre rencontre Candace              
 
Fol. 170r

Fol. 170r

Fol. 170r
Fol. 172v

Fol. 172v

Fol. 172v
Fol. 173 : Alexandre sépare les deux fils de Candace   
 

Fol. 173 : Alexandre sépare les deux fils de Candace   
 

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Extrait du texte :
La reine Candace voyant que ses deux enfants voulaient s’entretuer s’approcha d’Alexandre en lui disant : "Ha ! très cher seigneur, j’ai entendu dire qu’il y a en vous tant de sagesse, j’en ai fait l’expérience aussi : pourquoi ne réconciliez-vous pas mes enfants qui veulent s’entretuer à cause de l’amour et de la haine qu’ils éprouvent envers vous de façon contradictoire ? Montre-nous dans cette affaire une partie de ta sagesse et pacifie les relations entre mes enfants grâce à ta subtilité." Alexandre répondit à cela : "Ma dame, permettez que je leur parle." (210, 1-9)

Fol. 173 : Alexandre sépare les deux fils de Candace   
 
Fol. 172v

Fol. 172v

Fol. 172v
Fol. 173 : Alexandre sépare les deux fils de Candace   
 

Fol. 173 : Alexandre sépare les deux fils de Candace   
 

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Extrait du texte :
La reine Candace voyant que ses deux enfants voulaient s’entretuer s’approcha d’Alexandre en lui disant : "Ha ! très cher seigneur, j’ai entendu dire qu’il y a en vous tant de sagesse, j’en ai fait l’expérience aussi : pourquoi ne réconciliez-vous pas mes enfants qui veulent s’entretuer à cause de l’amour et de la haine qu’ils éprouvent envers vous de façon contradictoire ? Montre-nous dans cette affaire une partie de ta sagesse et pacifie les relations entre mes enfants grâce à ta subtilité." Alexandre répondit à cela : "Ma dame, permettez que je leur parle." (210, 1-9)

Fol. 173 : Alexandre sépare les deux fils de Candace   
 
Fol. 174v

Fol. 174v

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Extrait du texte :
A la sortie de ce territoire, il leur arriva de descendre dans une vallée infestée d’innombrables serpents, qui avaient sur leur front une pierre précieuse appelée émeraude. Selon l’histoire, cette sorte de serpents vivait de poivre blanc et de cumin qui poussent dans cette vallée. Ils ont une nature telle que, chaque année, ils s’affrontent une fois et beaucoup en meurent. Dès que ces serpents virent Alexandre commencer à descendre dans cette vallée, ils se précipitèrent avec force ; ils blessèrent et meurtrirent plusieurs de ses hommes. Voyant cela, Alexandre se porta tout de suite à l’avant avec quelques-uns de ses chevaliers ; ils se mirent à attaquer les serpents de leur épée, dont ils les découpaient, tant qu’ils les vainquirent. (212, 5-19)

Ils entrèrent dans un lieu où ils découvrirent une race extraordinaire de bêtes sauvages qui avaient deux ongles très tranchants à leurs pattes, à la façon des sangliers, et ces ongles avaient bien quatre pieds de large. De même ces bêtes avaient des têtes énormes, à la façon des sangliers, et une peau comme celle des lions. Et les accompagnait une catégorie de grands oiseaux qui s’appelaient des griffons. Quand ces sortes d’oiseaux et de bêtes virent que l’armée du roi Alexandre approchait, elles les attaquèrent comme si elles avaient été enragées. Les bêtes frappaient tellement de leurs pattes les soldats qu’à chaque coup elles jetaient un homme à terre. Egalement les griffons s’agrippaient aux chevaliers et aux chevaux et ne les lâchaient pas avant de les avoir étranglés. Alors tout en réconfortant ses hommes, le roi Alexandre qui voyait le grand carnage fit placer à l’avant tous les archers et arbalétriers pour qu’ils tirassent sur ces bêtes et ces oiseaux, ce qu’ils firent. La réaction de ces bêtes quand elles sentaient les flèches ressemblaient à un éclair, car elles se massacraient les unes les autres, tandis que les chevaliers les tuaient de leurs épées, si bien qu’elles furent bientôt vaincues. (212, 24-45)

Quand Alexandre eut franchi la rivière et que toute son armée eut traversé, il prit la route jusqu’à ce qu’il parvienne à la fin de la terre qui rejoint l’Océan, ce dernier semblant se confondre avec le ciel. Et là, au bord de la rive de l’Océan, ils trouvèrent les colonnes qu’Hercule avait jadis fait ériger pour montrer que c’était là la fin de la terre. (213, 28-33)

Fol. 174v
Fol. 175 : Les Macédoniens combattent des serpents, des porcs sauvages et des griffons - Les colonnes d’Hercule
 

Fol. 175 : Les Macédoniens combattent des serpents, des porcs sauvages et des griffons - Les colonnes d’Hercule
 

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Des oiseaux fantastiques
La représentation des griffons est conforme à la tradition iconographique : la partie antérieure est celle d’un aigle tandis que la postérieure rappelle celle du lion. Le griffon est un animal fabuleux à la forte charge symbolique, régnant à la fois sur le domaine terrestre et céleste, pouvant avoir une valeur positive aussi bien que négative. Ici, le griffon est un objet de menace pour l’armée macédonienne, un animal diabolique.

Les bornes du monde
Les colonnes d’Hercule désignent les deux colonnes jumelles érigées par le héros grec au niveau du détroit de Gibraltar : "Hercule parcourut la Libye jusqu’à l’Océan, qui baigne Gadès (Cadix), et il éleva deux colonnes sur les bords de l’un et l’autre continent." (Diodore de Sicile, Bibliotheca, IV, 18). A partir de là elles représentent la limite, tant morale que géographique, qui ne peut être dépassée. Le traitement que Wauquelin réserve au passage des colonnes d’Hercule est symptomatique d’une réécriture favorable à Alexandre. Si dans le roman en alexandrins, ce passage s’accompagnait d’un défi lancé par Alexandre et possédait un caractère sacrilège, il n’en est rien dans le roman bourguignon. Les colonnes marquent simplement ici l’entrée dans les déserts indiens. Bien qu’Alexandre les franchisse "parce qu’il voulait surpasser l’exploit d’Hercule" (187, 5-6), la référence au dieu de l’Antiquité reste tout à l’honneur du Macédonien : il marche sur les traces d’Hercule, le type même du héros civilisateur, et parvient à le surpasser en allant plus loin que lui dans la conquête de l’espace oriental.                                    

Fol. 175 : Les Macédoniens combattent des serpents, des porcs sauvages et des griffons - Les colonnes d’Hercule
 
Fol. 174v

Fol. 174v

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Extrait du texte :
A la sortie de ce territoire, il leur arriva de descendre dans une vallée infestée d’innombrables serpents, qui avaient sur leur front une pierre précieuse appelée émeraude. Selon l’histoire, cette sorte de serpents vivait de poivre blanc et de cumin qui poussent dans cette vallée. Ils ont une nature telle que, chaque année, ils s’affrontent une fois et beaucoup en meurent. Dès que ces serpents virent Alexandre commencer à descendre dans cette vallée, ils se précipitèrent avec force ; ils blessèrent et meurtrirent plusieurs de ses hommes. Voyant cela, Alexandre se porta tout de suite à l’avant avec quelques-uns de ses chevaliers ; ils se mirent à attaquer les serpents de leur épée, dont ils les découpaient, tant qu’ils les vainquirent. (212, 5-19)

Ils entrèrent dans un lieu où ils découvrirent une race extraordinaire de bêtes sauvages qui avaient deux ongles très tranchants à leurs pattes, à la façon des sangliers, et ces ongles avaient bien quatre pieds de large. De même ces bêtes avaient des têtes énormes, à la façon des sangliers, et une peau comme celle des lions. Et les accompagnait une catégorie de grands oiseaux qui s’appelaient des griffons. Quand ces sortes d’oiseaux et de bêtes virent que l’armée du roi Alexandre approchait, elles les attaquèrent comme si elles avaient été enragées. Les bêtes frappaient tellement de leurs pattes les soldats qu’à chaque coup elles jetaient un homme à terre. Egalement les griffons s’agrippaient aux chevaliers et aux chevaux et ne les lâchaient pas avant de les avoir étranglés. Alors tout en réconfortant ses hommes, le roi Alexandre qui voyait le grand carnage fit placer à l’avant tous les archers et arbalétriers pour qu’ils tirassent sur ces bêtes et ces oiseaux, ce qu’ils firent. La réaction de ces bêtes quand elles sentaient les flèches ressemblaient à un éclair, car elles se massacraient les unes les autres, tandis que les chevaliers les tuaient de leurs épées, si bien qu’elles furent bientôt vaincues. (212, 24-45)

Quand Alexandre eut franchi la rivière et que toute son armée eut traversé, il prit la route jusqu’à ce qu’il parvienne à la fin de la terre qui rejoint l’Océan, ce dernier semblant se confondre avec le ciel. Et là, au bord de la rive de l’Océan, ils trouvèrent les colonnes qu’Hercule avait jadis fait ériger pour montrer que c’était là la fin de la terre. (213, 28-33)

Fol. 174v
Fol. 175 : Les Macédoniens combattent des serpents, des porcs sauvages et des griffons - Les colonnes d’Hercule
 

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Des oiseaux fantastiques
La représentation des griffons est conforme à la tradition iconographique : la partie antérieure est celle d’un aigle tandis que la postérieure rappelle celle du lion. Le griffon est un animal fabuleux à la forte charge symbolique, régnant à la fois sur le domaine terrestre et céleste, pouvant avoir une valeur positive aussi bien que négative. Ici, le griffon est un objet de menace pour l’armée macédonienne, un animal diabolique.

Les bornes du monde
Les colonnes d’Hercule désignent les deux colonnes jumelles érigées par le héros grec au niveau du détroit de Gibraltar : "Hercule parcourut la Libye jusqu’à l’Océan, qui baigne Gadès (Cadix), et il éleva deux colonnes sur les bords de l’un et l’autre continent." (Diodore de Sicile, Bibliotheca, IV, 18). A partir de là elles représentent la limite, tant morale que géographique, qui ne peut être dépassée. Le traitement que Wauquelin réserve au passage des colonnes d’Hercule est symptomatique d’une réécriture favorable à Alexandre. Si dans le roman en alexandrins, ce passage s’accompagnait d’un défi lancé par Alexandre et possédait un caractère sacrilège, il n’en est rien dans le roman bourguignon. Les colonnes marquent simplement ici l’entrée dans les déserts indiens. Bien qu’Alexandre les franchisse "parce qu’il voulait surpasser l’exploit d’Hercule" (187, 5-6), la référence au dieu de l’Antiquité reste tout à l’honneur du Macédonien : il marche sur les traces d’Hercule, le type même du héros civilisateur, et parvient à le surpasser en allant plus loin que lui dans la conquête de l’espace oriental.                                    

Fol. 175 : Les Macédoniens combattent des serpents, des porcs sauvages et des griffons - Les colonnes d’Hercule
 
Fol. 178v

Fol. 178v

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Extrait du texte :
Il arriva devant une cité qui était très profondément située dans la mer, c’est-à-dire bien avant. Et pour se rendre à cette cité, il n’y avait aucun passage par où aller, mais elle était entièrement cernée par l’eau qui en battait les murailles. Ainsi qu’il parut au roi Alexandre, cette cité était très ancienne, bien pourvue de tours et de bretèches, mais en raison de son antiquité, il semblait qu’elle fût toute recouverte de mousse. Alexandre, voyant cette cité, ordonna à l’un de ses chevaliers qu’il prît place dans une barque qu’il avait fait construire là et qu’à force de rames il parvînt à cette cité pour qu’elle se livrât à lui et qu’il en prît un tribut. Alors ce chevalier, en vaillant serviteur qu’il était, monta dans cette petite embarcation et se mit à ramer jusqu’à ce qu’il vînt si près de ladite cité que ses habitants pouvaient très bien l’entendre. Il se mit à appeler très haut les habitants. Et tandis qu’il appelait pour faire venir quelqu’un, un homme fort âgé avec une très belle barbe et des cheveux blancs vint à l’une des fenêtres d’une tour qui se trouvait devant lui, et à son visage on voyait que c’était un homme de très grand savoir. Cet homme ouvrit une fenêtre, en sortit la tête jusqu’aux épaules et demanda tout haut au chevalier ce qu’il voulait. (216, 5-28)

Fol. 178v
Fol. 179 : La cité du Paradis Terrestre
 

Fol. 179 : La cité du Paradis Terrestre
 

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Alexandre au Paradis Terrestre
Bien que Wauquelin n’en fasse pas mention, cette cité très ancienne représente la cité du Paradis Terrestre. L’épisode constitue l’un des épisodes de la légende d’origine juive qui s’est développée autour de l’empereur macédonien. On le trouve à l’origine dans trois textes : l'Alexandri Magni Iter ad Paradisum</i>, œuvre qu’un certain Salomon aurait composée au XIIe siècle ; le Voyage d’Alexandre au Paradis terrestre, poème en alexandrins daté entre 1270 et 1350 et interpolé dans le Roman d’Alexandre en alexandrins ; une version enfin qui se trouve dans les Faits des Romains, compilation historique datant de 1213-1214. Tous ces textes ont servi de source à Wauquelin qui en a librement retenu ou écarté les éléments.

Fol. 179 : La cité du Paradis Terrestre
 
Fol. 178v

Fol. 178v

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Extrait du texte :
Il arriva devant une cité qui était très profondément située dans la mer, c’est-à-dire bien avant. Et pour se rendre à cette cité, il n’y avait aucun passage par où aller, mais elle était entièrement cernée par l’eau qui en battait les murailles. Ainsi qu’il parut au roi Alexandre, cette cité était très ancienne, bien pourvue de tours et de bretèches, mais en raison de son antiquité, il semblait qu’elle fût toute recouverte de mousse. Alexandre, voyant cette cité, ordonna à l’un de ses chevaliers qu’il prît place dans une barque qu’il avait fait construire là et qu’à force de rames il parvînt à cette cité pour qu’elle se livrât à lui et qu’il en prît un tribut. Alors ce chevalier, en vaillant serviteur qu’il était, monta dans cette petite embarcation et se mit à ramer jusqu’à ce qu’il vînt si près de ladite cité que ses habitants pouvaient très bien l’entendre. Il se mit à appeler très haut les habitants. Et tandis qu’il appelait pour faire venir quelqu’un, un homme fort âgé avec une très belle barbe et des cheveux blancs vint à l’une des fenêtres d’une tour qui se trouvait devant lui, et à son visage on voyait que c’était un homme de très grand savoir. Cet homme ouvrit une fenêtre, en sortit la tête jusqu’aux épaules et demanda tout haut au chevalier ce qu’il voulait. (216, 5-28)

Fol. 178v
Fol. 179 : La cité du Paradis Terrestre
 

Fol. 179 : La cité du Paradis Terrestre
 

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Alexandre au Paradis Terrestre
Bien que Wauquelin n’en fasse pas mention, cette cité très ancienne représente la cité du Paradis Terrestre. L’épisode constitue l’un des épisodes de la légende d’origine juive qui s’est développée autour de l’empereur macédonien. On le trouve à l’origine dans trois textes : l'Alexandri Magni Iter ad Paradisum</i>, œuvre qu’un certain Salomon aurait composée au XIIe siècle ; le Voyage d’Alexandre au Paradis terrestre, poème en alexandrins daté entre 1270 et 1350 et interpolé dans le Roman d’Alexandre en alexandrins ; une version enfin qui se trouve dans les Faits des Romains, compilation historique datant de 1213-1214. Tous ces textes ont servi de source à Wauquelin qui en a librement retenu ou écarté les éléments.

Fol. 179 : La cité du Paradis Terrestre
 
Fol. 180v : Le voyage dans les airs
 

Fol. 180v : Le voyage dans les airs
 

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Des espaces inaccessibles
L’épisode du vol d’Alexandre dans les airs dans un char tiré par des griffons doit être mis en relation avec l’épisode suivant, le voyage sous-marin qu’accomplit le héros dans un bathyscaphe. Mis à la suite par Wauquelin, ils sont à envisager comme les pendants symétriques de la même aventure extraordinaire, preuve de l’alliance entre une insatiable curiosité et un courage hors du commun. Le ciel puis la mer représentent à l’époque médiévale les limites naturelles de l’espace des entreprises humaines qu’Alexandre réussit à franchir de par sa nature héroïque.

Fol. 180v : Le voyage dans les airs
 
Fol. 181r

Fol. 181r

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Extrait du texte :
Il arriva alors qu’un jour où Alexandre était devant la porte de son pavillon, il posa son regard sur la Mer Rouge dont il était très près. Il vit au-delà de la Mer Rouge une montagne sii élevée qu’elle semblait rejoindre le ciel. Comme il la regardait, il se demanda comment il pourrait s’élever au-dessus des nuages pour savoir à quoi ressemblait l’air. Il alla aussitôt s’occuper de ce que je vais vous dire. Il fit venir des charpentiers à qui il fit faire une cage de grandeur raisonnable pour qu’il y entre dedans et s’y trouve bien. Quand elle fut faite, il fit prendre huit griffons dont il avait une bonne quantité dans son armée, car il y avait des échantillons de toutes les choses extraordinaires qu’il avait trouvées en Inde ; il fit attacher solidement ces griffons à la cage avec des chaînes en fer, deux à chaque côté. Quand ce fut fait, il ordonna aux chevaliers de son armée de l’attendre jusqu’à ce qu’ils aient de ses nouvelles. Il entra alors dans la cage et prit avec lui des éponges gonflées d’eau. Dès qu’il fut à l’intérieur, il prit une lance au bout de laquelle il accrocha un morceau de viande, puis il le dressa hors de la cage par le dessus. Les griffons affamés commencèrent alors à s’élever dans l’air pour atteindre la viande, et tout en s’élevant ils emportaient la cage et la viande toujours plus haut. Et finalement ils montèrent tant que les chevaliers de l’armée perdirent de vue leur chef, la cage et les oiseaux, et Alexandre pareillement. A la fin, ils étaient montés si prodigieusement haut qu’Alexandre était déjà parvenu outre l’air pur et tout près du soleil. (217, 8-34)

Fol. 181r
Fol. 180v : Le voyage dans les airs
 

Fol. 180v : Le voyage dans les airs
 

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Des espaces inaccessibles
L’épisode du vol d’Alexandre dans les airs dans un char tiré par des griffons doit être mis en relation avec l’épisode suivant, le voyage sous-marin qu’accomplit le héros dans un bathyscaphe. Mis à la suite par Wauquelin, ils sont à envisager comme les pendants symétriques de la même aventure extraordinaire, preuve de l’alliance entre une insatiable curiosité et un courage hors du commun. Le ciel puis la mer représentent à l’époque médiévale les limites naturelles de l’espace des entreprises humaines qu’Alexandre réussit à franchir de par sa nature héroïque.

Fol. 180v : Le voyage dans les airs
 
Fol. 181r

Fol. 181r

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Extrait du texte :
Il arriva alors qu’un jour où Alexandre était devant la porte de son pavillon, il posa son regard sur la Mer Rouge dont il était très près. Il vit au-delà de la Mer Rouge une montagne sii élevée qu’elle semblait rejoindre le ciel. Comme il la regardait, il se demanda comment il pourrait s’élever au-dessus des nuages pour savoir à quoi ressemblait l’air. Il alla aussitôt s’occuper de ce que je vais vous dire. Il fit venir des charpentiers à qui il fit faire une cage de grandeur raisonnable pour qu’il y entre dedans et s’y trouve bien. Quand elle fut faite, il fit prendre huit griffons dont il avait une bonne quantité dans son armée, car il y avait des échantillons de toutes les choses extraordinaires qu’il avait trouvées en Inde ; il fit attacher solidement ces griffons à la cage avec des chaînes en fer, deux à chaque côté. Quand ce fut fait, il ordonna aux chevaliers de son armée de l’attendre jusqu’à ce qu’ils aient de ses nouvelles. Il entra alors dans la cage et prit avec lui des éponges gonflées d’eau. Dès qu’il fut à l’intérieur, il prit une lance au bout de laquelle il accrocha un morceau de viande, puis il le dressa hors de la cage par le dessus. Les griffons affamés commencèrent alors à s’élever dans l’air pour atteindre la viande, et tout en s’élevant ils emportaient la cage et la viande toujours plus haut. Et finalement ils montèrent tant que les chevaliers de l’armée perdirent de vue leur chef, la cage et les oiseaux, et Alexandre pareillement. A la fin, ils étaient montés si prodigieusement haut qu’Alexandre était déjà parvenu outre l’air pur et tout près du soleil. (217, 8-34)

Fol. 181r
Fol. 181v

Fol. 181v

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L'épreuve de l'eau
Que la descente sous-marine ait lieu sous la mer Rouge, assimilée par la tradition scripturaire chétienne à l’eau baptismale susceptible de guérir et de transformer qui s’y baigne, n’est évidemment pas neutre. Isolé dans le bathyscaphe, Alexandre vit une expérience spirituelle intense qui fait de lui un initié par rapport aux autres hommes. En surmontant l’épreuve de l’eau comme il avait affronté celle du feu, sans se noyer ni se consumer, Alexandre accède donc à une vision privilégiée qui lui apporte une connaissance supérieure à celle du reste de l’humanité. 

Fol. 181v
Fol. 182 : Alexandre explore les profondeurs sous-marines
 

Fol. 182 : Alexandre explore les profondeurs sous-marines
 

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Extrait du texte :
Il fit aussitôt venir à lui des verriers auxquels il demanda de fabriquer un tonneau de verre si grand et si spacieux qu’il pût se retourner dedans à sa volenté, et de plus si clair qu’il pût voir toutes choses au travers. Ils le fabriquèrent ainsi. Ils le firent solidement attacher de bonnes chaînes de fer à un solide anneau par-dessus pour y attacher une grosse corde de chanvre. Quand il eut préparé et disposé le tonneau selon sa volonté, il entra à l’intérieur en prenant avec lui plusieurs torches allumées, puis il fit reboucher le trou afin qu’aucune goutte d’eau n’y entrât. Ensuite, il se fit transporter sur une embarcation en haute mer et descendre au moyen de la corde mentionnée. Mais on croirait à peine ce qu’il raconta à son retour et s’il ne l’avait pas vu, jamais il ne l’aurait cru : il vit des poissons de toutes les formes et de toutes les couleurs, des baleines énormes et plusieurs autres choses qu’il serait extraordinaire de décrire. Il y vit des poissons semblables à des bêtes qui vivent sur terre, et ils déambulaient sur leurs pattes au fond de la mer et mangeaient les fruits des arbres qui se trouvaient au fond ; ces arbres portaient des fruits comme les autres arbres terrestres, ainsi que des feuilles et des fleurs. Il aperçut encore des baleines si extraordinairement grandes qu’on le croirait à peine, mais quand elles s’approchaient de lui, elles s’enfuyaient à cause de la peur qu’elles ressentaient devant la clarté des chandelles. (218, 3-26)

Fol. 182 : Alexandre explore les profondeurs sous-marines
 
Fol. 181v

Fol. 181v

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L'épreuve de l'eau
Que la descente sous-marine ait lieu sous la mer Rouge, assimilée par la tradition scripturaire chétienne à l’eau baptismale susceptible de guérir et de transformer qui s’y baigne, n’est évidemment pas neutre. Isolé dans le bathyscaphe, Alexandre vit une expérience spirituelle intense qui fait de lui un initié par rapport aux autres hommes. En surmontant l’épreuve de l’eau comme il avait affronté celle du feu, sans se noyer ni se consumer, Alexandre accède donc à une vision privilégiée qui lui apporte une connaissance supérieure à celle du reste de l’humanité. 

Fol. 181v
Fol. 182 : Alexandre explore les profondeurs sous-marines
 

Fol. 182 : Alexandre explore les profondeurs sous-marines
 

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Extrait du texte :
Il fit aussitôt venir à lui des verriers auxquels il demanda de fabriquer un tonneau de verre si grand et si spacieux qu’il pût se retourner dedans à sa volenté, et de plus si clair qu’il pût voir toutes choses au travers. Ils le fabriquèrent ainsi. Ils le firent solidement attacher de bonnes chaînes de fer à un solide anneau par-dessus pour y attacher une grosse corde de chanvre. Quand il eut préparé et disposé le tonneau selon sa volonté, il entra à l’intérieur en prenant avec lui plusieurs torches allumées, puis il fit reboucher le trou afin qu’aucune goutte d’eau n’y entrât. Ensuite, il se fit transporter sur une embarcation en haute mer et descendre au moyen de la corde mentionnée. Mais on croirait à peine ce qu’il raconta à son retour et s’il ne l’avait pas vu, jamais il ne l’aurait cru : il vit des poissons de toutes les formes et de toutes les couleurs, des baleines énormes et plusieurs autres choses qu’il serait extraordinaire de décrire. Il y vit des poissons semblables à des bêtes qui vivent sur terre, et ils déambulaient sur leurs pattes au fond de la mer et mangeaient les fruits des arbres qui se trouvaient au fond ; ces arbres portaient des fruits comme les autres arbres terrestres, ainsi que des feuilles et des fleurs. Il aperçut encore des baleines si extraordinairement grandes qu’on le croirait à peine, mais quand elles s’approchaient de lui, elles s’enfuyaient à cause de la peur qu’elles ressentaient devant la clarté des chandelles. (218, 3-26)

Fol. 182 : Alexandre explore les profondeurs sous-marines
 
Fol. 182v

Fol. 182v

Fol. 182v
Fol. 183 : Le combat contre les unicornes et contre les serpents                

Fol. 183 : Le combat contre les unicornes et contre les serpents                

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Extrait du texte :
Ils avancèrent jusqu’à arriver dans un lieu très sauvage, qui était habité en effet par une sorte de bêtes sauvages pourvues d’une corne au front ; cette corne était semblable à une épée et sa lame était comme celle d’une scie à dents. Ces bêtes causèrent beaucoup de dégats dans l’armée du roi, car dès qu’elles la virent approcher, elles l’attaquèrent en bêtes furieuses ; si bien qu’avant que les chevaliers de l’armée se fussent rassemblés, il y eut beaucoup de tués. Et selon notre histoire, ces bêtes transperçaient de leur corne les boucliers et les armes des Grecs, car elles chargeaient contre eux comme le font les béliers, tant qu’elles jetaient par terre deux, trois ou quatre soldats en un assaut. (219, 5-18)

Fol. 183 : Le combat contre les unicornes et contre les serpents                
Fol. 182v

Fol. 182v

Fol. 182v
Fol. 183 : Le combat contre les unicornes et contre les serpents                

Fol. 183 : Le combat contre les unicornes et contre les serpents                

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Extrait du texte :
Ils avancèrent jusqu’à arriver dans un lieu très sauvage, qui était habité en effet par une sorte de bêtes sauvages pourvues d’une corne au front ; cette corne était semblable à une épée et sa lame était comme celle d’une scie à dents. Ces bêtes causèrent beaucoup de dégats dans l’armée du roi, car dès qu’elles la virent approcher, elles l’attaquèrent en bêtes furieuses ; si bien qu’avant que les chevaliers de l’armée se fussent rassemblés, il y eut beaucoup de tués. Et selon notre histoire, ces bêtes transperçaient de leur corne les boucliers et les armes des Grecs, car elles chargeaient contre eux comme le font les béliers, tant qu’elles jetaient par terre deux, trois ou quatre soldats en un assaut. (219, 5-18)

Fol. 183 : Le combat contre les unicornes et contre les serpents                
Fol. 183v

Fol. 183v

Fol. 183v
Fol. 184 : Le combat contre les hippocéphales et contre les cyclopes – La rencontre avec le peuple sans tête
 

Fol. 184 : Le combat contre les hippocéphales et contre les cyclopes – La rencontre avec le peuple sans tête
 

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Extrait du texte :
Ils chevauchèrent jusqu’à venir installer leur campement non loin d’une forêt, où se trouvait un peuple à la forme extraordinaire, car il avait une apparence humaine, sauf pour la tête ; là il ressemblait à des chevaux. Ce peuple était extraordinairement grand et possédait de grandes dents coupantes qui constituaient leurs seules armes. Dès qu’il vit l’armée s’installer, il sortit de la forêt par grands troupeaux et vint attaquer les soldats ; ils causèrent de très grands dommages. (220, 3-12)

Ils arrivèrent sur une île sur laquelle ils rencontrèrent un peuple à l’apparence extraordinaire, car tout d’abord il était jaune et doré comme de l’or, avec environ six pieds de hauteur, et il n’avait pas de tête ; leurs yeulx, leur nez et leur bouche cependant étaient au milieu de leur poitrine, et sous leur nombril poussait de la barbe qui leur descendait jusqu’aux genoux. Le roi Alexandre, voyant ce peuple –qui paraissait assez sage, car il ne causa aucun dommage à l’armée, mais lui offrit au contraire des produits de la terre en quantité –, fit prendre trente individus pour les montrer aux autres peuples de la terre et il les amena avec son armée jusqu’à leur mort. (221, 4-16)

Fol. 184 : Le combat contre les hippocéphales et contre les cyclopes – La rencontre avec le peuple sans tête
 
Fol. 183v

Fol. 183v

Fol. 183v
Fol. 184 : Le combat contre les hippocéphales et contre les cyclopes – La rencontre avec le peuple sans tête
 

Fol. 184 : Le combat contre les hippocéphales et contre les cyclopes – La rencontre avec le peuple sans tête
 

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Extrait du texte :
Ils chevauchèrent jusqu’à venir installer leur campement non loin d’une forêt, où se trouvait un peuple à la forme extraordinaire, car il avait une apparence humaine, sauf pour la tête ; là il ressemblait à des chevaux. Ce peuple était extraordinairement grand et possédait de grandes dents coupantes qui constituaient leurs seules armes. Dès qu’il vit l’armée s’installer, il sortit de la forêt par grands troupeaux et vint attaquer les soldats ; ils causèrent de très grands dommages. (220, 3-12)

Ils arrivèrent sur une île sur laquelle ils rencontrèrent un peuple à l’apparence extraordinaire, car tout d’abord il était jaune et doré comme de l’or, avec environ six pieds de hauteur, et il n’avait pas de tête ; leurs yeulx, leur nez et leur bouche cependant étaient au milieu de leur poitrine, et sous leur nombril poussait de la barbe qui leur descendait jusqu’aux genoux. Le roi Alexandre, voyant ce peuple –qui paraissait assez sage, car il ne causa aucun dommage à l’armée, mais lui offrit au contraire des produits de la terre en quantité –, fit prendre trente individus pour les montrer aux autres peuples de la terre et il les amena avec son armée jusqu’à leur mort. (221, 4-16)

Fol. 184 : Le combat contre les hippocéphales et contre les cyclopes – La rencontre avec le peuple sans tête
 
Fol. 184v

Fol. 184v

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Extrait du texte :
Après ce deuil, le roi Alexandre, un peu remis, fit édifier un somptueux monument qu’il ordonna de placer sur la fosse, ou la tombe, de Bucéphale. Il y avait une inscription grâce à laquelle on savait ce que c’était, ainsi que la valeur de ladite bête. Quand il eut dit et fait cela, pas encore satisfait de la façon dont il avait honoré son cheval, il convoqua de partout un grand nombre d’ouvriers ; il ordonna d’ériger à cet endroit une très belle, agréable et forte cité avec des tours, des murailles et des portes fortifiées et défensives. Puis il la fit entourer de fossés larges et profonds et remplir d’une population d’hommes et de femmes, à qui il demanda que ladite cité fut appelée Alexandre Bucéphale à partir de ce jour. (222, 46-57)

Fol. 184v
Fol. 185 : La mort de Bucéphale - La construction de Bucéphalie
 

Fol. 185 : La mort de Bucéphale - La construction de Bucéphalie
 

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Au regard de l’histoire
Le célèbre cheval d'Alexandre est mort en 326 avant J.-C. lors de la bataille d’Hydaspe contre le roi indien Poros. Les historiens rapportent que Bucéphale, déjà mourant, aurait emporté Alexandre au galop pour le mettre à l'abri des flèches ennemies, avant de s'écrouler, rassuré de voir son maître sain et sauf. Le cheval meurt peu après, laissant Alexandre en proie à une profonde tristesse. En souvenir de celui qu'il considérait comme un ami, le Macédonien fonde une Alexandrie Bucéphale, ou Bucéphala, sur le bord de l’Hydaspe (la rivière Jhelum dans l'actuel Pakistan), à l'endroit même où le cheval est mort. Une cité encore florissante au début de l'ère chrétienne.

Fol. 185 : La mort de Bucéphale - La construction de Bucéphalie
 
Fol. 184v

Fol. 184v

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Extrait du texte :
Après ce deuil, le roi Alexandre, un peu remis, fit édifier un somptueux monument qu’il ordonna de placer sur la fosse, ou la tombe, de Bucéphale. Il y avait une inscription grâce à laquelle on savait ce que c’était, ainsi que la valeur de ladite bête. Quand il eut dit et fait cela, pas encore satisfait de la façon dont il avait honoré son cheval, il convoqua de partout un grand nombre d’ouvriers ; il ordonna d’ériger à cet endroit une très belle, agréable et forte cité avec des tours, des murailles et des portes fortifiées et défensives. Puis il la fit entourer de fossés larges et profonds et remplir d’une population d’hommes et de femmes, à qui il demanda que ladite cité fut appelée Alexandre Bucéphale à partir de ce jour. (222, 46-57)

Fol. 184v
Fol. 185 : La mort de Bucéphale - La construction de Bucéphalie
 

Fol. 185 : La mort de Bucéphale - La construction de Bucéphalie
 

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Au regard de l’histoire
Le célèbre cheval d'Alexandre est mort en 326 avant J.-C. lors de la bataille d’Hydaspe contre le roi indien Poros. Les historiens rapportent que Bucéphale, déjà mourant, aurait emporté Alexandre au galop pour le mettre à l'abri des flèches ennemies, avant de s'écrouler, rassuré de voir son maître sain et sauf. Le cheval meurt peu après, laissant Alexandre en proie à une profonde tristesse. En souvenir de celui qu'il considérait comme un ami, le Macédonien fonde une Alexandrie Bucéphale, ou Bucéphala, sur le bord de l’Hydaspe (la rivière Jhelum dans l'actuel Pakistan), à l'endroit même où le cheval est mort. Une cité encore florissante au début de l'ère chrétienne.

Fol. 185 : La mort de Bucéphale - La construction de Bucéphalie
 
Fol. 194v : Le siège de Babylone
 

Fol. 194v : Le siège de Babylone
 

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Au regard de l’histoire
Après la bataille de Gaugamèles où Darius est battu pour la troisième fois, Alexandre se dirige vers Babylone. En réalité, la cité se soumet sans combattre en novembre 331, le satrape Mazée venant à la rencontre d’Alexandre avec ses fils, en compagnie des autorités civiles et religieuses. Abritée derrière un immense rempart de 60 à 80 km construit par Nabuchodonosor, Babylone est une ville fascinante et spectaculaire, avec ses portes de bronze et ses tours monumentales, ses fameux jardins suspendus et sa ziggourat aux sept étages décroissants surmonté par un temple qui abrite une statue en or du dieu Bêl, haute de cinq mètres. C'est là, dans cette cité cosmopolite où règne une pluralité de langues, que naît l'idée d'un Empire unique à l'échelle du monde.           

Fol. 194v : Le siège de Babylone
 
Fol. 195r

Fol. 195r

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Extrait du texte :
Peu de temps après, l’amiral ordonna d’ouvrir le temple du dieu Apollon pour que le peuple fasse ses dévotions à son égard comme le prêtre l’avait dit, et il en fut ainsi. Après cette cérémonie, le roi fit prendre dix hommes, aussi bien des chevaliers que des écuyers, tous nobles, et il les fit conduire devant ladite idole. Là, en présence de tout le peuple, ils furent sacrifiés par le feu. Une fois cet holocauste accompli, alors que tout le peuple était agenouillé devant l’idole, on entendit une voix qui disait : "Alexandre, le roi de Macédoine, a atteint le lieu de sa mort et dans peu de temps sa roue le renversera, elle le mettra très bas, et il n’habitera pas longtemps cette cité." (235, 16-23)

Fol. 195r
Fol. 194v : Le siège de Babylone
 

Fol. 194v : Le siège de Babylone
 

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Au regard de l’histoire
Après la bataille de Gaugamèles où Darius est battu pour la troisième fois, Alexandre se dirige vers Babylone. En réalité, la cité se soumet sans combattre en novembre 331, le satrape Mazée venant à la rencontre d’Alexandre avec ses fils, en compagnie des autorités civiles et religieuses. Abritée derrière un immense rempart de 60 à 80 km construit par Nabuchodonosor, Babylone est une ville fascinante et spectaculaire, avec ses portes de bronze et ses tours monumentales, ses fameux jardins suspendus et sa ziggourat aux sept étages décroissants surmonté par un temple qui abrite une statue en or du dieu Bêl, haute de cinq mètres. C'est là, dans cette cité cosmopolite où règne une pluralité de langues, que naît l'idée d'un Empire unique à l'échelle du monde.           

Fol. 194v : Le siège de Babylone
 
Fol. 195r

Fol. 195r

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Extrait du texte :
Peu de temps après, l’amiral ordonna d’ouvrir le temple du dieu Apollon pour que le peuple fasse ses dévotions à son égard comme le prêtre l’avait dit, et il en fut ainsi. Après cette cérémonie, le roi fit prendre dix hommes, aussi bien des chevaliers que des écuyers, tous nobles, et il les fit conduire devant ladite idole. Là, en présence de tout le peuple, ils furent sacrifiés par le feu. Une fois cet holocauste accompli, alors que tout le peuple était agenouillé devant l’idole, on entendit une voix qui disait : "Alexandre, le roi de Macédoine, a atteint le lieu de sa mort et dans peu de temps sa roue le renversera, elle le mettra très bas, et il n’habitera pas longtemps cette cité." (235, 16-23)

Fol. 195r
Fol. 199v : La bataille de Babylone ; la reddition de la ville              
 

Fol. 199v : La bataille de Babylone ; la reddition de la ville              
 

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Extrait du texte :
Peu de temps après, les bourgeois de la ville, pieds nus, portant leurs vêtements de dessous, se rendirent auprès de l’armée d’Alexandre avec toutes les clefs de la cité et se présentèrent devant le roi en lui offrant la cité, eux-mêmes et tous leurs biens. Le roi Alexandre, qui avait pour habitude de recevoir les humbles avec une grande pitié, leur octroya aussitôt la paix et leur déclara qu’il leur pardonnait tout mouvement d’humeur ; il leur dit aussi de retourner courageusement dans leur cité et de dire de sa part à leurs concitoyens que, s’ils acceptaient d’être de bons sujets, il serait un bon seigneur pour eux, et que jamais personne ne perdrait aucune de ses richesses, que cela fût une terre, une maison ou un bien meuble. (243, 5-17)               

Fol. 199v : La bataille de Babylone ; la reddition de la ville              
 
Fol. 200r

Fol. 200r

Fol. 200r
Fol. 199v : La bataille de Babylone ; la reddition de la ville              
 

Fol. 199v : La bataille de Babylone ; la reddition de la ville              
 

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Extrait du texte :
Peu de temps après, les bourgeois de la ville, pieds nus, portant leurs vêtements de dessous, se rendirent auprès de l’armée d’Alexandre avec toutes les clefs de la cité et se présentèrent devant le roi en lui offrant la cité, eux-mêmes et tous leurs biens. Le roi Alexandre, qui avait pour habitude de recevoir les humbles avec une grande pitié, leur octroya aussitôt la paix et leur déclara qu’il leur pardonnait tout mouvement d’humeur ; il leur dit aussi de retourner courageusement dans leur cité et de dire de sa part à leurs concitoyens que, s’ils acceptaient d’être de bons sujets, il serait un bon seigneur pour eux, et que jamais personne ne perdrait aucune de ses richesses, que cela fût une terre, une maison ou un bien meuble. (243, 5-17)               

Fol. 199v : La bataille de Babylone ; la reddition de la ville              
 
Fol. 200r

Fol. 200r

Fol. 200r
Fol. 201v : Alexandre dicte des lettres destinées à Olympias et Aristote             

Fol. 201v : Alexandre dicte des lettres destinées à Olympias et Aristote             

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Extrait du texte :
Il faut savoir que parmi les messagers envoyés par Alexandre dans tous les empires du monde, il en envoya aussi en Grèce à sa mère, madame Olympias ; ils lui portèrent des lettres en lui notifiant la noble fête que lui, son seul espoir et son fils bien aimé, voulait organiser. La mère se réjouit tant de ces lettres qu’elle ne savait quoi répondre, car elle voyait que son fils avait atteint une situation inconnue par quiconque jusqu’alors. Et qui plus est, elle était sûre à l’intérieur d’elle-même qu’on n’en verrait plus jamais d’autre, ce qui est le cas jusqu’à aujourd’hui. (248, 29-38)

Fol. 201v : Alexandre dicte des lettres destinées à Olympias et Aristote             
Fol. 202r

Fol. 202r

Fol. 202r
Fol. 201v : Alexandre dicte des lettres destinées à Olympias et Aristote             

Fol. 201v : Alexandre dicte des lettres destinées à Olympias et Aristote             

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Extrait du texte :
Il faut savoir que parmi les messagers envoyés par Alexandre dans tous les empires du monde, il en envoya aussi en Grèce à sa mère, madame Olympias ; ils lui portèrent des lettres en lui notifiant la noble fête que lui, son seul espoir et son fils bien aimé, voulait organiser. La mère se réjouit tant de ces lettres qu’elle ne savait quoi répondre, car elle voyait que son fils avait atteint une situation inconnue par quiconque jusqu’alors. Et qui plus est, elle était sûre à l’intérieur d’elle-même qu’on n’en verrait plus jamais d’autre, ce qui est le cas jusqu’à aujourd’hui. (248, 29-38)

Fol. 201v : Alexandre dicte des lettres destinées à Olympias et Aristote             
Fol. 202r

Fol. 202r

Fol. 202r
Fol. 208v : Roxane empêche Alexandre de se noyer
 

Fol. 208v : Roxane empêche Alexandre de se noyer
 

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Le suicide, une mort infamante
A l’époque médiévale, le suicide était un décès infamant, un acte offensant à l’encontre de Dieu qui seul peut donner et reprendre la vie. Il n’équivalait pas seulement à un déshonneur terrestre, mais aussi à une damnation dans l’au-delà. Le cadavre des suicidés était d’ailleurs supplicié (traîné, pendu ou brûlé), il n’avait pas le droit de bénéficier d’une sépulture chrétienne et les biens du défunt étaient confisqués. 

Extrait du texte :
Lorsqu’il fut minuit, le roi s’éveilla et se leva avec de grandes difficultés, car il ne pouvait se tenir debout, mais il allait à quatre pattes ainsi qu’une bête à cause de la très grande douleur qui lui étreignait la poitrine. Cette douleur l’étreignait tellement qu’il lui fallut sortir de sa chambre à quatre pattes ; il se mit à rouler comme pour se rendre au bord du fleuve qui coulait tout près de là ; dans ce fleuve, pense-t-on, il voulait se jeter et se perdre par désespoir, ou bien l’on peut dire que c’était pour boire ou pour apaiser par la fraîcheur de l’eau le poison qui lui brûlait tout le corps. […] Son épouse, Roxane, madame la reine, voyant qu’il allait vers le fleuve et qu’il avait l’intention de se suicider, l’étreignit et l’arrêta. (256, 6-16 ; 19-22)    

Fol. 208v : Roxane empêche Alexandre de se noyer
 
Fol. 209r

Fol. 209r

Fol. 209r
Fol. 208v : Roxane empêche Alexandre de se noyer
 

Fol. 208v : Roxane empêche Alexandre de se noyer
 

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Le suicide, une mort infamante
A l’époque médiévale, le suicide était un décès infamant, un acte offensant à l’encontre de Dieu qui seul peut donner et reprendre la vie. Il n’équivalait pas seulement à un déshonneur terrestre, mais aussi à une damnation dans l’au-delà. Le cadavre des suicidés était d’ailleurs supplicié (traîné, pendu ou brûlé), il n’avait pas le droit de bénéficier d’une sépulture chrétienne et les biens du défunt étaient confisqués. 

Extrait du texte :
Lorsqu’il fut minuit, le roi s’éveilla et se leva avec de grandes difficultés, car il ne pouvait se tenir debout, mais il allait à quatre pattes ainsi qu’une bête à cause de la très grande douleur qui lui étreignait la poitrine. Cette douleur l’étreignait tellement qu’il lui fallut sortir de sa chambre à quatre pattes ; il se mit à rouler comme pour se rendre au bord du fleuve qui coulait tout près de là ; dans ce fleuve, pense-t-on, il voulait se jeter et se perdre par désespoir, ou bien l’on peut dire que c’était pour boire ou pour apaiser par la fraîcheur de l’eau le poison qui lui brûlait tout le corps. […] Son épouse, Roxane, madame la reine, voyant qu’il allait vers le fleuve et qu’il avait l’intention de se suicider, l’étreignit et l’arrêta. (256, 6-16 ; 19-22)    

Fol. 208v : Roxane empêche Alexandre de se noyer
 
Fol. 209r

Fol. 209r

Fol. 209r
Fol. 202v

Fol. 202v

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Extrait du texte :
Il ne se passa pas longtemps après l’arrivée de ladite reine pour qu’une femme qui se trouvait dans la cité de Babylone et qui avait connu le roi Alexandre charnellement accouchât d’un enfant. Cet enfant, dès sa naissance, elle l’enveloppa de vêtements et l’envoya au roi Alixandre, en lui demandant qu’il veuille bien observer ce qu’il avait conçu en elle. La raison pour laquelle elle lui envoya était que cet enfant avait forme humaine jusqu’au nombril, mais cette partie était dépourvue de vie, et que du nombril jusqu’en bas, il y avait plusieurs bêtes qui luttaient l’une contre l’autre et qui se mordaient extraordinairement, car il semblait qu’elles voulaient s’entredévorer et se mettre en pièces. Quand il vit cette malformation, Alexandre s’en étonna grandement et il se mit à se demander ce que cela signifiait. Et pendant qu’il y songeait, il se souvint d’un astrologue qu’il avait dans sa compagnie et qu’il envoya bien vite chercher. Aussitôt venu, cet astrologue fut conduit par Alexandre dans une pièce, seul à seul, et le roi lui montra la malformation en lui demandant qu’il lui dise son opinion sur cela. Ce dernier, aussitôt voyant et regardant la créature difforme, se mit après quelque temps de réflexion à soupirer très fort et à fondre en larmes. Pendant qu’il pleurait, Alexandre lui demanda avec insistance qu’il lui dît son opinion à ce sujet et qu’il ne laissât pas dans l’incertitude. (247, 9-33)

Fol. 202v
Fol. 203 : L’enfant monstrueux
 

Fol. 203 : L’enfant monstrueux
 

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Le présage d'une mort imminente
Ici s’ouvre la dernière partie du roman qui se rapproche par l’atmosphère et les choix stylistiques du genre apocalyptique. On y retrouve le symbolisme qui s’attache à certaines figures monstrueuses. Ainsi, la difformité de l’enfant à moitié mort, fruit de l’union entre la Babylonienne et Alexandre, signale l’imminence de la mort du héros et annonce la dissension qui éclatera entre les pairs après sa mort pour le partage de l’empire.

Fol. 203 : L’enfant monstrueux
 
Fol. 202v

Fol. 202v

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Extrait du texte :
Il ne se passa pas longtemps après l’arrivée de ladite reine pour qu’une femme qui se trouvait dans la cité de Babylone et qui avait connu le roi Alexandre charnellement accouchât d’un enfant. Cet enfant, dès sa naissance, elle l’enveloppa de vêtements et l’envoya au roi Alixandre, en lui demandant qu’il veuille bien observer ce qu’il avait conçu en elle. La raison pour laquelle elle lui envoya était que cet enfant avait forme humaine jusqu’au nombril, mais cette partie était dépourvue de vie, et que du nombril jusqu’en bas, il y avait plusieurs bêtes qui luttaient l’une contre l’autre et qui se mordaient extraordinairement, car il semblait qu’elles voulaient s’entredévorer et se mettre en pièces. Quand il vit cette malformation, Alexandre s’en étonna grandement et il se mit à se demander ce que cela signifiait. Et pendant qu’il y songeait, il se souvint d’un astrologue qu’il avait dans sa compagnie et qu’il envoya bien vite chercher. Aussitôt venu, cet astrologue fut conduit par Alexandre dans une pièce, seul à seul, et le roi lui montra la malformation en lui demandant qu’il lui dise son opinion sur cela. Ce dernier, aussitôt voyant et regardant la créature difforme, se mit après quelque temps de réflexion à soupirer très fort et à fondre en larmes. Pendant qu’il pleurait, Alexandre lui demanda avec insistance qu’il lui dît son opinion à ce sujet et qu’il ne laissât pas dans l’incertitude. (247, 9-33)

Fol. 202v
Fol. 203 : L’enfant monstrueux
 

Fol. 203 : L’enfant monstrueux
 

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Le présage d'une mort imminente
Ici s’ouvre la dernière partie du roman qui se rapproche par l’atmosphère et les choix stylistiques du genre apocalyptique. On y retrouve le symbolisme qui s’attache à certaines figures monstrueuses. Ainsi, la difformité de l’enfant à moitié mort, fruit de l’union entre la Babylonienne et Alexandre, signale l’imminence de la mort du héros et annonce la dissension qui éclatera entre les pairs après sa mort pour le partage de l’empire.

Fol. 203 : L’enfant monstrueux
 
Fol. 206v

Fol. 206v

Fol. 206v
Fol. 207 : Le banquet où est empoisonné Alexandre - Alexandre à l’agonie
 

Fol. 207 : Le banquet où est empoisonné Alexandre - Alexandre à l’agonie
 

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Au regard de l’histoire
Le 3 juin 323, en sortant d’un banquet, Alexandre est atteint par une forte fièvre. Il meurt le soir du 13 juin, au milieu des cris de désespoir de ses soldats. Si des rumeurs laissent penser à un empoisonnement orchestré par Antipater, il semble plutôt que ce soit la malaria qui l’ait tué.

Extrait du texte :
Alors que les souverains, princes et chevaliers se délassaient pleinement, le roi qui était ainsi honoré voulut leur complaire à tous et demanda la coupe où il avait l’habitude de boire ; Joboas y avait versé secrètement le poison. Il la lui tendit et le roi la prit. Quand il la tint, il dit : "O vous tous, nobles hommes qui êtes ici présents, je vous remercie de la grâce que vous me faites. L’honneur n’est pas de mon fait, mais du vôtre, c’est pourquoi je bois à votre santé pour aviver la joie et la liesse." Après ces paroles, il porta la coupe à sa bouche et il but. Et en vérité, dès qu’il eut bu, il s’inclina sur le côté droit de son siège, car il lui sembla proprement qu’on lui avait percé le cœur d’une épée. (254, 44-57)

Fol. 207 : Le banquet où est empoisonné Alexandre - Alexandre à l’agonie
 
Fol. 206v

Fol. 206v

Fol. 206v
Fol. 207 : Le banquet où est empoisonné Alexandre - Alexandre à l’agonie
 

Fol. 207 : Le banquet où est empoisonné Alexandre - Alexandre à l’agonie
 

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Au regard de l’histoire
Le 3 juin 323, en sortant d’un banquet, Alexandre est atteint par une forte fièvre. Il meurt le soir du 13 juin, au milieu des cris de désespoir de ses soldats. Si des rumeurs laissent penser à un empoisonnement orchestré par Antipater, il semble plutôt que ce soit la malaria qui l’ait tué.

Extrait du texte :
Alors que les souverains, princes et chevaliers se délassaient pleinement, le roi qui était ainsi honoré voulut leur complaire à tous et demanda la coupe où il avait l’habitude de boire ; Joboas y avait versé secrètement le poison. Il la lui tendit et le roi la prit. Quand il la tint, il dit : "O vous tous, nobles hommes qui êtes ici présents, je vous remercie de la grâce que vous me faites. L’honneur n’est pas de mon fait, mais du vôtre, c’est pourquoi je bois à votre santé pour aviver la joie et la liesse." Après ces paroles, il porta la coupe à sa bouche et il but. Et en vérité, dès qu’il eut bu, il s’inclina sur le côté droit de son siège, car il lui sembla proprement qu’on lui avait percé le cœur d’une épée. (254, 44-57)

Fol. 207 : Le banquet où est empoisonné Alexandre - Alexandre à l’agonie
 
Fol. 210v : Alexandre dicte son testament
 

Fol. 210v : Alexandre dicte son testament
 

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Au regard de l’histoire
Après la mort d’Alexandre, un conseil fut organisé à Babylone qui prit les décisions suivantes : Ptolémée reçut l’Egypte ; Antigone fut confirmé à la tête de la Phrygie qu’il gouvernait depuis 333 avant J.-C. et obtint la Lycie et la Pamphylie ; Lysimaque reçut la Thrace ; Léonnat, la Phrygie hellespontique ; Philotas, la Cilicie ; Arcon, la Babylonie ; Peithon, la Médie ; Asandros, la Carie ; Atropatès, la Petite Médie ; Eumène de Cardia enfin, la Cappadoce et la Paphlagonie qu’il lui fallut conquérir. 

Fol. 210v : Alexandre dicte son testament
 
Fol. 211r

Fol. 211r

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Extrait du texte :
Dès que son notaire Simeon fut arrivé, le roi Alexandre lui ordonna de s’asseoir à côté de lui et d’écrire son testament sous sa dictée, ce qu’il fit. Ce testament prit cette forme : "Je, Alexandre, fils du dieu Ammon et de la reine Olympias, roi des rois et seigneur du monde, je fais savoir à tous ceux qui liront ou entendront le présent testament qu’ayant conquis la souveraineté universelle par la volonté de Dieu le Tout Puissant, sans laquelle rien ne se fait sur terre, et grâce à l’effort de nos hommes, nous nous sommes fait couronner de cette puissance en la grande cité de Babylone, avec la solennité et la noblesse requise. […] D’abord, nous élisons le lieu de notre sépulture en la cité d’Alexandrie que nous avons fait fonder. Nous voulons que notre maître Aristote envoie aux prêtres d’Egypte qui officient dans le temple là où reposera notre corps mille besants d’or, soit mille livres ou dix fois cent livres. [… Nous voulons encore et ordonnons que le devant dit Ptolomer soit prince d’Egypte, d’Afrique et d’Arabie, et au-dessus des baillis d’Orient jusqu’en Bactriane." (257, 1-13 ; 34-39 ; 258, 10-12)        

Fol. 211r
Fol. 210v : Alexandre dicte son testament
 

Fol. 210v : Alexandre dicte son testament
 

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Au regard de l’histoire
Après la mort d’Alexandre, un conseil fut organisé à Babylone qui prit les décisions suivantes : Ptolémée reçut l’Egypte ; Antigone fut confirmé à la tête de la Phrygie qu’il gouvernait depuis 333 avant J.-C. et obtint la Lycie et la Pamphylie ; Lysimaque reçut la Thrace ; Léonnat, la Phrygie hellespontique ; Philotas, la Cilicie ; Arcon, la Babylonie ; Peithon, la Médie ; Asandros, la Carie ; Atropatès, la Petite Médie ; Eumène de Cardia enfin, la Cappadoce et la Paphlagonie qu’il lui fallut conquérir. 

Fol. 210v : Alexandre dicte son testament
 
Fol. 211r

Fol. 211r

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Extrait du texte :
Dès que son notaire Simeon fut arrivé, le roi Alexandre lui ordonna de s’asseoir à côté de lui et d’écrire son testament sous sa dictée, ce qu’il fit. Ce testament prit cette forme : "Je, Alexandre, fils du dieu Ammon et de la reine Olympias, roi des rois et seigneur du monde, je fais savoir à tous ceux qui liront ou entendront le présent testament qu’ayant conquis la souveraineté universelle par la volonté de Dieu le Tout Puissant, sans laquelle rien ne se fait sur terre, et grâce à l’effort de nos hommes, nous nous sommes fait couronner de cette puissance en la grande cité de Babylone, avec la solennité et la noblesse requise. […] D’abord, nous élisons le lieu de notre sépulture en la cité d’Alexandrie que nous avons fait fonder. Nous voulons que notre maître Aristote envoie aux prêtres d’Egypte qui officient dans le temple là où reposera notre corps mille besants d’or, soit mille livres ou dix fois cent livres. [… Nous voulons encore et ordonnons que le devant dit Ptolomer soit prince d’Egypte, d’Afrique et d’Arabie, et au-dessus des baillis d’Orient jusqu’en Bactriane." (257, 1-13 ; 34-39 ; 258, 10-12)        

Fol. 211r
Fol. 212v

Fol. 212v

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Au regard de l’histoire
On ne sait pas où se trouve le tombeau d'Alexandre. Selon Quinte-Curce, Alexandre a été embaumé par les Egyptiens sans être incinéré à sa mort en 323. Les Macédoniens avaient sans doute l'intention de transporter le corps en Macédoine, dans la nécropole royale d'Aigai. Selon d'autres traditions, Alexandre aurait exprimé le désir d'être enterré dans l'oasis égyptienne de Siwah, où se trouve le sanctuaire de Zeus Ammon. La dépouille d'Alexandre est un enjeu de pouvoir car, selon la coutume, c'est au nouveau roi qu'il incombe le devoir d'inhumer son prédécesseur. Une prédiction aurait même assuré sécurité et prospérité à celui qui possèderait la dépouille ! Aussi les généraux d'Alexandre qui se sont partagé son empire ont cherché à la dérober, le convoi en partance pour la Grèce étant plusieurs fois détourné, en dernier ressort par Ptolémée qui aurait conservé le corps en Egypte, à Memphis, puis Alexandrie. Un mausolée de forme pyramidale y fut plus tard érigé comme sépulture royale pour la dynastie des Ptolémée où aurait reposé le corps d'Alexandre. Selon la tradition, César et Octave seraient descendus dans le caveau contempler les traits du Conquérant. Mais ce tombeau aurait été détruit vers 273 et on ignore ce qu'est devenu le corps depuis. Aujourd'hui encore, les archéologues tentent toujours de résoudre l'énigme du tombeau d'Alexandre.

Fol. 212v
Fol. 213 : les funérailles d’Alexandre
 

Fol. 213 : les funérailles d’Alexandre
 

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Extrait du texte :
La mort d’Alexandre survint lors de sa trente-deuxième année, le dix-septième jour des calendes d’octobre, c’est-à-dire le quinzième de septembre, en l’an de la Création du monde quatre mille neuf cents. Celui-ci trépassé, ses hommes le firent embaumer et le parèrent aussi somptueusement qu’il appartenait à sa personne, car ils le vêtirent de vêtements royaux et posèrent sa couronne sur sa tête. Ils le placèrent ensuite sur un très noble char et le conduisirent jusqu’à la cité d’Alexandre, comme il l’avait ordonné auparavant. Arrivés là, ils firent venir des ouvriers de partout où l’on pensait trouver les meilleurs et les plus habiles ; ces ouvriers construisirent une sépulture si noble et somptueuse que son évocation paraîtrait une fable. C’est pourquoi nous ne l’évoquerons pas, car les histoires racontent qu’elle est encore visible aujourd’hui ; les Grecs et les autochtones l’appellent "pyramide".(261, 6-20)

Fol. 213 : les funérailles d’Alexandre
 
Fol. 212v

Fol. 212v

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Au regard de l’histoire
On ne sait pas où se trouve le tombeau d'Alexandre. Selon Quinte-Curce, Alexandre a été embaumé par les Egyptiens sans être incinéré à sa mort en 323. Les Macédoniens avaient sans doute l'intention de transporter le corps en Macédoine, dans la nécropole royale d'Aigai. Selon d'autres traditions, Alexandre aurait exprimé le désir d'être enterré dans l'oasis égyptienne de Siwah, où se trouve le sanctuaire de Zeus Ammon. La dépouille d'Alexandre est un enjeu de pouvoir car, selon la coutume, c'est au nouveau roi qu'il incombe le devoir d'inhumer son prédécesseur. Une prédiction aurait même assuré sécurité et prospérité à celui qui possèderait la dépouille ! Aussi les généraux d'Alexandre qui se sont partagé son empire ont cherché à la dérober, le convoi en partance pour la Grèce étant plusieurs fois détourné, en dernier ressort par Ptolémée qui aurait conservé le corps en Egypte, à Memphis, puis Alexandrie. Un mausolée de forme pyramidale y fut plus tard érigé comme sépulture royale pour la dynastie des Ptolémée où aurait reposé le corps d'Alexandre. Selon la tradition, César et Octave seraient descendus dans le caveau contempler les traits du Conquérant. Mais ce tombeau aurait été détruit vers 273 et on ignore ce qu'est devenu le corps depuis. Aujourd'hui encore, les archéologues tentent toujours de résoudre l'énigme du tombeau d'Alexandre.

Fol. 212v
Fol. 213 : les funérailles d’Alexandre
 

Fol. 213 : les funérailles d’Alexandre
 

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Extrait du texte :
La mort d’Alexandre survint lors de sa trente-deuxième année, le dix-septième jour des calendes d’octobre, c’est-à-dire le quinzième de septembre, en l’an de la Création du monde quatre mille neuf cents. Celui-ci trépassé, ses hommes le firent embaumer et le parèrent aussi somptueusement qu’il appartenait à sa personne, car ils le vêtirent de vêtements royaux et posèrent sa couronne sur sa tête. Ils le placèrent ensuite sur un très noble char et le conduisirent jusqu’à la cité d’Alexandre, comme il l’avait ordonné auparavant. Arrivés là, ils firent venir des ouvriers de partout où l’on pensait trouver les meilleurs et les plus habiles ; ces ouvriers construisirent une sépulture si noble et somptueuse que son évocation paraîtrait une fable. C’est pourquoi nous ne l’évoquerons pas, car les histoires racontent qu’elle est encore visible aujourd’hui ; les Grecs et les autochtones l’appellent "pyramide".(261, 6-20)

Fol. 213 : les funérailles d’Alexandre
 
Fol. 214v : La défaite des Cappadociens

Fol. 214v : La défaite des Cappadociens

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Au regard de l’histoire
Wauquelin achève son roman en retraçant à grands traits la guerre des diadoques, les successeurs d’Alexandre le Grand. D’un point de vue historique, c’est bien Perdiccas qui dirigea l’expédition chargée de soumettre la Cappadoce sous la domination d’Ariarathe. Perdiccas parvint à défaire ce dernier en une ou deux batailles. La ville de Laranda est prise, ainsi que la région de l’Isaurie située sur les contreforts du mont Taurus en Turquie. La capitale de cette dernière, Isaurie, fut effectivement incendiée par ses habitants

Fol. 214v : La défaite des Cappadociens
Fol. 215r

Fol. 215r

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Extrait du texte :
Finalement, il la fit assaillir jusqu’à ce qu’elle fut soumise, mais le roi Perdicas ne gagna rien à cette conquête. Il n’en tira aucun honneur, mais il y fut lui-même vaincu et blessé. Il y eut un moment où l’on disait qu’il était en danger de mort, car quand les citoyens qui le détestaient plus que tout virent qu’il n’y avait pas d’autre solution que de livrer la cité, en hommes qui refusaient que ce Perdicas se félicitât de les avoir conquis, ils mirent le feu partout dans la ville. Et eux-mêmes s’immolèrent, avec tous leurs biens, de sorte que Perdicas n’en tirât rien et que ses soldats ne purent rien obtenir. (265, 16-27)

Fol. 215r
Fol. 214v : La défaite des Cappadociens

Fol. 214v : La défaite des Cappadociens

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Au regard de l’histoire
Wauquelin achève son roman en retraçant à grands traits la guerre des diadoques, les successeurs d’Alexandre le Grand. D’un point de vue historique, c’est bien Perdiccas qui dirigea l’expédition chargée de soumettre la Cappadoce sous la domination d’Ariarathe. Perdiccas parvint à défaire ce dernier en une ou deux batailles. La ville de Laranda est prise, ainsi que la région de l’Isaurie située sur les contreforts du mont Taurus en Turquie. La capitale de cette dernière, Isaurie, fut effectivement incendiée par ses habitants

Fol. 214v : La défaite des Cappadociens
Fol. 215r

Fol. 215r

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Extrait du texte :
Finalement, il la fit assaillir jusqu’à ce qu’elle fut soumise, mais le roi Perdicas ne gagna rien à cette conquête. Il n’en tira aucun honneur, mais il y fut lui-même vaincu et blessé. Il y eut un moment où l’on disait qu’il était en danger de mort, car quand les citoyens qui le détestaient plus que tout virent qu’il n’y avait pas d’autre solution que de livrer la cité, en hommes qui refusaient que ce Perdicas se félicitât de les avoir conquis, ils mirent le feu partout dans la ville. Et eux-mêmes s’immolèrent, avec tous leurs biens, de sorte que Perdicas n’en tirât rien et que ses soldats ne purent rien obtenir. (265, 16-27)

Fol. 215r
Fol. 217v : Le combat entre les Argirapidiens mené par Emenidus et les hommes d’Antigonos ; Emenidus est livré par ses propres hommes à Antigonos
 

Fol. 217v : Le combat entre les Argirapidiens mené par Emenidus et les hommes d’Antigonos ; Emenidus est livré par ses propres hommes à Antigonos
 

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Au regard de l’histoire
Là encore, il est possible de trouver un fondement historique à cet épisode qui fait référence à la victoire d’Antigone sur Eumène de Cardia en 316 avant J.-C. Une première confrontation a lieu entre eux à l’automne 317 en Paratécène, une région située au centre-ouest de l’Iran actuel. Antigone y subit des pertes très lourdes et se retire en Médie. Il conçoit alors le projet de surprendre son adversaire dans ses quartiers d’hiver. Après avoir attaqué ponctuellement les cantonnements d’Eumène en Perside, une bataille générale a lieu au début de 316 en Gabiène. Eumène s’est alors allié aux Argyraspides, d’anciens fantassins de l’armée d’Alexandre constituant une troupe d’élite de trente mille vétérans pourvus de boucliers lamés d’argent. Mais la trahison de Peucestas et de sa cavalerie qui arrêtent de combattre détermine l’issue de la bataille. Les Argyraspides livrent Eumène à Antigone contre leurs femmes et leurs enfants.

Fol. 217v : Le combat entre les Argirapidiens mené par Emenidus et les hommes d’Antigonos ; Emenidus est livré par ses propres hommes à Antigonos
 
Fol. 218r

Fol. 218r

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Extrait du texte :
Ces Argyraspides constituaient une sorte de peuple ; ils avaient pour réputation de s’être montrés à plusieurs reprises les plus courageux combattants du roi Alexandre. Ce dernier avait remporté de terribles batailles en plusieurs occasions grâce aux troupes qu’ils formaient. […] Ces hommes portaient des boucliers en argent ou recouverts d’argent, ainsi que tous les autres pièces de leurs armures ; c’est pourquoi on les appelait les Argyraspides. Emenidus se rendit près d’eux et leur proposa ce qui figure ci-dessus. A la fin, il les mena, alors qu’ils étaient consentants, à l’encontre d’Antigonus. Antigonus, voyant que ledit Emenidus revenait sur lui, rassembla ses troupes et mena une offensive contre ses ennemis avec une détermination énorme. Il leur livra des combats grandioses et répétés, car ces Argyraspidiens constituaient une armée vraiment redoutable. Cependant, ils furent vaincus et perdirent tous leurs biens, leurs femmes et leurs enfants. Emenidus s’enfuit de nouveau avec un effectif réduit. Lors de cette défaite, ces Argyraspidiens perdirent tout ce qu’ils avaient gagné quand ils combattaient pour le roi Alexandre ; ils en étaient désespérés. C’est pourquoi, ils imaginèrent une chose vile et fomentèrent une trahison : ils se réunirent en secret du très courageux Emenidus. Ils firent envoyer des messages à Antigonus en le priant d’accepter de leur rendre leurs femmes, leurs enfants et leurs biens, en échange de leur aide inconditionnelle, s’il en avait besoin. Antigonus leur fit savoir en retour que, s’ils acceptaient de lui livrer Emenidus, il ferait ce qu’ils demandaient, mais que dans le cas contraire, il tuerait les femmes et les enfants. Les Argyraspides lui répondirent qu’il se préparât à honorer sa promesse et ils accompliraient sa demande. Et sans tarder, ils saisirent Emenidus, le bon et courageux chevalier dont ils avaient fait leur souverain et auquel ils avaient prêté hommage, et ils l’attachèrent comme un voleur ou un meurtrier ; ils le livrèrent à Antigonus qui le détestait plus que quiconque au monde. Dès qu’il s’en saisit, il le tua de sa propre main en utilisant l’épée de sa victime. (268, 10-14 ; 19-51)

Fol. 218r
Fol. 217v : Le combat entre les Argirapidiens mené par Emenidus et les hommes d’Antigonos ; Emenidus est livré par ses propres hommes à Antigonos
 

Fol. 217v : Le combat entre les Argirapidiens mené par Emenidus et les hommes d’Antigonos ; Emenidus est livré par ses propres hommes à Antigonos
 

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Au regard de l’histoire
Là encore, il est possible de trouver un fondement historique à cet épisode qui fait référence à la victoire d’Antigone sur Eumène de Cardia en 316 avant J.-C. Une première confrontation a lieu entre eux à l’automne 317 en Paratécène, une région située au centre-ouest de l’Iran actuel. Antigone y subit des pertes très lourdes et se retire en Médie. Il conçoit alors le projet de surprendre son adversaire dans ses quartiers d’hiver. Après avoir attaqué ponctuellement les cantonnements d’Eumène en Perside, une bataille générale a lieu au début de 316 en Gabiène. Eumène s’est alors allié aux Argyraspides, d’anciens fantassins de l’armée d’Alexandre constituant une troupe d’élite de trente mille vétérans pourvus de boucliers lamés d’argent. Mais la trahison de Peucestas et de sa cavalerie qui arrêtent de combattre détermine l’issue de la bataille. Les Argyraspides livrent Eumène à Antigone contre leurs femmes et leurs enfants.

Fol. 217v : Le combat entre les Argirapidiens mené par Emenidus et les hommes d’Antigonos ; Emenidus est livré par ses propres hommes à Antigonos
 
Fol. 218r

Fol. 218r

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Extrait du texte :
Ces Argyraspides constituaient une sorte de peuple ; ils avaient pour réputation de s’être montrés à plusieurs reprises les plus courageux combattants du roi Alexandre. Ce dernier avait remporté de terribles batailles en plusieurs occasions grâce aux troupes qu’ils formaient. […] Ces hommes portaient des boucliers en argent ou recouverts d’argent, ainsi que tous les autres pièces de leurs armures ; c’est pourquoi on les appelait les Argyraspides. Emenidus se rendit près d’eux et leur proposa ce qui figure ci-dessus. A la fin, il les mena, alors qu’ils étaient consentants, à l’encontre d’Antigonus. Antigonus, voyant que ledit Emenidus revenait sur lui, rassembla ses troupes et mena une offensive contre ses ennemis avec une détermination énorme. Il leur livra des combats grandioses et répétés, car ces Argyraspidiens constituaient une armée vraiment redoutable. Cependant, ils furent vaincus et perdirent tous leurs biens, leurs femmes et leurs enfants. Emenidus s’enfuit de nouveau avec un effectif réduit. Lors de cette défaite, ces Argyraspidiens perdirent tout ce qu’ils avaient gagné quand ils combattaient pour le roi Alexandre ; ils en étaient désespérés. C’est pourquoi, ils imaginèrent une chose vile et fomentèrent une trahison : ils se réunirent en secret du très courageux Emenidus. Ils firent envoyer des messages à Antigonus en le priant d’accepter de leur rendre leurs femmes, leurs enfants et leurs biens, en échange de leur aide inconditionnelle, s’il en avait besoin. Antigonus leur fit savoir en retour que, s’ils acceptaient de lui livrer Emenidus, il ferait ce qu’ils demandaient, mais que dans le cas contraire, il tuerait les femmes et les enfants. Les Argyraspides lui répondirent qu’il se préparât à honorer sa promesse et ils accompliraient sa demande. Et sans tarder, ils saisirent Emenidus, le bon et courageux chevalier dont ils avaient fait leur souverain et auquel ils avaient prêté hommage, et ils l’attachèrent comme un voleur ou un meurtrier ; ils le livrèrent à Antigonus qui le détestait plus que quiconque au monde. Dès qu’il s’en saisit, il le tua de sa propre main en utilisant l’épée de sa victime. (268, 10-14 ; 19-51)

Fol. 218r
Fol. 218r

Fol. 218r

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Extrait du texte :
Quand il sut que la reine Olympias s’était rendue dans cette cité de Pydna, Cassander se mit à faire tout ce qu’il voulait sur la terre et s’empara de villes, de citadelles et de forteresses, les unes sous la contrainte, les autres se rendant volontairement. Lorsqu’il eut réalisé une partie de ses objectifs, lui et son frère Joboas vinrent devant la cité où se trouvaient Olympias, Roxane et Hercule. Il la fit assiéger et encercler de tous côtés en y livrant plusieurs assauts. La dame se défendit autant qu’elle put, mais à la fin Cassander fit tomber la cité et y mit à mort presque tous ceux qui y vivaient. Et même la reine Olympias, qui avait reçu au cours de son existence plus de marques d’honneur qu’une dame n’en avait jamais reçus et qui avait été plus crainte et respectée que quiconque, il la fit tuer, découper en morceaux et jeter aux chiens et aux oiseaux, afin qu’elle n’eût point de sépulture. Quant à l’épouse d’Alexandre, la belle Roxane, il ordonna qu’on la jetât en prison avec son fils, Hercule, dans la haute tour de Philopame. (270, 21-38)

Fol. 218r
Fol. 219 : La prise de Pydna, cité macédonienne

Fol. 219 : La prise de Pydna, cité macédonienne

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Au regard de l’histoire
L’épisode a un fondement historique lointain et se nourrit d’événements hybrides. Ainsi, Olympias est bien entrée en Macédoine où elle s’est emparée sans combat du roi Philippe III à Euia, sur la frontière entre la Macédoine et la Thessalie. En septembre 317, la reine mère fait assassiner Philippe III et contraint Eurydice, une reine macédonienne, au suicide. Elle fait exécuter aussi cent des partisans d’Eurydice, qui était l’alliée de Cassandre. Ce dernier organise alors le siège de Pydna où s’est enfermée Olympias. Après un long siège qui dure de l’hiver 317 au printemps 316, Pydna tombe aux mains des assiégeants. Cassandre fait assassiner Olympias et s’empare de la veuve d’Alexandre, Roxane, et du fils qu’elle a eu avec lui, Alexandre IV.

Fol. 219 : La prise de Pydna, cité macédonienne
Fol. 218r

Fol. 218r

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Extrait du texte :
Quand il sut que la reine Olympias s’était rendue dans cette cité de Pydna, Cassander se mit à faire tout ce qu’il voulait sur la terre et s’empara de villes, de citadelles et de forteresses, les unes sous la contrainte, les autres se rendant volontairement. Lorsqu’il eut réalisé une partie de ses objectifs, lui et son frère Joboas vinrent devant la cité où se trouvaient Olympias, Roxane et Hercule. Il la fit assiéger et encercler de tous côtés en y livrant plusieurs assauts. La dame se défendit autant qu’elle put, mais à la fin Cassander fit tomber la cité et y mit à mort presque tous ceux qui y vivaient. Et même la reine Olympias, qui avait reçu au cours de son existence plus de marques d’honneur qu’une dame n’en avait jamais reçus et qui avait été plus crainte et respectée que quiconque, il la fit tuer, découper en morceaux et jeter aux chiens et aux oiseaux, afin qu’elle n’eût point de sépulture. Quant à l’épouse d’Alexandre, la belle Roxane, il ordonna qu’on la jetât en prison avec son fils, Hercule, dans la haute tour de Philopame. (270, 21-38)

Fol. 218r
Fol. 219 : La prise de Pydna, cité macédonienne

Fol. 219 : La prise de Pydna, cité macédonienne

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Au regard de l’histoire
L’épisode a un fondement historique lointain et se nourrit d’événements hybrides. Ainsi, Olympias est bien entrée en Macédoine où elle s’est emparée sans combat du roi Philippe III à Euia, sur la frontière entre la Macédoine et la Thessalie. En septembre 317, la reine mère fait assassiner Philippe III et contraint Eurydice, une reine macédonienne, au suicide. Elle fait exécuter aussi cent des partisans d’Eurydice, qui était l’alliée de Cassandre. Ce dernier organise alors le siège de Pydna où s’est enfermée Olympias. Après un long siège qui dure de l’hiver 317 au printemps 316, Pydna tombe aux mains des assiégeants. Cassandre fait assassiner Olympias et s’empare de la veuve d’Alexandre, Roxane, et du fils qu’elle a eu avec lui, Alexandre IV.

Fol. 219 : La prise de Pydna, cité macédonienne
Fol. 225v

Fol. 225v

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Extrait du texte :
Il s’ensuivit qu’Antipater fut condamné à être placé dans un bœuf en airain, plein de broches en fer semblables à de petits poignards, qui lui déchirèrent toute la peau. Et ce bœuf était fait d’une machine déplaçable ; pour le faire périr d’une mort plus cruelle, il y avait un feu au-dessous de ce bœuf, qui le brûlait entièrement ; c’est ainsi qu’il mourut de façon pitoyable. Il y en eut qui furent écorchés vivants, puis couverts de miel. Après on les plaça sur de hautes constructions et on mit sur eux des sortes de mouches, que l’on appelle des abeilles, à cause desquelles ils moururent. De même, il y en eut qui furent pendus, tués, tant qu’en moins de deux ans tous les traitres qui avaient approuvé la mort du bon roi Alexandre furent mis à mort et exterminés au point qu’on ne pouvait plus en trouver un seul de vivant. (281, 9-22)

Fol. 225v
Fol. 226 : La prise de Rochefleur et les supplices infligés à ses habitants
 

Fol. 226 : La prise de Rochefleur et les supplices infligés à ses habitants
 

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Les sources de l'auteur
L’histoire du siège de Rochefleur et de la vengeance orchestrée par Alior, le fils d’Alexandre et de Candace, contre les meurtriers de son père est issue de la Venjance Alixandre de Jean le Nevelon, l’archidiacre de la cathédrale d’Arras. Pour écrire les dix derniers chapitres de son roman (271-281), Wauquelin utilise en effet ce poème qui date des environs de 1180 comme source unique. Il prend cependant de très grandes libertés vis-à-vis des quelques deux mille alexandrins du poème d’origine.

Fol. 226 : La prise de Rochefleur et les supplices infligés à ses habitants
 
Fol. 225v

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Il s’ensuivit qu’Antipater fut condamné à être placé dans un bœuf en airain, plein de broches en fer semblables à de petits poignards, qui lui déchirèrent toute la peau. Et ce bœuf était fait d’une machine déplaçable ; pour le faire périr d’une mort plus cruelle, il y avait un feu au-dessous de ce bœuf, qui le brûlait entièrement ; c’est ainsi qu’il mourut de façon pitoyable. Il y en eut qui furent écorchés vivants, puis couverts de miel. Après on les plaça sur de hautes constructions et on mit sur eux des sortes de mouches, que l’on appelle des abeilles, à cause desquelles ils moururent. De même, il y en eut qui furent pendus, tués, tant qu’en moins de deux ans tous les traitres qui avaient approuvé la mort du bon roi Alexandre furent mis à mort et exterminés au point qu’on ne pouvait plus en trouver un seul de vivant. (281, 9-22)

Fol. 225v
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L’histoire du siège de Rochefleur et de la vengeance orchestrée par Alior, le fils d’Alexandre et de Candace, contre les meurtriers de son père est issue de la Venjance Alixandre de Jean le Nevelon, l’archidiacre de la cathédrale d’Arras. Pour écrire les dix derniers chapitres de son roman (271-281), Wauquelin utilise en effet ce poème qui date des environs de 1180 comme source unique. Il prend cependant de très grandes libertés vis-à-vis des quelques deux mille alexandrins du poème d’origine.

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La légende médiévale d'Alexandre le Grand : couverture verso
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Une fois maître de l'empire perse, Alexandre le Grand part à la conquête de l'Inde.
Dans le second livre du Roman d'Alexandre, la légende bascule dans un espace fantastique où se déroulent des aventures merveilleuses. Alexandre explore des contrées inconnues jusqu'aux confins du monde. Il rencontre des peuples monstrueux, lutte contre des créatures terrifiantes. Il lui faut aller au-delà de lui-même, s'élever dans le ciel, descendre sous la mer, avant de rentrer mourir à Babylone comme les présages l'ont annoncé.