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Livre à feuilleter

Jean Froissart, Chroniques
 

Bruges, vers 1475.
Paris, BNF, mss, Fr. 2643-2646
Froissart, Chroniques 
 
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Froissart : Contre-plat avec la cote du manuscrit 

Contre-plat avec la cote du manuscrit 

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Charles IV le Bel accueillant Isabelle de France

Fr. 2643 f. 1 : Charles IV le Bel accueillant Isabelle de France

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Le roi Charles IV, vêtu d'une houppelande d'or, vient au-devant de la reine d'Angleterre, sa soeur Isabelle de France, pour l'accueillir à la porte de Paris. Leurs montures qui se font face portent les armes respectives de France et d'Angleterre. Même le chien précédant le roi, a une cape fleurdelisée flottant autour de son cou. Dans la troupe anglaise, les dames d'honneur précèdent les chevaliers.

Isabelle débarque en France en mars 1325. Elle vient négocier les termes d'un traité de paix. Son époux Edouard II s'est vu confisquer ses territoires gascons pour refus d'hommage au roi de France dont il est le vassal en tant que duc d'Aquitaine. Isabelle consent à un accord favorable à la France, qui requiert qu'Édouard II vienne en France rendre hommage à Charles IV. C'est son fils le prince de Galles, futur Edouard III, qui viendra prêter serment à sa place.

Dernier roi capétien, Charles IV le Bel meurt trois ans plus tard sans descendant direct. Sa succession, à laquelle prétend le roi d'Angleterre, sera le prétexte de la guerre de Cent ans, qui oppose la France et l'Angleterre entre 1337 et 1453.

Fr. 2643 f. 1 : Charles IV le Bel accueillant Isabelle de France
Froissart : Contre-plat avec la cote du manuscrit 

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Charles IV le Bel accueillant Isabelle de France

Fr. 2643 f. 1 : Charles IV le Bel accueillant Isabelle de France

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Le roi Charles IV, vêtu d'une houppelande d'or, vient au-devant de la reine d'Angleterre, sa soeur Isabelle de France, pour l'accueillir à la porte de Paris. Leurs montures qui se font face portent les armes respectives de France et d'Angleterre. Même le chien précédant le roi, a une cape fleurdelisée flottant autour de son cou. Dans la troupe anglaise, les dames d'honneur précèdent les chevaliers.

Isabelle débarque en France en mars 1325. Elle vient négocier les termes d'un traité de paix. Son époux Edouard II s'est vu confisquer ses territoires gascons pour refus d'hommage au roi de France dont il est le vassal en tant que duc d'Aquitaine. Isabelle consent à un accord favorable à la France, qui requiert qu'Édouard II vienne en France rendre hommage à Charles IV. C'est son fils le prince de Galles, futur Edouard III, qui viendra prêter serment à sa place.

Dernier roi capétien, Charles IV le Bel meurt trois ans plus tard sans descendant direct. Sa succession, à laquelle prétend le roi d'Angleterre, sera le prétexte de la guerre de Cent ans, qui oppose la France et l'Angleterre entre 1337 et 1453.

Fr. 2643 f. 1 : Charles IV le Bel accueillant Isabelle de France
Froissart p.3

 

 
Couronnement d’Edouard III, roi d’Angleterre (1327)

Fr. 2643 f. 12 : Couronnement d'Edouard III, roi d'Angleterre

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Le 20 janvier 1327, la reine d'Angleterre, Isabelle de France, et son amant, Roger Mortimer, destituent le roi Édouard II. Son fils Edouard III, âgé de quatorze ans, est couronné le 1er février en l'abbaye de Westminster à Londres par Walter Reynolds, archevêque de Cantorbéry, avec Isabelle et Mortimer comme régents. Le voici prêtant serment sur la Bible qu'un clerc à genoux tient ouverte.

Trois ans plus tard, Édouard III mène un coup d’État contre Mortimer et commence son règne personnel. Il va rester sur le trône 50 ans. C'est en 1338 qu'il se déclare héritier légitime du trône de France, suite à la confiscation de son duché d'Aquitaine par Philippe VI de Valois, déclenchant ainsi la guerre de Cent Ans.

« L’Angleterre est la terre du monde la mieux gardée, autrement les anglais ne pourraient et ne sauraient vivre et il convient bien au roi qui est leur sire de s'ordonner d'après eux et de s'incliner à nombre de leurs volontés. S'il fait le contraire et que des maux en viennent, mal lui en prendra. C'est ce qui arriva à ce roi Édouard (II) dont je parle. [...]

Il eut de madame sa femme, la fille du beau roi Philippe de France, deux fils et deux filles. L'aîné nommé Édouard devint roi d'Angleterre par l'accord de tous les barons, du vivant de son père. [...]

Il reçut la couronne royale au palais de Westminster près de Londres, ce jeune roi Édouard (III), qui fut depuis roi puissant et fortuné aux armes. Ce fut en l'an de grâce de Notre Seigneur mil trois cent vingt-six, le jour de Noël. Il avait alors presque seize ans : il les eut à la Conversion de saint Paul (le 25 janvier) . »

Fr. 2643 f. 12 : Couronnement d'Edouard III, roi d'Angleterre
Froissart p.3

 

 
Couronnement d’Edouard III, roi d’Angleterre (1327)

Fr. 2643 f. 12 : Couronnement d'Edouard III, roi d'Angleterre

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Le 20 janvier 1327, la reine d'Angleterre, Isabelle de France, et son amant, Roger Mortimer, destituent le roi Édouard II. Son fils Edouard III, âgé de quatorze ans, est couronné le 1er février en l'abbaye de Westminster à Londres par Walter Reynolds, archevêque de Cantorbéry, avec Isabelle et Mortimer comme régents. Le voici prêtant serment sur la Bible qu'un clerc à genoux tient ouverte.

Trois ans plus tard, Édouard III mène un coup d’État contre Mortimer et commence son règne personnel. Il va rester sur le trône 50 ans. C'est en 1338 qu'il se déclare héritier légitime du trône de France, suite à la confiscation de son duché d'Aquitaine par Philippe VI de Valois, déclenchant ainsi la guerre de Cent Ans.

« L’Angleterre est la terre du monde la mieux gardée, autrement les anglais ne pourraient et ne sauraient vivre et il convient bien au roi qui est leur sire de s'ordonner d'après eux et de s'incliner à nombre de leurs volontés. S'il fait le contraire et que des maux en viennent, mal lui en prendra. C'est ce qui arriva à ce roi Édouard (II) dont je parle. [...]

Il eut de madame sa femme, la fille du beau roi Philippe de France, deux fils et deux filles. L'aîné nommé Édouard devint roi d'Angleterre par l'accord de tous les barons, du vivant de son père. [...]

Il reçut la couronne royale au palais de Westminster près de Londres, ce jeune roi Édouard (III), qui fut depuis roi puissant et fortuné aux armes. Ce fut en l'an de grâce de Notre Seigneur mil trois cent vingt-six, le jour de Noël. Il avait alors presque seize ans : il les eut à la Conversion de saint Paul (le 25 janvier) . »

Fr. 2643 f. 12 : Couronnement d'Edouard III, roi d'Angleterre
Froissart p.5

 

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Le 24 juin 1340, lors de la bataille navale de l'Écluse (Sluys en flamand), le roi d'Angleterre Édouard III, prétendant à la couronne de France, anéantit la flotte de son rival, le roi de France Philippe VI de Valois, devant l'estuaire du Zwin, ce bras de mer (de nos jours ensablé) qui mène à Bruges. C'est la première bataille d'importance de la guerre de Cent Ans.

Les navires anglais et français sont amarrés les uns aux autres. Cohue d'hommes. Beaucoup tombent à l'eau. Quelques-uns à la manoeuvre tirent sur des vergues. Les armes anglaises figurent sur le tabard du roi, la bannière et la hune de son vaisseau. Les inscriptions, partielles et incorrectes, Emgle[terre] ou Norn[andie], couvrent la hune des autres navires, rappelant les adversaires en présence.

 
Bataille de l’Écluse en 1340

Fr. 2643 f. 72 : Bataille de l'Écluse 

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 « Cette bataille dont je vous parle fut très cruelle et très horrible, car batailles et assauts sur mer sont plus durs et plus rudes que sur terre. Là, on ne peut ni reculer, ni fuir, il faut se donner, combattre, et attendre l'aventure. [...]

La déconfiture et les pertes pour les Français furent très grandes et très horribles, trop d'hommes nobles et vaillants, ducs, comtes, barons et chevaliers demeurèrent sur le champ de bataille, par quoi le royaume de France fut depuis très affaibli d'honneur, de puissance et de conseil. Sachez que, si les Anglais eussent poursuivi la chasse comme ils firent à Poitiers, plus d'hommes encore fussent demeurés sur la place, et le roi de France lui-même. Mais il n'en fut rien, car, ce samedi, les Anglais ne rompirent jamais leurs rangs pour mener la chasse. Ils se tenaient à leur poste, gardant leur place, se défendant contre ceux qui les assaillaient. C'est ce qui sauva le roi de France d'être pris, car il demeura sur la place assez près de ses ennemis, comme je l'ai dit, jusque très tard, n'ayant pas plus d'une soixantaine d'hommes autour de lui quand il partit.[...]

Du côté français, un très grand nombre de gens d'armes richement armés, parés et bien montés comme on l'était alors, furent déconfits et perdus, à cause des Génois qui trébuchaient au milieu d'eux et s'enchevêtraient de telle sorte qu'ils ne pouvaient ni se relever ni se reprendre. Des pillards et des ribauds gallois et cornouaillais, portant des couteaux, suivaient les anglais. Les gens d'armes et les archers leur faisaient la voie. Ils trouvaient les gens d'armes français, comtes, barons, chevaliers et écuyers dans ce danger et les tuaient sans merci, si grands seigneurs qu'ils fussent. Il y en eut ainsi ce soir-là beaucoup perdus et tués, ce qui fut pitié et dommage et le roi d'Angleterre fut ensuite très courroucé qu'on ne les eût pas pris à rançon. [...]

Deux très vaillants chevaliers reçurent l'ordre d'y aller, accompagnés de trois hérauts pour reconnaître les armes et deux clercs pour enregistrer et écrire les noms de ceux qu'ils trouveraient. Les deux chevaliers furent messire Regnault de Cobham et messire Richard de Stafford. Ils quittèrent le roi et son logis et se mirent en peine de voir et reconnaître tous les morts. Ils en trouvèrent un si grand nombre qu'ils en furent stupéfaits et parcoururent au plus justement qu'ils purent tout le champ de bataille, jusque bien tard ce jour-là. »

Fr. 2643 f. 72 : Bataille de l'Écluse 
Froissart p.5

 

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Le 24 juin 1340, lors de la bataille navale de l'Écluse (Sluys en flamand), le roi d'Angleterre Édouard III, prétendant à la couronne de France, anéantit la flotte de son rival, le roi de France Philippe VI de Valois, devant l'estuaire du Zwin, ce bras de mer (de nos jours ensablé) qui mène à Bruges. C'est la première bataille d'importance de la guerre de Cent Ans.

Les navires anglais et français sont amarrés les uns aux autres. Cohue d'hommes. Beaucoup tombent à l'eau. Quelques-uns à la manoeuvre tirent sur des vergues. Les armes anglaises figurent sur le tabard du roi, la bannière et la hune de son vaisseau. Les inscriptions, partielles et incorrectes, Emgle[terre] ou Norn[andie], couvrent la hune des autres navires, rappelant les adversaires en présence.

 
Bataille de l’Écluse en 1340

Fr. 2643 f. 72 : Bataille de l'Écluse 

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 « Cette bataille dont je vous parle fut très cruelle et très horrible, car batailles et assauts sur mer sont plus durs et plus rudes que sur terre. Là, on ne peut ni reculer, ni fuir, il faut se donner, combattre, et attendre l'aventure. [...]

La déconfiture et les pertes pour les Français furent très grandes et très horribles, trop d'hommes nobles et vaillants, ducs, comtes, barons et chevaliers demeurèrent sur le champ de bataille, par quoi le royaume de France fut depuis très affaibli d'honneur, de puissance et de conseil. Sachez que, si les Anglais eussent poursuivi la chasse comme ils firent à Poitiers, plus d'hommes encore fussent demeurés sur la place, et le roi de France lui-même. Mais il n'en fut rien, car, ce samedi, les Anglais ne rompirent jamais leurs rangs pour mener la chasse. Ils se tenaient à leur poste, gardant leur place, se défendant contre ceux qui les assaillaient. C'est ce qui sauva le roi de France d'être pris, car il demeura sur la place assez près de ses ennemis, comme je l'ai dit, jusque très tard, n'ayant pas plus d'une soixantaine d'hommes autour de lui quand il partit.[...]

Du côté français, un très grand nombre de gens d'armes richement armés, parés et bien montés comme on l'était alors, furent déconfits et perdus, à cause des Génois qui trébuchaient au milieu d'eux et s'enchevêtraient de telle sorte qu'ils ne pouvaient ni se relever ni se reprendre. Des pillards et des ribauds gallois et cornouaillais, portant des couteaux, suivaient les anglais. Les gens d'armes et les archers leur faisaient la voie. Ils trouvaient les gens d'armes français, comtes, barons, chevaliers et écuyers dans ce danger et les tuaient sans merci, si grands seigneurs qu'ils fussent. Il y en eut ainsi ce soir-là beaucoup perdus et tués, ce qui fut pitié et dommage et le roi d'Angleterre fut ensuite très courroucé qu'on ne les eût pas pris à rançon. [...]

Deux très vaillants chevaliers reçurent l'ordre d'y aller, accompagnés de trois hérauts pour reconnaître les armes et deux clercs pour enregistrer et écrire les noms de ceux qu'ils trouveraient. Les deux chevaliers furent messire Regnault de Cobham et messire Richard de Stafford. Ils quittèrent le roi et son logis et se mirent en peine de voir et reconnaître tous les morts. Ils en trouvèrent un si grand nombre qu'ils en furent stupéfaits et parcoururent au plus justement qu'ils purent tout le champ de bataille, jusque bien tard ce jour-là. »

Fr. 2643 f. 72 : Bataille de l'Écluse 
Prise de Caen par les Anglais (1346)

Fr. 2643 f. 157v : Prise de Caen par les Anglais (1346)

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La prise de Caen est un des premiers faits significatifs de l'attaque anglaise sur le territoire français lors de la guerre de Cent Ans. Édouard III débarque en Normandie en juillet 1346 et fait le siège de Caen. La prise de la ville se termine par une lutte acharnée dans les rues de la cité normande qui est en partie détruite.

Les Anglais avancent en trois bataillons vers Caen, Édouard III marchant en tête du second. Le premier refoule déjà les Français vers la ville et passe le pont qui y mène, isolant ainsi la tour qui en protégeait l'accès. Le connétable de France et le comte de Tancarville s'y sont réfugiés avec quelques hommes. Ils interpellent un chevalier connu d'eux, pour se rendre à lui plutôt que de tomber aux mains de la piétaille anglaise.

Fr. 2643 f. 157v : Prise de Caen par les Anglais (1346)
Froissart p.8

 

 
Prise de Caen par les Anglais (1346)

Fr. 2643 f. 157v : Prise de Caen par les Anglais (1346)

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La prise de Caen est un des premiers faits significatifs de l'attaque anglaise sur le territoire français lors de la guerre de Cent Ans. Édouard III débarque en Normandie en juillet 1346 et fait le siège de Caen. La prise de la ville se termine par une lutte acharnée dans les rues de la cité normande qui est en partie détruite.

Les Anglais avancent en trois bataillons vers Caen, Édouard III marchant en tête du second. Le premier refoule déjà les Français vers la ville et passe le pont qui y mène, isolant ainsi la tour qui en protégeait l'accès. Le connétable de France et le comte de Tancarville s'y sont réfugiés avec quelques hommes. Ils interpellent un chevalier connu d'eux, pour se rendre à lui plutôt que de tomber aux mains de la piétaille anglaise.

Fr. 2643 f. 157v : Prise de Caen par les Anglais (1346)
Froissart p.8

 

 
La bataille de Crécy en 1346

Fr. 2643 f. 165v : Bataille de Crécy

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Le 26 août 1346, les Français, qui talonnent l'armée d'Édouard III, poussent leur ennemi dans une bataille rangée à Crécy-en-Ponthieu. Cette bataille violente et sanglante se solde par une cuisante défaite de l'armée française, pourtant en supériorité numérique, qui accuse des pertes catastrophiques dues à l'indiscipline des soldats et aux lacunes du commandement.

Les archers anglais prennent le dessus sur les arbalétriers génois. Ces derniers sont transpercés de flèches avant de pouvoir décocher les leurs, et s'enfuient. Des cavaliers, de leur propre camp, les frappent mais la plupart quittent le champ de bataille à leur tour. Au loin, le roi se réfugie au château de Bray. Parmi les drapeaux, une oriflamme au nom de saint Denis, une autre – effacée – au nom de saint Georges.

Fr. 2643 f. 165v : Bataille de Crécy
Froissart p.10

 

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« La déconfiture et les pertes pour les Français furent très grandes et très horribles, trop d'hommes nobles et vaillants, ducs, comtes, barons et chevaliers demeurèrent sur le champ de bataille, par quoi le royaume de France fut depuis très affaibli d'honneur, de puissance et de conseil. Sachez que, si les Anglais eussent poursuivi la chasse comme ils firent à Poitiers, plus d'hommes encore fussent demeurés sur la place, et le roi de France lui-même. Mais il n'en fut rien, car, ce samedi, les Anglais ne rompirent jamais leurs rangs pour mener la chasse. Ils se tenaient à leur poste, gardant leur place, se défendant contre ceux qui les assaillaient. C'est ce qui sauva le roi de France d'être pris, car il demeura sur la place assez près de ses ennemis, comme je l'ai dit, jusque très tard, n'ayant pas plus d'une soixantaine d'hommes autour de lui quand il partit. Messire Jean de Hainaut, qui avait à le garder et à le conseiller et qui l'avait déjà remis une fois à cheval lorsque son coursier avait été tué, prit sa monture par le frein et lui dit : « Sire, venez-vous-en, il est temps, ne vous perdez pas ici si simplement. Ce que vous avez perdu cette fois, vous le recouvrerez une autre. » Messire Jean l'emmena, comme par force.

Ce jour-là, les archers d'Angleterre apportèrent grand soutien à leur parti, et beaucoup disent que c'est par leurs traits que se fit la besogne, bien qu'il y eut du côté anglais de vaillants chevaliers, qui combattirent vaillamment main à main et firent de belles actions d'éclat et de grandes recouvrances. Mais on doit bien savoir et reconnaître que les archers accomplirent un grand exploit car c'est par leurs traits que, dès le commencement, les Génois, qui étaient bien quinze mille, furent déconfits, d'où un grand avantage pour les Anglais. Du côté français, un très grand nombre de gens d'armes richement armés, parés et bien montés comme on l'était alors, furent déconfits et perdus, à cause des Génois qui trébuchaient au milieu d'eux et s'enchevêtraient de telle sorte qu'ils ne pouvaient ni se relever ni se reprendre. Des pillards et des ribauds gallois et cornouaillais, portant des couteaux, suivaient les anglais. Les gens d'armes et les archers leur faisaient la voie. Ils trouvaient les gens d'armes français, comtes, barons, chevaliers et écuyers dans ce danger et les tuaient sans merci, si grands seigneurs qu'ils fussent. Il y en eut ainsi ce soir-là beaucoup perdus et tués, ce qui fut pitié et dommage et le roi d'Angleterre fut ensuite très courroucé qu'on ne les eût pas pris à rançon.

Quand ce samedi la nuit fut toute venue, qu'on n'osait plus ni crier, ni héler, ni se recommander d'aucune enseigne ni d'aucun seigneur, les Anglais surent qu'ils gardaient la place et que leurs ennemis étaient déconfits. Ils allumèrent alors dans leur armée quantité de falots et de torches, parce qu'il faisait très sombre. Le roi Édouard, qui de tout le jour n'avait encore mis son bassinet, descendit et vint avec tout son corps de bataille en bon ordre, vers son fils le prince. Il le prit par le cou et l'embrassa : « Beau fils, lui dit-il, Dieu vous donne bonne persévérance ! Vous êtes mon fils, car vous vous êtes aujourd'hui loyalement acquitté, vous êtes digne de tenir terre. » Le prince à ces mots s'inclina très bas avec humilité en honorant le roi son père, non sans raison.

Vous devez savoir que les Anglais eurent grande liesse et joie au coeur quand ils virent et sentirent que la place leur était restée et que la journée avait été pour eux. Ils tinrent cette aventure pour très belle et glorieuse. Les seigneurs et les hommes sages en louèrent et remercièrent très grandement et plusieurs fois cette nuit là Notre Seigneur qui leur avait envoyé une telle grâce. Ils passèrent ainsi cette nuit sans tapage car le roi d'Angleterre voulait que nul n'en fît. »

 
La bataille de Crécy en 1346

Fr. 2643 f. 165v : Bataille de Crécy

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Le 26 août 1346, les Français, qui talonnent l'armée d'Édouard III, poussent leur ennemi dans une bataille rangée à Crécy-en-Ponthieu. Cette bataille violente et sanglante se solde par une cuisante défaite de l'armée française, pourtant en supériorité numérique, qui accuse des pertes catastrophiques dues à l'indiscipline des soldats et aux lacunes du commandement.

Les archers anglais prennent le dessus sur les arbalétriers génois. Ces derniers sont transpercés de flèches avant de pouvoir décocher les leurs, et s'enfuient. Des cavaliers, de leur propre camp, les frappent mais la plupart quittent le champ de bataille à leur tour. Au loin, le roi se réfugie au château de Bray. Parmi les drapeaux, une oriflamme au nom de saint Denis, une autre – effacée – au nom de saint Georges.

Fr. 2643 f. 165v : Bataille de Crécy
Froissart p.10

 

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« La déconfiture et les pertes pour les Français furent très grandes et très horribles, trop d'hommes nobles et vaillants, ducs, comtes, barons et chevaliers demeurèrent sur le champ de bataille, par quoi le royaume de France fut depuis très affaibli d'honneur, de puissance et de conseil. Sachez que, si les Anglais eussent poursuivi la chasse comme ils firent à Poitiers, plus d'hommes encore fussent demeurés sur la place, et le roi de France lui-même. Mais il n'en fut rien, car, ce samedi, les Anglais ne rompirent jamais leurs rangs pour mener la chasse. Ils se tenaient à leur poste, gardant leur place, se défendant contre ceux qui les assaillaient. C'est ce qui sauva le roi de France d'être pris, car il demeura sur la place assez près de ses ennemis, comme je l'ai dit, jusque très tard, n'ayant pas plus d'une soixantaine d'hommes autour de lui quand il partit. Messire Jean de Hainaut, qui avait à le garder et à le conseiller et qui l'avait déjà remis une fois à cheval lorsque son coursier avait été tué, prit sa monture par le frein et lui dit : « Sire, venez-vous-en, il est temps, ne vous perdez pas ici si simplement. Ce que vous avez perdu cette fois, vous le recouvrerez une autre. » Messire Jean l'emmena, comme par force.

Ce jour-là, les archers d'Angleterre apportèrent grand soutien à leur parti, et beaucoup disent que c'est par leurs traits que se fit la besogne, bien qu'il y eut du côté anglais de vaillants chevaliers, qui combattirent vaillamment main à main et firent de belles actions d'éclat et de grandes recouvrances. Mais on doit bien savoir et reconnaître que les archers accomplirent un grand exploit car c'est par leurs traits que, dès le commencement, les Génois, qui étaient bien quinze mille, furent déconfits, d'où un grand avantage pour les Anglais. Du côté français, un très grand nombre de gens d'armes richement armés, parés et bien montés comme on l'était alors, furent déconfits et perdus, à cause des Génois qui trébuchaient au milieu d'eux et s'enchevêtraient de telle sorte qu'ils ne pouvaient ni se relever ni se reprendre. Des pillards et des ribauds gallois et cornouaillais, portant des couteaux, suivaient les anglais. Les gens d'armes et les archers leur faisaient la voie. Ils trouvaient les gens d'armes français, comtes, barons, chevaliers et écuyers dans ce danger et les tuaient sans merci, si grands seigneurs qu'ils fussent. Il y en eut ainsi ce soir-là beaucoup perdus et tués, ce qui fut pitié et dommage et le roi d'Angleterre fut ensuite très courroucé qu'on ne les eût pas pris à rançon.

Quand ce samedi la nuit fut toute venue, qu'on n'osait plus ni crier, ni héler, ni se recommander d'aucune enseigne ni d'aucun seigneur, les Anglais surent qu'ils gardaient la place et que leurs ennemis étaient déconfits. Ils allumèrent alors dans leur armée quantité de falots et de torches, parce qu'il faisait très sombre. Le roi Édouard, qui de tout le jour n'avait encore mis son bassinet, descendit et vint avec tout son corps de bataille en bon ordre, vers son fils le prince. Il le prit par le cou et l'embrassa : « Beau fils, lui dit-il, Dieu vous donne bonne persévérance ! Vous êtes mon fils, car vous vous êtes aujourd'hui loyalement acquitté, vous êtes digne de tenir terre. » Le prince à ces mots s'inclina très bas avec humilité en honorant le roi son père, non sans raison.

Vous devez savoir que les Anglais eurent grande liesse et joie au coeur quand ils virent et sentirent que la place leur était restée et que la journée avait été pour eux. Ils tinrent cette aventure pour très belle et glorieuse. Les seigneurs et les hommes sages en louèrent et remercièrent très grandement et plusieurs fois cette nuit là Notre Seigneur qui leur avait envoyé une telle grâce. Ils passèrent ainsi cette nuit sans tapage car le roi d'Angleterre voulait que nul n'en fît. »

 
Froissart p.11

 

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 « Dès qu'il fut arrivé devant Calais, montrant qu'il désirait fort conquérir la ville, le roi d'Angleterre l'assiégea de grande manière et en bonne ordonnance. Il fit bâtir et installer entre la ville, la rivière et le pont de Nielles, des hôtels et des maisons, charpenter de gros merrains et couvrir de paille et de genêts ces maisons bien soigneusement assises et rangées le long de rues, comme s'il dût demeurer là dix ou douze ans. Son intention était en effet de ne partir, ni en hiver ni en été, tant qu'il ne l'aurait conquise, quel que temps et quelle que peine qu'il dût mettre pour la prendre. Dans cette ville neuve du roi, il y avait toutes les choses nécessaires à une armée et plus encore, et une place pour tenir le marché le mercredi et le samedi, où se trouvaient boutiques, boucheries, halles aux draps et au pain, et tout le nécessaire. On obtenait aisément de tout pour son argent. Tout cela leur venait chaque jour par mer d'Angleterre et aussi de Flandre, qui les soutenait en vivres et marchandises.

 En outre les gens du roi d'Angleterre couraient très souvent par tout le pays dans le comté de Guînes, en Thérouanne et jusqu'aux portes de Saint-Omer et de Boulogne ; ils saisissaient ainsi et ramenaient dans leur armée une quantité de butin, dont ils étaient rafraîchis et ravitaillés. Le roi ne faisait pas assaillir la ville de Calais, car il savait bien qu''il y perdrait sa peine et s'y fatiguerait en vain. Il épargnait ses gens et son artillerie, disant qu'il affamerait la ville, si longtemps qu'il dût y mettre, si le roi Philippe ne venait de nouveau le combattre et faire lever le siège.

Quand messire Jean de Vienne, le capitaine de Calais, vit avec certitude que le roi d'Angleterre se disposait et se préparait à tenir un siège, il ordonna à toutes les petites gens de la ville, qui n'avaient point de provisions, de s'en aller sans attendre. Ils partirent un mercredi matin, hommes, femmes, enfants, plus de mille sept cents, et passèrent à travers l'armée du roi d'Angleterre. On leur demanda pourquoi ils partaient. Parce qu'ils n'avaient de quoi vivre, répondirent-ils. Le roi leur fit alors la grâce de passer en sûreté à travers son armée. Il leur fit donner à dîner, à tous, bien et largement, et après le dîner chacun reçut deux esterlins. On estima cette grâce et cette aumône très belles, avec raison. [...]

Le siège se tint longuement devant Calais. Il s'y produisit beaucoup de grandes aventures et de belles prouesses, d'un côté et de l'autre, sur terre et sur mer, dont je ne pourrais écrire ni rapporter le quart. Car le roi de France avait fait installer tant de bons hommes d'armes, dans toutes les forteresses des marches des comtés de Guînes, d'Artois et de Boulogne, et autour de Calais, et tant de Génois, de Normands et d'autres marins sur mer, que les Anglais, lorsqu'ils voulaient sortir à cheval ou à pied, pour aller piller ou chercher l'aventure, n'avaient pas toujours l'avantage, mais trouvaient souvent de dures et fortes rencontres. Il y avait souvent aussi des combats aux palissades et des escarmouches autour des portes et sur les fossés, dont ils ne sortaient pas sans morts ni blessés. Un jour les uns perdaient, un autre jour perdaient les autres, comme on le voit souvent en telles affaires. Aussi le roi d'Angleterre et ses conseillers étudiaient-ils nuit et jour la fabrication d'engins et d'instruments pour mieux enserrer et contraindre les gens de Calais. Mais ceux-ci s'efforçaient de trouver la riposte et faisaient tant à l'encontre que ces engins et ces instruments ne leur causaient aucun dommage. Rien ne leur nuisait plus et ne pouvait plus leur nuire que la famine. Aucun approvisionnement ne pouvait leur parvenir, sauf en cachette et grâce à deux marins d'Abbeville, maîtres et capitaines de tous les autres, nommés Marant et Mestriel. Grâce à eux, les habitants de Calais étaient souvent réconfortés, mais en cachette et par aventureuse hardiesse. Ces marins furent souvent en grand péril, bien des fois pourchassés et près d'être pris entre Boulogne et Calais, mais toujours ils échappaient et ils firent mourir beaucoup d'Anglais durant ce siège. »

 
Siège de Calais en 1346-1347

Fr. 2643 f. 188 : Siège de Calais

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Entrepris en septembre 1346, le siège de Calais par les Anglais va durer près d'un an. Au début d'août 1347, après une résistance héroïque des habitants, six bourgeois de la ville se livrent en otages au roi Édouard III, sauvant ainsi Calais de la destruction. Très affaiblis par la famine occasionnée par le siège, les habitants vont presque tous mourir en 1349 de la peste noire. Repeuplée par des Anglais, Calais va rester sous domination britannique jusqu'en 1558.

La peinture montre un guet-apens. Aimeri de Pavie fait baisser le pont-levis de Calais, en échange de quoi les Français lui tendent une somme d'argent dans une bourse semblable, par son volume, à un sac. Mais quand la porte s'ouvre, ce sont les Anglais qui jaillissent du château pour attaquer par surprise leurs ennemis. Au loin, les navires avec lesquels les renforts anglais sont entrés dans la ville.

Fr. 2643 f. 188 : Siège de Calais
Froissart p.11

 

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 « Dès qu'il fut arrivé devant Calais, montrant qu'il désirait fort conquérir la ville, le roi d'Angleterre l'assiégea de grande manière et en bonne ordonnance. Il fit bâtir et installer entre la ville, la rivière et le pont de Nielles, des hôtels et des maisons, charpenter de gros merrains et couvrir de paille et de genêts ces maisons bien soigneusement assises et rangées le long de rues, comme s'il dût demeurer là dix ou douze ans. Son intention était en effet de ne partir, ni en hiver ni en été, tant qu'il ne l'aurait conquise, quel que temps et quelle que peine qu'il dût mettre pour la prendre. Dans cette ville neuve du roi, il y avait toutes les choses nécessaires à une armée et plus encore, et une place pour tenir le marché le mercredi et le samedi, où se trouvaient boutiques, boucheries, halles aux draps et au pain, et tout le nécessaire. On obtenait aisément de tout pour son argent. Tout cela leur venait chaque jour par mer d'Angleterre et aussi de Flandre, qui les soutenait en vivres et marchandises.

 En outre les gens du roi d'Angleterre couraient très souvent par tout le pays dans le comté de Guînes, en Thérouanne et jusqu'aux portes de Saint-Omer et de Boulogne ; ils saisissaient ainsi et ramenaient dans leur armée une quantité de butin, dont ils étaient rafraîchis et ravitaillés. Le roi ne faisait pas assaillir la ville de Calais, car il savait bien qu''il y perdrait sa peine et s'y fatiguerait en vain. Il épargnait ses gens et son artillerie, disant qu'il affamerait la ville, si longtemps qu'il dût y mettre, si le roi Philippe ne venait de nouveau le combattre et faire lever le siège.

Quand messire Jean de Vienne, le capitaine de Calais, vit avec certitude que le roi d'Angleterre se disposait et se préparait à tenir un siège, il ordonna à toutes les petites gens de la ville, qui n'avaient point de provisions, de s'en aller sans attendre. Ils partirent un mercredi matin, hommes, femmes, enfants, plus de mille sept cents, et passèrent à travers l'armée du roi d'Angleterre. On leur demanda pourquoi ils partaient. Parce qu'ils n'avaient de quoi vivre, répondirent-ils. Le roi leur fit alors la grâce de passer en sûreté à travers son armée. Il leur fit donner à dîner, à tous, bien et largement, et après le dîner chacun reçut deux esterlins. On estima cette grâce et cette aumône très belles, avec raison. [...]

Le siège se tint longuement devant Calais. Il s'y produisit beaucoup de grandes aventures et de belles prouesses, d'un côté et de l'autre, sur terre et sur mer, dont je ne pourrais écrire ni rapporter le quart. Car le roi de France avait fait installer tant de bons hommes d'armes, dans toutes les forteresses des marches des comtés de Guînes, d'Artois et de Boulogne, et autour de Calais, et tant de Génois, de Normands et d'autres marins sur mer, que les Anglais, lorsqu'ils voulaient sortir à cheval ou à pied, pour aller piller ou chercher l'aventure, n'avaient pas toujours l'avantage, mais trouvaient souvent de dures et fortes rencontres. Il y avait souvent aussi des combats aux palissades et des escarmouches autour des portes et sur les fossés, dont ils ne sortaient pas sans morts ni blessés. Un jour les uns perdaient, un autre jour perdaient les autres, comme on le voit souvent en telles affaires. Aussi le roi d'Angleterre et ses conseillers étudiaient-ils nuit et jour la fabrication d'engins et d'instruments pour mieux enserrer et contraindre les gens de Calais. Mais ceux-ci s'efforçaient de trouver la riposte et faisaient tant à l'encontre que ces engins et ces instruments ne leur causaient aucun dommage. Rien ne leur nuisait plus et ne pouvait plus leur nuire que la famine. Aucun approvisionnement ne pouvait leur parvenir, sauf en cachette et grâce à deux marins d'Abbeville, maîtres et capitaines de tous les autres, nommés Marant et Mestriel. Grâce à eux, les habitants de Calais étaient souvent réconfortés, mais en cachette et par aventureuse hardiesse. Ces marins furent souvent en grand péril, bien des fois pourchassés et près d'être pris entre Boulogne et Calais, mais toujours ils échappaient et ils firent mourir beaucoup d'Anglais durant ce siège. »

 
Siège de Calais en 1346-1347

Fr. 2643 f. 188 : Siège de Calais

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Entrepris en septembre 1346, le siège de Calais par les Anglais va durer près d'un an. Au début d'août 1347, après une résistance héroïque des habitants, six bourgeois de la ville se livrent en otages au roi Édouard III, sauvant ainsi Calais de la destruction. Très affaiblis par la famine occasionnée par le siège, les habitants vont presque tous mourir en 1349 de la peste noire. Repeuplée par des Anglais, Calais va rester sous domination britannique jusqu'en 1558.

La peinture montre un guet-apens. Aimeri de Pavie fait baisser le pont-levis de Calais, en échange de quoi les Français lui tendent une somme d'argent dans une bourse semblable, par son volume, à un sac. Mais quand la porte s'ouvre, ce sont les Anglais qui jaillissent du château pour attaquer par surprise leurs ennemis. Au loin, les navires avec lesquels les renforts anglais sont entrés dans la ville.

Fr. 2643 f. 188 : Siège de Calais
Le sacre de Charles V et la bataille de Cocherel

Fr. 2643 f. 284v : Couronnement de Charles V le Sage – Bataille de Cocherel

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Alors que son père Jean le Bon est prisonnier des Anglais, le futur Charles V le Sage est confronté à une guerre civile attisée par les manœuvres de Charles II de Navarre, dit Charles le Mauvais. Le 16 mai 1364 a lieu la bataille de Cocherel entre Charles le Sage, dont l'armée est commandée par Bertrand Du Guesclin, et Charles le Mauvais, dont les troupes sont alliées aux Anglais. La victoire française rétablit l'autorité royale et permet le sacre de Charles V dans la cathédrale de Reims le 19 mai.

La peinture fait le lien entre les deux événements. Au loin, la bataille de Cocherel, un pennon aux armes de France en évidence. Plus près, le sacre de Charles V. Le roi marche au côté de sa femme sous un dais, précédé de religieux. La procession entre à Saint-Remi de Reims. À l'intérieur de l'église, les seigneurs témoins de la cérémonie devisent. Parmi eux, le roi de Chypre, Pierre Ier, porte une couronne. Le peuple est massé derrière la clôture du choeur. Devant l'autel, Charles V est couronné et le sceptre lui est donné en présence de son épouse. Retable doré surmonté d'une statue de saint Remi.

Cette année 1364 marque un tournant dans la Guerre de Cent Ans : la France reprend enfin l'ascendant après les nombreuses victoires d'abord remportées par l'Angleterre.

Fr. 2643 f. 284v : Couronnement de Charles V le Sage – Bataille de Cocherel
Froissart p.14

 

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« Ce qui amena la déconfiture des Navarrais et des Anglais, ce fut la prise du captal [chef], pris dès le commencement, et la conquête de son pennon auquel ses gens ne purent se rallier. Les Français obtinrent la place, mais cela leur coûta un grand nombre des leurs. Furent tués de leur côté le vicomte de Beaumont, comme je l'ai dit, messire Baudoin d'Annequin, maître des Arbalétriers, messire Louis de Haverskesque et plusieurs autres ; chez les Navarrais, un banneret de Navarre, le sire de Saulx, et un grand nombre de ses gens, messire le Bascle de Mareuil, chevalier très expérimenté. Messire Jean Jouel mourut lui aussi ce jour-là, étant prisonnier. Furent pris également messire Guillaume de Gauville, Pierre de Sacqueville, Bertrand du Franc et plusieurs autres. Peu s'en sauvèrent, tous morts ou pris. Cette bataille eut lieu en Normandie assez près de Cocherel, un jeudi, le 16 mai, l'an de grâce 1364. [...] La nouvelle que le captal de Buch était pris et ses gens écrasés, se répandit en divers lieux. Messire Bertrand du Guesclin en acquit grande grâce et renommée dans le royaume de France et son nom en fut grandi. La nouvelle parvint au duc de Normandie à Reims, il s'en réjouit fort et en loua Dieu bien des fois. Sa cour et toutes celles des seigneurs venus à son couronnement en furent plus gaies et joyeuses. »

 
Le sacre de Charles V et la bataille de Cocherel

Fr. 2643 f. 284v : Couronnement de Charles V le Sage – Bataille de Cocherel

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Alors que son père Jean le Bon est prisonnier des Anglais, le futur Charles V le Sage est confronté à une guerre civile attisée par les manœuvres de Charles II de Navarre, dit Charles le Mauvais. Le 16 mai 1364 a lieu la bataille de Cocherel entre Charles le Sage, dont l'armée est commandée par Bertrand Du Guesclin, et Charles le Mauvais, dont les troupes sont alliées aux Anglais. La victoire française rétablit l'autorité royale et permet le sacre de Charles V dans la cathédrale de Reims le 19 mai.

La peinture fait le lien entre les deux événements. Au loin, la bataille de Cocherel, un pennon aux armes de France en évidence. Plus près, le sacre de Charles V. Le roi marche au côté de sa femme sous un dais, précédé de religieux. La procession entre à Saint-Remi de Reims. À l'intérieur de l'église, les seigneurs témoins de la cérémonie devisent. Parmi eux, le roi de Chypre, Pierre Ier, porte une couronne. Le peuple est massé derrière la clôture du choeur. Devant l'autel, Charles V est couronné et le sceptre lui est donné en présence de son épouse. Retable doré surmonté d'une statue de saint Remi.

Cette année 1364 marque un tournant dans la Guerre de Cent Ans : la France reprend enfin l'ascendant après les nombreuses victoires d'abord remportées par l'Angleterre.

Fr. 2643 f. 284v : Couronnement de Charles V le Sage – Bataille de Cocherel
Froissart p.14

 

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« Ce qui amena la déconfiture des Navarrais et des Anglais, ce fut la prise du captal [chef], pris dès le commencement, et la conquête de son pennon auquel ses gens ne purent se rallier. Les Français obtinrent la place, mais cela leur coûta un grand nombre des leurs. Furent tués de leur côté le vicomte de Beaumont, comme je l'ai dit, messire Baudoin d'Annequin, maître des Arbalétriers, messire Louis de Haverskesque et plusieurs autres ; chez les Navarrais, un banneret de Navarre, le sire de Saulx, et un grand nombre de ses gens, messire le Bascle de Mareuil, chevalier très expérimenté. Messire Jean Jouel mourut lui aussi ce jour-là, étant prisonnier. Furent pris également messire Guillaume de Gauville, Pierre de Sacqueville, Bertrand du Franc et plusieurs autres. Peu s'en sauvèrent, tous morts ou pris. Cette bataille eut lieu en Normandie assez près de Cocherel, un jeudi, le 16 mai, l'an de grâce 1364. [...] La nouvelle que le captal de Buch était pris et ses gens écrasés, se répandit en divers lieux. Messire Bertrand du Guesclin en acquit grande grâce et renommée dans le royaume de France et son nom en fut grandi. La nouvelle parvint au duc de Normandie à Reims, il s'en réjouit fort et en loua Dieu bien des fois. Sa cour et toutes celles des seigneurs venus à son couronnement en furent plus gaies et joyeuses. »

 
Froissart p.15

 

 
Bataille d’Auray (1364)

Fr. 2643 f. 292 : Bataille d'Auray

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En 1341, la mort sans héritier direct du duc Jean III de Bretagne ouvre une guerre de succession où s'aiguise la rivalité entre Français et Anglais dans le contexte de la guerre de Cent Ans. Une dernière bataille a lieu le 29 septembre 1364 à Auray. Elle oppose une armée anglo-bretonne aux ordres de Jean IV de Montfort à une force franco-bretonne soutenant de Charles de Blois. La victoire du parti pro-anglais établit Jean IV duc de Bretagne.

De nombreuses enseignes flottent au vent. Les archers anglais font peu de victimes et les chevaliers français avancent une hache à l'épaule. Plus loin, la mêlée des soldats.

Fr. 2643 f. 292 : Bataille d'Auray
Froissart p.15

 

 
Bataille d’Auray (1364)

Fr. 2643 f. 292 : Bataille d'Auray

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En 1341, la mort sans héritier direct du duc Jean III de Bretagne ouvre une guerre de succession où s'aiguise la rivalité entre Français et Anglais dans le contexte de la guerre de Cent Ans. Une dernière bataille a lieu le 29 septembre 1364 à Auray. Elle oppose une armée anglo-bretonne aux ordres de Jean IV de Montfort à une force franco-bretonne soutenant de Charles de Blois. La victoire du parti pro-anglais établit Jean IV duc de Bretagne.

De nombreuses enseignes flottent au vent. Les archers anglais font peu de victimes et les chevaliers français avancent une hache à l'épaule. Plus loin, la mêlée des soldats.

Fr. 2643 f. 292 : Bataille d'Auray
Froissart p.17

 

 
Bataille de Chizé (1373)

Fr. 2643 f. 406 : Bataille de Chizé

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Chizé est l’un des derniers bastions anglais en Poitou. Au printemps de 1373, Du Guesclin assiége le château tenu par les capitaines Robert Morton et Martin Scott. Les Anglais résistent avec une soixantaine d’hommes "hardés de fer". Ils attendent des renforts qui arrivent de Niort. La bataille s'engage le 21 mars 1373, avec un terrible corps à corps sanglant. Du Guesclin lui-même prend part au combat et sort victorieux.

Devant Chizé assiégée, le campement du capitaine Du Guesclin est protégé de palissades de bois pour éviter qu'il ne soit pris à revers. Ses hommes les renversent pourtant eux-mêmes, après les avoir préalablement sciées au ras du sol, pour attaquer par surprise les renforts anglais venus au secours de la ville. Ils ont le soutien des mercenaires bretons et poitevins qui se rallient, se retournant les premiers contre les Anglais, dont ils constituaient la troupe d'attaque.

Fr. 2643 f. 406 : Bataille de Chizé
Froissart p.17

 

 
Bataille de Chizé (1373)

Fr. 2643 f. 406 : Bataille de Chizé

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Chizé est l’un des derniers bastions anglais en Poitou. Au printemps de 1373, Du Guesclin assiége le château tenu par les capitaines Robert Morton et Martin Scott. Les Anglais résistent avec une soixantaine d’hommes "hardés de fer". Ils attendent des renforts qui arrivent de Niort. La bataille s'engage le 21 mars 1373, avec un terrible corps à corps sanglant. Du Guesclin lui-même prend part au combat et sort victorieux.

Devant Chizé assiégée, le campement du capitaine Du Guesclin est protégé de palissades de bois pour éviter qu'il ne soit pris à revers. Ses hommes les renversent pourtant eux-mêmes, après les avoir préalablement sciées au ras du sol, pour attaquer par surprise les renforts anglais venus au secours de la ville. Ils ont le soutien des mercenaires bretons et poitevins qui se rallient, se retournant les premiers contre les Anglais, dont ils constituaient la troupe d'attaque.

Fr. 2643 f. 406 : Bataille de Chizé
Froissart p.19

 

 
Exécution de Guillaume Sans (1377)

Fr. 2644 f. 1 : Exécution de Guillaume Sans

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Convaincu de trahison envers le roi d'Angleterre, Guillaume Sans, seigneur de Pommiers, est exécuté à Bordeaux le 10 avril 1377, sur l'ordre du sénéchal anglais Thomas Felton. Il faisait en effet parti du plan de campagne contre Bordeaux que le roi de France comptait assiéger.

Thomas Felton fait exécuter en place publique les deux partisans des Français, Guillaume Sans et son clerc, dont la tête tranchée roule à terre. La sanction suscite des commentaires au pied de l'échafaud. La topographie de la place et l'élévation des façades sont conformes à d'autres vues urbaines un peu stéréotypées, dont Lieven van Lathem et le Maître de Marguerite d'York sont coutumiers.

Fr. 2644 f. 1 : Exécution de Guillaume Sans
Froissart p.19

 

 
Exécution de Guillaume Sans (1377)

Fr. 2644 f. 1 : Exécution de Guillaume Sans

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Convaincu de trahison envers le roi d'Angleterre, Guillaume Sans, seigneur de Pommiers, est exécuté à Bordeaux le 10 avril 1377, sur l'ordre du sénéchal anglais Thomas Felton. Il faisait en effet parti du plan de campagne contre Bordeaux que le roi de France comptait assiéger.

Thomas Felton fait exécuter en place publique les deux partisans des Français, Guillaume Sans et son clerc, dont la tête tranchée roule à terre. La sanction suscite des commentaires au pied de l'échafaud. La topographie de la place et l'élévation des façades sont conformes à d'autres vues urbaines un peu stéréotypées, dont Lieven van Lathem et le Maître de Marguerite d'York sont coutumiers.

Fr. 2644 f. 1 : Exécution de Guillaume Sans
Louis II de Mâle et les Gantois

Fr. 2644 f. 81v : Louis II de Male et les Gantois

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La ville de Gand, très dynamique économiquement avec son industrie drapière, a toujours cherché à s'affranchir autant que possible de l'autorité du comte de Flandre. Le 5 septembre 1379 éclate la rébellion des tisserands gantois, dite "révolte des chaperons blancs", qui se répand à toute la Flandre. Une paix est signée avec le comte fin novembre 1379 mais le conflit reprend en février 1380. C'est Charles VI qui écrase la révolte le 27 novembre 1382 à la bataille de Roosebeke, mais le prestige de la victoire revint à Philippe le Hardi, beau-fils de Louis de Male, qui dès lors commence à asseoir son autorité sur le comté.

Une délégation de Gantois se présente à l'hôtel de Louis de Male pour le convaincre de venir à Gand. Les premiers s'agenouillent pour lui rendre hommage et le comte de Flandre serre la main du plus proche pour les faire se relever. Des serviteurs traversent la cour et montent les marches du perron, tenant dans les mains des aiguières; le duc ayant donné l'ordre : "faictes aporter le vin".

Fr. 2644 f. 81v : Louis II de Male et les Gantois
Froissart p.22

 

 
Louis II de Mâle et les Gantois

Fr. 2644 f. 81v : Louis II de Male et les Gantois

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La ville de Gand, très dynamique économiquement avec son industrie drapière, a toujours cherché à s'affranchir autant que possible de l'autorité du comte de Flandre. Le 5 septembre 1379 éclate la rébellion des tisserands gantois, dite "révolte des chaperons blancs", qui se répand à toute la Flandre. Une paix est signée avec le comte fin novembre 1379 mais le conflit reprend en février 1380. C'est Charles VI qui écrase la révolte le 27 novembre 1382 à la bataille de Roosebeke, mais le prestige de la victoire revint à Philippe le Hardi, beau-fils de Louis de Male, qui dès lors commence à asseoir son autorité sur le comté.

Une délégation de Gantois se présente à l'hôtel de Louis de Male pour le convaincre de venir à Gand. Les premiers s'agenouillent pour lui rendre hommage et le comte de Flandre serre la main du plus proche pour les faire se relever. Des serviteurs traversent la cour et montent les marches du perron, tenant dans les mains des aiguières; le duc ayant donné l'ordre : "faictes aporter le vin".

Fr. 2644 f. 81v : Louis II de Male et les Gantois
Froissart p.22

 

 
Froissart p.23

 

 
Jean de Heyle et les Gantois

Fr. 2644 f. 346 : Jean de Heyle et les Gantois

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Le duc de Bourgogne Philippe le Hardi, frère du roi de France Charles V, a épousé l'unique héritière du comte de Flandre Louis de Male. Il devient lui-même comte de Flandre à la mort de Louis en 1384. La guerre, qui dure en Flandre depuis sept ans, laisse un pays désolé. Les Anglais y ont pris part en soutenant les villes contre le comte de Flandre. Le duc s'empresse de conclure la paix et proclame sa clémence aux Gantois.

Les Anglais se retirent de Gand. Les métiers se tiennent sur la place, en armes et avec à leur tête Roger Evrwyn et Jacques d'Ardembourg, favorables à la paix. Ils y écoutent Jean de Heyle faisant lecture d'une lettre scellée où le duc de Bourgogne propose son pardon en échange de la paix. François Ackerman, capitaine du château de Gavre, vient donner son aval.

Fr. 2644 f. 346 : Jean de Heyle et les Gantois
Froissart p.23

 

 
Jean de Heyle et les Gantois

Fr. 2644 f. 346 : Jean de Heyle et les Gantois

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Le duc de Bourgogne Philippe le Hardi, frère du roi de France Charles V, a épousé l'unique héritière du comte de Flandre Louis de Male. Il devient lui-même comte de Flandre à la mort de Louis en 1384. La guerre, qui dure en Flandre depuis sept ans, laisse un pays désolé. Les Anglais y ont pris part en soutenant les villes contre le comte de Flandre. Le duc s'empresse de conclure la paix et proclame sa clémence aux Gantois.

Les Anglais se retirent de Gand. Les métiers se tiennent sur la place, en armes et avec à leur tête Roger Evrwyn et Jacques d'Ardembourg, favorables à la paix. Ils y écoutent Jean de Heyle faisant lecture d'une lettre scellée où le duc de Bourgogne propose son pardon en échange de la paix. François Ackerman, capitaine du château de Gavre, vient donner son aval.

Fr. 2644 f. 346 : Jean de Heyle et les Gantois
Froissart p.25

 

 
Siège de Lisbonne (1384)

Fr. 2645 f. 1 : Siège de Lisbonne

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En 1383, la mort sans héritier masculin de Ferdinand Ier de Portugal ouvre une période de crise dont Froissart rend compte dans son souci d'embrasser les grands événements de son temps. Le trône devrait revenir au roi Jean de Castille qui a la fille unique de Ferdinand. Mais le peuple portugais veut garder son indépendance et refuse l'annexion de fait du Portugal par l'Espagne. C'est Jean d'Aviz, demi-frère du roi Ferdinand, qui va monter sur le trône après la bataille d'Aljubarrota.

Les armées du roi d'Espagne assiègent la ville de Lisbonne où trône le nouveau roi du Portugal, Jean. Le siège est inefficace puisque la mer reste sillonnée de navires portugais. Les soldats cernant la ville sont désoeuvrés, ils dorment près des bombardes, y déambulent ou y font de l'exercice.

Fr. 2645 f. 1 : Siège de Lisbonne
Froissart p.25

 

 
Siège de Lisbonne (1384)

Fr. 2645 f. 1 : Siège de Lisbonne

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En 1383, la mort sans héritier masculin de Ferdinand Ier de Portugal ouvre une période de crise dont Froissart rend compte dans son souci d'embrasser les grands événements de son temps. Le trône devrait revenir au roi Jean de Castille qui a la fille unique de Ferdinand. Mais le peuple portugais veut garder son indépendance et refuse l'annexion de fait du Portugal par l'Espagne. C'est Jean d'Aviz, demi-frère du roi Ferdinand, qui va monter sur le trône après la bataille d'Aljubarrota.

Les armées du roi d'Espagne assiègent la ville de Lisbonne où trône le nouveau roi du Portugal, Jean. Le siège est inefficace puisque la mer reste sillonnée de navires portugais. Les soldats cernant la ville sont désoeuvrés, ils dorment près des bombardes, y déambulent ou y font de l'exercice.

Fr. 2645 f. 1 : Siège de Lisbonne
Froissart p.27

 

 
Bataille de Radcot Bridge (1387)

Fr. 2645 f. 244 : Bataille de Radcot Bridge

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En Angleterre, Richard II, alors âgé de seulement 10 ans, a succédé à son grand-père Edouard III en 1377. Le roi a du mal à asseoir son autorité, face à ses opposants, connus sous le nom de « Lords Appelants ». Le 19 décembre 1387 a lieu, autour du pont de Radcot sur la Tamise, une bataille au cours de laquelle les troupes loyales à Richard II d’Angleterre, menées par Robert de Vere, sont dispersées par l’armée d'Henri Bolingbroke, comte de Derby. Richard II sera finalement destitué en 1399.

L'armée du duc d'Irlande reflue sans vraiment combattre. À droite, les Anglais, obéissant aux ordres du duc de Gloucester, font quelques prisonniers, mais le gros de la troupe rebrousse déjà chemin et passe la Tamise à gué.

L'enluminure est attribuée au Maître du Livre de Prières de Dresde, qui se distingue dans l’exécution des paysages. On remarque des personnages aux postures excentriques, membres et visages peints en raccourci malgré la difficulté technique

Fr. 2645 f. 244 : Bataille de Radcot Bridge
Froissart p.27

 

 
Bataille de Radcot Bridge (1387)

Fr. 2645 f. 244 : Bataille de Radcot Bridge

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En Angleterre, Richard II, alors âgé de seulement 10 ans, a succédé à son grand-père Edouard III en 1377. Le roi a du mal à asseoir son autorité, face à ses opposants, connus sous le nom de « Lords Appelants ». Le 19 décembre 1387 a lieu, autour du pont de Radcot sur la Tamise, une bataille au cours de laquelle les troupes loyales à Richard II d’Angleterre, menées par Robert de Vere, sont dispersées par l’armée d'Henri Bolingbroke, comte de Derby. Richard II sera finalement destitué en 1399.

L'armée du duc d'Irlande reflue sans vraiment combattre. À droite, les Anglais, obéissant aux ordres du duc de Gloucester, font quelques prisonniers, mais le gros de la troupe rebrousse déjà chemin et passe la Tamise à gué.

L'enluminure est attribuée au Maître du Livre de Prières de Dresde, qui se distingue dans l’exécution des paysages. On remarque des personnages aux postures excentriques, membres et visages peints en raccourci malgré la difficulté technique

Fr. 2645 f. 244 : Bataille de Radcot Bridge
Arrivée de Louis II d’Anjou à Paris

Fr. 2645 f. 321v : Arrivée de Louis II d'Anjou à Paris
 

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Venue solennelle de Marie de Blois et de son jeune fils, Louis II d'Anjou, à Paris. L'enfant marche en tête, vêtu de rouge. Il porte couronne et sceptre car il est roi de Naples. Leur cortège est accueilli par les ducs de Berry et de Bourgogne. L'un d'eux honore le jeune roi d'une révérence, reconnaissant ainsi son titre. Au loin, occupant toute la largeur de l'image, la capitale et son exacte topographie. D'est en ouest: le Temple, Notre-Dame, la Sainte-Chapelle et, se détachant à l'horizon, la colline Sainte-Geneviève

Fr. 2645 f. 321v : Arrivée de Louis II d'Anjou à Paris
 
Froissart p.30

 

 
Arrivée de Louis II d’Anjou à Paris

Fr. 2645 f. 321v : Arrivée de Louis II d'Anjou à Paris
 

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Venue solennelle de Marie de Blois et de son jeune fils, Louis II d'Anjou, à Paris. L'enfant marche en tête, vêtu de rouge. Il porte couronne et sceptre car il est roi de Naples. Leur cortège est accueilli par les ducs de Berry et de Bourgogne. L'un d'eux honore le jeune roi d'une révérence, reconnaissant ainsi son titre. Au loin, occupant toute la largeur de l'image, la capitale et son exacte topographie. D'est en ouest: le Temple, Notre-Dame, la Sainte-Chapelle et, se détachant à l'horizon, la colline Sainte-Geneviève

Fr. 2645 f. 321v : Arrivée de Louis II d'Anjou à Paris
 
Froissart p.30

 

 
Froissart p.31

 

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« Le dimanche 20 août en l'an de grâce de Notre Seigneur 1389, il y avait un tel peuple dans Paris et au-dehors que c'était merveille à voir. Le dimanche au soir fut faite à Saint-Denis l'assemblée des hautes et nobles dames de France qui devaient accompagner la reine et des seigneurs qui devaient marcher à la droite de sa litière et de celles des dames. Douze cents bourgeois de Paris étaient là, tous à cheval et sur les champs rangés de part et d'autre du chemin, tous parés et vêtus de longues cottes en drap tissé de fil d'or et de soie perse et vermeille. La reine Jeanne entra la première dans Paris avec sa fille la duchesse d'Orléans, environ une heure après midi, en litière couverte, bien accompagnée de seigneurs. Ils passèrent par la grand-rue Saint-Denis et vinrent au palais où les attendait le roi. Ce jour-là, les deux dames n'allèrent pas plus avant.

Alors se mirent en chemin la reine de France et les autres dames, la duchesse de Berry, la duchesse de Bourgogne, la duchesse de Touraine, la duchesse de Bar, la comtesse de Nevers, la dame de Coucy, puis dans l'ordre toutes les dames et demoiselles. Toutes avaient leurs litières si richement ornées que rien n'y manquait. Mais la duchesse de Touraine n'avait point de litière, pour se distinguer des autres. Elle était sur un palefroi très richement orné et chevauchait à côté d'un bon pas. Les chevaux qui menaient les litières et les seigneurs qui les accompagnaient n'allaient que le petit pas. En tête, le duc de Touraine et le duc de Bourbon marchaient à droite de la litière de la reine, avec les six seigneurs qui y tenaient. Je vous ai nommé les premiers. En second et au milieu venaient le duc de Berry et le duc de Bourgogne, puis, derrière, messire Pierre de Navarre et le comte d'Ostrevant. Cette litière, je vous le dis, était très riche, bien ornée et toute découverte.

Après, venait, sur un palefroi très bien et très richement paré et orné, sans litière, la duchesse de Berry menée, à sa droite, par le comte de la Marche et le comte de Nevers. Ils allaient doucement au pas, comme ceux qui conduisaient les litières. Après, venaient, en litière toute découverte, madame de Bourgogne et Marguerite de Hainaut comtesse de Nevers, sa fille. Messire Henri de Bar et le jeune comte de Namur accompagnaient la litière. Après, venaient, en litière toute découverte, madame d'Orléans. La duchesse d'Orléans était sur un palefroi très bien et richement paré devant la duchesse de Bar et sa fille, fille du seigneur de Coucy. Messire Jacques de Bourbon et messire Philippe d'Artois menaient madame d'Orléans. Après, venaient les autres dames, la duchesse de Bar et sa fille, accompagnées par messire Charles d'Albret et le seigneur de Coucy. Des autres dames et demoiselles qui venaient derrière, sur chars couverts et palefrois, il n'est nulle mention, ni des chevaliers qui les suivaient. Sergents d'armes et officiers du roi étaient tout affairés à faire la voie et rompre la presse et les gens. Il y avait un si grand peuple dans les rues que tout le monde semblait mandé là.

À la première porte Saint-Denis, l'entrée de Paris, qu'on appelle la Bastide, il y avait un ciel tout étoilé dans lequel dans lequel de jeunes enfants tous pareils et mis en ordonnance d'anges, chantaient mélodieusement et doucement. Il y avait en outre une image de Notre-Dame qui tenait un petit enfant jouant avec un moulinet fait d'une grosse noix. Haut dans le ciel étaient représentées les armoiries de France et de Bavière richement ornées d'un soleil d'or resplendissant et rayonnant. Ce soleil d'or rayonnant était la devise du roi pour la fête des joutes. La reine de France et les dames, en passant sous la porte, virent toutes ces choses très volontiers, ainsi que tous ceux qui passaient par là. »

 
Entrée d’Isabeau de Bavière à Paris le 22 août 1389

Fr. 2646 f. 6 : Entrée d'Isabeau de Bavière à Paris

Plus de détails sur la page

Le dimanche 22 août 1389 marque l'entrée solennelle d'Isabeau de Bavière à Paris, princesse allemande que le roi de France Charles VI avait épousée le 18 juillet 1385. Une fête mémorable est donnée à cette occasion. Charles VI étant devenu fou, c'est elle qui préside à partir de 1393 un Conseil de Régence, où siègent les Grands du Royaume.

Joyeuse entrée d'Isabeau de Bavière à Paris. Elle est accueillie avec sa suite par son époux le roi de France Charles VI devant une construction dont l'environnement correspond peu à l'entrée d'une ville. Il s'agit plus probablement d'une évocation du palais de la Cité ou de l'hôtel Saint-Paul où se transporte successivement la cour. L'entrée est surmontée d'un décor héraldique sculpté et coloré : cimier et armes de France soutenues par deux anges, le tout bordé de deux statues de rois. La porte est flanquée d'une tour et d'une chapelle à l'abside saillante ornée de sculptures. Un cheval attelé à une litière, des cavaliers, des lévriers et deux fous évoquent la procession dans Paris et les fêtes données à cette occasion. Une escorte montée occupe une rue à l'arrière-plan.

Fr. 2646 f. 6 : Entrée d'Isabeau de Bavière à Paris
Froissart p.31

 

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« Le dimanche 20 août en l'an de grâce de Notre Seigneur 1389, il y avait un tel peuple dans Paris et au-dehors que c'était merveille à voir. Le dimanche au soir fut faite à Saint-Denis l'assemblée des hautes et nobles dames de France qui devaient accompagner la reine et des seigneurs qui devaient marcher à la droite de sa litière et de celles des dames. Douze cents bourgeois de Paris étaient là, tous à cheval et sur les champs rangés de part et d'autre du chemin, tous parés et vêtus de longues cottes en drap tissé de fil d'or et de soie perse et vermeille. La reine Jeanne entra la première dans Paris avec sa fille la duchesse d'Orléans, environ une heure après midi, en litière couverte, bien accompagnée de seigneurs. Ils passèrent par la grand-rue Saint-Denis et vinrent au palais où les attendait le roi. Ce jour-là, les deux dames n'allèrent pas plus avant.

Alors se mirent en chemin la reine de France et les autres dames, la duchesse de Berry, la duchesse de Bourgogne, la duchesse de Touraine, la duchesse de Bar, la comtesse de Nevers, la dame de Coucy, puis dans l'ordre toutes les dames et demoiselles. Toutes avaient leurs litières si richement ornées que rien n'y manquait. Mais la duchesse de Touraine n'avait point de litière, pour se distinguer des autres. Elle était sur un palefroi très richement orné et chevauchait à côté d'un bon pas. Les chevaux qui menaient les litières et les seigneurs qui les accompagnaient n'allaient que le petit pas. En tête, le duc de Touraine et le duc de Bourbon marchaient à droite de la litière de la reine, avec les six seigneurs qui y tenaient. Je vous ai nommé les premiers. En second et au milieu venaient le duc de Berry et le duc de Bourgogne, puis, derrière, messire Pierre de Navarre et le comte d'Ostrevant. Cette litière, je vous le dis, était très riche, bien ornée et toute découverte.

Après, venait, sur un palefroi très bien et très richement paré et orné, sans litière, la duchesse de Berry menée, à sa droite, par le comte de la Marche et le comte de Nevers. Ils allaient doucement au pas, comme ceux qui conduisaient les litières. Après, venaient, en litière toute découverte, madame de Bourgogne et Marguerite de Hainaut comtesse de Nevers, sa fille. Messire Henri de Bar et le jeune comte de Namur accompagnaient la litière. Après, venaient, en litière toute découverte, madame d'Orléans. La duchesse d'Orléans était sur un palefroi très bien et richement paré devant la duchesse de Bar et sa fille, fille du seigneur de Coucy. Messire Jacques de Bourbon et messire Philippe d'Artois menaient madame d'Orléans. Après, venaient les autres dames, la duchesse de Bar et sa fille, accompagnées par messire Charles d'Albret et le seigneur de Coucy. Des autres dames et demoiselles qui venaient derrière, sur chars couverts et palefrois, il n'est nulle mention, ni des chevaliers qui les suivaient. Sergents d'armes et officiers du roi étaient tout affairés à faire la voie et rompre la presse et les gens. Il y avait un si grand peuple dans les rues que tout le monde semblait mandé là.

À la première porte Saint-Denis, l'entrée de Paris, qu'on appelle la Bastide, il y avait un ciel tout étoilé dans lequel dans lequel de jeunes enfants tous pareils et mis en ordonnance d'anges, chantaient mélodieusement et doucement. Il y avait en outre une image de Notre-Dame qui tenait un petit enfant jouant avec un moulinet fait d'une grosse noix. Haut dans le ciel étaient représentées les armoiries de France et de Bavière richement ornées d'un soleil d'or resplendissant et rayonnant. Ce soleil d'or rayonnant était la devise du roi pour la fête des joutes. La reine de France et les dames, en passant sous la porte, virent toutes ces choses très volontiers, ainsi que tous ceux qui passaient par là. »

 
Entrée d’Isabeau de Bavière à Paris le 22 août 1389

Fr. 2646 f. 6 : Entrée d'Isabeau de Bavière à Paris

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Le dimanche 22 août 1389 marque l'entrée solennelle d'Isabeau de Bavière à Paris, princesse allemande que le roi de France Charles VI avait épousée le 18 juillet 1385. Une fête mémorable est donnée à cette occasion. Charles VI étant devenu fou, c'est elle qui préside à partir de 1393 un Conseil de Régence, où siègent les Grands du Royaume.

Joyeuse entrée d'Isabeau de Bavière à Paris. Elle est accueillie avec sa suite par son époux le roi de France Charles VI devant une construction dont l'environnement correspond peu à l'entrée d'une ville. Il s'agit plus probablement d'une évocation du palais de la Cité ou de l'hôtel Saint-Paul où se transporte successivement la cour. L'entrée est surmontée d'un décor héraldique sculpté et coloré : cimier et armes de France soutenues par deux anges, le tout bordé de deux statues de rois. La porte est flanquée d'une tour et d'une chapelle à l'abside saillante ornée de sculptures. Un cheval attelé à une litière, des cavaliers, des lévriers et deux fous évoquent la procession dans Paris et les fêtes données à cette occasion. Une escorte montée occupe une rue à l'arrière-plan.

Fr. 2646 f. 6 : Entrée d'Isabeau de Bavière à Paris
Accès de folie de Charles VI dans la forêt du Mans 

Fr. 2646 f. 153v : Folie de Charles VI

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Le 5 août 1392, Charles VI est pris d'un accès de folie dans la forêt du Mans. Le roi attaque sa propre troupe et tue quatre hommes avant d'être maîtrisé. Il perd connaissance et ne retrouve sa lucidité que deux jours plus tard. Le règne de Charles devient alors une alternance de périodes de folie et de rémission durant lesquelles il s'efforce de gouverner.

La scène est matinale et la lumière encore brumeuse. La lance inclinée d'un cavalier affaissé sur sa monture en a heurté un autre. Le son effraie le roi qui lève son épée contre le chevalier le plus proche. Un autre ceinture le souverain, dont la monture blanche se cabre. Charles VI se distingue par son armure dorée, son tabard fleurdelisé et son casque couvert de plusieurs rangées de pierres précieuses. La scène est aussi le prétexte à la peinture d'une extraordinaire collection des casques ornés, tous différents les uns des autres, individualisant les chevaliers dans la cohue.

Fr. 2646 f. 153v : Folie de Charles VI
Froissart p.34

 

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« Le roi de France chevauchait ainsi, à la chaleur du soleil, dans cette plaine sablonneuse où il faisait si merveilleusement chaud que jamais, cette saison-là, il n'avait fait aussi chaud auparavant et qu'il ne fit par la suite. Le roi était vêtu d'un justaucorps de velours noir qui l'échauffait beaucoup et il avait sur la tête un simple chaperon de vermeille écarlate avec une guirlande de grosses perles blanches que la reine sa femme lui avait donné quand il avait pris congé d'elle. L'un de ses pages chevauchait derrière lui et portait sur la tête un petit casque de Montauban tout d'acier fin, clair et net, qui resplendissait au soleil. Derrière ce page, un autre chevauchait, portant une lance vermeille garnie d'un fanion de soie, ainsi que pour le roi, dont le fer était d'acier large, clair et fin. Le sire de la Rivière, du temps où il séjourna à Toulouse, en avait fait forger une douzaine et c'était l'une d'elles, car il avait donné toutes les douze au roi, qui en avait donné trois au duc d'Orléans, et trois au duc de Bourbon. Alors que la chevauchée allait comme je vous le décris, il arriva, comme cela arrive aux jeunes pages par la faute de leurs chevaux ou par leur négligence, que le page portant la lance du roi sans y penser quitta son rang ou s'endormit. Il laissa tomber sa lance qui heurta le casque d'acier de l'autre page. Le choc de l'acier résonna très haut. Le roi était si près que les pages chevauchaient aux sabots de son cheval. Il tressaillit soudainement, son esprit frémit car il avait encore dans l'imagination l'impression des paroles que l'homme, fol ou sage, lui avait dites dans la forêt du Mans. Le roi eut comme la vision d'une foule d'ennemis courant sur lui pour le tuer. Abusé, égaré à cause de la faiblesse de sa tête, il s'élança en éperonnant son cheval et, tirant son épée, il se tourna contre ses pages, sans reconnaître plus personne, croyant bien être dans une bataille, entouré de ses ennemis. Levant haut son épée pour frapper sans se soucier sur qui tomberait le coup, il s'écria : « En avant, en avant, sus aux traîtres ! »

Les pages virent le roi enflammé et prirent peur, à bonne cause, croyant l'avoir courroucé par leur désordre. Ils éperonnèrent leurs chevaux, l'un ici et l'autre là. Le duc d'Orléans n'était pas pour lors très loin du roi qui se dirigea droit vers lui l'épée toute nue. Déjà, par suite de sa frénésie et de la faiblesse de sa tête, il ne reconnaissait plus personne et ne savait qui était son frère ni son oncle. Le duc d'Orléans le vit venir vers lui, l'épée toute nue, il s'effraya et, à bonne cause, ne voulut pas attendre. Il éperonna en hâte son cheval, suivi par le roi.

Le duc de Bourgogne chevauchait de côté. Voyant l'effroi des chevaux, ayant déjà entendu crier les pages du roi, il jeta son regard dans cette direction et reconnut le roi qui, l'épée toute nue, pourchassait son frère. Épouvanté, et à bonne cause, il dit : « Haro, le grand malheur ! Monseigneur est tout égaré. Pour Dieu, vite ! Qu'on le prenne ! » Puis encore : « Fuyez, beau neveu d'Orléans, fuyez, Monseigneur veut vous tuer. » Le duc d'Orléans, je vous le dis, n'était pas bien assuré et à la vérité fuyait aussi vite que le cheval pouvait aller, chevaliers et écuyers derrière lui. On commença à crier et à tirer de ce côté. Les plus éloignés, chevauchant à droite et à gauche, croyaient qu'on chassait le loup ou le lièvre, mais apprirent que c'était le roi qui était mal en point.

Toutefois le duc d'Orléans se sauva, tant il tourna et tournoya, et aussi on l'y aida. Chevaliers, écuyers et gens d'armes firent la haie tout autour du roi et le laissèrent se lasser et s'épuiser. Plus il courait et se travaillait, plus il s'affaiblissait. Quand il venait sur un homme, fût-il chevalier ou écuyer, celui-ci se laissait choir devant le coup. Je n'ai pas entendu dire qu'il y eût des morts dans cette attaque, mais le roi en abattit plusieurs, car personne ne se mit en défense. Finalement, le roi étant bien lassé et travaillé, son cheval bien foulé, l'un et l'autre tout suants de chaleur et d'ardeur, un chevalier de Normandie, son chambellan, que le roi aimait fort, messire Guillaume Martel, vint par-derrière, le prit dans ses bras alors qu'il avait l'épée à la main et le tint tout court. Alors tous les autres seigneurs approchèrent, on lui ôta son épée, on le descendit de cheval et on le coucha tout doucement, puis on lui enleva son justaucorps pour le rafraîchir. Ses trois oncles et son frère vinrent vers lui, mais il ne les reconnut pas et ne leur fit nul semblant d'amour ni d'accointance. Les yeux lui tournaient merveilleusement dans la tête et à personne il ne parlait. »

 
Accès de folie de Charles VI dans la forêt du Mans 

Fr. 2646 f. 153v : Folie de Charles VI

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Le 5 août 1392, Charles VI est pris d'un accès de folie dans la forêt du Mans. Le roi attaque sa propre troupe et tue quatre hommes avant d'être maîtrisé. Il perd connaissance et ne retrouve sa lucidité que deux jours plus tard. Le règne de Charles devient alors une alternance de périodes de folie et de rémission durant lesquelles il s'efforce de gouverner.

La scène est matinale et la lumière encore brumeuse. La lance inclinée d'un cavalier affaissé sur sa monture en a heurté un autre. Le son effraie le roi qui lève son épée contre le chevalier le plus proche. Un autre ceinture le souverain, dont la monture blanche se cabre. Charles VI se distingue par son armure dorée, son tabard fleurdelisé et son casque couvert de plusieurs rangées de pierres précieuses. La scène est aussi le prétexte à la peinture d'une extraordinaire collection des casques ornés, tous différents les uns des autres, individualisant les chevaliers dans la cohue.

Fr. 2646 f. 153v : Folie de Charles VI
Froissart p.34

 

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« Le roi de France chevauchait ainsi, à la chaleur du soleil, dans cette plaine sablonneuse où il faisait si merveilleusement chaud que jamais, cette saison-là, il n'avait fait aussi chaud auparavant et qu'il ne fit par la suite. Le roi était vêtu d'un justaucorps de velours noir qui l'échauffait beaucoup et il avait sur la tête un simple chaperon de vermeille écarlate avec une guirlande de grosses perles blanches que la reine sa femme lui avait donné quand il avait pris congé d'elle. L'un de ses pages chevauchait derrière lui et portait sur la tête un petit casque de Montauban tout d'acier fin, clair et net, qui resplendissait au soleil. Derrière ce page, un autre chevauchait, portant une lance vermeille garnie d'un fanion de soie, ainsi que pour le roi, dont le fer était d'acier large, clair et fin. Le sire de la Rivière, du temps où il séjourna à Toulouse, en avait fait forger une douzaine et c'était l'une d'elles, car il avait donné toutes les douze au roi, qui en avait donné trois au duc d'Orléans, et trois au duc de Bourbon. Alors que la chevauchée allait comme je vous le décris, il arriva, comme cela arrive aux jeunes pages par la faute de leurs chevaux ou par leur négligence, que le page portant la lance du roi sans y penser quitta son rang ou s'endormit. Il laissa tomber sa lance qui heurta le casque d'acier de l'autre page. Le choc de l'acier résonna très haut. Le roi était si près que les pages chevauchaient aux sabots de son cheval. Il tressaillit soudainement, son esprit frémit car il avait encore dans l'imagination l'impression des paroles que l'homme, fol ou sage, lui avait dites dans la forêt du Mans. Le roi eut comme la vision d'une foule d'ennemis courant sur lui pour le tuer. Abusé, égaré à cause de la faiblesse de sa tête, il s'élança en éperonnant son cheval et, tirant son épée, il se tourna contre ses pages, sans reconnaître plus personne, croyant bien être dans une bataille, entouré de ses ennemis. Levant haut son épée pour frapper sans se soucier sur qui tomberait le coup, il s'écria : « En avant, en avant, sus aux traîtres ! »

Les pages virent le roi enflammé et prirent peur, à bonne cause, croyant l'avoir courroucé par leur désordre. Ils éperonnèrent leurs chevaux, l'un ici et l'autre là. Le duc d'Orléans n'était pas pour lors très loin du roi qui se dirigea droit vers lui l'épée toute nue. Déjà, par suite de sa frénésie et de la faiblesse de sa tête, il ne reconnaissait plus personne et ne savait qui était son frère ni son oncle. Le duc d'Orléans le vit venir vers lui, l'épée toute nue, il s'effraya et, à bonne cause, ne voulut pas attendre. Il éperonna en hâte son cheval, suivi par le roi.

Le duc de Bourgogne chevauchait de côté. Voyant l'effroi des chevaux, ayant déjà entendu crier les pages du roi, il jeta son regard dans cette direction et reconnut le roi qui, l'épée toute nue, pourchassait son frère. Épouvanté, et à bonne cause, il dit : « Haro, le grand malheur ! Monseigneur est tout égaré. Pour Dieu, vite ! Qu'on le prenne ! » Puis encore : « Fuyez, beau neveu d'Orléans, fuyez, Monseigneur veut vous tuer. » Le duc d'Orléans, je vous le dis, n'était pas bien assuré et à la vérité fuyait aussi vite que le cheval pouvait aller, chevaliers et écuyers derrière lui. On commença à crier et à tirer de ce côté. Les plus éloignés, chevauchant à droite et à gauche, croyaient qu'on chassait le loup ou le lièvre, mais apprirent que c'était le roi qui était mal en point.

Toutefois le duc d'Orléans se sauva, tant il tourna et tournoya, et aussi on l'y aida. Chevaliers, écuyers et gens d'armes firent la haie tout autour du roi et le laissèrent se lasser et s'épuiser. Plus il courait et se travaillait, plus il s'affaiblissait. Quand il venait sur un homme, fût-il chevalier ou écuyer, celui-ci se laissait choir devant le coup. Je n'ai pas entendu dire qu'il y eût des morts dans cette attaque, mais le roi en abattit plusieurs, car personne ne se mit en défense. Finalement, le roi étant bien lassé et travaillé, son cheval bien foulé, l'un et l'autre tout suants de chaleur et d'ardeur, un chevalier de Normandie, son chambellan, que le roi aimait fort, messire Guillaume Martel, vint par-derrière, le prit dans ses bras alors qu'il avait l'épée à la main et le tint tout court. Alors tous les autres seigneurs approchèrent, on lui ôta son épée, on le descendit de cheval et on le coucha tout doucement, puis on lui enleva son justaucorps pour le rafraîchir. Ses trois oncles et son frère vinrent vers lui, mais il ne les reconnut pas et ne leur fit nul semblant d'amour ni d'accointance. Les yeux lui tournaient merveilleusement dans la tête et à personne il ne parlait. »

 
Froissart p.35

 

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« Le 29 janvier 1393 eut lieu le mariage d'un jeune chevalier de Vermandois et d'une des demoiselles de la reine. Tous deux étant de l'hôtel du roi et de la reine, les seigneurs, les dames et demoiselles, tout l'hôtel s'en réjouirent et pour cela le roi voulut faire les noces. Elles se firent en l'hôtel Saint-Paul à Paris, bonnes gens et seigneurs y vinrent à foison. Y furent les ducs d'Orléans, de Berry, de Bourgogne et leurs femmes. Tout le jour des noces on dansa et mena grande joie. Le roi offrit le souper aux dames et la reine de France tint l'état. Chacun, voyant comme le roi s'en donnait de soins, s'efforçait de montrer sa joie.

Un écuyer d'honneur en l'hôtel du roi, son proche parent, Hugonin de Guisay, originaire de Normandie, s'avisa d'arranger un divertissement pour plaire au roi et aux dames. Ce que c'était, je vais vous le dire. Le jour des noces, le mardi avant la Chandeleur, sur le soir, il fit préparer et mettre à part dans une chambre six cottes de toile, il les fit recouvrir de lin effiloché en forme et couleur de cheveux. Il en fit revêtir une au roi, une autre au comte de Joigny et on les mit très bien à leur taille. Messire Charles de Poitiers, fils du comte de Valentinois, messire Yvain de Galles, le bâtard de Foix, en vêtirent d'autres. Un jeune chevalier, fils du seigneur de Nantouillet porta la cinquième et Hugonin de Guisay la sixième. Tous les six ainsi vêtus de ces cottes ajustées à leur taille, fermées et cousues sur eux, ressemblaient à des hommes sauvages, couverts de poils de la tête à la plante des pieds.[…]

L'huissier commanda très expressément au nom du roi à tous les porteurs de torches et de flambeaux de se mettre en retrait le long des murs et que nul n'approchât en dansant jusqu'au départ de six hommes sauvages qui devaient venir. Ce commandement fut entendu et respecté. Tous les porteurs de torches se retirèrent de côté et la salle fut dégagée, il n'y demeura que les dames et les demoiselles, les chevaliers et les écuyers qui dansaient.

 Peu après vint le duc d'Orléans. Il entra dans la salle en compagnie de quatre chevaliers et six torches seulement, sans rien savoir de l'ordre du roi ni des six hommes sauvages qui devaient arriver. Il se mit à regarder les danses et les dames, puis lui-même commença à danser. A ce moment-là vint le roi de France, avec ses cinq compagnons déguisés en hommes sauvages comme je l'ai dit, couverts de poils de lin aussi fins que des cheveux, de la tête aux pieds. Pas un homme, pas une femme ne pouvait les reconnaître, et les cinq compagnons étaient attachés les uns aux autres, tandis que le roi, devant, menait la danse.

 Quand ils entrèrent dans la salle, on fut si occupé à les regarder que personne ne pensa aux torches et aux flambeaux. Le roi, qui était en tête, se sépara de ses compagnons, ce qui fut pour lui une grande chance ; et il alla auprès des dames pour se faire voir, comme l'y incitait sa jeunesse. Il passa devant la reine et alla à la duchesse de Berry, qui était sa tante et la plus jeune. La duchesse le retint par jeu et voulut savoir qui il était ; mais le roi qui était devant elle ne voulut pas dire son nom. Alors la duchesse de Berry déclara : « Vous ne m'échapperez pas tant que je ne saurai pas votre nom. » A ce moment-là, arriva le plus grand des malheurs, et totalement par la faute du duc d'Orléans qui en fut la cause, quoiqu'il ait agi sous l'impulsion de la jeunesse et de l'ignorance ; car s'il avait considéré et prévu le malheur qu'entraîna son geste, il ne l'aurait fait pour rien au monde. Il voulut absolument savoir qui étaient ces hommes. Pendant que les cinq hommes sauvages dansaient, il abaissa la torche que tenait devant lui un de ses valets et la tint si près de l'un d'eux que la chaleur du feu se communiqua au lin. Vous savez qu'il n'y a plus rien à faire quand le lin est enflammé, et qu'il prend feu très vite. La flamme chauffa la poix qui faisait tenir le lin sur la toile. Les chemises enduites de poix et recouvertes de lin étaient sèches et bien ajustées sur les corps : elles se mirent à brûler ; et ceux qui les avaient revêtues, saisis de terreur, commencèrent à pousser de grands cris déchirants. Et le malheur s'aggravait encore de ce que personne n'osait s'approcher d'eux. [...]

La duchesse de Berry arracha le roi à ce péril, car elle le protégea de sa robe et le recouvrit pour le protéger du feu. Comme le roi voulait se dégager de force, elle lui demanda : « Où voulez-vous aller ? » « Je suis le roi » répondit-il. « Ah ; Monseigneur, allez vite vous changer et faites en sorte que la reine vous voie, car elle est en grande peine pour vous. » A ces mots, le roi sortit de la salle et alla dans sa chambre. Il se fit déshabiller et rhabiller le plus rapidement possible et se rendit auprès de la reine. »

 
Le bal des Ardents.

Fr. 2646 f. 176 : Bal des Ardents

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Le 28 janvier 1393, on donne un bal masqué à l'occasion du mariage d'une demoiselle d'honneur de la reine Isabeau de Bavière. Le roi Charles VI et cinq seigneurs se déguisent en "sauvages". Pour cela, ils revêtent une chemise de lin sur laquelle on a collé, avec de la poix, des touffes de lin effiloché, matières hautement inflammables. La fête bat son plein quand, pour mieux voir les costumes, le duc d'Orléans approche une torche. Les hommes s'enflamment comme papier. C'est la confusion. Tandis que la reine perd connaissance, la duchesse de Berry enveloppe le roi dans sa longue robe, étouffant ainsi les flammes. Les compagnons du roi n'ont pas cette chance et périssent tous les cinq. Déjà très fragile mentalement, Charles VI sombre définitivement dans la folie après cet épisode tragique.

Scène nocturne éclairée par les bougies et les flambeaux, présentée selon une perspective plongeante. Les seigneurs déguisés en hommes sauvages se contorsionnent au centre de la pièce, les flammes dévorant l'étoupe de leur déguisement. Deux témoins plongent des écuelles dans une cuve d'eau pour en asperger les victimes, d'autres se détournent, d'autres encore assistent impuissants à la scène. Le roi se trouve parmi eux, sauvé par la jeune duchesse de Berry qui le recouvre de son manteau. La reine quant à elle se tord les mains. Les musiciens effarés se penchent à la tribune. L'éclat rouge des tentures, la pénombre et les personnages en ombres chinoises renforcent encore l'intensité de la scène.

Fr. 2646 f. 176 : Bal des Ardents
Froissart p.35

 

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« Le 29 janvier 1393 eut lieu le mariage d'un jeune chevalier de Vermandois et d'une des demoiselles de la reine. Tous deux étant de l'hôtel du roi et de la reine, les seigneurs, les dames et demoiselles, tout l'hôtel s'en réjouirent et pour cela le roi voulut faire les noces. Elles se firent en l'hôtel Saint-Paul à Paris, bonnes gens et seigneurs y vinrent à foison. Y furent les ducs d'Orléans, de Berry, de Bourgogne et leurs femmes. Tout le jour des noces on dansa et mena grande joie. Le roi offrit le souper aux dames et la reine de France tint l'état. Chacun, voyant comme le roi s'en donnait de soins, s'efforçait de montrer sa joie.

Un écuyer d'honneur en l'hôtel du roi, son proche parent, Hugonin de Guisay, originaire de Normandie, s'avisa d'arranger un divertissement pour plaire au roi et aux dames. Ce que c'était, je vais vous le dire. Le jour des noces, le mardi avant la Chandeleur, sur le soir, il fit préparer et mettre à part dans une chambre six cottes de toile, il les fit recouvrir de lin effiloché en forme et couleur de cheveux. Il en fit revêtir une au roi, une autre au comte de Joigny et on les mit très bien à leur taille. Messire Charles de Poitiers, fils du comte de Valentinois, messire Yvain de Galles, le bâtard de Foix, en vêtirent d'autres. Un jeune chevalier, fils du seigneur de Nantouillet porta la cinquième et Hugonin de Guisay la sixième. Tous les six ainsi vêtus de ces cottes ajustées à leur taille, fermées et cousues sur eux, ressemblaient à des hommes sauvages, couverts de poils de la tête à la plante des pieds.[…]

L'huissier commanda très expressément au nom du roi à tous les porteurs de torches et de flambeaux de se mettre en retrait le long des murs et que nul n'approchât en dansant jusqu'au départ de six hommes sauvages qui devaient venir. Ce commandement fut entendu et respecté. Tous les porteurs de torches se retirèrent de côté et la salle fut dégagée, il n'y demeura que les dames et les demoiselles, les chevaliers et les écuyers qui dansaient.

 Peu après vint le duc d'Orléans. Il entra dans la salle en compagnie de quatre chevaliers et six torches seulement, sans rien savoir de l'ordre du roi ni des six hommes sauvages qui devaient arriver. Il se mit à regarder les danses et les dames, puis lui-même commença à danser. A ce moment-là vint le roi de France, avec ses cinq compagnons déguisés en hommes sauvages comme je l'ai dit, couverts de poils de lin aussi fins que des cheveux, de la tête aux pieds. Pas un homme, pas une femme ne pouvait les reconnaître, et les cinq compagnons étaient attachés les uns aux autres, tandis que le roi, devant, menait la danse.

 Quand ils entrèrent dans la salle, on fut si occupé à les regarder que personne ne pensa aux torches et aux flambeaux. Le roi, qui était en tête, se sépara de ses compagnons, ce qui fut pour lui une grande chance ; et il alla auprès des dames pour se faire voir, comme l'y incitait sa jeunesse. Il passa devant la reine et alla à la duchesse de Berry, qui était sa tante et la plus jeune. La duchesse le retint par jeu et voulut savoir qui il était ; mais le roi qui était devant elle ne voulut pas dire son nom. Alors la duchesse de Berry déclara : « Vous ne m'échapperez pas tant que je ne saurai pas votre nom. » A ce moment-là, arriva le plus grand des malheurs, et totalement par la faute du duc d'Orléans qui en fut la cause, quoiqu'il ait agi sous l'impulsion de la jeunesse et de l'ignorance ; car s'il avait considéré et prévu le malheur qu'entraîna son geste, il ne l'aurait fait pour rien au monde. Il voulut absolument savoir qui étaient ces hommes. Pendant que les cinq hommes sauvages dansaient, il abaissa la torche que tenait devant lui un de ses valets et la tint si près de l'un d'eux que la chaleur du feu se communiqua au lin. Vous savez qu'il n'y a plus rien à faire quand le lin est enflammé, et qu'il prend feu très vite. La flamme chauffa la poix qui faisait tenir le lin sur la toile. Les chemises enduites de poix et recouvertes de lin étaient sèches et bien ajustées sur les corps : elles se mirent à brûler ; et ceux qui les avaient revêtues, saisis de terreur, commencèrent à pousser de grands cris déchirants. Et le malheur s'aggravait encore de ce que personne n'osait s'approcher d'eux. [...]

La duchesse de Berry arracha le roi à ce péril, car elle le protégea de sa robe et le recouvrit pour le protéger du feu. Comme le roi voulait se dégager de force, elle lui demanda : « Où voulez-vous aller ? » « Je suis le roi » répondit-il. « Ah ; Monseigneur, allez vite vous changer et faites en sorte que la reine vous voie, car elle est en grande peine pour vous. » A ces mots, le roi sortit de la salle et alla dans sa chambre. Il se fit déshabiller et rhabiller le plus rapidement possible et se rendit auprès de la reine. »

 
Le bal des Ardents.

Fr. 2646 f. 176 : Bal des Ardents

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Le 28 janvier 1393, on donne un bal masqué à l'occasion du mariage d'une demoiselle d'honneur de la reine Isabeau de Bavière. Le roi Charles VI et cinq seigneurs se déguisent en "sauvages". Pour cela, ils revêtent une chemise de lin sur laquelle on a collé, avec de la poix, des touffes de lin effiloché, matières hautement inflammables. La fête bat son plein quand, pour mieux voir les costumes, le duc d'Orléans approche une torche. Les hommes s'enflamment comme papier. C'est la confusion. Tandis que la reine perd connaissance, la duchesse de Berry enveloppe le roi dans sa longue robe, étouffant ainsi les flammes. Les compagnons du roi n'ont pas cette chance et périssent tous les cinq. Déjà très fragile mentalement, Charles VI sombre définitivement dans la folie après cet épisode tragique.

Scène nocturne éclairée par les bougies et les flambeaux, présentée selon une perspective plongeante. Les seigneurs déguisés en hommes sauvages se contorsionnent au centre de la pièce, les flammes dévorant l'étoupe de leur déguisement. Deux témoins plongent des écuelles dans une cuve d'eau pour en asperger les victimes, d'autres se détournent, d'autres encore assistent impuissants à la scène. Le roi se trouve parmi eux, sauvé par la jeune duchesse de Berry qui le recouvre de son manteau. La reine quant à elle se tord les mains. Les musiciens effarés se penchent à la tribune. L'éclat rouge des tentures, la pénombre et les personnages en ombres chinoises renforcent encore l'intensité de la scène.

Fr. 2646 f. 176 : Bal des Ardents
Charles VI et sa fille Isabelle promise à Richard II d’Angleterre (1396)

Fr. 2646 f. 245v : Charles VI et sa fille Isabelle promise à Richard II d'Angleterre (1396)

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Le roi d'Angleterre Richard II cherche à établir une paix durable avec la France. Les négociations achoppent sur le statut de Calais et c'est finalement une trêve qui est signée en 1396 et qui va durer 28 ans. Le traité prévoit le mariage de Richard avec Isabelle de Valois, fille de Charles VI. Des craintes entourent ce mariage car la princesse, âgée de six ans, ne peut donner naissance à un héritier avant de longues années. De fait, elle ne donnera jamais d'héritier à la couronne d'Angleterre car Richard II est destitué en 1399 et assassiné l'année suivante.

La promesse de mariage est figurée au sens propre. Entre deux tentes aux couleurs française et anglaise, Charles VI fiance sa fille Isabelle à Richard II. Les soldats des deux partis s'agenouillent, épées au clair, pour rendrent hommage. La princesse, âgée de sept ans seulement, a l'apparence d'une femme. L'artiste synthétise en une scène, les négociations sur le mariage et l'entrevue des deux rois qui se tint près de Saint-Omer.

Fr. 2646 f. 245v : Charles VI et sa fille Isabelle promise à Richard II d'Angleterre (1396)
Froissart p.38

 

 
Charles VI et sa fille Isabelle promise à Richard II d’Angleterre (1396)

Fr. 2646 f. 245v : Charles VI et sa fille Isabelle promise à Richard II d'Angleterre (1396)

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Le roi d'Angleterre Richard II cherche à établir une paix durable avec la France. Les négociations achoppent sur le statut de Calais et c'est finalement une trêve qui est signée en 1396 et qui va durer 28 ans. Le traité prévoit le mariage de Richard avec Isabelle de Valois, fille de Charles VI. Des craintes entourent ce mariage car la princesse, âgée de six ans, ne peut donner naissance à un héritier avant de longues années. De fait, elle ne donnera jamais d'héritier à la couronne d'Angleterre car Richard II est destitué en 1399 et assassiné l'année suivante.

La promesse de mariage est figurée au sens propre. Entre deux tentes aux couleurs française et anglaise, Charles VI fiance sa fille Isabelle à Richard II. Les soldats des deux partis s'agenouillent, épées au clair, pour rendrent hommage. La princesse, âgée de sept ans seulement, a l'apparence d'une femme. L'artiste synthétise en une scène, les négociations sur le mariage et l'entrevue des deux rois qui se tint près de Saint-Omer.

Fr. 2646 f. 245v : Charles VI et sa fille Isabelle promise à Richard II d'Angleterre (1396)
Froissart p.38

 

 
Bâyezid Ier massacrant les prisonniers chrétiens (1396)

Fr. 2646 f. 255v : Bâyezid Ier massacrant les prisonniers chrétiens

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Tandis que le Grand Schisme d'Occident déchire la Chrétienté, le sultan ottoman Bayezid Ier (connu en français sous le nom de Bajazet) se lance dans la conquête des Balkans.

L'empereur du Saint-Empire germanique, Sigismond Ier, prend la tête d'une croisade dans le but de repousser les Ottomans au-delà du Bosphore. Il est défait le 25 septembre 1396 lors de la bataille de Nicopolis. En représailles des mille otages de Rachova exécutés par les croisés et des lourdes pertes subies par son armée, le sultan fait massacrer la plupart des prisonniers chrétiens, soit environ trois mille. Seuls les plus fortunés sont épargnés et réduits en esclavage dans l'attente du paiement de rançons très élevées : le duc de Bourgogne Philippe le Hardi doit ainsi payer la somme astronomique de 100 000 florins pour la libération de son fils Jean.

Massacre des prisonniers fait à Nicopolis. Leurs corps gisent nus, décapités, tailladés ou amputés. Le grand Turc trône devant sa tente, face à quelques captifs en chemise qu'il envoie à leur tour à la mort. Les graciés, en retrait, ont gardé leur armure. Les Turcs affichent des costumes bigarrés aux couleurs vives.

Fr. 2646 f. 255v : Bâyezid Ier massacrant les prisonniers chrétiens
Froissart : page de fin

 

 
Bâyezid Ier massacrant les prisonniers chrétiens (1396)

Fr. 2646 f. 255v : Bâyezid Ier massacrant les prisonniers chrétiens

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Tandis que le Grand Schisme d'Occident déchire la Chrétienté, le sultan ottoman Bayezid Ier (connu en français sous le nom de Bajazet) se lance dans la conquête des Balkans.

L'empereur du Saint-Empire germanique, Sigismond Ier, prend la tête d'une croisade dans le but de repousser les Ottomans au-delà du Bosphore. Il est défait le 25 septembre 1396 lors de la bataille de Nicopolis. En représailles des mille otages de Rachova exécutés par les croisés et des lourdes pertes subies par son armée, le sultan fait massacrer la plupart des prisonniers chrétiens, soit environ trois mille. Seuls les plus fortunés sont épargnés et réduits en esclavage dans l'attente du paiement de rançons très élevées : le duc de Bourgogne Philippe le Hardi doit ainsi payer la somme astronomique de 100 000 florins pour la libération de son fils Jean.

Massacre des prisonniers fait à Nicopolis. Leurs corps gisent nus, décapités, tailladés ou amputés. Le grand Turc trône devant sa tente, face à quelques captifs en chemise qu'il envoie à leur tour à la mort. Les graciés, en retrait, ont gardé leur armure. Les Turcs affichent des costumes bigarrés aux couleurs vives.

Fr. 2646 f. 255v : Bâyezid Ier massacrant les prisonniers chrétiens
Froissart : page de fin

 

 
Froissart : couverture verso
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Écrites en français par Jean Froissart entre 1369 et 1373, ces Chroniques de l'histoire médiévale couvrent les années 1322-1400. Elles demeurent, malgré quelques approximations chronologiques ou géographiques, une des sources narratives essentielles pour la connaissance du monde occidental au XIVe siècle. Les événements de la guerre de Cent Ans, conflit désastreux qui opposa les royaumes de France et d’Angleterre, occupent une grande partie du récit, mais Froissart raconte aussi les révoltes populaires et les difficultés économiques qui ont marqué cette période du Moyen Âge. Plus de cent manuscrits des Chroniques de Froissart subsistent aujourd’hui. Divisées en quatre livres, elles sont ici réunies en un volume par une sélection de feuillets des mss Fr 2643-2646.