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L’Autre en images

La photographie anthropologique au 19e siècle
Planche anthropologique de « types » Indiens
Planche anthropologique de « types » Indiens

Bibliothèque nationale de France / Société de géographie

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Au 19e siècle, alors que les sciences se spécialisent en plusieurs disciplines, géographie et anthropologie se constituent en savoir indépendants et se différencient l'une de l'autre. Pourtant, dans la pratique photographique, on différencie peu les hommes des paysages ou des monuments : tous témoignent d'une facette de l'ailleurs, qu'il convient d'étudier scientifiquement.
Deux professeurs juifs en Inde
Deux professeurs juifs en Inde |

Bibliothèque nationale de France / Société de géographie

Avant le début du 19e siècle, les géographes s’intéressaient autant aux sociétés qu’aux milieux ou aux paysages. D’ailleurs, Jean Louis Armand de Quatrefages et le prince Roland Bonaparte, qui présidèrent la Société de géographie, furent aussi des membres éminents de la Société d’anthropologie de Paris. Le premier fut même titulaire de la chaire d’anthropologie au Muséum d’histoire naturelle.

Ce n’est pourtant pas avant l’institutionnalisation académique de la géographie et la naissance de l’école française de géographie, sous la tutelle de Paul Vidal de La Blache, que se précise une conception de la discipline qui la démarque de l’anthropologie physique, de l’ethnologie et de la sociologie : « La géographie est la science des lieux et non celle des hommes. » Aussi, avant la fin du 19e siècle, la Société de géographie cherche-t-elle à se procurer des photographies d’êtres humains autant que de lieux par des appels à dons qu’elle publie régulièrement dans son Bulletin. Certains ensembles de photographies anthropologiques se retrouvent ainsi à la fois dans les collections de la Société de géographie et dans celles du musée de l’Homme.

On photographie les hommes comme on prend des clichés d’hiéroglyphes ou de montagnes : pour rapporter une documentation sur laquelle travailler, et qu’on ne peut sur place collecter par d’autres moyens de façon aussi rapide, objective et complète. Les clichés d’« indigènes » s’inscrivent pourtant dans une histoire des représentations particulière. D’une part, le projet taxonomique linnéen étendu à l’espèce humaine et l’expansion coloniale instituent dans la seconde moitié du 19e siècle la « race » comme enjeu scientifique et politique majeur. D’autre part, si les premiers clichés anthropologiques (qui datent des années 1840) suivent de peu l’invention de la photographie, ils ne s’en inscrivent pas moins dans deux traditions et genres spécifiques : le portrait (du nu au portrait de cour) et la scène exotique, dont certaines règles ont déjà été établies par la peinture, orientaliste notamment. Ce contexte scientifique, politique et artistique conduit à la production de deux grandes catégories d’images de l’Autre : le « type » anthropologique et la scène ethnographique.

Provenance

Cet article provient du site Trésors photographiques de la Société de géographie (2007).

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