Fol. 40
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Ysengrin se laisse convaincre par Renart de descendre à son tour dans le puits
« … Au même moment, Ysengrin quittait sa lande en quête de nourriture. Sur son chemin, il tombe sur le puits où Renart le rouquin se languit. Comme lui, il se penche sur la margelle et comme lui, voit dans son reflet Dame Hersant, son épouse bien aimée, en compagnie de Renart ! "Quel sort cruel que le mien, se dit-il. Je suis outragé, déshonoré, par ma femme que Renart a entraînée avec lui dans ce puits." Renart le laisse insulter sa dame un moment puis l'appelle :
– "Je suis feu Renart, jadis votre compère, moi qui était le maître des ruses. Maintenant mon âme est entre les mains du seigneur. Pardonnez-moi, compère, des mauvais tours que je vous ai joués.
– J'y consens, dit Ysengrin, que toutes vos fautes vous soient pardonnées. Mais votre mort m'afflige, cher compère.
– Moi, au contraire, j'en suis ravi. Mon âme est ici au paradis. Il y a là des prés, des bois, des champs, des prairies, d'immenses richesses, et quantité de vaches, de bœufs, de brebis, de lièvres, de moutons..."
Ysengrin jure qu'il voudrait bien lui aussi s'y trouver. Mais Renart lui répond qu'il ne le mérite pas, l'ayant toujours soupçonné au sujet de sa femme alors que, maintenant qu'il est au paradis il peut affirmer ne lui avoir jamais manqué de respect. Ysengrin est prêt à le croire et à tout lui pardonner pourvu qu'il puisse lui aussi pénétrer dans ce lieu.
– "Ici vous pouvez voir la fameuse balance, celle qui pèse le Bien et le Mal, lui dit Renart en montrant le sceau du doigt. Lorsque le Bien l'emporte, la balance descend jusqu'ici, alors que le Mal reste là-haut. Mais avant d'y monter, tu dois confesser tes péchés."… »