Paul Verlaine

Poète maudit : l’expression a été inventée par Verlaine ; il l’a incarnée toute son existence

Né en 1844, fils de militaire, Paul Verlaine se rapproche du groupe des Parnassiens dès le début des années 1860. Grâce à eux, il commence à publier de la poésie, sans adhérer entièrement à l’idée de l’art pour l’art ou au rejet du romantisme. Ses premiers recueils, Poëmes saturniens (1866), Fêtes galantes (1869) n’attirent que peu l’attention. Sauf celle d’un jeune homme de Charleville​ : Arthur Rimbaud, qui écrit au poète. « Venez, chère grande âme, on vous appelle, on vous attend », lui répond-on.  

En proie, dès sa jeunesse, à un alcoolisme qui le rend violent, Paul Verlaine est alors marié à une jeune femme, Mathilde Mauté, rencontrée en 1869 et épousée l’année suivante. Qu’importe. Lorsque Rimbaud débarque, en septembre 1871, il emporte tout​ : l’amour, la poésie, le poète lui-même. Verlaine et lui forment un couple qui fait scandale, s’enfuient en Belgique, puis à Londres. Là, Verlaine compose les Romances sans paroles, probablement son œuvre la plus originale. Il casse le vers et la forme, s’attache à l’impression, à la sensation, à la musicalité, dans une œuvre quasi-impressionniste.

Mais ses relations avec Rimbaud sont orageuses. Verlaine part en Belgique, Rimbaud le suit ; Verlaine, sous l’emprise de l’alcool, tire sur son ami et le blesse légèrement, le 10 juillet 1873. C’est la fin de leur liaison, la prison pour Verlaine, dont la peine est aggravée par son homosexualité et son engagement – très modeste – lors de la Commune de Paris. Cette expérience le marque fortement. Il divorce en 1874.

Sorti, il se dit « converti », publie des recueils à caractère mystique et religieux, comme Sagesse (1881), Jadis et Jamais (1884) et Parallèlement (1889). Il retombe néanmoins rapidement dans l’alcoolisme, voit sa santé se détériorer, fait de nombreux séjours à l’hôpital, tout en continuant d’écrire et de publier. Mort dans la misère, il est célébré depuis comme l'un des poètes les plus novateurs de son temps, et ses vers toujours musicaux ont inspiré de nombreux compositeurs.