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Le déchiffrement du cunéïforme

Relevé d’écritures cunéiformes sur un bas-relief de Persépolis
Relevé d’écritures cunéiformes sur un bas-relief de Persépolis

Bibliothèque nationale de France

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Le cunéïforme n'est pas une langue : c'est un système d'écriture caractérisé par la forme « en clou »qui permet de tracer ses signes. Depuis sa naissance au 3e millénaire av. J.-C. et jusqu'à sa disparition au 1er millénaire ap. J.-C., il a permis de noter des chiffres, puis de nombreux idiomes, certains mésopotamiens (sumérien, akkadien), certains étrangers (hittite, hourite, élamite, vieux perse).

Jusqu’au 19e siècle, le secret des signes cunéiformes est resté perdu. Ce sont les inscriptions trilingues gravées par les rois perses achéménides à Persépolis et à Behistun (en Iran) qui ont permis les premiers déchiffrements. Le même texte s’y trouve dans les trois langues de l’Empire perse : le vieux-perse, l’élamite et l’akkadien.

Le vieux-perse

En 1846, le diplomate militaire anglais Henry Creswicke Rawlinson parachève le déchiffrement du vieux-perse amorcé par l’Allemand Grotefend. Au péril de sa vie, il escalade la très haute falaise des monts Zagros, le « rocher de Behistun », grimpe sur des corniches et se fait suspendre par des cordes aux saillies du rocher pour pouvoir copier et mouler avec du papier mâché humide les grandes inscriptions à la gloire du roi Darius Ier. Il raconte lui-même son exploit :

Debout sur la plus haute marche de l'échelle, sans autre support que mon corps maintenu le plus près possible du rocher à l'aide du bras gauche, tandis que ma main gauche tenait un carnet de notes et la droite un crayon, je copiai ainsi les inscriptions supérieures, et l'intérêt de mon occupation m'enlevait tout sens du danger.

Henry Creswicke Rawlinson

Le déchiffrement de l’akkadien

Le déchiffrement de l’akkadien a donné lieu à des compétitions entre savants de toute l’Europe. Une confrontation des résultats obtenus par quatre chercheurs, organisée en 1857 par la Royal Asiatic Society de Londres, a démontré que « les portes de l’écriture cunéiforme étaient officiellement ouvertes ». Après la découverte de syllabaires et de dictionnaires bilingues - dont certains portent des graphies plus archaïques - parmi les tablettes exhumées dans la bibliothèque du roi d’Assyrie Assurbanipal, à Ninive, on s’est aperçu que les signes cunéiformes avaient été inventés pour noter une langue plus ancienne, disparue de la mémoire des hommes, le sumérien, du nom du pays de Sumer dont les ruines devaient livrer ce qui est peut-être la plus ancienne écriture de l’humanité.

L'élamite

Pour l’élamite, des essais d’interprétation ont été proposés dès 1851, mais cette langue présente toujours des difficultés de lecture, car l'écriture est peu adaptée à sa phonologie. En 2022, l’archéologue François Desset, en proposant un déchiffrement de l'écriture élamite linéaire, a amélioré notre connaissance des sons de l'élamite. Le cunéïforme ne disposant pas de certains sons spécifique à l'élamite, les scribes devaient utiliser des sons avoisinants, donnant plusieurs orthographes pour un même mot.

Provenance

Cet article provient du site L’aventure des écritures (2002) et a été révisé en 2022.

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