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Le mythe de naissance de l’écriture en Mésopotamie

Nabu
Nabu
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« De tous les métiers humains dont le dieu Enlil a nommé les noms, il n’a nommé le nom d’aucun métier plus difficile que l’art du scribe… »

Dans les mythes mésopotamiens, Enki, le maître de la sagesse et le plus intelligent des dieux du panthéon sumérien, est celui qui a créé tous les archétypes de la civilisation. Cela donne à l’écriture une origine divine. Néanmoins, c’est au dieu Nabu et à son épouse Tashmeton que les Mésopotamiens attribuaient l’invention de l’écriture.

Au début de chaque année, les dieux s’assemblaient dans l’Oupshousteira, le sanctuaire des destins. Marduk détachait de sa poitrine la « tablette aux destins ». Il la confiait à son fils Nabu pour qu’il y grave les arrêts des dieux, réglant ainsi pour un an le sort de chaque mortel. Nabu pouvait à son gré augmenter ou diminuer le nombre de jours assigné à chacun. Muni du stylet, du ciseau et de la tablette à graver, Nabu est donc « sauveur des dieux et créateur des hommes ».

Le dieu Nabu, le scribe de l’univers m’a fait présent de sa sagesse..., j’ai appris les connaissances que le sage Adapa a apportées auxhommes ; les trésors cachés du savoir des scribes..., j’ai été initié aux présages du ciel et de la terre..., j’ai résolu les divisions et les multiplications compliquées qui défient l’entendement... et je sais déchiffrer les pierres inscrites d’avant le Déluge qui sont hermétiques, sombres et embrouillées.

Assubanipal, roi d’Assyrie

Aux côtés de Nabu, Nisaba, sœur d’Enki, a la garde de l’écriture :

Ma noble sœur, la sainte Nisaba, a reçu la règle à mesurer et garde à son côté l'étalon de lazulite ; elle diffuse les grands pouvoirs, fixe les frontières, marque les bornes, elle est devenue la secrétaire du pays...

D’après Enki et l’ordre du monde, mythe sumérien

Une légende attribue également l’invention du message écrit au souverain de la cité-État sumérienne d’Uruk. Le poème épique d’Enmerkar et le seigneur d’Aratta raconte en effet comment le roi-prêtre Enmerkar ouvrit la route caravanière terrestre du lapis-lazuli venu des mines d’Afghanistan. Le contexte poétique fait référence à un épisode historique que nous pouvons situer aux alentours de 3000 av. J.-C.

En Iran existait une cité prospère du nom d'Aratta ; Enmerkar envoya au seigneur de cette ville un messager chargé de lui réclamer des matériaux précieux qui lui manquaient pour reconstruire le grand temple de la déesse Inanna ; les deux souverains n'arrivant pas à trouver un accord, le messager dut effectuer plusieurs allers et retours entre les deux cités séparées par sept chaînes de montagnes. Mais, au bout de quelques voyages, l'envoyé d'Enmerkar, fatigué, fut incapable de répéter un message qui était trop long ; alors, le seigneur d'Uruk écrivit ses volontés sur une tablette d'argile : il lissa l'argile avec les mains, en forme de tablette, et il y déposa les paroles ; jusque-là, personne n'avait déposé des paroles sur l'argile. » Étrangement, lorsque le messager apporta la tablette au seigneur d'Aratta, ce dernier comprit le sens du message, même s'il fut légèrement dérouté par sa forme : « Le seigneur d'Aratta prit le morceau d'argile du messager ; le seigneur d'Aratta regarda l'argile et fronça les sourcils ; les mots étaient de (simples) clous.

Emmerkar et le seigneur d’Aratta

Provenance

Cet article provient du site L’aventure des écritures (2002).

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