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Les mille et une écritures persanes

Album de calligraphies persanes
Album de calligraphies persanes

© Bibliothèque nationale de France

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Il n'existe pas d'écriture persane : au cours de l'histoire, les langues iraniennes ont emprunté leur écriture aux peuples voisins. Ainsi diverses écritures se sont-elles succédé, toutes largement inaptes à rendre parfaitement compte du système phonologique des parlers iraniens.

Au 6e siècle av. J.-C., c'est l'écriture cunéiforme qui notait le vieux perse, mais les scribes au service des Achéménides, étant le plus souvent araméens, ont préféré l'usage de l'écriture araméenne pour les besoins de la chancellerie. Cette tradition « araméenne » a resurgi sous l'empire des Sassanides (211-645) et c'est alors à nouveau par l'écriture araméenne qu'a été notée la langue de l'empire, le pehlevi, ou plutôt pour chaque mot l'équivalent araméen du radical pehlevi suivi de la désinence persane. Ainsi l'interprétation des textes, parce qu'elle suppose la connaissance de l'araméen, soulève-t-elle mille difficultés. De plus, cette écriture officielle s'est trouvée concurrencée par d'autres écritures sémitiques : pour noter le moyen perse, les juifs ont utilisé les caractères hébraïques, et les chrétiens l'alphabet syriaque.

Au 7e siècle, un nouveau bouleversement s'est produit avec la conquête, en 634, du plateau iranien par les musulmans : la langue arabe a alors supplanté le pehlevi comme langue administrative. L'écriture arabe, écriture du Coran, était entourée de respect par les membres de la chancellerie musulmane. C'est à ces lettrés que l'on doit l'adaptation de l'alphabet arabe pour la notation des textes persans (à partir du 10e siècle), adaptation difficile, certains sons de la langue persane n'existant pas dans l'écriture arabe : ils ont dû être notés par des points sur certaines lettres. De plus, l'écriture arabe distingue les voyelles longues - qui sont notées - et les voyelles brèves - qui ne le sont pas -, là où le riche vocalisme persan repose sur des différences de timbre.

Cela a conduit à un système de notation graphique un peu flou où le même mot peut se lire de plusieurs manières. Mais cette imprécision a permis le déploiement de jeux poétiques raffinés, s'appuyant justement sur l'ambiguïté de l'écriture pour faire fleurir suggestion et mystère.

Provenance

Cet article provient du site L’aventure des écritures (2002).

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