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Le déchiffrement de l’écriture maya

La divinité du Maïs
La divinité du Maïs
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Les Mayas possédaient l’écriture la plus élaborée des civilisations de l’Amérique précolombienne, semblable à celle de l’Égypte ou de la Mésopotamie. Pendant longtemps, elle a résisté à toutes les tentatives de déchiffrement, particulièrement dans sa partie non chronologique.

Depuis les années 80, les chercheurs ont réussi en partie à percer son mystère et à lire un certain nombre de ces textes glyphiques inscrits sur des monuments, des vases ou des codex. Cette écriture appartient à une civilisation qui s’est développée du 3e au 10e siècle apr. J.-C. dans la région sud-est du Mexique, principalement dans la péninsule du Yucatan et dans les hautes terres du Chiapas. Nous la retrouvons au Guatemala dans la région du Peten et des hautes terres, et enfin sur l’actuel territoire du Belize. Cette culture est caractérisée par une société semi-urbaine vivant dans des cités de pierre structurées par des temples, des cours, des palais et des espaces réservés au jeu de balle, sur lesquels sont inscrits des textes glyphiques. Malheureusement, la conquête espagnole a fait disparaître la plupart des codex mayas : seuls quatre nous sont conservés dans les bibliothèques de Dresde, de Madrid et de Paris.

Le nombre total de signes mayas est estimé entre 900 et 1 200, trop élevé pour qu’il s’agisse d’un alphabet ou même d’un système purement syllabique, trop bas pour qu’il s’agisse de simples signes-mots. Aussi la plupart des chercheurs s’accordent-ils pour y voir une écriture logo-syllabique avec utilisation de compléments phonétiques et une table d’environ 80 valeurs syllabiques de type consonne-voyelle.

Durant ces dernières années, une table syllabique de ces différentes valeurs a été dressée. De même, une grammaire a pu être élaborée grâce aux travaux des Américains Linda Schele (1982), Barbara McLeod (1983), Victoria Bricker (1986) et actuellement Stephen Houston, David Stuart et John Robertson (1999).

Dans son ouvrage L’Écriture maya et son déchiffrement (1995), Michel Davoust a présenté un bilan du déchiffrement de cette écriture. De nombreux noms de divinités ont été identifiés dans les codex et sur les monuments comme la divinité du Maïs représentée en entier ou par sa tête de profil, ou la divinité solaire.

La divinité du Maïs
La divinité du Maïs

Sont également déchiffrés les noms de divers personnages historiques. En particulier, il a été possible d’identifier et de reconstituer les dynasties des souverains des sites de Piedras Negras, Palenque, Copan, Yaxchilan, Tikal, Chichen Itza. Grâce à des glyphes de parentés, des lignages ont pu être établis. Les noms de souverains sont souvent accompagnés de titres qui apportent des renseignements sur la hiérarchie sociale de la période classique maya.

Glyphe
Glyphe
Par ailleurs, beaucoup de glyphes d’animaux et de plantes ont été identifiés dans les monuments et les vases :

  • balam « jaguar »
  • til « tapir »
  • tz’i « chien »
  • kuk « quetzal »
  • moo’ « ara »
  • chih « daim »

De la même façon, nous lisons :

  • nal « maïs en tige »
  • cacaw « cacao »
  • naab « lis d’eau »
  • beaucoup de noms d’arbres : yaxche’ « arbre Ceiba » en yucatèque, chacte « arbre acajou ».

La faune et la flore tropicale de la Méso-Amérique sont aussi largement utilisées dans l’écriture maya. Les noms des monuments mayas tels le palais, le temple (ku nah), la maison (otot), la stèle (lacamtun), l’autel, le sarcophage, ou des éléments d’architecture comme l’escalier (eb), la porte (hol), le linteau (pacab). Enfin, des glyphes toponymes ont été identifiés. Les signes et les glyphes peuvent noter également les noms des parties du corps humain : les positions des mains, en particulier, correspondent à un véritable code gestuel.

Il est maintenant possible d’envisager une grammaire complète de l’écriture, comme l’avait fait Champollion pour les hiéroglyphes égyptiens. Dès 1986, la linguiste Victoria Bricker avait présenté une première grammaire succincte, étudiant les flexions nominales et verbales des langues mayas yucatèque et chol, comparées à celles des textes des codex et des monuments. Il est aujourd’hui possible de lire des textes hiéroglyphiques entiers de codex, de monuments et de vases. Comme cela a été le cas pour les autres écritures anciennes, l’accord de plus en plus général des chercheurs sur les lectures phonétiques de ces textes confirme la réussite du déchiffrement de l’écriture maya, grâce au travail collectif et pluridisciplinaire des chercheurs.

Provenance

Cet article provient du site L’aventure des écritures (2002).

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