Le poème figuré de Raban Maur

Raban Maur (780-856), élève préféré d’Alcuin est un moine bénédictin d’une vaste culture qui anime à l’abbaye germanique de Fulda une école importante regroupant jusqu’à six cents moines. Son scriptorium très actif possède une riche bibliothèque où se côtoient auteurs religieux et textes classiques de l’Antiquité latine. C’est à ces derniers que Raban emprunte la technique du poème figuré, à Porphyrius notamment, un poète de la cour de Constantin qui avait rédigé au 4^e siècle une série de 31 poèmes à la gloire de l’empereur.

Le De laudibus est constitué, dans un premier livre, de 28 poèmes figurés accompagnés chacun d’une explication de l’auteur et, dans un deuxième livre, d’une transposition en prose. L’idée de Raban Maur n’est pas de réserver le message à quelques initiés mais d’ouvrir le regard des moines, qui constituent son « premier public », à une approche plus contemplative.

Le poème figuré ici constitue le vingt-huitième et dernier poème du recueil. Vingt-huit est pour Raban Maur un chiffre parfait qui représente la somme des sept premiers chiffres. Il signifie l’ordre de Dieu dans sa création.

Cette œuvre connut un immense succès comme en témoigne le nombre élevé de copies qui subsistent. Le manuscrit de la Bibliothèque d’Amiens ici présenté a été copié à Fulda dans le deuxième quart du 9^e siècle, à l’époque où Raban s’y trouvait : c’est une des copies les plus anciennes. Les extraits du manuscrit Latin 8916 de la BnF sont quant à eux beaucoup plus tardifs.