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Les Tarots dits de Mantegna
Graver et dessiner les antiques à la Renaissance








L’Europe du Moyen Âge n’a pas ignoré l’art de l’Antiquité mais le dessin d’après l’antique ne s’impose pas encore comme une pratique artistique. Il faut attendre le 15e siècle pour que de premiers relevés d’antiques soient répertoriés et la fin du siècle pour que les collections d’antiques, princières ou privées, se multiplient. Humanistes et collectionneurs partagent dès lors l’ambition de découvrir de nouvelles œuvres et veillent à leur transmission.
Une attention nouvelle pour les bas-reliefs
Les artistes de la Renaissance s’intéressent principalement aux petites antiquités – monnaies, gemmes, céramiques et statuettes de bronze. Mais, plus accessibles que les objets de collections privées, les bas-reliefs retiennent aussi leur attention. Ils couvrent les colonnes monumentales, les monuments funéraires et les sarcophages, et sont souvent remployés dans les églises romaines comme tombeaux chrétiens. Leur dimension narrative contribue aussi à expliquer leur succès car les artistes peuvent en extraire des sujets isolés. La composition de cette Bacchanale à la cuve de Mantegna est ainsi probablement inspirée d’un sarcophage antique.
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Les gravures d’interprétation d’Andrea Mantegna
Parmi les artistes du Quattrocento, Andrea Mantegna est sans nul doute celui qui s’est le plus intensément confronté à l’art antique et son œuvre rend bien compte des modalités d’appropriation et de réinterprétation des modèles transmis par les médailles, camées, bronzes et bas-reliefs. Le Combat des dieux marins montre bien combien il a su puiser dans les modèles antiques pour nourrir son activité créatrice. La tension dramatique et la violence qui se dégagent de la scène ne sont pas sans rappeler le monumental Combat d’hommes nus d’Antonio del Pollaiolo.
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La représentation du corps humain
Unique gravure du peintre et orfèvre florentin Antonio del Pollaiolo, le Combat d’hommes nus illustre bien l’activité protéiforme des ateliers florentins à la Renaissance. Première estampe italienne signée, cette œuvre ambitieuse, aux dimensions exceptionnelles pour l’époque, rend compte de façon magistrale de l’intérêt des artistes de la Renaissance pour la représentation du corps humain.
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Les copies de statues monumentales
Par rapport aux bas-reliefs, la statuaire monumentale en ronde-bosse est quelque peu délaissée par les artistes du 15e siècle alors même qu’ils étaient fortement incités à copier les statues colossales dans un but d’apprentissage. La découverte de l’Apollon du Belvédère, exhumé à la fin du siècle près de Rome, contribue sans doute au regain d’intérêt pour ce pan de la création artistique antique. Il fut acquis par le cardinal Giuliano della Rovere, futur pape Jules II, qui l’installa ensuite dans la cour du Belvédère au Vatican. Immédiatement loué comme un chef-d’œuvre de l’Antiquité classique, il devint une source d’inspiration pour de nombreux artistes, y compris au nord des Alpes. Ainsi Albrecht Dürer la cite-t-il dans son magistral Adam et Ève gravé en 1504.
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Laocoon, l’antique le plus célèbre de tous
La découverte, en 1506, du Laocoon, immédiatement reconnu comme l’œuvre que Pline l’Ancien louait comme la plus belle création de l’art antique, produit un grand retentissement et suscite l’admiration des artistes de la Renaissance, au premier rang desquels Michel-Ange. L’œuvre est transférée au Belvédère en 1508 et installée dans le cortile en 1511. Avec ce burin de Giovanni Antonio da Brescia, l’antique, qui est peut-être le plus célèbre de tous, est traduit pour la première fois en gravure.
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Des estampes de reproduction
Dans les premières années du 16e siècle, les estampes reproduisent rarement des œuvres d’autres artistes. Représenter en gravure des sculptures antiques constitue donc une nouveauté dans la pratique de ce médium.
Le Torse du Belvédère, cité dès les années 1430 par l’humaniste Cyriaque d’Ancône, se trouve ainsi dans plusieurs carnets d’esquisses avant d’être encensé par Michel-Ange et repris dans ses Ignudi pour la chapelle Sixtine, entre 1508 et 1512. La gravure d’Antonio da Brescia, réalisée vers 1515, est la première à le reproduire. Le graveur se permet cependant des libertés par rapport au modèle, en restituant notamment ses jambes.
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Reproduction ou interprétation ?
Si Giovanni Antonio da Brescia se réfère textuellement aux œuvres originales, ses burins sont marqués par une certaine ambivalence entre vérité archéologique et liberté d’interprétation. Pour la Vénus Mazarin, par exemple, il propose une reconstitution du bras droit, orienté vers le bas, ajoute la tête, supprime le dauphin à ses pieds. Les proportions du corps de la déesse sont aussi sensiblement épaissies et le graveur la dote d’une longue chevelure. Mais la lettre rappelle que l’œuvre représentée est celle « récemment découverte à Rome », une formulation qui rend compte de façon éloquente de l’enthousiasme des artistes de la Renaissance pour les exhumations d’antiques.
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Un changement de regard
Auparavant perçus comme des objets de pouvoir, les antiques ne sont plus regardés comme signes de la victoire du christianisme mais désormais considérés « d’abord comme des œuvres belles » (Krzysztof Pomian). Les burins de Giovanni Antonio da Brescia peuvent ne pas respecter une exactitude archéologique, qui n’est pas encore de rigueur, mais ils contribuent bien à immortaliser les chefs-d’œuvre de l’Antiquité. Et ils les érigent déjà, pour ainsi dire, en icônes de la beauté classique.
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D’après Caroline Vrand, BnF, chargée de collections d’estampes des 15e et 16e siècles et Pauline Chougnet, chargée des collections de la Réserve, département des Estampes et de la photographie – Bibliothèque nationale de France, 2024