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L’Empire byzantin
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Personnalité
Muhammad al-Idrisi
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Le monde islamique
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L’Occident chrétien
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La Sicile normande
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Croisades et Reconquista
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Album
Une chronologie des Croisades en images (1095-1291)
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Album
Le commerce en Méditerranée
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Article
Les voies du commerce en Méditerranée médiévale
Le monde islamique

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Coran
Le Coran, révélé aux croyants par le prophète Muhammad, fut souvent magnifié dans des manuscrits où les arts de l’écriture, de l’enluminure et de la reliure se conjuguent pour mettre en valeur le message divin. La seconde moitié de ce coran, probablement réalisé en Turquie au 14e siècle, s’ouvre sur une double page enluminée dont la magnificence célèbre la gloire de Dieu. Dans cette double page ornementale, les mots du texte sacré sont écrits à l’encre brune. Au bandeau supérieur, le titre de la sourate XIX, Maryam (Marie), s’inscrit en caractères coufiques blancs contrastant avec l’or du cartouche ovale. Les premiers versets se détachent en noir dans un damier dont les cases écrites alternent avec celles ornées d’un décor végétal stylisé sur fond doré, vert ou bleu. La linéarité du texte vole ici en éclats, la lecture, lumineusement brisée, se prolonge en contemplation.
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Diversité politique et religieuse
Moins d’un siècle après l’hégire de Mahomet (570-632) en 622, le monde islamique s’étend de l’Espagne à l’Inde. Tous les territoires sont rassemblés sous l’autorité d’un chef religieux et politique, appelé le calife. La nomination du quatrième calife Ali entraîne une forte contestation politique qui aboutit aux premiers schismes de l’islam : les kharidjites et les chiites constitueront une opposition constante au pouvoir central d’obédience sunnite. Aux Omeyyades, installés à Damas aux 7e et 8e siècles, succèdent en 750 les Abbassides qui fondent une nouvelle capitale, Bagdad.

Le Prophète Mahomet prêchant
À 40 ans, Muhammad prend l’habitude de se retirer pour prier dans une grotte de la colline de Hira. Dans la nuit du 26 du mois de ramadan 610, l’ange Gabriel lui annonce que Dieu l’a choisi pour être son messager. Dès lors, les révélations se succèdent de façon irrégulière jusqu’à sa mort. Les premières insistent sur l’unicité de Dieu, la vie après la mort. Le Prophète commence à prêcher à La Mecque la nouvelle religion ; sa femme est une des premières converties.
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La mosquée des Omeyades à Damas
La mosquée des Omeyades de Damas est l’une des merveilles connue de tous les Musulmans à travers le monde. Elle fut en effet l’un des premiers édifices construits par la première dynastie musulmane. Le peintre semble néanmoins être mal informé, car elle ressemble ici à une mosquée ottomane du 16e siècle, proche d’Haghia Sophia à Istanbul.
La structure de l’édifice est à base de pierre mauve. Le porche précédant le narthex est de couleur blanche et surmonté de trois dômes. Une porte en bois s’ouvre au centre. En haut, un large dôme repose sur une structure carrée percée d’une fenêtre en arc de cercle, flanquée de deux lucarnes. Ses murs sont soutenus par des arcs-boutants verts. Soutenant des arcs de pierre bleue, les colonnes du porche sont en marbre rose, tout comme les encadrements et les tympans des fenêtres, fermées par des volets en bois foncé, de part et d’autre de la porte. La mosquée est encadrée par deux minarets et l’on aperçoit, à leur sommet, deux muezzins lançant l’appel à la prière.
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Aux 9e et 10e siècles, l’Empire musulman connaît un développement économique et culturel sans précédent. Mais très vite, certaines régions s’émancipent du pouvoir central et créent leurs propres dynasties, comme les Omeyyades en Espagne et les Fatimides de tendance chiite en Égypte. Le califat s’affaiblit de plus en plus et le véritable pouvoir est exercé par des dynasties régionales, autonomes et rivales, qui minent progressivement l’empire. D’origine turque, les Seldjoukides ont conquis une partie de l’Iran. Ces sunnites constituent un rempart contre l’avancée fatimide en soutenant militairement le califat abbasside. Ils confisquent le pouvoir politique, prennent le titre de sultan et relèguent le calife à un rôle spirituel.

Scène de bataille
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Médine
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Quand les croisés débarquent en terre d’Islam au 11e siècle, l’Empire seldjoukide est divisé en petits émirats rivaux. Cette situation politique est une des causes de leur succès. Il faudra attendre Saladin (1138-1193) pour que l’Empire islamique retrouve une unité contre les croisés. À la mort du dernier calife fatimide en 1171, Saladin prend le pouvoir en Égypte où il rétablit le sunnisme, puis en Syrie. Ses successeurs, les Ayyoubides, règnent jusqu’au milieu du 12e siècle. Ils sont renversés par les Mamelouks, d’origine turque. Au milieu du 13e siècle, les Mongols, peuple nomade d’Asie centrale conduit par Gengis Khan (1155, 1162 ou 1167-1227), font irruption au Proche-Orient et détruisent Bagdad en 1258. L’Empire islamique comprend désormais trois grands ensembles : l’Égypte et la Syrie des Mamelouks, l’Asie mineure des Turcs divisée en émirats, l’Iran des Mongols auquel se rattache à présent l’Irak. Au milieu du 14e siècle, les Turcs ottomans dominent toute l’Asie Mineure. Ils prennent Constantinople en 1453 où ils fondent Istanbul, capitale de leur empire qui succède à Byzance. Au 16e siècle, Soliman le Magnifique (1494-1566) est maître de la quasi-totalité des pays arabo-musulmans.

Dans une mosquée
Sermon dans une mosquée de Samarcande. On peut voir les différents détails architecturaux : minbar au premier plan, colonnades rehaussées d’inscriptions et d’arabesques, lampes de verre. Au centre, on distingue le mihrab, niche indiquant dans la mosquée la direction de la qibla (direction vers laquelle on se tourne pour la prière). Le mihrab est composé d’un arc que soutiennent deux colonnes et chapiteaux ; la niche, composée de pierre ou de stuc, est souvent richement ornementée.
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La rivalité entre califats a une incidence directe dans l’Occident musulman. Réfugiés en Espagne, les Omeyyades fondent un émirat autonome avec Cordoue pour capitale et prennent, eux aussi, le titre de calife au 10e siècle. Deux grandes dynasties d’origine berbère dominent ensuite le Maghreb : les Almoravides (1056-1147) et les Almohades (1130-1269). Ces derniers se sont imposés en Espagne. Après la prise de Tolède en 1085 par le roi de Castille, ils gardent Grenade jusqu’en 1492. Leur chute au Maghreb au 13e siècle laisse la place à trois émirats en Tunisie, Algérie et Maroc. Seul le Maroc échappera à la domination des Ottomans.

Procession de la fin du mois de ramadan à l’extérieur de la mosquée
Sur ce feuillet, à l’extérieur de la mosquée, la procession de la fin de ramadan n’attend que le signal de départ. L’artiste brosse une scène pleine de couleur et débordante de vie : les trompettes semblent sur le point de retentir et les chevaux, la patte levée, piaffent d’impatience, prêts à frapper le sol de leurs sabots. Perchés sur leurs montures harnachées pour la parade, les cavaliers tiennent de grandes bannières calligraphiées à la gloire de Dieu. La construction de la peinture évite la monotonie : drapeaux, calicots et trompettes se dressent de biais ou à la verticale, équilibrant les lignes verticales formées par les hommes et leurs chevaux. Le batteur debout, dépassant les autres musiciens, rompt avec l’alignement des visages. Le mulet pointe ses longues oreilles au milieu des chevaux dont les robes aux couleurs variées rajoutent à la vivacité du tableau.
Cette scène pleine de mouvement s’oppose à celle plus statique située sur la page en regard.La grande bannière noire à gauche répond aux drapeaux et à la robe de l’imam à droite, équilibrant ainsi l’ensemble de la composition.
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Pèlerins en route pour La Mecque
Alors qu’ils se trouvent dans un campement à Ramlah, Al-Hârith se joint à une caravane de pèlerins qui se dirige vers la Mecque. Durant une halte, un homme apparaît sur une colline et fait un long et beau discours sur la signification du pèlerinage. Al-Hârith reconnaît alors son ami Abû Zayd.
La scène représente une caravane de pèlerins en route pour la Mecque en marche et au repos. Sur cette page, la troupe s’avance, étendards noirs au vent, au son de longues trompettes, des tambours et des percussions, portés par un seul élan. La peinture traduit à merveille l’impétuosité de la course vers la ville sainte. La caravane regroupe des hommes à pieds, vêtus de curieux chapeaux, de courtes tuniques et de bottes que l’on portait pour le pèlerinage, ainsi que des voyageurs à dos de chameaux ou de mulets. Au milieu des cavaliers et de leurs montures, on distingue sur le dos d’un chameau le mahmal, palanquin richement décoré que les souverains d’Egypte et de Syrie envoyaient avec les caravanes de pèlerins pour marquer leur prestige.
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Unité linguistique et culturelle
Malgré ses divisions politiques, cet immense empire tire son unité de la prééminence de l’islam et de l’utilisation de la langue arabe, instrument de l’administration et d’une nouvelle culture. L’expansion islamique s’est faite dans la tolérance, sans conversion forcée. Tout en réservant le pouvoir aux musulmans, le Coran accorde aux « gens du livre » un statut légal qui détermine leurs droits et leurs devoirs. Juifs et chrétiens pratiquent leur culte librement et vivent en harmonie avec les musulmans.

Al-Hârith et Abû Zayd arrivent devant le palais d’Orient
L’art d’al-Wâsitî, peintre et copiste, se déploie dans les 99 miniatures de ce manuscrit de luxe, l’un des beaux témoignages de la peinture de l’école de Bagdad, dont on ne connaît pas le commanditaire. Il se révèle autant dans la variété des compositions qui fournissent une foule de détails sur la vie des villes et des campagnes que dans la subtilité des couleurs. Il excelle à rendre les nuances psychologiques sur les visages et se distingue par la vivacité de la peinture des animaux, tout particulièrement les chameaux.
Sur cette page se dresse le palais d’Orient. L’élégant pavillon, construit en briques, présente une architecture élaborée très décorative. Une large porte de bois surmontée d’un arc de pierre occupe la partie centrale. À droite, arrivent les deux compères, al-Hârith dont la bande du turban retombe jusqu’en bas du dos et Abû Zayd, à la barbe et au turban blancs, un panier à la main. Le second désigne du doigt les trois serviteurs éplorés à son compagnon. Du fait de l’absence de perspective, ils semblent se tenir dans une curieuse position, à moitié debout alors qu’ils sont assis. Les hommes à la peau foncée et aux cheveux longs d’un noir de jais portent de lourds bracelets d’or sous les épaules. Vêtus d’un pantalon court et une écharpe fluide croisée sur leurs torses nus, ils se tiennent la tête entre les mains en signe d’affliction. Au premier étage, un premier balcon en briques se termine par un encorbellement derrière lequel s’ouvrent trois fenêtres en ogive vertes et rouges sur un fond décoratif chamarré d’or semblable à ceux qui ornent souvent les robes des personnages. En haut, une seconde balustrade finement ajourée en bois soutient un toit en forme de dôme encadré de deux petites coupoles en muqarnas.
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La civilisation arabo-musulmane, urbaine et marchande, brille par sa culture. Elle a intégré les héritages grec et persan. Intellectuels, savants, artistes et ingénieurs font la renommée de villes prestigieuses comme Bagdad, Damas, Le Caire, Alexandrie, Cordoue ou Grenade. Grâce au développement des techniques d’irrigation, les campagnes sont verdoyantes et abondantes. La prospérité des pays d’Islam et la présence des marchands arabes dans toute la Méditerranée et jusqu’en Chine favorisent le rayonnement de cette civilisation.
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