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Les peintures des Maqâmât de al-Harîrî
 

Séance 22 : Abü Zayd sur un bateau naviguant sur l’Euphrate
Séance 22 : Abü Zayd sur un bateau naviguant sur l’Euphrate

Bibliothèque nationale de France

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Les Maqâmât, récit picaresque du 11e siècle rédigé par al-Harîrî, constituent l’un des textes les plus souvent mis en images par les peintres arabes médiévaux. La Bibliothèque nationale de France en conserve pas moins de trois exmplaires. Comment chaque artiste décide-t-il de représenter l’histoire ?

Écrites par al-Harîrî au début du 12e siècle, les Maqâmât (Séances) ont été souvent copiées et illustrées. Narrant en cinquante séances les aventures d'Abû Zayd, vagabond bohème et rusé, elles tracent un tableau fidèle de la société abbasside.

Les illustrations sont fort différentes d'un manuscrit à l'autre. Le premier manuscrit (arabe 6094), daté de 1222 et probablement copié en Syrie, reste marqué par la peinture byzantine. Le second (arabe 3929) semble avoir été fait en Irak vers 1240. Le dernier (arabe 5847), chef d'œuvre de la peinture de l'École de Bagdad a été copié et peint par al-Wâsitî en 1237.

Certains épisodes, peints par plusieurs artistes, invitent à la comparaison…

Bateau sur l’Euphrate

L’intérêt porte ici sur la peinture du bateau. Sur le manuscrit arabe 6094, on peut lire sur la coque du bateau à voile la mention de la date de copie du manuscrit. La mer, comme toute étendue d’eau est représentée par un bassin délimité par de l’herbe dans lequel peuvent nager des poissons.

Au contraire, chez al-Wâsitî, les personnages prennent place dans une barque plate, actionnée par des rameurs. Les visages des hommes comme leurs vêtements sont caractéristiques de ceux des Arabes des villes : visages barbus ronds ou allongés, nez aquilin, turbans et longues robes aux bandes de tissus ornées.

Un bateau à voile sur l’Euphrate dans les Séances d’Harîrî
Un bateau à voile sur l’Euphrate dans les Séances d’Harîrî |

Bibliothèque nationale de France

Séance 22 : Abü Zayd sur un bateau naviguant sur l’Euphrate
Séance 22 : Abü Zayd sur un bateau naviguant sur l’Euphrate |

Bibliothèque nationale de France

Abû Zayd et son épouse devant le juge

Des différences évidentes apparaissent dans le cadre donné à la peinture. À gauche, éléments architecturaux et coussins indiquent que la scène se passe dans une maison. Les turbans, les visages allongés et barbus, les plis des vêtements dénotent clairement l’influence de la peinture byzantine.

À cet allongement des visages et au hiératisme des attitudes dans la première image, répond à droite l’arrondi des têtes et l’expression presque malicieuse des personnages. Le décor est réduit à sa plus simple expression : coussin et dossier pour différencier le juge. La femme est enveloppée dans un long voile blanc dont le haut entoure son visage.

Abû Zayd et son épouse devant le juge
Abû Zayd et son épouse devant le juge |

Bibliothèque nationale de France

Al-Maqâmât (Séances)
Al-Maqâmât (Séances) |

Bibliothèque nationale de France

Bibliothèque de Bassora

Dans le manuscrit de gauche, le décor est très simplifié, presque symbolique. Les casiers remplis de livres indiquent qu’il s’agit d’une bibliothèque. Le sol n’est pas dessiné. La représentation des personnages montre des visages arrondis, des halos d’or, des vêtements chamarrés…

Á droite, le peintre utilise la bibliothèque comme élément de décor. Les casiers remplis de livres sont insérés à l'architecture, base de toute scène d’intérieur. Peints en couleurs vives, les hommes se détachent bien de la bibliothèque. Les livres sont rangés à plat, le titre inscrit sur la tranche. Montrés dans toutes les positions, les visages semblent surpris par le talent oratoire d’Abû Zayd, à l'angle droit.

Abû Zayd à la bibliothèque de Bassora
Abû Zayd à la bibliothèque de Bassora |

Bibliothèque nationale de France

Une bibliothèque à Bassora
Une bibliothèque à Bassora |

Bibliothèque nationale de France

Le départ des deux amis

Sur la page de gauche, avant de se séparer, deux amis s’embrassent. Le peintre joue sur les oppositions de couleurs pour les différencier : robe bleue, turban blanc et barbe blanche pour l’un, robe blanche, turban bleu et barbe noire pour l’autre. Eléments secondaires, les chameaux semblent arrêtés dans leur course et suspendus dans l’espace.

Au contraire, à droite, l’art d’al-Wâsitî se déploie dans toute sa splendeur dans la description de l’animal. Le peintre excelle à peindre les chameaux, dont il sait reproduire à merveille la démarche particulière. Sa subtile gamme de bruns rend bien leur forme étrange, leur cou et leur démarche. Une traditionnelle bande symbolise le sol. De légères fleurs rouges et ocres s'y entrelacent dans des herbes en mouvement.

Le départ des deux amis
Le départ des deux amis |

Bibliothèque nationale de France

Abû Zayd à dos de chameau
Abû Zayd à dos de chameau |

Bibliothèque nationale de France

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