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Les techniques d'estampe employées par Degas

Un glossaire
Sur la scène
Sur la scène

Bibliothèque nationale de France

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Maître de l’estampe, Degas en défie la définition. Davantage intéressé par les effets de noir et blanc que par les possibilités de reproduction, curieux de toutes les techniques, expérimentateur, il explore de nombreuses voies originales, entre monotype, lithographie, et taille douce.

Quelques termes généraux

Estampe

Image multipliable obtenue par tirage à partir d’un support gravé ou dessiné, tel qu’une planche de bois, une plaque de métal ou une pierre lithographique. Cette matrice, encrée et passée sous une presse, est imprimée sur une feuille de papier ou sur un autre support. Le terme s’applique à toutes les technique : gravure sur bois, taille-douce et lithographie. On parle d’estampe originale, par opposition à l’estampe de reproduction ou d’interprétation, lorsque l’artiste réalise lui-même la matrice.

Tirage

Impression d’une planche gravée ou lithographiée. Le tirage désigne aussi le nombre d’exemplaires obtenus. Il varie selon la technique employée, de quelques dizaines, pour les eaux-fortes, à plusieurs centaines pour les lithographies.

Épreuve

Exemplaire d’une estampe obtenu à partir du support gravé ou lithographié.

État

Étape dans le tirage d’une estampe avant une modification. Chaque correction apportée, même minime, fait passer l’estampe d’un état à un autre, numéroté premier état, deuxième état, etc. Les épreuves précédant l’état définitif sont appelées épreuves d’état.

Gravure en taille douce

Terme générique désignant l’ensemble des procédés de gravure en creux sur métal, que l’attaque soit directe ou indirecte.

Attaques directes pratiquées par Degas

Le Peintre Alphonse Hirsch
Le Peintre Alphonse Hirsch |

INHA, Licence ouverte Etalab

Pointe sèche

Le graveur travaille directement sur la plaque de métal (cuivre ou zinc) à l’aide d’une pointe d’acier. La pointe soulève des copeaux de métal appelés barbes, qui retiennent l’encre au moment de l’impression et donnent un aspect velouté et profond aux traits.

Deux danseuses dans les coulisses
Deux danseuses dans les coulisses |

Bibliothèque nationale de France

Crayon électrique ou crayon de charbon

D’autres outils que la pointe sèche peuvent être détournés de leur usage courant pour attaquer la plaque. Degas a eu recours au crayon électrique, dit aussi crayon voltaïque ou encore crayon de charbon. Principal constituant des lampes à arc électrique inventées par Pavel Jablochkoff en 1877, ce crayon est une des deux tiges de charbon de cornue entre lesquelles se forme l’arc voltaïque. Le tracé obtenu est plus large et d’un rendu plus proche du crayon que la pointe sèche.

Attaques indirectes pratiquées par Degas

Manet assis, tourné à droite
Manet assis, tourné à droite |

Bibliothèque nationale de France

Eau-forte

Sur une plaque préalablement recouverte de vernis noirci, le graveur dessine son motif à l’aide d’une pointe. La plaque est alors plongée dans un mélange d’acide nitrique et d’eau, appelé eau-forte, qui attaque le métal mis à nu par le tracé de la pointe. C’est l’étape de la morsure, plus ou moins prolongée selon l’intensité des noirs souhaitée. La plaque est ensuite dévernie, encrée, essuyée et tirée sous une presse.

Mary Cassatt au Louvre
Mary Cassatt au Louvre |

INHA, Licence ouverte Etalab

Aquatinte

Dérivé de l’eau-forte, ce procédé permet d’obtenir des effets de teinte d’une densité plus ou moins importante. La plaque est recouverte d’une fine couche de grains de résine que l’on fait adhérer par chauffage. L’acide mord ensuite le métal aux endroits qui ne sont pas protégés, entre les grains de résine. Suivant la grosseur des grains de résine et le temps de morsure, on obtient des effets différents et des valeurs plus ou moins foncées.

Les deux danseuses
Les deux danseuses |

Bibliothèque nationale de France

Afin de varier les tonalités de gris, Degas a utilisé comme matrices des plaques de daguerréotypes sur lesquelles il a posé les grains de résine.

Tête de femme de profil
Tête de femme de profil |

THE MET, Licence ouverte Etalab

Il a également expérimenté une variante de l’aquatinte, le « lavis d’aquatinte » en utilisant ce qu’il appelle « un grain liquide ». Il en a envoyé la recette à Pissarro :

Prenez une plaque bien lisse (c’est essentiel vous le comprenez). Dégraissez-la absolument, au blanc d’Espagne. Préalablement vous avez fait disparaître dans de l’alcool très concentré de la résine. Ce liquide versé, à la façon des photographes lorsqu’ils versent le collodion sur leur glace (ayez soin, comme ils le font, de faire bien égoutter la plaque en la penchant), ce liquide donc s’évapore et laisse la plaque couverte d’une couche plus ou moins épaisse de résine en petits grains. En faisant mordre, vous avez un semis plus ou moins foncé suivant que vous aurez laissé mordre plus ou moins. Pour avoir des teintes égales, c’est nécessaire ; pour avoir des effets moins réguliers, vous pouvez les obtenir avec l’estompe ou le doigt ou toute autre pression comme le vernis mou. 

Vernis mou

Procédé de gravure à la manière de crayon où la plaque est recouverte d’un vernis puis d’un papier assez léger sur lequel on dessine avec un crayon dur. Chaque trait marque le vernis, lequel se reporte au dos du papier, laissant le métal à nu. La plaque peut alors être mordue.

Sur la scène
Sur la scène |

Bibliothèque nationale de France

Aux Ambassadeurs
Aux Ambassadeurs |

Bilbliothèque nationale de France

Eau-forte mobile ou monotypée

Sur une plaque gravée à l’eau-forte, le peintre-graveur ajoute, au moment du tirage, des effets picturaux à l’aide d’encre grasse travaillée au pinceau et au chiffon. L’épreuve imprimée est unique.

Monotype

Ce procédé, qui se situe aux confins de l’estampe et de la peinture, consiste à peindre sur une plaque de métal (cuivre ou zinc) ou de celluloïd (comme l’a expérimenté Degas) à l’aide d’encre grasse ou de peinture à l’huile. Les monotypes peuvent être en noir ou en couleurs. Par passage sous une presse à taille-douce, on imprime une épreuve unique. Il est parfois possible d’en obtenir une seconde beaucoup plus pâle. Degas se servait de ces tirages très pâles comme support à une mise en couleurs au pastel.

Le terme « monotype » n’est pas utilisé à l’époque de Degas qui le considère comme un « dessin fait à l’encre grasse et imprimé ».

L’Homme à la pipe
L’Homme à la pipe |

Bibliothèque nationale de France

Degas a exécuté deux types de monotypes en noir. Le premier ensemble relève de la technique dite « à fond clair », qui consiste à dessiner de façon classique avec de l’encre plus ou moins diluée posée au pinceau sur une plaque vierge, afin d’obtenir un dessin noir sur fond blanc.

Femme mettant ses bas
Femme mettant ses bas |

Photo (C) RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Thierry Le Mage

Le second ensemble relève de la technique dite « à fond sombre », qui consiste à travailler en négatif, autrement dit à dessiner des blancs sur du noir, en enlevant l’encre posée sur la plaque à l’aide d’un tampon de mousseline, d’un pinceau, d’une pointe, du doigt ou de tout autre outil.

La lithographie

La lithographie est une technique d’impression à plat dont le procédé a été inventé en 1798 par l’allemand Aloÿs Senefelder. Il est fondé sur la répulsion naturelle de l’eau face à un corps gras. Sur une pierre calcaire polie et plus ou moins grainée, on dessine à la plume ou au crayon. Le gras de l’encre ou du crayon est fixé sur le support grâce à un apprêt chimique composé d’une solution acidulée et de gomme arabique appliquée sur la surface. Sous la presse à imprimer, l’encre grasse d’imprimerie est acceptée face à la trace grasse du dessin et rejetée partout ailleurs où la pierre est seulement mouillée.

Lithographie sur papier-report

Loge d’avant-scène
Loge d’avant-scène |

Bibliothèque nationale de France

Pour éviter de dessiner directement sur la pierre et se libérer des contraintes d’encombrement et d’inversion du motif, il est possible d’utiliser un papier-report, papier encollé apte à recevoir un dessin au crayon ou à l’encre lithographique, qui sera reporté, par passage sous presse, sur une pierre. Il est ensuite possible d’intervenir sur la pierre par ajout ou abrasion, comme le faisait Degas.

Lithographie de report de monotype

Femme nue debout à sa toilette
Femme nue debout à sa toilette |

INHA, Licence ouverte Etalab

Degas a inventé le transfert de monotype sur une pierre, qu’il pouvait obtenir de plusieurs manières : soit en pressant une épreuve fraîchement imprimée sur la pierre, soit en exécutant un monotype sur celluloïd transposé sur la pierre, soit en l’imprimant sur un papier-report lui-même transféré sur pierre.

Provenance

Cet article a été conçu dans le cadre de l'exposition « Degas en noir et blanc » présentée à la BnF du 30 mai au 3 septembre 2023.

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