Honoré Daumier

Daumier a poussé son art très loin, il en a fait un art sérieux ; c'est un grand caricaturiste.
La vie de Daumier est, paradoxalement, une vie sans histoires : pas de péripéties romanesques, pas de voyages lointains. Pourtant, tout au long de sa carrière, il a ausculté son époque du bout de son crayon à lithographie. Six régimes différents et trois épisodes révolutionnaires lui ont donné matière à dessiner.
Fils d’un vitrier marseillais, Honoré Daumier est d’abord commis avant de suivre des cours de dessin auprès du peintre Alexandre Lenoir, puis de travailler chez un lithographe et éditeur. En 1829, il publie ses premières caricatures dans La Silhouette, premier hebdomadaire satirique illustré en France, créé par Charles Philippon. « Gargantua », parue dans La Caricature le 29 décembre 1831, est exposée dans la vitrine du journal, avant que la justice ne vienne saisir tous les exemplaires et briser la pierre lithographique. Elle lui vaudra une condamnation à six mois de prison et à une amende « pour excitation à la haine et au mépris du gouvernement ».
Ainsi étaient posées les relations entre Daumier et les autorités de censure. Profitant de chaque moment où la liberté d’expression semble au goût du jour, ce fervent républicain fait paraître des charges politiques parfois violentes. Puis, quand des lois répressives rendent la satire politique impraticable, il s’en prend aux mœurs de son temps et réalise de truculentes séries sur le théâtre, les bourgeois, les artistes, les transports en commun, les gens de justice, l’école, les chasseurs, les bas-bleus, les étudiants, les médecins, les employés, les hommes mariés, les locataires et les concierges, les bourgeois à la campagne… bref, tout ce qui compose la société du 19e siècle.