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L’essor des villes

Robert II le Pieux à Rome et siège de Melun en 999
Robert II le Pieux à Rome et siège de Melun en 999

Bibliothèque nationale de France

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Alors que le haut Moyen Âge marque un certain recul des villes, on assiste à partir du 11e siècle à une véritable renaissance urbaine. Une changement dû autant au développement du commerce qu’à la bonne santé des campagnes.

Du repli urbain du haut Moyen Âge…

L’insécurité généralisée

D’après Henri Pirenne, les conquêtes musulmanes, à partir du 7e siècle, font de la Méditerranée un «lac sarrasin» et mettent fin au grand commerce entre l’Orient et l’Occident. Cette baisse des échanges provoque le déclin des villes à partir du 8e siècle.

Les invasions normandes du 9e siècle entraînent une rupture dans la vie urbaine. Les villes qui subsistent se replient sur elles-mêmes, parfois dans d’étroites enceintes, et n’assurent plus que les fonctions de chef-lieu de diocèse (cité) ou de castrum défensif durant cette période violente.

La cité autour de son évêque

Durant le haut Moyen Âge, le réseau des cités hérité de l’Empire romain s’est maintenu tout en changeant radicalement de fonction. La cité est devenue la résidence de l’évêque (appelé le defensor civitatis), chef-lieu de diocèse et centre de pouvoir du comte. Elle demeure un lieu de consommation de produits rares et luxueux, un lieu producteur de modèles culturels, relayé par des monastères suburbains. Ses enceintes fortifiées lui confèrent un rôle militaire vital en ces temps de troubles.

… à l’essor des villes aux 11e-13e siècles

Naissance ou renaissance urbaine ?

Les villes, «assoupies» durant le haut Moyen Âge, se réveillent à partir du 11e siècle. Pour certains historiens, à la suite d’Henri Pirenne, la renaissance des villes au 11e siècle serait uniquement liée à la reprise du grand commerce. Les marchands mettent en place un portus ou bien installent leurs entrepôts et leurs activités marchandes dans un faubourg auprès d’anciens noyaux pré-urbains, mais sans relation avec eux. Ce serait donc l’agglomération marchande qui serait le germe de la ville médiévale, comme l’atteste le cas de la ville de Saint-Omer, ville marchande née au 11e siècle à proximité d’une abbaye carolingienne.

Le travail dans la ville
Le travail dans la ville |

© Bibliothèque nationale de France

Ces dernières années, cette conception a été en bonne partie remise en question. La coupure due aux invasions normandes n’a pas été vraiment constatée et les marchands ne sont pas forcément des étrangers en quête d’aventures lucratives : ce sont souvent des serviteurs issus de l’entourage de l’évêque chargés d’écouler les surplus agricoles ou d’anciens paysans ayant pris goût à cette activité commerciale, d’abord régionale, puis internationale. Les marchands de Paris, Amiens et Metz proviennent de la ville même ou d’un rayon de 30 kilomètres alentour.

De multiples facteurs de développement des villes

Des bourgs neufs ou des faubourgs marchands se créent sur les lieux d’échanges (marchés et foires) et à proximité des vieilles cités épiscopales ou des points fortifiés. Bientôt une enceinte réunit ces deux noyaux urbains en une seule unité, dont les habitants portent tous le nom de bourgeois et bénéficient des institutions communales en plein développement.

Cérès
Cérès |

© Bibliothèque nationale de France


Les plus grandes villes prospèrent sur les axes commerciaux actifs, mais aussi au sein des plus riches terroirs agricoles, comme en France du Nord-Est et dans les Flandres. Il est désormais convenu de prendre en compte une multitude de facteurs et de processus dans le développement des villes. Dans certains cas, la ville gallo-romaine a subsisté (notamment dans les régions méditerranéennes) et a été le noyau à partir duquel la ville médiévale s’est étoffée ; dans d’autres cas, on assiste à une création à côté d’une abbaye carolingienne (Saint-Omer) ou d’un point fortifié, ou encore ex nihilo comme les bastides du Sud-Ouest et les villeneuves du Bassin parisien souvent liées aux grands défrichements.

Des surplus agricoles

La reprise de l’essor urbain dès la fin du 10e siècle ne peut donc plus être uniquement attribuée à la reprise du grand commerce au Nord (Frisons et Scandinaves) et au Sud (Italiens). Une grande partie du mouvement part des campagnes porteuses d’un essor agricole, d’une crue d’hommes et de surplus commercialisables de plus en plus abondants.

Dans tous les cas, le 11e siècle voit la diversification des fonctions des villes, leur naissance ou leur expansion.

Vue de Venise (détail, partie centrale)
Vue de Venise (détail, partie centrale) |

Bibliothèque nationale de France

Trois types de ville

Dans l’Occident médiéval, les réseaux urbains reposent sur trois types de villes. À la base, un grand nombre de petites villes (quelques milliers d’habitants) vivent du marché hebdomadaire, des travaux agricoles et de quelques activités artisanales. Au-dessus, les capitales de province et de diocèse regroupent des marchands et des artisans plus nombreux, mais aussi des agents du roi ou du prince et de l’évêque pour les cités épiscopales. Enfin, au sommet, les grandes métropoles proposent une gamme diversifiée d’activités commerciales, artisanales, industrielles et financières à une échelle internationale. Paris rivalise avec Venise et Milan, seules villes à dépasser les 100 000 habitants à la fin du 13e siècle.

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