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Gaston Phébus et le comté de Foix

Prologue
Prologue

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Gaston III, comte de Foix, dit Gaston Phébus, est né en 1331 d’Aliénor de Comminges et de Gaston II de Foix. Dès l’âge de douze ans, il se retrouva à la tête d’un héritage tout aussi complexe que prestigieux, le comté de Foix, qu’il réussit à maintenir à l’écart des grands conflits de son temps malgré les batailles auxquelles il prit part : il combattit à plusieurs reprises le comte d’Armagnac, son adversaire héréditaire, s’engagea en Prusse dans les rangs des Teutons pour combattre les infidèles (1356) et participa à la répression contre les « Jacques » de Paris (1358).

Le comté de Foix

En 1290, Roger-Bernard III, comte de Foix, acquiert par mariage le vicomté de Béarn et sa capitale de l'époque, Orthez. Les vicomtes de Béarn étaient vassaux du duc de Gascogne puis du duc de Guyenne, province appartenant au roi d'Angleterre dont la confiscation par Philippe VI fut à l'origine de la guerre de Cent Ans. Le comté de Foix – qui comprenait les domaines de Foix, Albigeois, Lautrec et Nébouzan – relevait directement du roi de France. Roger-Bernard III déclara indissoluble l'union du Foix et du Béarn, union qui sera néanmoins mise en péril lorsque les chevaliers béarnais se battront dans l'armée anglo-gasconne du Prince Noir.

Au début de la guerre de Cent Ans, Gaston II, père de Gaston Phébus, prit le parti de Philippe VI de Valois, roi de France, contre Édouard III d'Angleterre. Gaston III, lui, refusa de se laisser entraîner dans la guerre. Après la défaite de Philippe VI à Crécy en 1346, il notifia au roi de France qu'il ne tenait son « pays de Béarn » (le comté de Foix) que de Dieu et de son épée et qu'il demeurerait neutre dans le conflit qui opposait la France à l'Angleterre.

À partir de 1472, les comtes de Foix devinrent, par mariage puis par héritage, rois de Navarre, province d'Espagne, jusqu'à ce qu'une partie de la Navarre soit annexée par la France. Henri IV, roi de France et de Navarre né à Pau, capitale du Béarn, fut le dernier des comtes de Foix.

Le château de Montaner
Le château de Montaner |

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L'Occident au temps de Gaston Phébus

Le 1er mai 1387, Gaston III de Foix-Béarn, dit Phébus, commença à dicter son Livre de Chasse alors qu’une longue trêve avait interrompu la guerre de Cent Ans au début des règnes de Charles VI en France et de Richard II en Angleterre. Mais l’Occident était agité par la division de la chrétienté, entre un pape à Rome soutenu par l’Italie, l’Allemagne, l’Angleterre et un autre à Avignon, soutenu par la France, l’Écosse et l’Espagne. Seul Phébus n’avait reconnu ni l’un ni l’autre. Durant toute sa vie il avait cherché à être au-dessus de la mêlée, à l’écart de tous les conflits.

L'héritage du comte de Foix Béarn

Né en 1331 d’Aliénor de Comminges et de Gaston II de Foix-Béarn, Gaston Phébus se retrouva, en 1343, à la tête d’un héritage tout aussi complexe que prestigieux. Les domaines de Foix, Albigeois, Lautrec, Nébouzan, relevaient directement du roi de France ; ceux de Béarn, Marsan et Gabardan du duc d’Aquitaine, roi d’Angleterre. Son père, Gaston II avait pris le parti de Philippe VI de Valois contre Edouard III d’Angleterre dès le début de la guerre de Cent Ans. L’union du Foix et du Béarn déclarée indissoluble au 13e siècle était mise en péril car les chevaliers béarnais se battaient dans l’armée anglo-gasconne.

Placé sous la tutelle de sa mère, le jeune Gaston parcourut de 1343 à 1345 tous ses domaines pour échanger des serments d’hommage avec les nobles, de fidélité avec les communautés rurales. Il prit ainsi la mesure de la complexité de ses domaines et put avoir un contact direct avec ses sujets, accourus en foule à sa rencontre.

Le Béarn devient une principauté souveraine

Gaston III refusa d’être entraîné, comme son père, dans la guerre et le 26 septembre 1347, après la défaite à Crécy de Philippe VI, roi de France, et la prise de Calais par les Anglais, il notifia au roi de France qu’il ne tenait son pays de Béarn que de Dieu et de son épée et qu’il demeurait neutre dans le conflit qui opposait le royaume de France à l’Angleterre d’Édouard III. Devenu une principauté souveraine de fait, le Béarn devait le rester jusqu’en 1620.

Un administrateur rigoureux et juste

Pour surveiller la route entre les deux capitales de son domaine (Foix et Orthez), Phébus prit le contrôle d'une vingtaine de forteresses. Il transforma de fond en comble le château de Pau et construisit l’énorme place forte de Montaner aux confins du Béarn, de l’Armagnac, de la Bigorre et de l’Aquitaine. En mettant la main sur une route longeant les Pyrénées à une époque où la guerre désorganisait le commerce le long de la Garonne, Phébus donna une occasion magnifique aux Béarnais de se transformer en transitaires neutres. Ils transportèrent de Montpellier jusqu’à Bayonne – alors port anglais –, des produits de luxe italiens, catalans, et le pastel du Lauragais. Au retour, ils ramenaient les tissus de Flandres et d’Angleterre qu’ils transportaient également au sud des Pyrénées. Bien entendu, Phébus retirait de substantielles taxes sur les transactions.

Gaston Phébus en prière
Gaston Phébus en prière
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Concentrant entre ses mains tous les pouvoirs, convoquant l’armée, faisant battre monnaie, Phébus modernisa son administration, rendit la justice au plus humble comme au plus puissant. Il gouvernait avec un conseil restreint sans composition fixe, sorte de despote éclairé avant la lettre.

Se méfiant du clergé, il ne fit aucune construction religieuse, mais en revanche utilisa musique et chant pour propager sa gloire, faisant d’Orthez un centre musical où l’art nouveau était à l’honneur. Il rassembla de magnifiques manuscrits enluminés et fut lui-même un écrivain de talent. Mais surtout, il sut gagner l’admiration de Froissart qui dans ses Chroniques magnifia sa cour d’Orthez malgré le drame dont elle fut le théâtre.

Le drame d'Orthez en 1380

Comme le clergé et une bonne partie de la noblesse étaient écartés du pouvoir au profit de techniciens de petite origine, un complot fut ourdi avec le concours du roi de Navarre désireux de se débarrasser d’un voisin aussi encombrant que Phébus : le prince héritier tenta d’empoisonner son père. Démasqué et mis en prison, il refusa de donner les noms de ses complices si bien que dans un accès de fureur, Phébus lui porta un coup de poignard mortel en août 1380. Sentant l’Enfer s’ouvrir sous ses pas pour avoir tué son fils, la seule fois de sa vie où il avait perdu son sang froid, Phébus s’enfuit d’Orthez où il ne devait revenir que trois ans plus tard. Installé au château de Pau, il rédigea son étonnant Livre des Oraisons, le premier de ce genre dû à un laïc. Il s’y adresse directement à Dieu en raisonnant comme un philosophe sophiste, en argumentant en trente-sept prières autour d’un thème central : Dieu doit sauver ses créatures car il est responsable de leurs méfaits comme de leurs bienfaits. Dans une prière toutefois, il se laisse aller à un élan mystique.

Après un exil de trois ans, c’est à son retour à Orthez et en son château de Moncade, que Gaston Phébus commença à dicter son fameux Livre de Chasse.

Froissart à la cour d’Orthez

Arrivé à la cour d’Orthez le 25 novembre 1388, Froissart, le célèbre chroniqueur, y demeura 12 semaines après avoir traversé la France depuis Blois pour s’entretenir avec « le gentil comte de Foix » dont les faits et gestes défrayaient toutes les cours : « le drame d’Orthez » était particulièrement entouré de mystère. Ce séjour fut décisif pour le destin posthume de Phébus qui sut gagner la confiance du plus remarquable reporter de son temps. Le Voyage en Béarn est d’ailleurs un des moments les plus fameux de l’œuvre de Froissart qui magnifia également son hôte dans ses Pastourelles.

La mort d’un grand chasseur devant l’éternel

Le 1er août 1391, Phébus fut foudroyé par une attaque d’apoplexie, près d’Orthez, à l’issue d’une chasse à courre dans les bois portant le nom d’Orion, ce chasseur géant, fils de Poséidon. Fin admirable pour cet homme étonnant, ce grand chasseur devant l’Éternel qui dans le prologue de son livre avait démontré que la chasse était la source de tous les bienfaits sur terre et ouvrait les portes du Paradis à condition de ne jamais méconnaître Dieu et de ne jamais sacrifier à cette passion les devoirs de sa charge.

Provenance

Cet article provient du site Le livre de chasse de Gaston Phebus.

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