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Parcours pédagogique

Cambriolage à la BnF, une nouvelle aventure d'Arsène Lupin

Par Clara Rabier, professeure de lettres
16 min de lecture
Arsène Lupin détective
Pour Francis Lacassin, Arsène Lupin a « l’art de cambrioler l’histoire de France ». Et si le célèbre gentleman cambrioleur, né sous la plume de Maurice Leblanc, décidait de s’attaquer à celle contenue dans les collections de la Bibliothèque nationale de France ? C’est l’aventure proposée dans ce parcours pédagogique.

Ce scénario pédagogique a pour ambition de faire découvrir aux élèves les aventures d’Arsène Lupin, les codes de l’écriture de l’enquête policière et du roman-feuilleton, ainsi que le site et les fonds de la BnF.

Il s’adapte particulièrement au programme de français de quatrième, permettant à la fois l’étude de la forme de la nouvelle, de la place accordée à la ville dans le roman policier, mais s’intègre aussi à l’étude de monde de la presse en questionnant la forme du feuilleton journalistique. Travailler sur le personnage d’Arsène Lupin peut également permettre de faire écho au programme d’histoire et fournir une illustration littéraire du Paris la seconde révolution industrielle de la Belle Epoque. Avec des textes et des objectifs adaptés, ce parcours peut également être utilisé en classe de sixième dans l’objet d’étude consacré au roman d’aventure.
 
Les ressources pour réaliser l'activité

Un feuilleton à succès

Lorsque Maurice Leblanc publie « L’arrestation d’Arsène Lupin » dans la revue Je sais tout en juillet 1905, rien ne prédestine le héros éponyme de la nouvelle au succès qui l’attend. Après une quarantaine de nouvelles et une quinzaine de romans publiés en l’espace de vingt ans, Arsène Lupin « n’est plus un personnage de roman, mais un héros populaire », comme l’explique Francine Marill-Albérès dans Le dernier des dandies, Arsène Lupin. La recette de ce succès ? Un héros aux mille visages qui se distingue par son panache, une inventivité de l’auteur qui joue avec les codes narratifs des genres employés et un personnage qui s’adapte aux goûts et préoccupations de son lectorat.

Feuilletons, nouvelles ou romans en série ?

Selon l’œuvre choisie par l’enseignant, il peut être intéressant de commencer son étude par une réflexion sur le genre littéraire auquel elle appartient. Cette réflexion est d’autant plus intéressante sur l’œuvre de Maurice Leblanc en ce qu’elle révèle certains choix d’écriture de l’auteur ou de ses éditeurs.

La première aventure du héros est pensée comme une nouvelle unique et close sur elle-même, où la capture du gentleman cambrioleur fait office de chute. Cependant, en présentant d’emblée le personnage comme « le fameux Arsène Lupin », « l’insaisissable cambrioleur dont on racontait les prouesses dans tous les journaux depuis des mois », Maurice Leblanc s’est ménagé (sans le savoir ?) une « programme narratif sériel ». Comme l’explique Daniel Couégnas  Naissance d’un héros et d’un ensemble sériels Arsène Lupin, Gentleman-cambrioleur (1905-1907) », Belphégor, 14, 2016), laisser entrevoir la carrière mythique du cambrioleur rend possible « un ensemble sériel virtuellement interminable ».

Ce n’est que face au succès rencontré et à l’insistance de l’éditeur du journal que l’auteur acceptera d’écrire une suite à ses aventures. Celles-ci paraissent d’abord dans la revue Je sais tout, avant d’être réunies, avec un réarrangement chronologique, en 1907 dans Arsène Lupin, gentleman cambrioleur. Cette compilation des nouvelles en roman permet à la fois d’asseoir pleinement le personnage dans son caractère et son passé (notamment avec la nouvelle « Le collier de la Reine », premier vol réalisé par Lupin dans son enfance) mais aussi d’en préparer la suite en plaçant la rencontre avec Sherlock Holmes (renommé Herlock Sholmès pour des questions de droits) à la fin. La suite des aventures continue d’être publiée dans les journaux, la revue Je sais tout, mais aussi le quotidien Le Journal, tout en étant par la suite publiée sous forme de recueils ou de romans. On peut donc questionner l’influence de la parution en feuilletons dans l’écriture de Maurice Leblanc.

En effet, en choisissant de publier dans les journaux, l’auteur se plie à un pratique de lecture propre à son époque : le feuilleton. Les feuilletons dans les journaux apparaissent en France en 1836 et se popularisent rapidement. Les textes publiés en bas de page (ou « au rez-de-chaussée »), annoncés comme « à suivre », fidélisent le lectorat et participent au développement de la presse au 19e siècle. Le feuilleton impose un rythme au lecteur…mais aussi à l’auteur qui peut tenir compte de cette contrainte pour l’exploiter et jouer sur les effets d’attente.

Piste pédagogique

Pour donner une idée aux élèves de ce qu’était la lecture d’un feuilleton à l’époque, on peut rechercher avec eux l’œuvre abordée en classe sur le site RetroNews ou sur Gallica. Le site Data BnF indique parfois les informations de publication des romans et nouvelles parus en feuilleton.

Plutôt que de demander aux élèves de lire l’œuvre intégralement en autonomie, on peut lire l’œuvre sous sa forme originelle d’extraits, lors des dispositifs « Silence on lit » ou « Quart d’heure lecture », ou tout simplement distribuer les textes étudiés en les segmentant comme ils l’étaient dans presse. Lors de l’activité d’écriture qui sera développée plus loin dans ce parcours, on pourra demander aux élèves d’écrire les différents épisodes de leur histoire en ayant en tête un découpage de type feuilleton et de ménager des effets de suspens à chaque fin d’extrait. Le projet des élèves pourra d’ailleurs venir nourrir le journal de l’établissement, voire inspirer sa création, ne serait-ce que pour quelques numéros, en guise de projet de classe annuel.

Un héros aussi reconnaissable qu’insaisissable

Arthur Conan Doyle avait compris tout l’intérêt commercial d’utiliser toujours le même personnage. Il fut ainsi en mesure de produire un « feuilleton dans lequel chaque livraison serait susceptible d’être lue comme un récit complet, tout en conservant un lien avec la précédente par l’intermédiaire des personnages principaux ». La permanence du personnage, mais aussi son adaptabilité, assurent en partie le succès des feuilletons policiers.

L’archétype du voleur, tel qu’il est pensé par Maurice Leblanc, en fait un personnage idéal pour les feuilletons : capable de changer de visages à volonté pour commettre ses crimes, il s’adapte à toutes les aventures qu’on veut lui faire vivre. En ce sens, Lupin est une persona, un masque, avant que d’être un personnage. Mais sous la multiplicité des masques se révèle celui qui, à toujours vouloir « être lui-même et un autre finit par se ressembler sous ses multiples déguisements » (Anissa Bellefqih, Arsène Lupin, La transparence du masque, 2001).

Piste pédagogique

Dès lors, il est intéressant de conduire une activité sur la caractérisation du personnage avec les élèves. On peut commencer par sa caractérisation physique, encore aujourd’hui influencée par les illustrations qu’ont pu en livrer les journaux. En guise d’activité introductive, on peut présenter aux élèves un corpus d’images et leur demander d’associer des adjectifs au personnage représenté, tout en questionnant les horizons d’attente que ces images suscitent chez eux en tant que futurs lecteurs. Outre le corpus proposé, les enseignants pourront utiliser les couvertures plus actuelles des éditions qu’ils comptent utiliser en classe, mais aussi avec des photogrammes et affiches des différentes adaptations à l’écran des aventures du personnage.

On peut ensuite confronter ces différentes images à une description présente dans l’œuvre étudiée en classe. Cependant, la principale qualité physique de Lupin est d’être protéiforme, insaisissable. Lorsque Maurice Leblanc, sous les traits d’un narrateur intra diégétique confident de Lupin, pose la question à son personnage, celui-ci lui répond : « Pourquoi, dit-il encore, aurais-je une apparence définie ? Pourquoi ne pas éviter ce danger d’une personnalité toujours identique ? Mes actes me désignent suffisamment. »

Cette polymorphie de Lupin permet à l’auteur de l’adapter à toutes les situations. Seul Herlock Sholmès, dès leur première rencontre, donnera à Lupin l’impression « d’être saisi, emprisonné, enregistré par ce regard ». Lors du travail d’écriture des élèves, il pourrait donc être intéressant d’accorder une séance à un travail de description de Lupin, puis de confronter les différents travaux des élèves. À la manière des couvertures de journaux, on peut aussi demander aux élèves de créer une couverture avec le titre de l’aventure qu’ils vont écrire, ainsi que d’illustrer différents moments de l’histoire.

Le(s) mobile(s) du crime

Si le personnage de Lupin est physiquement insaisissable, son caractère, lui, demeure assez constant dans ses premières aventures. Pendant ou après leur lecture, on demandera aux élèves de trouver plusieurs adjectifs et substantifs désignant le caractère de Lupin et de justifier leur choix par un moment précis de l’histoire, une parole, un geste du personnage. Les mots qui ne manqueront pas de revenir seront sûrement « astucieux », « moqueur », « rusé »… Mais il faudrait aussi interroger les élèves sur les motivations d’Arsène Lupin, sur le mobile de ses larcins.

Ce qui séduit le plus le lecteur dans le caractère de Lupin, c’est son sens du panache et du spectaculaire. Sartre surnommait d’ailleurs Lupin « le Cyrano de la pègre ». Le gentleman cambrioleur sait, mieux que quiconque, se mettre en scène et jouer avec l’attention de ses victimes (et celle des lecteurs) pour mieux les leurrer. On peut voir dans ce goût du déguisement une forme de critique de la société contemporaine dans laquelle il évolue. Comme l’explique Anissa Bellefqih dans Arsène Lupin, La transparence du masque : « Il a compris dès sa petite enfance qu’il évoluait dans un univers de théâtralité et que la respectabilité sociale n’était définie que par des signes, une apparence. Toute sa vie, il vivra comme s’il était en permanence sous les feux de la rampe. »

Dès son premier vol, dans « Le collier de la Reine », on comprend que le larcin est pour lui une manière de rétablir une forme de « justice redistributive ». En commettant ce premier cambriolage en étant enfant, il se venge ainsi de la famille de sa mère qui l’avait réduit à l’état de femme de chambre au prétexte de la recueillir elle et son fils par charité. Comme le rappelle Francis Lacassin dans Mythologie du roman policier, les cambriolages de Lupin ne lui rapportent en général que très peu de profits financiers, et le personnage se plaindra d’ailleurs avec humour de ses frais exorbitants à l’inspecteur Ganimard. Sa seule « rentabilité garantie est de nature psychologique. La satisfaction de mettre la société au défi, de ridiculiser les institutions vénérables, de démontrer l’impuissance d’un système répressif ». Comme avec les Dreux-Soubise, plus les victimes de Lupin sont moralement repoussantes, plus le spectateur jouit de concert avec le héros lorsque ceux-ci se retrouvent piégés.

Cependant, dans les œuvres suivantes, on voit le personnage évoluer au grès des préoccupations de son époque et de l’auteur. Quelque peu lassé par son personnage, Maurice Leblanc essaye de s’en débarrasser à plusieurs reprises. Se pliant à la demande du public, il se voit cependant contraint de le conserver dans ses récits, où il n’apparaît parfois que furtivement, comme une sorte de deus ex machina servant à faire progresser l’histoire. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, les intrigues de Leblanc se font plus politiques et Lupin fait montre de motivations plus patriotiques, voire nationalistes et colonialistes lorsqu’il intègre la légion étrangère.

L’aventure de L’Aiguille creuse et la découverte du trésor des rois de France marque également un tournant dans ses motivations et ses cibles. Lupin n’est plus seulement sensible à la valeur monétaire de ce qu’il vole : il en perçoit pleinement la valeur patrimoniale et se trouve attiré par le mystère et les énigmes qui entourent les trésors qu’il chasse (L’aiguille creuse, L’Île aux trente cercueils). Lacassin explique que désormais, « [il] n’entrera plus dans l’histoire sur la pointe des pieds pour lui faire les poches […] Du cambrioleur moqueur venu à sa rencontre avec une pince-monseigneur, elle a fait un arbitre jonglant avec les frontières et les passions et qui dialogue d’égal à égal avec les chefs d’état ». Ainsi, Lupin n’est pas forcément déconnecté des préoccupations de la société dans laquelle il évolue.

Enfin, n’oublions pas qu’Arsène Lupin se montre volontiers séducteur avec la gent féminine, qu’il agisse par galanterie amoureuse ou par pur intérêt. Au fur-et-à-mesure de l’histoire et du développement de sa psyché, ses rapports avec les femmes se complexifient, mais on peut garder à l’esprit que Lupin sait faire usage de son charme lorsqu’il le souhaite.

Les ressources pour réaliser l'activité

Le collier de la reine Marie-Antoinette, dont l'histoire a donné lieu à un scandale rocambolesque avant et pendant la Révolution, est devenu un mythe littéraire abondemment utilisé par des auteurs populaires comme Alexandre Dumas. Maurice Leblanc utilise le motif dans une nouvelle qui plonge aux sources du personnage d'Arsène Lupin, et qui permet d'illustrer toutes les facettes du personnage.

La nouvelle se divise en trois moments : le récit du cambriolage et l’enquête infructueuse de l’époque, le récit du dîner chez les Dreux-Soubise où un certain chevalier de Floriani (qui n’est autre que Lupin) « résout » le mystère du cambriolage, et enfin la restitution de la monture du collier avec l’annonce dans les journaux qu’Arsène Lupin est l’auteur de cette bonne action.

La première partie de la nouvelle permet d’instaurer une empathie pour le personnage d’Henriette et son fils Raoul, soulignant ainsi que le premier vol de Lupin est en partie commis pour rétablir une forme de justice. La seconde partie met en avant l’ingéniosité précoce du cambrioleur, son humanité (il est ému lorsqu’il justifie le vol du collier) et son goût pour le déguisement et la ruse. Cette dernière qualité permet de faire tomber le lecteur dans le piège narratif tendu par la nouvelle. L’« ironie qui semblait plutôt hostile que sympathique » va croissant jusqu’à aboutir à cette certitude : « le chevalier Floriani n’était autre que le fils d’Henriette ». Le seul moyen de confondre Lupin passe finalement par son désir à lui « d’être reconnu comme tel ». Par cette révélation à demi-mots, il achève de venger l’injustice dont sa mère et lui ont été victime.

La restitution finale du coller ainsi que l’ironie mordante des lignes publiées (« Arsène Lupin s’est empressé de le rendre à ses légitimes propriétaires. On ne peut qu’applaudir à cette attention délicate et chevaleresque ») soulignent à la fois la galanterie du geste tout en affirmant sa supériorité morale et intellectuelle sur ceux qui l’ont offensé. Il confirme son titre de gentleman, sachant naviguer dans la société des apparences sans jamais oublier sa vacuité.

Piste pédagogique

Le travail avec les élèves peut s'appuyer sur le contexte de parution et sur un petit travail d'enquête. Dans son numéro 14, la revue Je sais tout organise un concours pour promouvoir la prochaine aventure du gentleman cambrioleur. Les lecteurs doivent deviner « le bijou historique, déjà célèbre par une affaire retentissante, que dérobera Arsène Lupin », et expliquer leur réponse en moins de quarante lignes.

L'étude du collier comme mythe littéraire peut également s'appuyer sur la vidéo proposée ci-dessus. Pourquoi un auteur comme Maurice Leblanc décide-t-il d'utiliser ce bijou en particulier ?

Le projet d’écriture est le suivant : écrire une nouvelle aventure d’Arsène Lupin, relatant le cambriolage d’un objet se trouvant dans les collections de la Bibliothèque Nationale de France.

Selon le groupe et les attentes de l’enseignant, on peut adapter l’exercice pour que les élèves écrivent individuellement, par groupes ou collectivement en se répartissant les différents moments de l’aventure.

La narration peut se faire à la troisième personne, comme si Maurice Leblanc racontait l’aventure que Lupin lui aurait confiée. On peut soit demander aux élèves de segmenter la nouvelle en différents épisodes de feuilletons une fois le plan arrêté (et leur demander de ménager des effets de suspens), ou proposer l’organisation suivante : récit cadre (l’auteur et narrateur explique comment Lupin lui a confié son histoire), choix et ekphrasis de l’objet à voler, mobile du vol, préparation du cambriolage (Lupin), passage à l’acte, fuite et clôture du récit cadre.

En guise de travail préparatoire, les élèves doivent mener quelques recherches qui, idéalement, peuvent être couplée avec une visite de la BnF. Néanmoins, l'usage des différents sites Internet de l'Institution peut pallier une visite in situ.

Repérer l’objet à dérober : Découvrir les fonds de la BnF

Lors d’une séance de recherche, les élèves sont invités à découvrir les fonds de la BnF. Si le professeur de français, d’histoire ou d’art plastique de la classe souhaite lier le projet à une période historique particulière, il peut leur donner une consigne allant dans ce sens. Pour commencer leurs recherches, les élèves peuvent utiliser les pages suivantes :

Si la classe a l’occasion de visiter le musée de la BnF, on peut demander aux élèves de choisir un objet qu’ils auront l’occasion de voir sur place. Lors de la visite, leur mission sera de retrouver l’emplacement de l’objet. Afin de préparer la visite et choisir l’objet, ils peuvent utiliser le plan interactif du musée et écouter en avance l’extrait de l’audioguide qui les intéresse.

Une fois l’objet choisi, les élèves doivent se livrer à un exercice très précis de description, en prenant en compte le matériau, les dimensions, les scènes représentées, l'organisation du décor. Imaginons par exemple que cette description puisse être utilisée pour passer commande à un faussaire, afin de créer un double de l’objet et le remplacer au moment du cambriolage.

L’histoire de l’objet pourra les aider à trouver un mobile à Lupin. Agit-il simplement par appât du gain ? Vole-t-il l’objet pour quelqu’un d’autre ? Répare-t-il un tort qu’on lui a causé ? Résout-il un mystère historique ?

Pour donner aux élèves un exemple de réactualisation d’une histoire d’Arsène Lupin, on peut leur faire comparer la nouvelle du « Collier de la Reine » au scénario du premier épisode de la série Lupin, dont le rôle-titre est incarné par Omar Sy. Dans les deux histoires, l’objet et le motif sont similaires : Assane Diop vole le collier pour lequel son père a été accusé, il y a donc une forme de réparation à l’œuvre.

Trouver un déguisement convaincant

Véritable expert dans l’art du travestissement, Lupin va sûrement choisir de se déguiser pour commettre son cambriolage sans un bruit. Selon l’emplacement et la nature de l’objet, de qui pourrait-il prendre l’identité ?

Pour cela, les élèves vont devoir s’intéresser aux différents publics accueillis dans la bibliothèque : étudiants, chercheurs, lecteurs, visiteurs…qui a le droit d’aller à la BnF ?

À moins qu’ils ne préfèrent prendre l’apparence d’un personnel de la bibliothèque ? Agent d’entretien, sécurité, bibliothécaire, conservateur, magasinier, restaurateur, agent d'accueil, guide… Pour choisir le meilleur rôle à incarner, les élèves devront se renseigner sur les différents métiers qu’on peut trouver à la BnF. S’ils ont la chance de visiter le lieu, qu’ils en profitent pour poser des questions aux différents agents qu’ils rencontreront. Sinon, des bibliothécaires répondent aux question sur le service SINDBAD.

Enfin, avec son sens de l’humour légendaire, Arsène Lupin ne résistera sûrement pas à utiliser une anagramme en lien avec l’objet qu’il prévoit de voler. Aux élèves de trouver un alias convaincant en jouant avec les lettres !

Préparer sa fuite : repérer le quartier

Une fois l’objet volé et la copie substituée à l’original, notre héros doit quitter les lieux en toute discrétion et aller dissimuler son butin. Par où sortir et où se rendre ? Par quels moyens de transport ? Les élèves feront des recherches sur le quartier de la BnF Richelieu afin de préparer leur sortie.

Si on souhaite ajouter un peu d’action, on peut imaginer une course poursuite entre Herlock Sholmès ou Ganimard et Lupin dans Paris, à la manière de celles qu’ils auront pu lire au préalable. On demandera aux élèves d’exploiter au maximum la ville, ses secrets et ses usages, pour enrichir cet épisode. Car comme l’explique Francis Lacassin en parlant de la ville dans les romans policiers : « Avec ses façades faussement rassurantes ; sa foule d’honnêtes gens dont chacun d’eux peut dissimuler un criminel ; ses rues ouvertes à de folles poursuites ; ses entrepôts massifs comme des forteresses ; ses palissades fermées sur le mystère ou le néant ; ses toits offerts au jugement de Dieu ; ses lumières qui trouent la nuit menaçante, elle est la fois pour le détective : sa complice, son adversaire et sa compagne »

Il en va de même pour le cambrioleur de génie, qui sait transformer Paris en vaste terrain de jeu où jouer à cache-cache avec ses poursuivants.

Les élèves ont désormais toutes les clés en main pour écrire une nouvelle aventure d’Arsène Lupin. Afin de valoriser leur travail et lui donner une touche d’authenticité, on tâchera de leur faire publier leur travail sous la forme d’un feuilleton illustré, comme le faisait Maurice Leblanc. Il n’y a alors plus qu’à espérer que cet exercice suscite des vocations d’écrivains…et non de cambrioleurs 

Édition de référence

  • Maurice Leblanc, Arsène Lupin, édition établie par Francis Lacassin, Paris : Robert Laffont, 1986-1992, 5 vols. (à la BnF).

Études

  • Anissa Bellefiqh, Arsène Lupin, La transparence du masque, Paris, Montréal, Torino : l'Harmattan, 2001 (à la BnF).
  • Daniel Cougenas, « Naissance d’un héros et d’un ensemble sériels Arsène Lupin, Gentleman-cambrioleur (1905-1907) », Belphégor, n°14, 2016 (lire en ligne).
  • Francis Lacassin, La vraie vie d'Arsène Lupin, Paris : Omnibus, 2004 (à la BnF).
  • Francine Marill-Alberes, Le dernier des dandies, Arsène Lupin. Études de mythe, Paris : A.-G. Nizet, 1979 (à la BnF).

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