Jules Verne, aux frontières de l'impossible

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Voilier à Nantes

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Bibliothèque nationale de France

En 1862, la rencontre de Jules Verne avec l’éditeur Jules Hetzel lance sa carrière : ils signent un contrat, qui aboutit à la parution du premier des Voyages extraordinaires avec Cinq semaines en ballon (1863). Dès ce premier volume, la recette du succès est là : un voyage à travers un territoire peu connu, ici l’Afrique, un moyen de transport icône de la modernité, un ingénieur explorateur, de multiples rebondissements. Les voyages se succèdent : Voyage au centre la Terre (1864), De la Terre à la Lune, (1865), Vingt mille lieues sous les mers (1869), Le Tour du monde en 80 jours (1872), L’île mystérieuse (1875) ou encore Robur le conquérant (1886), pour ne citer que quelques titres.

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Cinq semaines en ballon

Frontispice de l’édition Hetzel

Publiée par Hetzel en 1865, cette première édition illustrée de Cinq semaines en ballon est le premier des soixante-quatre Voyages extraordinaires de Jules Verne. L’auteur commence à exploiter les thèmes qui lui sont chers et qui feront sa réputation de romancier « d’anticipation ». L’exploration de territoires inconnus, le voyage spatial et l’aérostation sont ici au cœur du récit.

Trois compagnons intrépides entreprennent la traversée du continent africain, alors partiellement inexploré. L’inventeur, Samuel Ferguson, survole les terres à bord d’un ballon gonflé à l’hydrogène, accompagné de son domestique Jœ et de son ami Dick Kennedy. Leur audace, leur courage et leur témérité permettent aux trois aéronautes de sortir vainqueurs d’une longue série d’aventures et d’être reçus triomphalement à leur retour en Angleterre.

Édouard Riou, 1833-1900
Peintre et dessinateur, débute au Salon de 1859 et traite entre autres de paysages de la forêt de Fontainebleau et de scènes de l’Égypte. Illustrateur de l’École de Doré, il illustre de nombreuses revues dont Le Tour du Monde et des ouvrages de Hugo, Scott, Mayne-Reid, Ridder Haggard et André Laurie. Plusieurs de ses toiles se trouvent au musée du Havre. Riou a contribué à : Cinq semaines en ballon, Voyages et aventures du capitaine Hatteras, Voyages au centre de la terre, Les Enfants du capitaine Grant, Vingt mille lieues sous les mers, Le Chancellor, et Géographie de la France.

Henri de Montaut, 1830-1900
Journaliste et dessinateur, ancien professeur à l’École Militaire du Caire, Membre de l’Institut Égyptien, fondateur et rédacteur en chef du « Journal Illustré », il collabore au « Journal pour Rire » et à « La Vie Parisienne ». Il fonde le journal « L’Art et la Mode » et publie entre autres : « Voyage au pays enchanté - Cannes - Nice - Monaco - Menton », « Album de la vie de César », « œuvres de différents pays », « Sujets d’enfants ». Henri de Montaut a contribué à : Cinq semaines en ballon, Voyages et aventures du Capitaine Hatteras et De la Terre à la lune.

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Pierre-Jules Hetzel

Grand éditeur du 19^e siècle, Pierre-Jules Hetzel a publié tous les grands auteurs de l'époque : George Sand, Dumas, Balzac, Nodier, Musset... En exil en 1851, il fait paraître clandestinement Les Châtiments de Victor Hugo. Mais son nom est surtout associé à celui de Jules Verne, dont il a publié tous les Voyages extraordinaires.

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Le but de ces voyages est de « résumer toutes les connaissances géographiques, géologiques, physiques, astronomiques amassées par la science moderne et refaire, sous la forme attrayante qui lui est propre, l’histoire de l’univers. » Portés par de magnifiques illustrations d’artistes tels que Léon Benett, Jules Férat ou Édouard Riou ainsi que par des cartonnages emblématiques, ces romans scientifiques font réellement voyager leur lecteur, à une époque où se déplacer était exceptionnel.

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Affiche publicitaire pour les Voyages extraordinaires, étrennes 1889 de l’éditeur Hetzel

Jules Verne (1814-1886), Pierre-Jules Hetzel (1814-1886)

« Excelsior ! » lance le Dr Ferguson, en ouverture du premier succès de Jules Verne, Cinq semaines en ballon. Le succès de l’œuvre de Jules Verne s’est identifié à un point tel à celui de son éditeur, qu’Hetzel regroupa les romans dans une collection spécifique, avec un format spécial et une illustration particulièrement soignée. Prépubliés dans le Magasin d’éducation et de récréation ou dans de grands quotidiens comme Le Siècle, les titres paraissent généralement d’abord en petit format in-18 brochés ou en reliure, dans la « Bibliothèque d’éducation et de récréation ». Pour les étrennes 1865, Hetzel lance une édition illustrée de Cinq semaines en ballon au format in-8°. Puis il adopte pour le seul Jules Verne le format grand in-8° en volumes simples ou doubles (pouvant réunir deux titres ou pour les gros romans), qualifiant l’ensemble des 62 récits de « Voyages extraordinaires ». Les livres sont vendus brochés, sous des cartonnages réservés à Jules Verne, ou reliés. Cette magnifique affiche donne à voir Jules Verne, principal élément en couleurs, central, d’où semble émaner une ronde de personnages issus de ses romans et quelques scènes emblématiques : Cinq cents millions de la Begum, le Nautilus de Nemo, l’Albatros de Robur, obus du voyage dans la Lune, maison à vapeur, ballon des Cinq semaines. Chacun est nommé en rouge, Passe-Partout et Michel Ardan faisant face à l’auteur. Les étrennes Hetzel sont celles de Jules Verne ! (O. P.)

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Jules Verne honorera son contrat avec Hetzel pendant plus de quarante ans, fournissant un ou deux ouvrages par an, selon leur importance. Il est pour lui comme un « père spirituel ». Se posant en découvreur de l'auteur, il ne cesse d’intervenir dans la rédaction de ses livres, refusant parfois certains manuscrits.

Les thématiques abordées par Jules Verne dans les Voyages extraordinaires évoluent, jusqu’à être teintées d’un certain pessimisme. Pour certaines, ces aventures ont été adaptées au théâtre, avec grand succès, par exemple Le Tour du monde en quatre-vingt jours en 1874 et Michel Strogoff en 1880. Ces pièces ont ainsi contribuée à la fortune de l’écrivain. Dès 1902, l’œuvre de Jules Verne est également adaptée de très nombreuses fois à l’écran.

Celui qui dira que « À vingt ans, mon idéal était de voyager. Cet idéal, n'ayant pu le réaliser qu'incomplètement, je me suis mis à voyager en imagination, et à la suite de Phileas Fogg, qui fit le tour du monde en quatre-vingt jours, je ne tarderai pas à l'avoir fait en quatre-vingt volumes » meurt en 1905 à Amiens.

Il laisse à travers ses soixante-deux Voyages extraordinaires une des œuvres littéraires les plus populaires au monde. Œuvre faite de « magie » selon Jean-Marie Gustave Le Clézio : « Elle transporte des images, des sensations, des courants qui nous emportent à la manière des mythes. »

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Les Enfants du capitaine Grant

Édouard Riou (1833-1900) est l’illustrateur des premiers titres, en 1867. Les Enfants du capitaine Grant est le cinquième des Voyages, et le premier à ne pas mettre en scène un exploit programmé, mais un tour du monde réalisé un peu par hasard. C’est en même temps un roman matrice, dont plusieurs personnages réapparaissent à de nombreuses occasions, dont l’action se recoupe avec d’autres romans, et dont les motifs seront réutilisés, qu’il s’agisse du tour du monde, de la quête du père, ou des origines de l’enfant. Il ne semble pas gratuit que Verne ait écrit sur les enfants séparés alors que lui-même fait état des difficultés qu’il rencontre déjà dans l’éducation de son fils de quatre ans. Roman sans héros, ou plutôt à héros multiples, ce récit évoque les histoires de pirates, les robinsonnades, et même le roman d’énigme via le mystérieux message. L’illustration choisie pour le frontispice donne justement à voir le globe terrestre, véritable sujet du livre, et le navire qui permet aux héros de l’explorer. (O. P.)

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