Gustave Doré et la sculpture

Doré est venu à la sculpture de manière autodidacte, à partir de 1877, comme le font d’autres artistes de ces années-là, au moment où les frontières entre les champs artistiques deviennent moins imperméables. On retrouve dans sa sculpture les caractéristiques de sa peinture, qu’elle soit monumentale, comme La Parque et l'Amour, ou faite de grouillements et de masses, comme Le Temps fauchant l'Amour. Lui-même acrobate, arrivant parfois chez ses amis en marchant sur les mains, Doré affectionne le déséquilibre et les figures instables, comme celles de ses sculptures Roger et Angélique, ou À Saute-Mouton. Et comme en peinture, les critiques ne le ménageront pas, agacés par son universalisme ou sa complexité, traitant La Gloire de "hiéroglyphe", tant ils ont du mal à comprendre l’allégorie. Et comme en peinture, le Doré sculpteur sera insatisfait par la non reconnaissance de son travail. Par Edouard Papet, conservateur en chef au musée d’Orsay.