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Règles et stratégies des échecs dans l'histoire

Manuel du jeu d'échecs
Manuel du jeu d'échecs

© Bibliothèque nationale de France

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À partir de la période moderne, les échecs connaissent deux évolutions majeures : les pièces deviennet plus mobiles, ce qui permet d'accélérer les parties, et la notion de tactique apparaît. Des changements promis à un bel avenir.

Les règles du jeu

La marche médiévale apparaît comme l'esquisse des règles contemporaines. Elle se caractérise essentiellement par la limitation des déplacements. L'accroissement de la mobilité des pièces constituera une grande révolution pour les échecs à la Renaissance. L'évolution des règles vise à accélérer les parties, souvent jugées trop lentes et ennuyeuses, notamment en ouverture.

L'assise lombarde

L' « assise lombarde » est une particularité du jeu médiéval : il s'agissait de la possibilité de déplacer le roi de deux ou trois cases dans son premier mouvement, sautant les cases occupées. Le roi pouvait ainsi être placé au centre de la mêlée et occuper une place en rapport avec la réalité du combat médiéval. En outre, une telle marche du roi rendait les parties plus rapides.

Le jeu de la « dame enragée »

Dernière venue sur l'échiquier, la reine n'y joue qu'un rôle limité au Moyen Âge, ne se déplaçant et ne prenant qu'en oblique, une case à la fois. Une atmosphère défavorable aux femmes lui interdit longtemps une place plus importante. Son mouvement s'amplifie à la fin du 15e siècle : elle traverse désormais l'échiquier en ligne et en diagonale. C'est en Italie et en Espagne que cette évolution a lieu, certainement due à quelque « princesse de fer », duchesses italiennes ou Isabelle la Catholique, au demeurant bonne joueuse d'échecs. En outre, elle permet de dynamiser le jeu, encore lent et ennuyeux dans les premiers coups. La « dame enragée » s'impose en France vers 1540.

La marche usuelle

C'est à la Renaissance que les échecs adoptent définitivement les règles actuelles. Les connaissances acquises sont « rationalisées » et des pratiques héritées du combat médiéval, comme l' « assise lombarde », abandonnées. Ainsi sont dégagés les principes généraux de la manière de jouer correctement.
La reine est désormais la pièce la plus puissante de l'échiquier. Ses pouvoirs accrus rendent les parties rapidement « sanglantes ». Considérée comme l'arme absolue, la reine effectuait alors de redoutables ravages dans le camp ennemi. Le fou, qui se déplaçait de deux cases en diagonale, traverse maintenant l'échiquier. Le pion augmente légèrement sa force en début de partie en pouvant avancer de deux pas à son premier coup. La promotion du pion arrivé à la huitième rangée est introduite. Il peut se transformer en n'importe quelle pièce déjà prise. Ce n'est qu'au milieu du 19e siècle que l'on pourra éventuellement posséder plusieurs dames. Enfin, après l'assassinat de Henri IV en 1610, est créé le « roque », manipulation qui consiste à abriter le roi dans un coin de l'échiquier.

Éléments de stratégie

Il est bien difficile de préciser la stratégie des échecs médiévaux. Les traités techniques de l'époque rassemblent des recueils de parties et se limitent aux problèmes d'échecs les plus simples. La plupart présentent des victoires, entre deux et vingt coups, sans poser de stratégie générale. Ce sont les textes littéraires, comme ceux de la légende du roi Arthur, qui peuvent nous renseigner sur le déroulement « tactique » des parties médiévales. Ils présentent le jeu d'échecs comme un combat féodal : les parties relèvent davantage du jeu de massacre que de la subtile combinaison. L'échiquier est un champ de bataille, les pièces sont prises comme dans un corps à corps pour faire place nette. Passé le massacre des pions, c'est la recherche du mat qui occupe les joueurs, sans considération pour les prises intermédiaires, et donc sans vraiment distinguer les « belles » victoires. Ainsi le niveau technique est-il resté très faible au Moyen Âge.

« Le principe de ce jeu est que l'un prenne l'autre », expliquait-on au 13e siècle. Prendre l'autre, ce n'est pas uniquement mettre le roi adverse en échec et mat, mais aussi dévaster son jeu. Comme le confirme l'expression « mater », c'est le mettre en « échec et mat », étymologiquement le mettre à mort ! Le mat constitue l'unique préoccupation des joueurs jusqu'au 18e siècle. Les plus forts d'entre eux se rendaient bien compte qu'une attaque directe sur le roi adverse pouvait être contrée avec succès. Mais leur impatience à gagner la partie l'emportait. La victoire était recherchée d'entrée de jeu. Si le mat tardait trop, la partie était considérée comme terne et sans grand intérêt. Ainsi, la manière importait moins que l'efficacité. Un style de défense ou d'attentisme était inconcevable.

Grâce à leur style spectaculaire, généreux autant qu'énergique, ces joueurs « primitifs » popularisèrent les échecs. Leur mérite est d'autant plus grand qu'ils furent des pionniers et ne bénéficièrent d'aucun apport théorique antérieur pour les aider dans leur recherche de méthodes de jeu.

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