La Création de l'univers
 

Au centre, Mahapurusha, de carnation blanche, nu, debout, de face en position samabhanga, entoure de son bras droit la déesse Ishvari, coiffée d'une haute couronne ( mukuta) et vêtue d'un sari à fleurs ; tous deux sont sur un piédestal. Ils sont la création de Vata Paramatman, « Âme suprême » dans la philosophie indoue ou « seigneur suprême de l'univers » – c'est à dire l'être existant en dehors et en dedans de chaque être créé, d'après vata (être existant), para ou param (extérieur), et amatma (intérieur). Eux-mêmes vont donner naissance à Viratapurusha et Tripurasundari. Vata Paramatman, l'Etre suprême, éternel, infini, tout-puissant, qui a créé tout ce qui existe, n'est, quant à lui, représenté sous aucune forme.

Viratapurusha, « homme d’une grandeur infinie avec une infinité de globes du monde suspendus à son corps », aspect universel de Vishnu, de face en samabhanga avec quatre bras et quatre étages de multiples têtes, est debout sur un piédestal avec une longue guirlande de fleurs de lotus sur les épaules. À droite, la déesse Tripurasundari, « reine de trois mondes », plus petite, est de profil.

Extrait du texte de présentation de Porcher des Oulches

Ces deux divinités s’étant aussi embrassées, la déesse enfanta par la bouche, trois œufs. Le premier produisit deux figures divines, l’une sous la forme d’homme, qui avait cinq têtes et quatre bras, et qui eut le nom de Brouma [Créateur] et l’autre sous la figure d’une femme qui fut nommée Lachoumy [Reine des richesses]. Le second œuf produisit deux semblables figures, dont celle sous figure d’homme fut nommée Vichenou [Rempli de toutes choses] ayant quatre bras et une tête seulement, et celle de la femme Sadidêvy [Reine de la joie]. Le 3e œuf produisit encore une figure d’homme, ayant 5 têtes, 4 bras et 3 yeux, qui fut nommé Routren [qui détruit], ou autrement Sivene [joyeux] et une figure de femme qui fut nommée Sarasouvady [Reine des sciences].

Indra a séduit Ahalya, l’épouse de Gautama. Deux registres : en haut, Gautama surprend le couple et le maudit ; en bas, Ahalya est changée en pierre.

Debout, de face, en sari rayé mauve et choli vert, Minakshi est l'épouse de Shiva, déesse tutélaire de Madurai. Elle tient un lotus dans la main gauche.

Deux registres : en haut, Satyavrata regarde le poisson dans l’étang, qu'il occupe complètement ; en bas, il l’observe dans la mer, où il grandit encore démesurément.

Des « anges », les gandharva, indiquent à Vishnu Matsya le lieu où s'est retiré Hayagriva, qui a volé les Veda . Matsya le poursuit jusque dans la mer.

La séduisante Mohini est entourée des géants et des dieux qui se battent pour elle ; au-dessous, frise de cinq fleurs.

Au début des temps, les dieux et les démons, qui étaient alors tous mortels, étaient en lutte pour la maîtrise du monde. Tous les participants sont dans l'eau – l'effet est rendu par de la gouache blanche qui les masque en partie. Ils tirent de part et d'autre sur le serpent Shesha, qui sert de corde pour mouvoir la montagne Mandara. Vishnu, s'apercevant que la montagne descend trop profondément dans la mer, se transforme en tortue (Kurma, deuxième de ses principaux avatara) et se place dessous pour la soutenir.

Le barattage de la mer de lait ( Samudramanthana) produit la vache Kamadhenu, qui donne tout ce qu’on lui demande ; l’arbre Kalpavriksha qui dure éternellement, qui n’a point son pareil au monde, et sous l’ombre duquel le ministre des dieux nommé Indra se plaît beaucoup ; un cheval blanc Uchchaihshravas, qui sert de monture au dieu Surya, et qui va où il veut selon sa pensée ; un oiseau semblable à une oie ( hamsa), qui sert de voiture au dieu Brahma ; une antilope, monture de Chandra ; un éléphant blanc Airavata, monture d'Indra ; trois arcs à l’usage des trois dieux, Vishnu, Shiva et Brahma ; une autre arme nommée vajra, à l’usage d’Indra ; un shankha (conque), dans lequel on croit que Vishnu souffle au ciel pour assembler les dieux ; une autre arme ronde, un chakra, avec laquelle Vishnu détruit ses ennemis ; quatre filles, l’une nommée Sarasvati, devenue femme de Brahma, regardée comme la reine des sciences, la deuxième du nom de Lakshmi, devenue femme de Vishnu, regardée comme la déesse des richesses, la troisième, Ahalya, devenue femme d’un rishi nommé Gautama – Indra voulut d’abord l’avoir pour femme, mais les dieux, s’étant assemblés à ce sujet, décidèrent que celui des deux concurrents qui pourrait vivre mille ans dans la mer salée l’aurait pour épouse, et ce fut le pénitent qui gagna –, et la quatrième nommée Mudevi, déesse de la pauvreté, qui ne fut point mariée, chacun la fuyant ; un bœuf blanc, Nandi, monture de Shiva ; un char, servant de voiture à tous les dieux, et qui vole à une vitesse incomparable, au gré de leur désir ; trois armes, shula, gada et pasa à l’usage de Shiva ; enfin, un homme, Dhanvantari, devenu médecin des dieux, muni d'un pot d’ amrita (ambroisie), qui a tous les goûts les plus exquis qu’on puisse imaginer, et qui fortifie ceux qui en boivent.

Les deux daitya Hiranyaksha et Hiranyakashipu tiennent conseil pour faire ou non la guerre à Vishnu. Le premier la fera effectivement.

Le daitya Hiranyaksha porte sous son bras le monde, qui ressemble à un grand rouleau. Il est poursuivi par Vishnu, sous la forme du sanglier Varaha, son troisième principal avatara, qui apparaît debout sur un monticule.

Le daitya Hiranyaksha, en bas à gauche, a le ventre ouvert. Au centre, Vishnu, sous la forme de Varaha, se détourne d'Hiranyaksha après l’avoir tué ; il reprendra le monde pour l'étendre comme il était auparavant. Dans les angles des arcades un gandharva souffle de la trompette et des dieux lancent des fleurs. Le fond est ponctué d'un semis régulier de fleurs, un procédé fréquent dans la peinture de l'Andhra Pradesh.

La colère de Vishnu (Narasimha), ici seul, de face, consume tout ce qui se rencontre à mille lieues à la ronde.

Vishnu est de face, sur une jambe, l'autre dressée en l'air, en présence de Bali, de Shukracharya et d'un témoin, le singe Jambavati, rapporteur de la victoire du dieu. Vishnu, immense, s'accroît prodigieusement et, en deux pas, conquiert le ciel, la terre et les autres univers.

Kartavirya se baigne avec quatre de ses femmes et, en agitant ses mille bras, il modifie le cours de la rivière Narmada.

Parashurama est assis au sommet d’une haute montagne stylisée et fleurie, et fait pénitence après avoir tué tous les rois du monde pour venger son père.

Les trois cités volantes, d’or, d’argent et de fer, sont représentées de forme circulaire et possédant chacune une paire d'ailes. Dans chacune d'elles se tiennent un géant Tripura, son épouse et un fils. Brahma, satisfait de la pénitence des Tripura, leur a accordé le vœu de posséder chacun une cité. Pour cela, il demande à Vishvakarman, architecte de l’univers, de créer trois cités ailées.

Les trois frères se tiennent la tête en bas, prenant appui sur leurs mains, entre des feux.

Les femmes des Tripura, en voulant cueillir les fruits des arbres, sont surprises de se trouver contre des hommes nus, à la carnation rouge.

Sur cette peinture, Buddha ( avatara de Vishnu) ressemble beaucoup, avec ses larges épaules et sa taille fine, à un tirthankara jaina, vu de face.

 Les feuilles des arbres sont dessinées à l’encre.

Deux tours et, au premier plan, trois musulmans vêtus de longs jama. Le nom de la mosquée n'est pas cité par Porcher des Oulches, mais on peut, dans ces deux hautes silhouettes de minarets abritant des tombes, reconnaître Nagore, important centre musulman du Sud de l’Inde, situé tout près du lieu de résidence de Porcher, au sud de Karikal, à l’embouchure de la rivière Vetta.

Vishnu, avec un corps humain vert et une tête de cheval, tenant dans deux de ses mains le chakra et le shankha, et des deux autres, un sabre et une rondache, réduit les infidèles en morceaux qui jonchent la terre.