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Tarot dit de Charles VI : les allégories chrétiennes

La Mort, Le Diable (manquante), La Maison-Dieu, Le Jugement
Tarot dit de Charles VI : les allégories chrétiennes
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La Mort

La Mort, squelette décharné revêtu d'une tunique retenue à la taille par une écharpe blanche à volutes, le crâne ceint d'un turban de même couleur, chevauche un coursier noir. Elle brandit son attribut, la faux, dont le manche, au premier plan, crée la profondeur. Le cheval franchit la « barrière » de la carte, débordant le cadre. L'artiste se souciait davantage de l'effet impressionnant de l'ensemble que de son dessin initial. Dans sa fougue, l'animal escalade cinq défunts, un pape, un évêque, deux cardinaux, un roi, allusion à la vanité des grandeurs humaines.
L'arme menaçante, la faux, fut empruntée à Saturne, qui, avec cet attribut, figure le temps. Ce dieu agraire des Latins, dont le règne d'abondance et de paix correspondit à l'âge d'or, était représenté à l'origine avec une faucille. Dès la période romaine classique, il fut assimilé au dieu grec Cronos, puis au temps Chronos. L'homonymie des termes fut, semble-t-il, à l'origine de cette confusion. Macrobe (début du Ve siècle) dans les Saturnalia, donna à la faucille une autre signification : « certains pensent que la faucille lui a été attribuée parce que le temps fauche tout » (I, 8). La faucille se transforma en faux au cours du Moyen Âge, et devint le symbole d'un pouvoir destructeur, celui de la mort. Elle resta aussi l'attribut du Temps, auxiliaire de la Mort.
Le cheval est une référence aux quatre cavaliers de l'Apocalypse, dont l'un symbolise la mort. Celle-ci est l'une des fins dernières de l'homme avant le Jugement dernier, le paradis où l'enfer.

La Maison-Dieu

Tour carrée, crénelée d'où s'échappe des flammes, elle se lézarde, et semble frappée par la foudre. Cet atout pourrait être une évocation de la destruction de la tour de Babel que les hommes, rêvant d'atteindre le ciel, avaient construite avec des briques cuites, cimentées par du bitume. Dieu irrité de l'orgueil des hommes, empêcha la poursuite du chantier en confondant les langues. La destruction de la tour n'est pas mentionnée dans la Genèse, mais la dispersion des ouvriers la rend implicite.
C'est à partir de la fin du Moyen Âge que les artistes imagineront la dislocation du bâtiment provoquée par des éclairs jaillissant du ciel plutôt que par une intervention divine ou une tempête comme ils l'avaient fait antérieurement.
Les marches de feu qui se succèdent sur l'un des côtés de l'édifice pourraient représenter la rampe extérieure qui figure dès le 14e siècle dans l'iconographie de la tour de Babel.
L'appellation de Maison-Dieu peut surprendre pour cette forteresse à la porte obscure, cependant en hébreu Babel signifie Porte du ciel et correspond bien à la fonction que devait remplir cette tour.



Le Jugement
La représentation du Jugement dernier dont la source est l'évangile de Matthieu, reprend l'iconographie d'une scène habituelle de ce thème, représentée dès le 9e siècle : les morts, réveillés par les anges qui soufflent dans les trompettes, sortent de leur sépulcre. Ils apparaissent nus et de sexe différent.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Fin du 15e siècle
  • Lieu
    Italie du Nord
  • Description technique
    Peinture a tempera à l'œuf, sur un dessin préparatoire à l'encre noire de type sépia ; décor de rinceaux estampés, après fixation de feuille d'or et d'argent sur une couche d'assiette, déposée sur un support de papier ; dos blancs unis. Papier en plusieurs couches avec rabats à l'italienne dont certains sont rognés. La partie du dessin dissimulée par les rabats réalisés après, a été redessinée.
    Dix-sept cartes : 180/185 x 90/95 mm.
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la photographie, RÉS. KH 24

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm1vhgfjqbb6