Comme le loup blanc

Né en 1968, Éric Battut fait partie des valeurs sûres de l’album pour la jeunesse français, associant une reconnaissance critique et des prix internationaux et un succès public réel. Ayant débuté en 1996 par une adaptation de La Chèvre de Monsieur Seguin, il alterne les adaptations de contes (Blanche-Neige) et ses propres créations (Mon capitaine). Son univers graphique est très personnel, ne se rattachant ni aux tendances de L’École des loisirs ni à celles du Rouergue par exemple. Dans ses albums, les personnages sont très souvent petits voire minuscules, perdus sur de grands fonds indistincts, sans réels décors autres que celui nécessaire à l’action. Les couleurs dominantes ont longtemps été le noir, un rouge sombre et, comme ici, le blanc, par contraste. L’univers presque abstrait dans lequel évoluent des personnages silhouettes, composé de bandes horizontales uniformes, n’est pas sans évoquer Nicolas de Staël. Les histoires sont souvent angoissantes, mais aussi porteuses de poésie et de rêverie. Comme le loup blanc est une fable dans laquelle un individu différent (lapin, « loup blanc » du groupe) impose sa dictature et élimine peu à peu tous les autres, jusqu’à se retrouver isolé, lorsqu’arrive en conclusion. le véritable loup blanc. Comme fréquemment chez Battut, s’il y a morale, c’est au lecteur de la définir. (O. P.)