Début de L’Organon d’Aristote avec les commentaires de Godefroid de Fontaines

L’œuvre logique d’Aristote (384-322 av. J.-C.) fut la première à entrer officiellement à l’Université de Paris en 1215. Connue sous le nom traditionnel d’Organon, c’est-à-dire « instrument » méthodologique du savoir, elle comportait, au Moyen Âge, six traités et débutait par l’Isagoge de Porphyre.

Aux notions relatives aux catégories et aux propositions (Logica verus, "corpus ancien de logique"), connues dès le haut Moyen Âge au travers de l’œuvre de Boèce, s’ajoutèrent à partir du milieu du 12^e siècle, celles relatives aux syllogismes et à la méthode inductive, notion essentielle pour toute méthode expérimentale (Logica nova, « corpus récent de logique » ).

L’oeuvre a suscité au 13^e siècle une fièvre de gloses et de commentaires qui en accompagna l’enseignement. Ce précieux manuscrit, glosé par Godefroid de Fontaines, maître régent de la Faculté de théologie à Paris (1285-1301), en est un témoignage. Le théologien y a inscrit de sa main ses propres commentaires universitaires. Il utilise pour ce faire une écriture cursive et rapide, qui contraste avec l’écriture anguleuse et posée, appelée libraria, du copiste. À sa mort (1306), il légua l’ouvrage au collège de Sorbonne. En 1338, le volume était "enchaîné" dans la Grande Librairie du collège.

Le copiste a laissé de grandes marges, dont l’utilité est double : elles constituent une protection matérielle du texte puisque, mécaniquement, c’est le bord des feuillets qui s’use le plus vite sous l’action de la poussière et du feuilletage ; elles laissent par ailleurs au lecteur savant un espace disponible pour écrire les réflexions que le texte, qu’il lit, lui inspire. Il n’y a pas ici de mise en page préétablie de la glose : le commentateur utilise comme il peut l’espace libre et s’efforce de placer son commentaire à proximité du passage commenté qu’un système de renvois ingénieux permet de situer avec précision.