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Acte I

Lorenzaccio
Acte I
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Dans la première scène, Lorenzo et le Duc enlèvent de nuit une jeune fille. La deuxième scène se déroule après la messe. Un marchand de soieries et un orfèvre dialoguent à propos de la situation à Florence. L’orfèvre regrette le temps passé de la République vertueuse et peste contre l’avènement du duc Alexandre de Médicis. Il le présente comme le pantin du pape et de l’empereur Charles Quint, et comme un débauché notoire. On retrouve ces deux personnages dans le dernier acte, commentant cette fois-ci la révolution manquée après la mort d’Alexandre.

Acte I, scène 2
« L’ORFÈVRE. La cour ! le peuple la porte sur le dos, voyez-vous. Florence était encore (il n’y a pas longtemps de cela) une bonne maison bien bâtie ; tous ces grands palais, qui sont les logements de nos grandes familles, en étaient les colonnes. Il n’y en avait pas une, de toutes ces colonnes, qui dépassât les autres d’un pouce ; elles soutenaient à elles toutes une vieille voûte bien cimentée, et nous nous promenions là-dessous sans crainte d’une pierre sur la tête. Mais il y a de par le monde deux architectes mal avisés qui ont gâté l’affaire ; je vous le dis en confidence, c’est le pape et l’empereur Charles. L’empereur a commencé par entrer par une assez bonne brèche dans la susdite maison. Après quoi, ils ont jugé à propos de prendre une des colonnes dont je vous parle, à savoir celle de la famille des Médicis, et d’en faire un clocher, lequel clocher a poussé comme un champignon de malheur dans l’espace d’une nuit. Et puis, savez-vous, voisin ? comme l’édifice branlait au vent, attendu qu’il avait la tête trop lourde et une jambe de moins, on a remplacé le pilier devenu clocher par un gros pâté informe fait de boue et de crachat, et on a appelé cela la citadelle : les Allemands se sont installés dans ce maudit trou comme des rats dans un fromage, et il est bon de savoir que, tout en jouant aux dés et en buvant leur vin aigrelet, ils ont l’œil sur nous autres. Les familles florentines ont beau crier, le peuple et les marchands ont beau dire, les Médicis gouvernent au moyen de leur garnison ; ils nous dévorent comme une excroissance vénéneuse dévore un estomac malade ; c’est en vertu des hallebardes qui se promènent sur la plate-forme, qu’un bâtard, une moitié de Médicis, un butor que le ciel avait fait pour être garçon boucher ou valet de charrue, couche dans le lit de nos filles, boit nos bouteilles, casse nos vitres ; et encore le paye-t-on pour cela. »

Alfred de Musset, Lorenzaccio
> Texte intégral dans Gallica

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1895
  • Lieu
    Paris, Ed. La Société des amis des livres
  • Auteur(es)
    Alfred de Musset (1810-1857), auteur ; Albert Maignan (1845-1908), illustrateur
  • Description technique
    Illustration en couleurs, 24 cm
  • Provenance

    BnF, Réserve des livres rares, RES P-YF-65

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm1322020703