La construction de la légende napoléonienne

Si la légende de Napoléon se développe à partir de l'exil à Sainte-Hélène puis de la parution du Mémorial de Las Cases en 1823, sa construction est lancée par Bonaparte lui-même dès la campagne d'Italie en 1796-1797. Investi de larges pouvoirs par le Directoire, il sait mobiliser les moyens d'informations de l'époque pour transformer le demi-succès militaire de la bataille d'Arcole qui eut lieu du 15 au 17 novembre 1796, en coup d'éclat partagé dans un premier temps avec le général Augereau, puis en action héroïque personnelle. Les gravures de la bataille associent d'abord les deux héros dans une esthétique classique et chevaleresque. La focalisation progressive des représentations iconographiques sur le geste intrépide de Bonaparte qui s'engage sur un pont qu'en réalité il ne franchit jamais, en brandissant le drapeau qui doit galvaniser les troupes, s'accompagne de l'éviction progressive du général Augereau de la scène. Des instructions officielles spécifiaient aux artistes (peintres, graveurs, aquarellistes) comment restituer chacun des épisodes marquants des campagnes napoléoniennes.