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Traité de faciomancie illustré

Traité de faciomancie illustré
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Ce rouleau dont le début et la fin manquent contient un texte de faciomancie, science de la prédiction par le teint du faciès, accompagné de 11 dessins de visages. Une des branches de la science antique de la physiognomonie – la divination par l’examen des parties du corps – était déjà pratiquée au cours du premier millénaire avant notre ère. Malgré la volumineuse littérature consacrée à ce sujet, extrêmement rares sont les traités anciens parvenus jusqu’à nous. Une douzaine de manuscrits de Dunhuang, seuls textes connus datant de la dynastie des Tang, nous permettent de combler une lacune dans la connaissance d’une discipline sans doute très pratiquée, bien que véhémentement critiquée par les lettrés confucéens et par les textes philosophiques, comme le Zhuangzi et le Xunzi.

Le visage, considéré comme un microcosme, occupe à lui seul un domaine de cette science. Le présent rouleau, de la fin de la première moitié du 10e siècle, est un document quasi unique fondé sur l’observation du teint. Les émanations colorées du visage correspondent entre autres aux cing agents, aux couleurs qui leur sont associées et au cycle saisonnier. Le visage tel une carte géographique, est divisé en zones corrélées. Le premier grand visage complet porte le nom des douze mois de l’année et permet de prédire le sort individuel en fonction du moment d’apparition des tâches colorées. Le visage suivant est divisé en neuf parties correspondant au découpage traditionnel en neuf régions du territoire chinois. Chaque zone du visage est quadrillée en rouge ; les Chinois fractionnent volontiers les surfaces en parcelles régulières, qu’il s’agisse de zones géographiques, physiques ou calligraphiques. Le commentaire rapporte que ces divisions permettent de tirer des pronostics quant à l’opportunité de voyager dans les régions correspondantes.

Disposée sur deux registres, une série de 8 faces masculines plus petites détaillent les colorations pouvant apparaître sur 34 parties différentes du visage. Les endroits en couleur, bien qu’estompés sur le document, représentent des subdivisions désignées par des termes particuliers. Pour éviter toute incertitude ou confusion, chacune des 49 légendes est reliée par un trait vermillon. À la suite, un texte explique les prédictions qui concernent tous les événements marquants d’une existence, les maladies figurant dans une section assez détaillée, décès, pertes diverses, dangers variés tout autant que promotions professionnelles, obtention d’avantages financiers, satisfaction d’ordre alimentaire, ou bonheur personnel. Les couleurs jouent également un rôle : « Du jaune en forme de sapèque sur le centre céleste : grande joie, obtention d’un poste de fonctionnaire. Du jaune sur les cimes entre deux sourcils : événement heureux. Le centre céleste dégage un bleu noirâtre comme des perles enfilées : destitution de fonction et perte de dignité. Du noir sur les deux coins des yeux : perte de l’épouse pour un homme ou perte de l’époux pour une femme. Du noir sur les deux côtés de la pointe du nez et se prolongeant jusqu’aux salles : perte certaine des parents. Le côté gauche est lié au père ; le droit, à la mère. Le point central devient rouge : sûrement des ennuis, causés par des fonctionnaires dans trois jours [..]. » (Traduction de Hou Chin-ang 1979, p. 61.)

Il est probable qu’un rouleau aussi détaillé appartenait à un physiognomoniste professionnel, comme il en existait déjà au 7e siècle avant notre ère. L’illustration y est technique : les visages pleins sont tout en arrondis afin que chaque zone soit clairement identifiable. Ce visage type, fort ressemblant par les proportions à celui de la divinité Guanyin, semble représenter un idéal physique.

La science antique de la physiognomonie appliquée au visage établit aussi une relation entre l’ordre cosmique et les vertus morales. Elle a très certainement joué un rôle dans la conception de l’art du portrait tel qu’il s’est développé en Chine. L’examen du visage à des fins de divination et de compréhension du caractère a permis de constituer un répertoire dont se sont servis les peintres. En effet, plus que les traits individuels, ce sont les types humains que les artistes ont cherché à représenter. Cette conception confère un caractère stéréotypé à la majorité des portraits chinois.

Bibliothèque nationale de France   

  • Date
    Époque des Cing Dynasties, vers 950
  • Lieu
    Manuscrit trouvé à Dunhuang. Mission Pelliot, 26 avril 1910
  • Description technique
    Rouleau de 10 feuilles de papier mince, incomplet du début ; texte partiel au recto d’un manuscrit inscrit sur les deux faces
    29,6 x 331,5 cm
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits, Pelliot chinois 3390

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm7jcmzhz87d