Sûtra de Guanyin

De cette copie votive précieuse, calligraphiée à l’encre d’or sur papier teint à l’origine en bleu très foncé, il ne reste que soixante-quatre colonnes entières ou partielles de texte, ainsi que la colonne finale du titre. Le papier de ces trois feuillets, décoloré, a pris une teinte violet pourpre et l’or est effacé par endroits. Cette offrande coûteuse fut probablement offerte par un personnage de haut rang.

La belle écriture soignée se caractérise par des attaques dites « en forme de clou » ou « en lame qui dépasse ». Le calligraphe commence son trait de la fine pointe du pinceau puis intensifie la pression pour former la suite. Dans la régulière classique, il cherche au contraire à masquer ce mouvement naturel par une manœuvre : il pose la pointe du pinceau, amorce le trait en intensifiant la pression puis, par une virevolte brusque, repasse et englobe cette marque première dans un mouvement continu. Il est désormais capable d’assurer une épaisseur constante au trait et de donner un aspect plus arrondi à l’ensemble.

La couleur du papier et la nature de l’encre font de cette copie du Sûtra de Guanyin un rouleau d’offrande possédant, outre sa qualité d’œuvre de dévotion, une valeur monétaire qui le destine à être conservé dans le trésor d’un temple bien plus qu’à servir à l’usage monastique courant. Un inventaire préservé du monastère Longxing de Dunhuang, constitué sans doute par les offrandes des fidèles, a révélé la présence de quatre-vingt-trois bannières tracées à l’encre d’argent.

Le très court Sûtra de Guanyin, 25^e chapitre du Sûtra du lotus, connut une grande popularité et circula comme un texte indépendant. Il n’est pas inconcevable de penser qu’à l’origine, le rouleau complet s’ouvrait par un frontispice représentant le bodhisattva Guanyin.