Le chaos incompréhensible de l’invisible

La Rose-Croix est un ordre hermétiste chrétien dont les premières mentions remontent au début du 17^e siècle en Allemagne. L’existence de l’ordre et celle de son fondateur, Christian Rosenkreutz, sont toutefois sujettes à controverse. À partir du 18^e siècle et jusqu’à aujourd’hui, de nombreux mouvements se sont réclamés de l’ordre de la Rose-Croix. Assimilant le père au souffre, le fils au sel et l’esprit au mercure, la pensée alchimique chrétienne est le fruit d’une longue tradition, inscrite sur les murs des cathédrales. 
L’existence dans certaines obédiences maçonniques d’un grade de « Chevalier Rose-Croix » confirme que la Franc-Maçonnerie a puisé dans la symbolique rosicrucienne dont on retrouve nombre d’éléments dans les Figures secrètes des Rose-Croix publié en 1785.
Au carrefour de différents courants spiritualistes et ésotériques auxquels la franc-maçonnerie n’était pas étrangère, l’ouvrage entend synthétiser, en trente-six diagrammes, une présentation à la fois religieuse (la référence au christianisme y est constante), métaphysique, mathématique et physico-chimique du monde. À ce titre, il poursuit une tradition qu’avaient tour à tour illustrée la logique lullienne, l’hermétisme de Robert Fludd ou la combinatoire du jésuite Athanase Kircher, dont les différents ouvrages étaient eux aussi ornés de complexes illustrations visant à situer l’homme dans l’univers.
Sont ici systématiquement soulignées les correspondances du microcosme et du macrocosme, l’interaction du matériel et du spirituel, l’interdépendance du physique et du moral.
Les multiples réutilisations de ces textes et figures jusqu’à nos jours et leurs nombreuses traductions témoignent de leur succès et de leur importance aux yeux de rosicruciens, d’alchimistes et aussi de francs-maçons qui voient en eux une source d’inspiration non encore tarie.