Les Avantures de Télémaque

Nommé en 1689 précepteur du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, Fénelon (1651-1715) compose pour son élève, outre des fables, de courts traités et les Dialogues des morts faisant deviser des hommes illustres, un roman pédagogique dont il emprunte le motif au quatrième livre de l’Odyssée d’Homère, prenant pour héros Télémaque, en quête de son père Ulysse. Cette pérégrination est prétexte à un enseignement aussi bien des classiques de l’Antiquité que d’un art de gouverner. C’est à l’insu de l’auteur que le texte, probablement écrit dès 1694, est publié en 1699 par la veuve de Claude Barbin, sous le titre Suite du quatrième livre de l’Odyssée d’Homère ou les Avantures de Télémaque, fils d’Ulysse dont l’impression est arrêtée à la page 208 sur ordre du roi. Les quatre parties suivantes seront publiées clandestinement la même année sans adresse ni nom d’auteur. Cette éducation du prince est en effet perçue par les contemporains comme un roman à clés et soupçonnée par le pouvoir de critique à son égard, de quoi parfaire la disgrâce de l’auteur déjà compromis par ses sympathies quiétistes. Pour autant le succès du livre est immédiat et ne se dément pas. Il inaugure en 1783 la « Collection des auteurs classiques françois et latins imprimés par ordre du roi pour l’éducation de Monseigneur le Dauphin » (F.-A. Didot l’Aîné), et sert également à l’instruction du prince Murat (Bodoni, 1812). À partir de 1810, les éditions « à l’usage de la jeunesse » ou « spécialement destinées aux maisons d’éducation » font florès, Blanchard proposant en 1813 un Petit Télémaque dédié à l’enfance et imprimé avec de larges interlignes. Entre 1811 et 1850, pas moins de cent sept éditions sont publiées à Paris (Martyn Lyons, Le Triomphe du livre, 1987). (C. P.)