À la gloire des bêtes

Publié pour les étrennes de 1914, À la gloire des bêtes est un album méconnu de Job. Illustré de 50 gravures dont 34 dans le texte tirées en noir et en teinte et 16 hors texte aquarellées à la main, le livre retrace « les hauts faits, les belles actions, les actes de courage, d’intelligence, de dévouement d’animaux dont les noms sont passés à la postérité ». Hommage est donc rendu aux oies du Capitole prévenant les Romains de l’attaque gauloise, aux crocodiles transportant saint Pacôme sur l’autre rive du Nil, à l’éléphant de Porus retirant les flèches qui transpercent son maître, au caniche Moustache relevant l’étendard national à Austerlitz. Moins célèbre est l’histoire du lion de Florence rapportée par un auteur du 18^e siècle : le fauve, échappé de la ménagerie du grand-duc, sème la terreur dans la ville ; affolée, une mère en laisse tomber son nourrisson à terre ; d’un bond, le lion prend l’enfant dans sa gueule. C’est ce temps suspendu que Job choisit d’illustrer et qu’il saisit brillamment dans ce face-à-face entre la mère, implorante, bras tendus, et le roi des animaux, sacralisé par des proportions démesurées. « O prodige ! le lion s’arrête, la regarde fixement et remet l’enfant à terre sans lui faire aucun mal ; puis frappant doucement ses flancs avec sa queue, il s’éloigne majestueusement. » (C. P.)