L’audience donnée aux ambassadeurs extraordinaires du Roy de Siam 

Au 17^e siècle, le Siam (aujourd’hui la Thaïlande) apparaît avec l’Inde et la Chine comme l’une des grandes puissances d’Asie. Cherchant à en faire une alliée dans la rivalité politique et commerciale avec la Hollande, Louis XIV reçoit fastueusement ses ambassadeurs le 1^er septembre 1686. 1 500 courtisans sont présents et les étranges bonnets coniques des ambassadeurs étonnent l’assistance. Favorable à un rapprochement avec la France, le roi Naraï est renversé deux ans plus tard et son successeur réserve le commerce avec l’Europe aux seuls Hollandais.

Saint Simon évoque l’attitude du Roi dans de telles manifestations :
« Rien n’était pareil à lui aux revues, aux fêtes, et partout où un air de galanterie pouvait avoir lieu par la présence des dames. On l’a déjà dit, il l’avait puisée à la cour de la reine sa mère, et chez la comtesse de Soissons ; la compagnie de ses maîtresses l’y avait accoutumé de plus en plus ; mais toujours majestueuse, quoique quelquefois avec de la gaieté, et jamais devant le monde rien de déplacé ni de hasardé ; mais jusqu’au moindre geste, son marcher, son port, toute sa contenance, tout mesuré, tout décent, noble, grand, majestueux, et toutefois très naturel, à quoi l’habitude et l’avantage incomparable et unique de toute sa figure donnait une grande facilité. Aussi, dans les choses sérieuses, les audiences d’ambassadeurs, les cérémonies, jamais homme n’a tant imposé ; et il fallait commencer par s’accoutumer à le voir, si en le haranguant on ne voulait s’exposer à demeurer court. Ses réponses en ces occasions étaient toujours courtes, justes, pleines et très rarement sans quelque chose d’obligeant, quelquefois même de flatteur, quand le discours le méritait. Le respect aussi qu’apportait sa présence en quelque lieu qu’il fût imposait un silence et jusqu’à une sorte de frayeur. »