Bœufs sauvages qu’on nomme pisikious

Dans l’Amérique septentrionale, il y a des quantités de bœufs sauvages qui sont beaucoup plus gros que les bœufs d’Europe. Ils ont une bosse sur le dos, leur poil est d’une espèce de laine fort longue, leurs cornes sont hautes et recourbées, et leurs yeux sont grands à faire peur.

Il y en a de toutes espèces ; l’une que l’on nomme pisikious, l’autre cibolas.

Les pisikious s’attroupent dans les prairies en nombre de 3 à 400. Voici comment les sauvages leur font la guerre. Quand ils ont découvert une troupe de bœufs dans une prairie, ils l’entourent de toutes parts, l’un d’eux s’étant glissé au milieu du troupeau à la faveur des herbes, s’élève tout d’un coup et faisant un grand cri, il disperse les bœufs qui sont si sauvages qu’ils s’épouvantent au moindre bruit. Les autres sauvages qui les attendent au passage, les tuent à coups de flèches et en font un grand carnage. Ils tirent leurs flèches avec tant de densité et tant de force qu’ils ne manquent jamais de leur casser une jambe, ce qu’ils font pour se garantir de ces animaux qui sont furieux quand ils sont blessés et qui courent sur celui qui les a frappés. Ces bœufs étant ainsi estropiés, les sauvages les assomment à coups de massues.

Les cibolas s’assemblent par troupe de 12 à 1500 et vont paître dans des champs de roseaux. Les sauvages ne peuvent les approcher dans ces endroits, mettent le feu aux roseaux, et lorsque les bœufs s’enfuient, ils les tirent à coups de flèches de dessus les arbres où ils sont montés.