L’Île mystérieuse de l’oncle Ernest

Si le cédérom a été techniquement inventé en 1978 par Sony et Philips, sa diffusion dans les ordinateurs du grand public peut être datée de 1994, les premières productions d’œuvres multimédias pour la jeunesse arrivant lentement. Il est vrai que le jeu vidéo avait touché les enfants dès 1970, mais le cédérom a incontestablement représenté à l’époque une rupture technologique engendrant l’édition de produits spécifiques, à usages culturels, scolaires, ludo-éducatifs ou simplement ludiques pour les enfants. Sur un marché vite dominé par l’utilitarisme éducatif d’une part, le plaisir récréatif de l’autre, la réflexion créative et l’innovation technologique ont aussi eu leur place. Éric Viennot, professeur d’arts plastiques reconverti dans l’infographie puis le logiciel, fondateur de la structure Lexis Numérique, crée ainsi L’Album secret de l’Oncle Ernest, dont le relatif succès international entraîne la création de plusieurs suites et d’une sous-série : L’Île mystérieuse en est le troisième volet. Il y expérimente de nouvelles structures de navigation, pour offrir une aventure plus aléatoire, moins linéaire, que l’enfant doit construire lui-même en résolvant des énigmes qui sont autant d’activités. L’utilisation d’un livre, d’un carnet manuscrit de croquis, comme interface à l’écran, est très originale. Éric Viennot continue d’explorer les écritures multimédias, alors que l’univers du jeu vidéo et notamment la technologie des consoles ont fait évoluer et se développer ce qu’il faut bien qualifier de nouvelles formes de narration. (O. P.)