Manjusri et autres personnages

Cette esquisse, représentant cinq personnages semble-t-il, résulte de la juxtaposition de deux groupes entrant dans une composition plus large. La partie droite montre l’image hiératique de Manjusri en majesté sur le lion qui lui sert habituellement de monture et de trône. L’animal est tenu en laisse par un homme barbu à la physionomie étrangère coiffé d’un haut bonnet. Le personnage barbu serait le roi Udayana d’un royaume indien de l’époque du Bouddha. Un jeune garçon porteur d’offrande fait également partie de ce même groupe où Manjusri est en position frontale. La représentation de Manjusri s’inscrit ici dans un carré parfait de trente et un centimètres de côté, la divinité sur sa monture formant un triangle isocèle. Le lion robuste aux pattes écartées semble capable de supporter un lourd fardeau. Se dirigeant vers la gauche, il tourne sa tête vers la droite, gueule ouverte d’où semble s’échapper un rugissement, selon une représentation conventionnelle de ce groupe. Les expressions des personnages et de l’animal contrastent avec l’inexpressivité sereine de Manjusri.

Dans la partie gauche, les deux autres personnages disproportionnés, bien que rattachés à Manjusri, semblent n’avoir été placés là que pour tirer parti d’un espace libre sur le feuillet. Le personnage de gauche au crâne rasé, de trois quarts, mains jointes, est de toute évidence un moine pèlerin aux traits étrangers semblable à ceux qui empruntaient la route transhimalayenne de la soie. Il porte à la ceinture des objets de voyage, un sac à dos, semble-t-il, et un bâton qui se termine par une sorte de vrille ; son vêtement et ses bandes molletières sont à rapprocher d’autres images de voyageurs. Un vieillard barbu tenant un bâton de pèlerin fait de la main droite un geste de prédication. Le vieillard est reconnaissable à son vêtement, son bonnet retombant sur ses épaules et sa canne en zigzag, il fait le même geste devant un moine au crâne rasé qui le salue.