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Les vierges sages s’entretiennent des félicités célestes

Suite Les Vierges sages et les Vierges folles
Les vierges sages s’entretiennent des félicités célestes
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Pour transposer en son temps la parabole des Vierges sages et des Vierges folles de l’Évangile, le talentueux Abraham Bosse (1602-1676) met en scène deux groupes de jeunes filles de la bonne bourgeoisie dont l’univers quotidien fait très significativement une large place au livre. Mais, tandis que les vierges folles privilégient les occupations frivoles (jeux, musique) et les ouvrages de loisir (romans, « livres d’amour »…), les vierges sages, elles, s’adonnent à la lecture et à la méditation du Livre unique, autrement dit la Bible.

Dans une chambre parfaitement ordonnée, où tout est symétrique, les Vierges sages, chacune ayant un livre entre les mains, conversent. Au centre, une table supporte un livre ouvert (forcément la Bible, bien qu’il ne porte aucune inscription) appuyé sur une croix. Sur le mur du fond, le tableau de la cheminée représente Moïse avec les tables de la Loi ; de part et d’autre, une Résurrection et une Adoration des bergers. Au premier plan, sur une chaise, les lampes sont prêtes à l’emploi, et tout à côté se trouve le vase contenant l’huile nécessaire.

Le thème des Vierges sages et les Vierges folles est traité en sept planches, de façon symétrique. Deux estampes montrent, d’une part, les Vierges sages devisant des choses célestes dans la sobriété et l’ordre de leur chambre, d’autre part, les Vierges folles se livrant à des conversations mondaines, jouant de la musique, se divertissant aux cartes, dans un salon coquet et désordonné. Deux autres estampes montrent la même opposition au moment où les jeunes filles sommeillent en attendant l’arrivée de l’époux céleste. Une cinquième, rompant le rythme, rassemble les deux groupes lorsque retentit l’annonce de l’arrivée de l’époux et que les Vierges folles se voient refuser par les Vierges sages de l’huile pour leurs lampes. Les deux dernières estampes montrent l’accueil de l’époux par les unes, et le rejet des autres.

Cette suite existe en deux états. Elle fut d’abord publiée par Jean Ier Leblond, qui y a mis sa marque, à l’enseigne du Pavillon royal, rue Saint-Denis, ce qui n’aide guère pour la datation, n’offrant qu’un terminus avant 1648. Cependant, dans la première planche des Vierges folles, figure une cheminée reprenant un modèle présent en 1633 dans le Livre d’architecture d’autels et de cheminées gravé pour Barbet. Le costume des jeunes filles peut nous apporter une précision supplémentaire. Michèle Beaulieu note que “les dames portent dès cette année 1634 de menus objets pendus à leur ceinture [c’est le cas ici : montres et miroirs], c’est le renseignement que nous pouvons extraire de La Place Royale, comédie de Corneille datée de cette année [Acte II, Scène III]”. Et de dater la suite précisément de 1635, ce qui est une proposition vraisemblable. Après le décès de Jean Ier Leblond, en 1666, si une partie de son fonds de planches échut à son neveu Jean II Leblond, une autre partie fut dispersée. Il est fort possible que, même si Bosse était encore vivant, ses estampes n’étant plus à la mode, elles aient trouvé difficilement leur emploi. Ainsi certaines planches, qui portent l’excudit de Nicolas de Poilly, connurent-elles également des modifications dans le costume porté par les Vierges. Nous rencontrerons ce problème à nouveau un peu plus loin, dans la suite des Œuvres de miséricorde.

En bas à droite : ABosse jnu. et fe. Dans la marge inférieure, au centre, le titre : LES VIERGES SAGES., puis 16 vers sur 4 colonnes : Ces belles Vierges que tu vois / Tout à lentour de cette Table ; / Des hauts Mysteres de la Croix / Font leur entretien delectable // Scachant que le Monde n’est rien, / A bon droit Elles le mesprisent ; / Et cherchent le souuerain bien / Dans les S. ts liuures qu’elles lisent. // Leur Cour bruslant de charité, / De remords secrets ne se ronge ; / Et l’amour de la verité, / Leur fait detester le Mensonge. // Ainsi, sans jamais souspirer / Apres les delices mortelles ; / On les voit tousjours aspirer / Aux felicitez eternelles. Au-dessous, au centre : le Blond excud auec Priuilege du Roy.
 

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1635
  • Lieu
    À Paris, chez Le Blond
  • Auteur(es)
    Abraham Bosse (1602-1676), dessinateur
  • Description technique
    Eau-forte, 259 x 330 mm
    1er état sur 2 : avant la suppression du nom de Leblond et les changement dans les costumes.
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la photographie, RESERVE QB-201(29)-FOL

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm132201609p