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« La honte et les remords vengent l’amour outragé »

La Nouvelle Héloïse, deuxième partie, lettre 26

Le manuscrit calligraphié par Jean-Jacques Rousseau pour sa bienfaitrice, la Maréchale de Luxembourg, est orné de douze dessins originaux, exécutés à la plume et rehaussés de bistre par Hubert Gravelot, sur les indications de Rousseau lui-même.

Sur ce dessin, Saint-Preux quitte sous les moqueries des pensionnaires et des clients la maison de passe où il a été amené à tromper Julie. Rousseau précise : « La scène est dans la rue devant une maison de mauvaise apparence. Près de la porte ouverte, un laquais éclaire avec deux flambeaux de table. Un fiacre est à quelques pas de-là ; le cocher tient la portière ouverte, et un jeune homme s’avance pour y monter. Ce jeune homme est Saint-Preux sortant d’un lieu de débauche dans une attitude qui marque le remord, la tristesse, et l’abattement. Une des habitantes de cette maison l’a reconduit jusque dans la rue ; et dans ses adieux, on voit la joie, l’impudence, et l’air d’une personne qui se félicite d’avoir triomphé de lui. Accablé de douleur et de honte il ne fait pas même attention à elle. Aux fenêtres sont de jeunes Officiers avec deux ou trois compagnes de celle qui est en bas. Ils battent des mains et applaudissent d’un air railleurs en voyant passer le jeune homme qui ne les regarde ni ne les écoute. Il doit régner une immodestie dans le maintien des femmes, et un désordre dans leur ajustement, qui ne fasse pas douter un moment de ce qu’elles sont, et qui fasse mieux sortir la tristesse du principal personnage. »

Mots-clés

Date
1760
Auteur(es)
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), auteur ; Hubert Gravelot (1699-1773), dessinateur
Description technique
Dessin sur papier
Provenance
Paris, Bibliothèque de l’Assemblée nationale, P 7077, face à la p. 278
Lien permanent
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