Les Trois Clés d’or de Prague

Peter Sis, cinéaste d’animation tchécoslovaque né à Brno en 1949, fuit le régime communiste à l’occasion d’un voyage à Los Angeles et devient américain. Par l’intermédiaire de Maurice Sendak, il fait carrière dans la presse comme dessinateur au New York Times avant de publier ses premiers livres pour enfants. Ses sujets sont très souvent fantastiques (Le Rhinocéros Arc-en-ciel) ou historiques (Le Messager des étoiles, Christophe Colomb) mais parlent aussi du monde contemporain (Madlenka, Le Mur), procédant souvent par métaphores. Adepte d’un trait très détaillé et précis, jouant habilement des contrastes de couleurs et de grisailles, il crée des œuvres pour rêver, à plusieurs points d’entrées, où la puissance de l’imaginaire (les jeux de Madlenka et son chien imaginaire) et la volonté (Christophe Colomb) jouent un rôle considérable. Les Trois Clés d’or de Prague semble un hommage à sa ville d’origine, par l’évocation de la légende du Golem et du brillant apogée de la « ville d’or », mais se lit aussi comme un discours sur l’actualité. On voit ici Hradcany, la colline du château, dans un panoramique très complet, dessiné à la manière d’une gravure baroque, la grisaille superposée à un zodiaque donnant l’impression d’une ville grouillant de fantômes et de créatures fantastiques. Comme le dit Claude-Anne Parmegiani, chez lui « l’imaginaire s’enflamme à la lumière d’une réalité visionnaire ». (O. P.)