NBA Street, volume 2

Si dans le jeu vidéo sportif, le genre simulation de sport domine, certains jeux d’arcade sportive permettent de soulever des questionnements sur la représentation des cultures sportives et sa dimension politique. C’est le cas de la franchise NBA Street, publiée entre 2001 et 2007 par EA Sports BIG, qui a poussé la logique d’adaptation de l’esprit du jeu d’arcade dans le cadre du streetball, ou basket-ball de rue joué sur les playgrounds.

En déplaçant les stars NBA dans la rue, en spectacularisant leur jeu et en exacerbant les aspects habituellement euphémisés comme le trash-talking ou la violence, le jeu produit un sport hyperviril qui renforce le caractère héroïque des joueurs – et permet une catharsis plus forte que ne l’offrent les duels en NBA. Surtout, il fixe ces éléments en idéaux, ce qui interroge.

Par ailleurs, le jeu se saisit des terrains de jeu (playground) pour en faire des espaces fantasmés où le « ghetto » prend vie électronique. S'il se targue de célébrer une certaine culture playground, il fixe également dans les imaginaires un fantasme d’une culture corporelle violente et stéréotypée également relayée à travers d’autres artefacts culturels.

Plus encore, si le choix de la musique hip-hop comme de l’artiste new-yorkais Justin Bua pour célébrer l’esthétique du streetball, version urbaine du basket-ball est pertinent, le jeu permet aussi de renforcer des archétypes stéréotypés, où la question du rôle du joueur entre en jeu, entre célébration et appropriation de cette culture.

Représentant la culture alternative du streetball, NBA Street permet de penser le rôle des jeux vidéo par rapport au sport, entre désinvisibilisation d’une culture riche, et marchandisation d’aspects originellement politisés, totalement désubstantialisés de leur discours originel.