Croquis d'un moine pèlerin itinérant

Au verso d’un rouleau du Sûtra du lotus a été esquissé le portrait en pied d’un moine pèlerin. La représentation de moines itinérants, probablement nombreux à circuler sur la route de la Soie, est visible dans six sanctuaires du site rupestre de Dunhuang ainsi que sur douze dessins et peintures retrouvés dans la grotte n° 17. La présente figuration est la plus simple de toutes. Ce croquis rapide montre le religieux sous les traits d’un étranger au nez proéminent. Il se dirige vers la droite, tenant de la main droite une canne terminée par une crosse en zigzag d’un côté et par une vrille de l’autre, et de la main gauche un chasse-mouches. Ses bandes molletières et son menton mal rasé le désignent comme un voyageur ; il est accompagné d’un animal à peine ébauché que l’on peut identifier comme un tigre dans des peintures plus élaborées. Les représentations diffèrent entre elles : tantôt, le moine est tête nue et porte une hotte de livres sur son dos, tantôt, il avance vers la gauche, tient un bâton plus court et sa physionomie est plus chinoise ; tantôt, il semble flotter sur un nuage, tantôt il avance sur la terre ferme.
On a beaucoup spéculé sur l’identité de ce personnage : ce voyageur anonyme symbolise-t-il tous les moines itinérants ? Bien que montré avec une grande simplicité, le personnage est à l’évidence un saint homme si l’on en juge par ses compagnons, le tigre et le petit bouddha auréolé qui l’accompagnent. Fréquente sur la plupart des évocations de moine, mais aussi dans le rouleau du Combat de Sariputra, cette petite figure au-dessus de sa tête est un bouddha assis en méditation sur un nuage faste dit « à cinq couleurs » ou sur une nuée qui semble émaner de sa main gauche.