Petits contes nègres pour les enfants des blancs

En 1921, Blaise Cendrars fait paraître aux éditions de la Sirène une Anthologie nègre, recueil littéraire de contes issus de la tradition orale africaine, qu’il fait suivre en 1928 d’un second recueil destiné cette fois aux enfants, les Petits contes nègres pour les enfants des blancs, publiés aux éditions des Portiques dans la collection « Le coffret de l’âge heureux ». Ces neuf histoires « que se racontent les grands enfants d’Afrique pour s’amuser la nuit autour du feu et ne pas s’endormir à cause des bêtes qui rôdent » sont précédées d’un préambule rapportant les propos d’un sage africain : « Un homme raisonnable ne peut parler de choses sérieuses à un autre homme raisonnable : il doit s’adresser aux enfants. » De portée philosophique parfois complexe, ces contes se prêtent néanmoins à l’enfance par leur mélopée et une certaine malice, notamment dans le premier conte où la ruse d’un petit lièvre soufflée à l’homme sanctionne la traîtrise du caïman Bama. En 1929 les éditions du Sans Pareil publient une nouvelle édition du recueil augmentée de deux contes et illustrée par Pierre Pinsard de trente-huit bois originaux en noir dans le texte et douze hors texte en trois couleurs. La sculpture africaine inspire ces illustrations, qui ne sont pas sans rappeler par certains côtés celles des livres russes pour enfants chers à Cendrars. Cette édition pour bibliophiles n’est tirée qu’à 562 exemplaires. Le livre est traduit en anglais dès 1929 par Margery Williams Bianco, auteur célèbre pour enfants, et vaut à Cendrars d’être comparé à cet autre grand conteur qu’est Kipling. (C. P.)