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La fuite de Clélie

Frontispice de Clélie, histoire romaine, volume 10
La fuite de Clélie
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Madeleine de Scudéry (1607-1701) incarne cette ambition des Précieuses. Sœur du romancier et dramaturge Georges de Scudéry, elle publie la majeure partie de son œuvre sous le nom de son frère, conformément à l’injonction de modestie qui interdisait aux femmes de prendre place dans la vie publique. Dans Clélie, histoire romaine (1654-1660), elle met en scène, sous le déguisement de l’antiquité romaine, ses contemporains, et retrace ainsi les conversations et les événements qui marquent son salon. Ce miroir de la vie mondaine défend des positions très favorables aux femmes, en instaurant dans la fiction une mixité plutôt heureuse entre les sexes, la galanterie. Cependant, dans le code galant, contrairement au code social, les hommes se soumettent aux attentes féminines, comme en témoigne le long cheminement pour aller de « Nouvelle Amitié » à « Tendre » dans sa célèbre Carte de Tendre, qui retrace sous la forme d’une géographie allégorique le monde des sentiments. Mais si les sentiments amoureux idéalisés font l’objet de beaucoup d’attention, les femmes sont invitées à en rester à l’« Amitié tendre », de craindre de tout perdre par le mariage. Conformément à cet idéal, la célèbre romancière, que l’Europe entière lisait, est restée chastement célibataire. La gravure qui illustre le dernier volume de Clélie, où l’on voit l’héroïne de l’histoire romaine échapper à ses ennemis en se lançant à cheval au milieu d’un fleuve, témoigne de ce désir d’indépendance.

© Bibliothèque nationale de France
 

  • Date
    1660
  • Lieu
    À Paris, chez A. Courbé
  • Auteur(es)
    Madeleine de Scudéry (1607-1701)
  • Provenance

    BnF, Réserve des livres rares, RES-Y2-1521

  • Lien permanent
    ark:/12148/mmkwxcsdgk6