Découvrir, comprendre, créer, partager

Image

La forêt et le bûcheron

Livre douzième, fable XVI
La forêt et le bûcheron
Le format de l'image est incompatible

« Un bûcheron venait de rompre ou d’égarer
Le bois dont il avait emmanché sa cognée.
Cette perte ne put sitôt se réparer
Que la forêt n’en fût quelque temps épargnée.
L’homme enfin la prie humblement
De lui laisser tout doucement
Emporter une unique branche,
Afin de faire un autre manche :
Il irait employer ailleurs son gagne-pain ;
Il laisserait debout maint chêne et maint sapin
Dont chacun respectait la vieillesse et les charmes.
L’innocente forêt lui fournit d’autres armes.
Elle en eut du regret. Il emmanche son fer.
Le misérable ne s’en sert
Qu’à dépouiller sa bienfaitrice
De ses principaux ornements.
Elle gémit à tous moments :
Son propre don fait son supplice. 

Voilà le train du monde et de ses sectateurs :
On s’y sert du bienfait contre les bienfaiteurs.
Je suis las d’en parler ; mais que de doux ombrages
Soient exposés à ces outrages,
Qui ne se plaindrait là-dessus ?
Hélas ! j’ai beau crier et me rendre incommode :
L’ingratitude et les abus
N’en seront pas moins à la mode. »

© Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1867
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Dessin de Gustave Doré, gravure sur bois d’Adolphe Pannemaker et Albert Doms
  • Description technique
    Tiré à part d’une gravure sur bois, 23, 7 x 18, 7 cm.
    Épreuve d’une planche hors texte destinée à illustrer les Fables de Jean de La Fontaine avec les dessins de Gustave Doré.
    Louis Hachette (Paris), 1867. 2 vol. Tome 2, p. 338.
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la Photographie, DC-298 (J)-FOL

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm3212001235