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Tableau des êtres d’heureux présages

Tableau des êtres d’heureux présages
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Un passage extrait d’une monographie de Dunhuang, relate un événement survenu en 691 : « Le premier mois de la deuxième année de l’ère Tianshou des Zhou (691), un dénommé Yin Sijian vit dans le parc de Wu Xiaotong du district de Pingkang un oiseau de cinq couleurs huppé, ayant des ailes et une queue de cinq couleurs, un bec rouge cinabre et des pattes rouges. Le peuple et les fonctionnaires accoururent pour le voir. L’oiseau était suivi d’une multitude d’autres : des bleus, des jaunes, des rouges, des noirs et des blancs, les cinq couleurs étaient toutes présentes. Un oiseau huppé est de nature excellente et docile. Le préfet Li Wukui envoya à l’empereur un mémoire disant qu’après avoir examiné attentivement les Dessins d’heureux présages de résonance, il avait pu constater qu’un tel oiseau porte-bonheur existait effectivement et que c’est bien lui que l’on avait aperçu dans le parc. »

Ce texte nous rappelle qu’en Chine, l’apparition de phénomènes naturels et d’animaux extraordinaires, tenus pour des signes d’approbation ou de sanction céleste de la conduite du gouvernement, a toujours été considérée comme étant de la plus haute importance. Dès les Han, une théorie des présages fut élaborée et donna lieu à l’établissement d’une science du déchiffrement des augures et à une littérature prophétique fondée sur des corrélations entre l’homme et la nature. La présence d’animaux fabuleux observée dans l’Empire était rapportée, via les fonctionnaires locaux, à un organe d’État de la capitale qui les enregistrait et les examinait. Ces manifestations fastes ou néfastes, jugements célestes portés sur les règnes, figuraient ensuite dans les sections des histoires officielles consacrées aux empereurs. La survenance de ces signes et leur manipulation jouèrent un rôle déterminant dans la légitimation du pouvoir suprême. Le préfet dont il est question dans le passage précité agit donc selon son devoir, après avoir consulté un ouvrage de référence. Cette sorte de compilation illustrée était par conséquent étudiée, et peut-être conservée, par le représentant de l’autorité politique qui, après avoir vérifié ses informations, les transmettait au plus haut niveau. Ce rouleau s’apparente à ce type de document d’archives quasi officiel.
Le rouleau est divisé longitudinalement en deux parties presque égales, le haut étant, comme habituellement à cette époque, dévolu à l’illustration. Celle-ci est légendée du nom de chaque animal, et au-dessous, la partie textuelle établit la description et le présage. Ce fragment ne compte plus que quarante-deux paragraphes ; trois catégories d’animaux de bon ou de mauvais augure y sont recensées : six types de tortues, trente et un types de dragons et cinq d’oiseaux.
Tortues et dragons sont associés aux empereurs de l’âge d’or mythique.

La section des cinq oiseaux décrits comme semblables au phénix annonce de mauvais présages ; qualifiés, dans un texte complémentaire, d’essences démoniaques, ils sont annonciateurs de calamités telles que la sécheresse ou les inondations. Les oiseaux portent chacun, sur des zones précises du corps, les marques des cinq vertus prônées par le confucianisme : humanité, intelligence, équité, sincérité, ritualité ; ce découpage anatomique rappelle les traités de physiognomonie.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Dynastie des Tang, 7e-8e siècle ?
  • Lieu
    Chine
  • Auteur(es)
    Gu Yewang, auteur
  • Description technique
    Recto d’un rouleau manuscrit incomplet de 12 feuilles de beau papier bis très fin, illustré de 23 dessins à l’encre rehaussée de couleurs sur le bandeau supérieur, 10 à 14 caractères par colonne, 27 x 460 cm
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits, PELLIOT CHINOIS 2683

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm5q832kkg10x