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Le Mariage à la ville : La Visite à l’accouchée

Le Mariage à la ville : La Visite à l’accouchée
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Bosse nous conduit ici dans une autre pièce : la cheminée a perdu ses lourdes volutes, ses masques grotesques qui regardaient en colère la pauvre accouchée et l’enfant en équilibre portant une guirlande sur la tête. La Vierge et le Christ ont cédé la place à une Crucifixion (allusion au martyre auquel l’épouse se sent condamnée ?), et le lit est maintenant orné de panaches. Les tapisseries représentent des trophées d’armes et des scènes de triomphes romains et sont aux armes du maître des lieux, auquel Bosse, par jeu, se plaît à donner une identité, car c’est le même homme qui apparaît dans chaque composition. Les enfants sont ceux qui traversaient la salle où fut signé le contrat. De suite en suite, on a souvent l’impression de retrouver les mêmes personnages. Bosse se complaît à quelques types, et c’est ce qui fait l’homogénéité de son œuvre. L’accouchée reçoit ses amies, qui commentent leur triste destinée de devoir supporter la douleur de l’enfantement pour satisfaire leurs maris seuls responsables de cette situation. Mais, caché derrière les rideaux du lit, un espion goguenard fait signe au spectateur qu’il en doute.
On a souvent mis en rapport cette gravure avec le célèbre Recueil général des caquets de l’accouchée où, comme l’espion de Bosse, l’auteur s’est caché dans la chambre où sa cousine vient d’accoucher et surprend les conversations des visiteuses. “La matière est si triviale, Qu’il n’y a suject qui l’égale Pour prendre du contentement” dit-il, et d’ailleurs il n’a trouvé que ce moyen pour se divertir après une longue maladie, et huit jours durant il espionne ainsi. Est-ce Bosse qui inspira cet auteur resté anonyme ? Ou est-ce l’inverse ? De nouveau, on constate combien il répond aux goûts de son temps. Cependant, on ne trouve rien de semblable à ces différentes scènes dans la production peinte ou gravée d’alors. Si on en croit l’étude de Georges Wildenstein (Wildenstein, 1950), le thème de la nourrice connut un réel succès, mais il s’agit sans doute de scènes plus sobres, avec peu de personnages, certaines grivoises. Si l’inventaire de Landry Allegrain, bourgeois de Paris, mentionne en 1624 un tableau représentant une Accouchée et nourrice, on ne recense aucune scène d’accouchement, aucune visite à l’accouchée, pas plus que de contrat de mariage et de baptême. Il faut attendre le 17e siècle, et les suites de Freudenberger et de Moreau le Jeune pour le Monument du costume (1772-1789), pour voir de nouveau représenter en France, avec tant de détails, les épisodes de la vie d’un jeune couple, là encore sans l’accouchement.

1er état avec l’adresse de Leblond ; 2e avec celle de Tavernier.
En bas à gauche : A Bosse, Jn. et fecit. Sur la bordure int. du cadre, à droite : M. Tauernier ex. Dans un espace au bas de la planche , 16 vers sur 4 colonnes (les noms des personnages sont dans l’image) : L’acouchée. / Le trauail de l’enfant est un mal si nuisible / Que je ne puis assez m’en plaindre desormais / Si je pouuois tenir une chose imposible / je jurerois ma foÿ de nÿ tomber jamais. // Les damoiselles. / Madame le danger ou la femme sexpose / pour contenter vn peu ce naturel desir / recoit ce reconfort que cest bien peu de chose / q’un moment de douleur pour neuf mois de plaisir, // Les bourgoises. / Dire que nous trouuons ce martire agreable / de nos marys railleurs son les communs propos / Mais helas silz sentoient cest esbat tant aymable / nous ne les verrions pas sy souuent en repos. // Lespion. / Jentends contre vn mary ce conseil qui murmure / Mais cest blamer a tort l’Jnnocent en ce faict / Car sy dans ce mestier quelque mal on endure / ce nest pas bien souvent le mary qui la faict.

Bibliothèque nationale de France 

  • Date
    1633
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Abraham Bosse (1604-1676), graveur
  • Description technique
    Eau-forte et burin, 260 x 340 mm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la photographie, ED-30A (4)-FOL

  • Lien permanent
    ark:/12148/mmsk0cj8v6k9x