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Esquisses au trait de portraits de fonctionnaires

Esquisses au trait de portraits de fonctionnaires
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Les peintres de Dunhuang exerçaient principalement leurs talents dans l’art religieux. Toutefois, la peinture de portraits, telle qu’elle existait en Chine centrale, s’y rencontrait aussi comme semble le prouver le verso de ce rouleau où sont esquissés plusieurs visages. Le premier est une grande tête masculine, non retouchée, dont le front est barré d’un large trait horizontal marquant la lisière d’une coiffe non dessinée. Peut-être la mâchoire trop proéminente a-t-elle dissuadé l’artiste de poursuivre le dessin esquissé d’un premier jet ? Plus loin, sont tracés de grands portraits d’hommes qui arborent la coiffe des notables. Le tiers supérieur du visage est occupé par ce couvre-chef, dont le port était réservé aux personnages d’importance.
Trois grands visages, dont deux se chevauchent, portent des traces de corrections. L’artiste a repassé son trait plusieurs fois pour améliorer le profil, la joue ou le col. La succession de traits saccadés est due au fait que le pinceau léger parcourait une surface qui n’était pas plane puisque ce rouleau récupéré portait les marques profondes du pliage nécessaire à la réglure du recto. Le quatrième visage est d’une intensité frappante. Trois petits portraits d’hommes d’âge mûr au regard sérieux terminent cette série : ils sont esquissés en peu de traits, sauf les sourcils et la naissance des cheveux. Tous les portraits sont orientés de trois quarts face, pose affectionnée des peintres qui permet de donner un certain relief et une indéniable mobilité aux visages. Les trois petites têtes rappellent celles des donateurs sur les peintures votives.

En Chine, la physiognomonie a fortement influencé l’art du portrait : les couleurs du visage, les traits, taches ou difformités, sont des signes stéréotypés qui indiquent le destin ou le statut de l’individu, considérés comme plus importants que les caractéristiques personnelles. Un portrait ne vise pas à la vérité des traits individuels mais à la conformité à un type humain à travers un répertoire de représentations plus ou moins codifiées. La difficulté du portraitiste chinois consiste à conjuguer une relative ressemblance physique avec une ressemblance morale encodée dans des zones précises du visage. Dans le cas présent, les visages pleins et resplendissants de santé, portant la coiffe, au regard droit et clair incarnant un idéal masculin de type totalement chinois, sont peut-être ceux de fonctionnaires ayant brillamment réussi aux examens impériaux, en pleine possession de leurs moyens et moralement irréprochable.

Ce même verso a servi à la copie d’un texte de topomancie extrait d’un manuel de géomancie, prescrivant des rituels pour stabiliser les habitations et s’attirer la félicité. Plusieurs incantations sont indiquées, de même que des prescriptions comme celle d’enterrer des minéraux de diverses couleurs dans plusieurs endroits de la maison. À côté du texte, a été dessiné le plan d’un temple ou d’un palais, représenté comme un quadrilatère ceint d’une haute muraille percée de quatre portes ouvrant sur les quatre directions. L’un des angles forme un arrondi concave, en sorte que l’on ne peut plus le considérer comme un angle. Selon la cartographie chinoise, qui place le sud en haut, il devrait s’agir de l’angle nord-ouest, vulnérable aux esprits néfastes et qu’il convient de protéger. Débarrassée de cet angle, la demeure est, en conséquence, protégée des mauvaises influences.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Fin de la dynastie des Tang ou Cinq Dynasties, 9e-10e siècle
  • Lieu
    Chine
  • Description technique
    Esquisses à l'encre au verso d'un rouleau bouddhique manuscrit de 7 feuilles de papier, 30,1 x 299 cm
  • Provenance

    BnF, départements des Manuscrits, PELLIOT CHINOIS 4522

  • Lien permanent
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