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« Le premier s’écriait : « Viens donc, viens donc, ô Mort… » »

Chant XIII, verset 118
« Le premier s’écriait : « Viens donc, viens donc, ô Mort… » »
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« Lorsqu’une âme féroce part du corps d’où elle-même s’est détachée, Minos l’envoie au septième cercle. Elle tombe dans la forêt, où aucun lieu ne lui est fixé ; mais là où la fortune la jette, elle germe comme un grain d’épeautre ; elle pousse en arbuste et en arbre sauvage ; les Harpies, en se repaissant de ses feuilles, la blessent, et la blessure ouvre une voie à la douleur. Comme les autres âmes, nous viendrons reprendre nos dépouilles ; mais aucune de nous ne s’en revêtira, car il n’est pas juste qu’on recouvre ce que l’on s’est ravi soi-même. Nous trainerons ici nos corps, et nous les suspendrons dans la triste forêt, chacun au tronc de son âme malheureuse.
Nous écoutions encore, croyant qu’il avait autre chose à nous dire, lorsque par un bruit, pareillement à celui qui voit venir le sanglier et la meute, et entend le fracas des bêtes et des branches ; et voilà, vers la gauche, deux damnés nus, déchirés, fuyant si fort qu’ils brisaient tout à travers la forêt.
Le premier s’écriait : " Viens donc, viens donc, ô mort ! " Et l’autre, qui ne croyait pas courir assez vite : " Ô Lano, tes pieds ne furent pas si légers aux joutes du Toppo."
Et comme l’haleine lui manquait peut-être, il s’affaissa sur un buisson.
Derrière eux, la forêt était remplie de chiennes noires, affamées, bondissantes comme des lévriers détachés de leur chaîne. Elles enfoncèrent leurs dents aux flancs de celui qui s’était caché, le déchirèrent en lambeaux, et emportèrent au loin ses membres palpitants. »
Chant XIII, versets 92-129

© Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1861
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Gustave Doré (1832-1883). Illustrateur, caricaturiste, peintre, lithographe et sculpteur ; Gravure sur bois de Pierre Verdeil
  • Description technique
    Planche hors texte imprimée dans L’Enfer de Dante Alighieri, avec les dessins de Gustave Doré. Traduction française de Pier-Angelo Fiorentino, accompagnée du texte italien.
    Louis Hachette (Paris), 1861, p. 67.
  • Provenance

    BnF, Réserve des livres rares, Smith Lesouëf R-6277

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm321200037q